mercredi 18 juillet 2018

DVD ET BLU-RAY - Bagdad Café, retour gagnant


Film allemand tourné dans le désert californien, «Bagdad Café » de Percy Adlon a remporté un succès exceptionnel en France. Un engouement toujours d’actualité, le réalisateur montant de nouveau les marches de Cannes cette année pour y présenter la version restaurée de son film. Une version que l’on retrouve dans ce blu-ray exploitant toute la beauté des images d’un film lumineux. Jasmin, une grosse bavaroise (merveilleuse Marianne Sägebrecht) échoue dans un café-motel miteux du désert californien tenu par l’acariatre Brenda (CCH Bounder). Une blanche européenne et une afro américaine que tout oppose. Brenda va même jusqu’à dénoncer Jasmin à la police. Mais la touriste, abandonnée par son mari, va utiliser toute sa délicatesse pour conquérir les habitués du lieu, des enfants de Brenda à ses clients dont le peintre Cox (Jack Palance). Et les deux femmes vont se rapprocher, s’apprécier.

Un film universel sur l’amitié, la tolérance et la compréhension des autres. Un chef-d’œuvre à jamais raconté par Percy Adlon, 30 années après sa sortie, dans un documentaire tourné sur place. 

➤ «Bagdad Café», Studiocanal, 19,99 €

lundi 16 juillet 2018

BD - Brindille, fée en fuite


Des étincelles, comme autant de lucioles multicolores virevoltent dans cesse au dessus de sa tête. Cette petite fille, que ses sauveurs vont surnommer Brindille, est en fuite. Nue, elle a grimpé au sommet d’un immense mur, pourchassée par un violent incendie. Elle a rampé dans la forêt ne s’arrêtant, épuisée qu’au fond d’une grotte. C’est là qu’un lutin l’a découverte. Vêtue de feuilles d’arbres, elle devra se contenter de cultiver la terre et surveiller les enfants. La chasse, c’est pour les hommes.

Rebelle et désireuse d’apprendre d’où elle vient (elle ne se souvient rien d’avant l’incendie), elle quitte la sécurité du village et participe à la battue. C’est là qu’elle se découvre un don pour dominer les animaux.

Cette nouvelle série écrite par Brrémaud, plonge le lecteur dans un monde végétal féerique. Car peu de doute, Brindille est une fée. Mais dans ce monde étrange elle n’est pas la bienvenue et rapidement une armée de fantômes et autres monstres horribles se met à la pourchasser. Elle recevra l’aide d’un loup. L’occasion pour Bertolucci, le dessinateur de croquer ces animaux qu’il aime tant comme dans son autre série, « Love ». 

➤ « Brindille » (tome 1), Vents d’Ouest, 96 pages, 17,50 €

samedi 14 juillet 2018

Série Télé - Kimmy, femme taupe à New York


Il y a un peu de Candide de Voltaire dans « Unbreakable Kimmy Schmidt », série de Robert Carlock et Tina Fey. Kimmy (Elie Kemper) est enlevée par un révérend fou au fin fond de l’Amérique profonde.

Il lui fait croire que la fin du monde arrive et pour la « protéger », l’enferme dans un bunker avec trois autres malheureuses.

15 ans plus tard, elle est libérée et devient célèbre en tant que « femme taupe ». Mais au lieu de rentrer dans sa cambrouse, elle reste à New York pour rattraper sa jeunesse perdue.

Kimmy la naïve, mais à la volonté de fer se met en colocation avec Titus (Tituss Burgess) dans un appartement miteux propriété de Lilian (Carol Kane). Toute l’alchimie de la série réside dans ces trois personnages antagonistes. Lilian est paranoïaque, vivant encore dans le passé quand elle était mariée à un musicien noir. Titus, gros, maniéré est la quintessence de l’artiste gay incompris.

Comment Kimmy​​​​​​​ peut-elle comprendre notre société elle qui en est restée aux premiers épisodes de Friends ? Tina Fey (qui s’offre un rôle de psy déjantée), produit et insuffle un second degré dévastateur à une série qui fait la part belle à la musique (Titus chante très bien et à tout bout de chanp) et au vivre ensemble, malgré nos différences.

Les quatre saisons sont diffusées sur Netflix

mercredi 11 juillet 2018

Polar - Surveillance abusive


Un lieu clos, une dizaine de personnages, une angoisse allant crescendo : « Sécurité » de Gina Wohlsdorf marque par son économie de moyen. Cette histoire de massacre dans un grand hôtel sur la côte américaine à trois jours de son ouverture officielle est racontée au présent, dans un style direct, percutant. Un peu comme si l’on assistait à un film réalisé avec les images issues des centaines de caméras de vidéo surveillance voulues par le milliardaire à l’origine du projet.

Pour organiser cette réception majestueuse, Tessa est aux manettes. «Tessa est jolie mais pas d’une séduction évidente». «Tessa est le genre de personne qui se jette sur les critiques avec reconnaissance et considère les compliments comme une insulte. C’est exaspérant.» Longtemps on ne sait pas qui est le narrateur. Seule certitude, il est dans le poste de contrôle de la sécurité à scruter les membres du personnel. Un chef français (caricatural mais hilarant, il faut l’admettre), un couple chargé de la décoration et quelques femmes de ménage.

Et puis l’élément extérieur, Brian, le presque frère de Tessa, cascadeur à moto, si protecteur pour celle qui comme lui a vécu une dizaine d’années dans la même famille d’accueil. Tout bascule quand un tueur entre en jeu. Un pro, méthodique. Sadique aussi. Un excellent thriller qui vous dégoûtera des grands hôtels et des labyrinthes végétaux. 

« Sécurité » de Gina Wohlsdorf, Actes Sud, 21,80 €

lundi 9 juillet 2018

BD : Se soigner par les voyages

Entre les châteaux Cathares et ceux d’Espagne, que choisissez-vous ? La question se pose aux membres de ce voyage organisé peu commun raconté par Louis (scénario) et Marty (dessin) dans « Road Therapy ». Thérapie car les excursionnistes sont des patients d’une clinique psychiatrique.

Une anorexique, une maniaco-dépressive, une autre atteinte du syndrome de la Tourrette : le voyage vers les Pyrénées s’annonce mouvementé.


Du moins si le chauffeur daigne arriver. Malade, il est remplacé au pied levé par Igor, inconnu et donc forcément suspect aux yeux des deux infirmiers encadrants.

Igor un peu trop enthousiaste pour ces malades craignant la nouveauté ou la vitesse.

Mais dès qu’il évoque les fameux châteaux en Espagne, mirage qui parle à ces zinzins, les ruines cathares perdent de leur attrait.

Ce roman graphique, très dialogué, donne l’occasion aux auteurs de mettre en lumière ces « patients », « malades de la tête », mais conscients de tout ce qui les entoure et souvent plus sensibles aux thérapies alternatives que les bonnes vieilles recettes des infirmiers expérimentés.

« Road Therapy » de Louis et Marty, Bamboo, 72 pages, 16,90 €

mercredi 4 juillet 2018

BD - Dernier rendez-vous au phare



Les récits d’angoisse et d’horreur sont à la mode. L’action de « Ni terre, ni mer » se déroule dans un phare sur un caillou rocheux au large. Un voilier y fait naufrage. Ses cinq passagers, trois filles et deux garçons de très bonnes familles, sont recueillis par les deux hommes qui gardent le phare. 
Deux cadavres plus tard, on retrouve les survivants pour la seconde partie de cette intrigue imaginée par Olivier Mégaton et dessiné par l’Italien Genzianella au dessin épuré, un peu à la Paul Gillon. 


L’ensemble est plus que convaincant, logique car Mégaton est un as de la mise en scène qui s’est illustré sur des productions Besson comme Taken ou le Transporteur. 

« Ni terre, ni mer » (tome 2), Dupuis, 14,50 €

lundi 2 juillet 2018

DE CHOSES ET D’AUTRES - Tombée du ciel

Quand je suis en stand-by comme la semaine dernière, me balader sur internet sans but précis fait partie de mes occupations favorites. « Pure perte de temps » me glisse perfidement mon épouse, toujours prompte à me trouver des activités plus utiles à la bonne marche du foyer.
 Reste que j’y trouve des images incroyables. Comme cette vidéo de cinq secondes découverte samedi. Tirée d’une caméra de vidéo surveillance d’un magasin situé à Alberta au Canada. On y voit un présentoir de produits ménagers. Tout à coup des morceaux de plafond s’écroulent, suivis par une femme qui chute lourdement sur le dos, roule sur le sol, se relève et court vers une porte, les bras en l’air. 
D’où sort cette femme « tombée du ciel » ? Par quelle incroyable circonstance a-t-elle été filmée en pleine chute et surtout, pourquoi ces images sont-elles diffusées ? J’ai parcouru péniblement (merci Google traduction) plusieurs articles en anglais pour comprendre qu’il s’agissait d’une voleuse présumée. Elle paye ses achats avec une carte bancaire volée. Découverte, elle tente de se cacher dans le faux plafond de la boutique à l’arrivée de la police. On la voit grimper sur les rayons et disparaître dans une ouverture. 
La vidéo a connu un beau succès. Mais je m’interroge sur le côté voyeur du fait divers. Car la présumée voleuse semble se faire mal en tombant. Et la suite de l’arrestation est assez musclée. 
Peut-on rire du malheur des autres même si, sur le coup, on trouve la scène cocasse ? 
Enfin, il faut avouer que toutes les situations comiques partent du même principe. Du jardinier qui se prend un râteau (au sens propre) au célèbre arroseur arrosé des débuts du cinéma. 
N’empêche. Dans ce cas précis, j’ai ri jaune. 

Chronique parue le lundi 2 juillet 2018 en dernière page de l'Indépendant

BD - L’éducation par l’enfermement



Paru chez Syros, la trilogie de Méto d’Yves Grevet inaugure la nouvelle collection « Log’In » de chez Glénat. Un premier volume qui campe le décor. Angoissant. 
Dans une maison sur une île quasi déserte, 64 garçons vivent dans un pensionnat aux règles draconiennes. Ils dorment tous dans un immense dortoir et si, par malheur, l’un d’entre eux détériore les parois de son lit, la nuit venue, des créatures de métal viennent l’enlever pendant que ses camarades doivent fermer les yeux et rester immobiles. 

Le lendemain, il sera remplacé par un plus jeune. 
L’histoire débute par le départ de Quintus et l’arrivée de Crassus.
 Il est placé sous la responsabilité de Méto, obligé de lui apprendre les règles. Adapté par Lylian, dessiné par Nesmo, cet album qui ressemble par certains aspects à un comic, en impose par sa virtuosité graphique mise entièrement au service de l’histoire. 

«Méto » (tome 1), Glénat, 16,90 €

dimanche 1 juillet 2018

BD - Solution finale, avant, pendant et après avec Wannsee et Irena


La bande dessinée comme outil de mémoire. Loin de n’être qu’un genre réservé aux plus jeunes ou à la distraction, la BD a gagné depuis longtemps ses lettres de noblesse. Ces deux albums sont l’exemple même d’un vecteur de communication grand public permettant de mettre en lumière des pans de notre histoire qu’il ne faut surtout pas oublier, les derniers développements de l’actualité (crise migratoire, populisme au pouvoir en Italie ou en Pologne) montrant que rien n’est gagné en ce qui concerne la paix en Europe. 

Fabrice Le Henanff aborde de façon frontale l’histoire de la solution finale des nazis contre les Juifs. Tout a débuté, de façon « pratique » et « matérielle », le 20 janvier 1942 dans une villa cossue de la banlieue de Berlin. 
À Wannsee, une vingtaine de cadres au cours d’une réunion voulue par Heydrich et dont le compte-rendu est rédigé par Heichmann. Là, dans un milieu bourgeois, entre champagne et buffet de charcuterie, sera élaborée la solution finale voulue pas Hitler : « nettoyer » l’Europe. Un plan pour évacuer puis exterminer dans des camps dotés de fours crématoires reliés aux chambres à gaz des millions de Juifs. 
La froideur du récit, donne l’ampleur de l’horreur de ces hommes dont certains échapperont longtemps à la justice. Un album à montrer dans toutes les écoles. 

Irena, la «Juste» Autre style avec « Irena » écrit par Morvan et Trefouël et dessiné par Evrard. Dessin « enfantin » pour montrer l’horreur de la mise en place des décisions de Wannsee. En Pologne, le ghetto est vidé de ses milliers d’habitants. Direction les fameux camps, sans espoir de retour. Sauf si vous avec la chance de croiser la route d’Irena Sendlerowa. 


Cette Polonaise, catholique, a sauvé des milliers d’enfants en les plaçant dans des familles polonaises sous de fausses identités. 
Dans cette troisième partie, on retrouve une de ces petites rescapées, aujourd’hui maman dans l’État d’Israël. L’histoire de cette Juste, exemplaire à bien des égards, ne peut qu’émouvoir. Surtout quand la vielle dame se retrouve confrontée aux milliers de fantômes de ceux qu’elle n’a pas réussi à sauver de la barbarie nazie. 
Là aussi, la lecture en classe devrait être obligatoire. 

➤ «Wannsee», Casterman, 18 €

➤ « Irena » (tome 3), Glénat, 14,95 €

BD - Vacances et mensonges



Les vacances dans la France profonde des années 80 ne sont pas toujours très passionnantes. Hervé et Romuald s’ennuient à mourir. La journée, ils ont pour seule occupation de zoner sous les piliers en béton du projet d’aérotrain abandonné au milieu des années 70 au détriment du TGV. Hervé, l’aîné, vient de tripler sa 3e. Romuald, par contre, a brillamment réussi son année scolaire. Mais il n’a pas osé le dire à son pote. La crainte de le décevoir. Surtout de ne plus aller en cours avec lui...
 Un duo qui, le soir, retrouve Mathilde. Caissière dans le supermarché du coin, elle compense son surpoids par un bagou d’enfer. Des amis sans véritable avenir quand ils tombent sur Lucie. Blonde, filiforme, audacieuse elle va les faire rêver à tour de rôle. Mais attention, Lucie semble une experte en mensonge. 
Ce roman graphique de Ducoudray, illustré par Corgié, s’achève dramatiquement. Un peu comme le destin de cet aérotrain, prometteur mais abandonné car trop coûteux et rouillant dans un hangar. 

« Les lumières de l’aérotrain », Bamboo, 16,90 €