LE CLIENT. Sélectionné à Cannes et doublement primé, en course pour les Oscars, le nouveau film d’Asghar Farhadi raconte la vie quotidienne en Iran, entre problème de logement et insécurité.
Prix du scénario et prix d’interprétation masculine à Shahab Hosseini, Asghar Farhadi, une nouvelle fois, n’aura pas fait le voyage pour rien au dernier festival de Cannes. Déjà primé à Cannes pour « Le Passé » en 2013, il avait connu la consécration internationale en 2011 avec «Une séparation », Ours d’or à Berlin et Oscar du film étranger. En grand habitué des festival, il a pourtant tourné « Le client » en raison du blocage temporaire de son grand projet espagnol avec Penelope Cruz et Javier Bardem. Mais visiblement ce retour au pays («Le Passé» avait été tourné en France) l’inspire. Il filme la ville de Téhéran avec une grande acuité. Une ville tentaculaire, en pleine mutation. C’est d’ailleurs le point de départ de l’histoire. Un matin, tous les habitants d’un immeubles doivent évacuer la bâtisse. Des travaux dans la rue ont fragilisé les fondations, les murs se fissurent, les vitres éclatent. Emad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidoosti), jeune couple, doivent eux aussi trouver un autre logement. Ils sont hébergés par des amis puis une connaissance d’Emad, professeur qui fait également du théâtre, lui propose un appartement dans un ensemble moderne. Seul problème, une pièce est toujours occupé par les affaires de l’ancienne locataire. Un soir, quelqu’un pénètre dans l’appartement et agresse Rana. ■ Réalité iranienne Au ton intimiste et réaliste, ce film donne une vision bien différente de l’Iran trop souvent fantasmé par l’Occident. Les gens y vivent, s’aiment et parfois souffrent exactement pour les mêmes raisons que chez nous. Il y a certes quelques notes diffé- rentes comme cette énième réunion avec les autorités pour « couper » certains passage de la pièce que la troupe d’Emad joue. Un classique contemporain pourtant, « Mort d’un commis voyageur » d’Arthur Miller. Quand Emad découvre l’agression de sa femme, il n’a qu’une idée en tête : se venger. Trouver le coupable et faire justice. La piste va le conduire vers l’ancienne locataire et les clients qu’elle recevait chez elle. Une partie enquête policière oppressante, en parallèle au retour à la maison de Rana, terrorisée, incapable de rester seule dans ces murs. Mais il semble si difficile de se loger à Téhéran. Asghar Farhadi, avec un recul étonnant, montre des faits sans jamais juger. Il laisse ce luxe à ses interprètes. Si Shahab Hosseini est impressionnant de détermination, la composition de Taraneh Alidoosti est éblouissante. Et on découvre que la prétendue violence de la société iranienne ne semble pas s’appliquer à tout le monde. A moins que le pardon soit une valeur sacrée partagée par toutes les religions. On sort cependant du film avec un certain malaise. Comme si l’agression était excusable, presque normale. On veut bien tenter de comprendre une mentalité différente, mais dans ce cas, jamais on ne pourra se mettre à la place d’une femme iranienne.
J’avoue, jamais je n’aurais cru en arriver à écrire une chronique sur l’élection de Donald Trump au poste de président des USA. Et pourtant... Comme la grande majorité des sondages et des « analystes » politiques, je ne misais pas un centime sur ce milliardaire démagogue et populiste. Perdu ! Enfin ce n’est pas moi directement qui ai perdu quoi que ce soit. Par contre les hispaniques, les femmes, les noirs, les musulmans et d’une fa- çon plus générale tout ce qui n’est pas blanc, mâle et plutôt riche, risquent de vivre quatre années terribles. La présidence Trump a toutes les chances de s’apparenter à une longue, très longue, émission de téléréalité. Car le personnage, sorte de bateleur de l’ère 2.0, semble toujours avoir une idée pour repousser les interdits, aller plus loin dans le trash. Trump au pouvoir c’est Nabilla, sans téléphone mais avec le doigt sur le bouton qui déclenche le départ des ogives nucléaires dirigées sur celui qu’il veut « éliminer » du prochain épisode. A moins qu’il n’ait fait tout cela que pour la gloriole. Un caprice de gosse de riche qui prend le pari qu’il deviendra président des USA. Son dernier challenge. Une fois ce Graal atteint, espérons que la raison lui reviendra, qu’il ne fera pas trop de de bêtises avec ses nouveaux joujoux. Le dernier mot revient au cinéaste Michael Moore quand il tweete, quelques minutes après le résultat, « Quelle que soit l’issue, c’est ainsi que tout a commencé ».
Cette primaire de la droite commence à me plaire. Partie sagement, avec respect et sujets sérieux, elle s’emballe depuis le débat de la semaine dernière. Les outsiders - Copé, Le Maire et NKM - ont sorti les ergots pour tenter de griffer la carapace des vieux durs à cuire et essayé de déstabiliser Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Et puis il y a les meetings. Comme s’il avait déjà oublié l’affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy les enchaîne à tour de bras. Parfois on se demande si l’épuisement ne le guette pas quand il affirme, en réponse aux parents d’enfants qui ne veulent pas de porc à la cantine, qu’il suffit de servir aux gamins « une double ration de frites ».
Les frites à la cantine. Quels bons souvenirs. Ce n’était pas tous les jours malheureusement. Et il y avait rarement du « rabe ». Si j’avais 40 ans de moins, j’envierais presque les petits juifs et musulmans de la France de Sarkozy. « Allah est grand, un peu plus de frites s’il vous plait ». Cette histoire de « double ration de frites » résume la campagne des primaires. Pourquoi se casser la tête à trouver des solutions compliquées quand on peut faire simple ? Pas assez de policiers ? On embauche. Trop de dé- ficit ? On vire des fonctionnaires (mais pas les policiers récemment engagés). L’agriculture va mal ? Obligation de faire pousser des patates. Faudra bien, puisqu’on ne mangera que des frites...
Nouvelle-Zélande, 1866. En pleine ruée vers l’or, l’île voit dé- barquer Walter Moody, un jeune Britannique bien décidé à faire fortune. Mais dans son hôtel, douze hommes du cru tiennent une réunion secrète pour tenter d’élucider des faits étranges qui agitent la communauté. Un notable a disparu, une prostituée a tenté de mettre fin à ses jours. Un grand roman, une belle saga signée Eleanor Catton.. ➤ « Les Luminaires », Folio, 13,50 €
Dans la petite ville de Carthage en ce début de juillet 2005, la belle Cressida disparaît, ne laissant en fait de traces que quelques gouttes de son sang dans la jeep de Brett, ex-fiancé de sa sœur Juliet. Il devient alors le suspect numéro 1 et, contre toute attente, avoue le meurtre… Sept ans après, un étrange personnage surgit pour peut-être résoudre l’impossible mystère. Les tourments de l’âme disséqués par Joyce Carol Oates. ➤ « Carthage », Points, 8,80 €
Ils sont onze et constitués en « Brigade du rire ». Ils kidnappent Pierre Ramut, l’éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et le forcent à travailler selon ses préceptes : semaine de 48 heures, salaire de 20 % inférieur au SMIC, productivité maximum, travail le dimanche. Il saura désormais de quoi il parle… Un roman social, méchant et hilarant de Gérard Mordillat. ➤ « La brigade du rire », Le Livre de Poche, 8,60 €
Si dans un jeu télévisé l’animateur demande « Citez-moi deux acteurs russes », le candidat peut répondre avec la certitude d’empocher la cagnotte « Gérard Depardieu et Steven Seagal ! » Notre Gégé national (qui l’est donc de moins en moins) vient d’être rejoint dans le grand mercato des comédiens sur le retour par l’inénarrable Steven Seagal. Dans le cinéma d’action, tendance castagne et karaté, il y a un maître, Bruce Lee, un sous-fifre, Chuck Norris, et le pathétique Steven Seagal. A 64 ans, il continue à tourner dans des films d’action comme s’il en avait 30. Son jeu est aussi expressif que celui de son totem en aïkido : la tortue. Comme Depardieu, ses multiples casquettes d’acteur, scénariste, producteur et réalisateur le poussent à chercher des cieux fiscaux plus cléments. Au début de l’année il est devenu citoyen serbe et la semaine dernière c’est Poutine en personne qui a signé un décret lui accordant la nationalité russe. J’attends avec impatience le prochain film, russe cela va de soi, mettant en vedette ces deux stars mondiales. Depardieu, mangeant, buvant et gueulant en insultant la planète entière face à Steven Seagal, force de la nature, ascète, bouddhiste et si calme juste avant de démonter les 15 adversaires qui osent s’attaquer à lui. Je sens le concept à creuser, le duo d’anthologie et une idée à proposer à des réalisateurs ou producteurs en mal de ristourne sur leur feuille d’impôts.
Deux séries télé nous rappellent à point nommé qu’il faut se méfier des plus faibles. Dans Zoo, ce sont les animaux qui se rebellent contre la domination de l’homme, sorte d’usurpateur au sommet de la chaîne alimentaire, dans Mr Robot, ce sont les hackers qui pour changer le monde s’en prennent aux grands groupes capitalistiques.
Tiré d’un roman de James Patterson, Zoo mélange fantastique et thriller scientifique. En Afrique, mais aussi dans certains zoo des USA, des animaux attaquent les humains. Ils tuent, non pas pour se nourrir, mais par plaisir. Pour comprendre ce qui se passe dans le règne animal, on suit le parcours de cinq hommes et femmes. Deux guides de safari, une journaliste, une agent secrète française et un chercheur américain. Ils vont sillonner le monde, pour tenter de trouver le point commun entre ces attaques. La série, sur 13 épisodes, est bien rythmée. De Rio à Paris, des loups aux ours en passant par les fauves de la savane africaine, les animaux sont particulièrement mis en valeur.
Une série qui finit « mal », les cinq ne parvenant pas à empêcher la pandémie. Résultat la dernière image est particulièrement angoissante et donne très envie de découvrir la suite.
Pour ce qui est d’une fin à suspense, Mr Robot de Sam Esmail en impose également. Choc visuel et narratif, ce récit sur les dérives paranoïaques d’un hacker de génie fait partie des belles surprises de l’année. Elliot (Rami Malek) fait partie de ces héros à l’intellect légèrement déviant. Il ne supporte pas la foule, est limite autiste et comprend mieux les machines que les hommes. Employé dans une société chargée d’assurer la protection des données des grandes sociétés, il est, la nuit, le premier à pirater leurs serveurs. Ce solitaire accepte de faire partie d’une équipe de hackers formée par Mr Robot (Christian Slatter) encore plus dangereux qu’Elliot. On apprécie l’ambiance crépusculaire, le discours résolument antisystème et les crises du héros principal. Pas de doute, il est fou. Mais jusqu’à quel niveau ?
La saison 2, qui sortira en coffret début décembre, est actuellement en diffusion tous les lundis soir sur France 2. ➤ « Zoo », Paramount, coffret 4 DVD, 25 € ➤ « Mr Robot », Universal, coffret 3 DVD, 25 €
SUPERHÉROS. Au commencement il n’y avait que des hommes : Superman, Batman, Spiderman. Et puis les femmes ont, elles aussi, eu des super pouvoirs. Bonnes à la castagne, effrontées et souvent très belles, elles s’imposent dans un monde beaucoup moins macho qu’il n’y parait.
Décembre 1941, un nouveau personnage entre avec fracas dans l’univers des super héros qui se cantonnent à cette époque dans les comics publiés aux USA. La princesse Diana est une Amazone. Seule sur son île paradisiaque, elle voit débarquer un aviateur américain. Ce dernier l’emmène dans son mode et elle devient Wonder Woman. La première super héroïne vient de naître. Le succès est immédiatement au rendez-vous et la jolie brune armée d’un lasso magique et des ses bracelets anti-balles, obtient six mois plus tard un titre spécifique à son nom. La consécration. Dans ce monde exclusivement masculin des super héros américains, cette première femme dotée de pouvoirs va rapidement se transformer en apôtre du féminisme. Même si au fil des décennies (et d’une certaine « morale » typiquement américaine) elle a parfois été réduite à une simple femme au foyer... Dans les années 70, Wonder Woman franchit un nouveau cap avec la série télévisée où le rôle titre est incarné par Linda Carter. Totalement kitch, mais plein de charme un demi-siècle plus tard. L’an prochain, au début de l’été, le film « Wonder Woman » devrait confirmer que les femmes aussi peuvent attirer les foules. Le personnage, interprété par Gal Gadot, a déjà fait une apparition dans le récent « Batman VS Superman ». Mais cette fois elle sera la vedette incontestée d’un long-métrage réalisé par Patty Jenkins. ■ Girl power
Même si les comics, comme la société en général, sont loin de la parité, les femmes occupent de plus en plus d’espace. Que serait Superman sans Loïs Lane ? Spider- man serait-il si cool s’il n’y avait pas la belle Mary ? Mais ce ne sont que des rôles annexes. Importants mais surtout de fairevaloir. Pourtant les femmes ayant des pouvoirs sont légion dans les « teams ». Parmi les Avengers on trouvez la Guêpe dans la série dessinée et la Veuve Noire dans les films sortis ces dernières années. Un quart des quatre Fantastiques est féminin. Paradoxalement c’est la femme invisible... Chez les super-vilains aussi les femmes sont de plus en plus présentes. La dernière en date, qui a crevé l’écran cet été dans «Suicide Squad» a un parcours complexe. Comme si la psychologie féminine était forcément plus élaborée que celle des mâles bêtement primaires. Harley Queen (Margot Robbie) est à la base une psychiatre folle amoureuse du Joker, ennemi mortel de Batman. Mais elle parviendra à se défaire de son emprise pour devenir la bad girl dont on rêve tous de devenir amoureux. Provocante et effrontée, ce n’est pas elle qui va faire la vaisselle en plus de ses missions. Elle incarne à la perfection l’avenir des super- héroïnes : des femmes fortes et à la personnalité développée. Il y en aura de plus en plus dans l’univers foisonnant des super héros. Comme dans la vraie vie, on l’espère... ________________ Stan Lee, le maitre-étalon des comics Icône de la Pop culture américaine, Stan Lee fait partie de ces auteurs qui n’ont obtenu une reconnaissance mondiale que sur la fin de leur carrière. Scénariste de bande dessinée, il a longtemps pondu des kilomètres d’intrigues, toutes plus alambiquées les unes que les autres, multipliant les personnages et les coups de théâtre. Nouveau feuilletoniste de la fin du XXe siècle, son génie a finalement été admis quand des chercheurs et exégètes ont analysé les mondes imaginaires qu’il a mis sur pied. Pour la première fois, un Français se penche sur le phénomène. Jean- Marc Lainé signe une biographie critique sur cet « Homère du XXe siècle ». Celui qui a quasiment tout créé de l’univers Marvel, de Spider-man à Captain America en passant par Hulk ou les X-Men n’est pas le plus offensif pour la cause des femmes, mais il a toujours tenté de les valoriser. L’exemple le plus flagrant étant Misses Marvel, «le pendant féminin de Captain Marvel. Elégante et raffinée, elle devient un dragon dès qu’il s’agit de préserver ses droits, jusque dans l’art délicat de la négociation de salaire. » Très complète, cette biographie s’adresse essentiellement aux passionnés, ceux qui connaissent tout de l’univers Marvel. ● « Stan Lee, Homère du XXe siècle », Jean-Marc Lainé, Fantastik, 25 € _____________________________ Encore plus d’héroïnes à la télévision
Si le cinéma n’a pas encore joué à fond la carte féminine, les séries télé ont franchi le pas depuis longtemps. Depuis Wonder Woman, les héroïnes sont très présentes dans les feuilletons tirés des comics américains. Parmi les plus récentes, notons «Supergirl» avec Melissa Benoist ou «Agent Carter» actuellement en diffusion sur TMC tous les samedis. Tirée de l’univers Marvel, l’histoire se déroule durant la seconde guerre mondiale. Peggy Carter, grand amour du Captain America, se transforme la nuit en justicière et espionne. Deux saisons ont été tournées. « Jessica Jones » a elle aussi eu beaucoup de difficultés dans la vie. A l’origine, adolescente sans intérêt, elle acquiert des pouvoirs après un accident. Beaucoup plus tard, elle les perd et redevient humaine. Mais son envie de combattre pour le bien demeure et elle ouvre une agence de détective privé. C’est cette histoire qui est racontée dans le 13 épisodes de la première saison produite et diffusée sur Netflix. Le succès étant au rendezvous Jessica Jones et son monde assez sombre sera de nouveau sur la plateforme de vidéo à la demande l’an prochain. Une production très féministe puisque tous les épisodes de la saison 2 seront confiés à des réalisatrices. Dernier exemple de ces personnages féminins marquant dans les séries de superhéros, celui de la cheerleader de «Héros», création originale de Tim Kring. Parmi les personnages récurrents, Claire Bennet interprétée par Hayden Panettiere a marqué toute une génération. Cette ado américaine dans tout ce qu’il y a de plus caricatural (pompom girls, blonde et vaguement décérébrée...) cache un pouvoir qui la rend quasiment immortelle. Elle ne paye pas de mine mais est presque la plus puissante de tous les héros imaginés de la série. (Dossier paru le dimanche 30 octobre dans l'Indépendant.)
Lancé mi-octobre par le site BuzzFeed, le championnat du monde des bonbons semble un résumé de l’évolution des goûts à travers les décennies. Ce lundi prendra fin le vote du troisième tour désignant les quatre derniers prétendants à la victoire finale. Si vous avez parié sur les bonbons La Vosgienne, les Chamallows, les Carensac ou les pastilles Vichy, quatre ancêtres dans le monde des friandises, vous avez tout faux. Ils ont été éliminés dès le premier tour. Les pastilles Vichy ont par exemple été battues à plate couture (23 %) face aux Skittles aussi mauvais que leur publicité trop vue à la télévision. Les Carensac, sublime concentré de réglisse, ont presque fait le plus mauvais score (19 %) écrabouillés par de vulgaires « œufs aux plats » gélatineux et 100 % chimiques. On retrouve chez les finalistes plusieurs de ces sucreries très acidulées comme les tapis de fraises, spaghettis ou bouteilles de cola. Les enfants d’aujourd’hui aiment le sucré, mais avec des sensations fortes sur la langue. Heureusement le goût des « vieux » a encore quelques chances de l’emporter. Restent en compétition les Carambars (du sucre, que du sucre), les Chupa Chups (le produit catalan le plus exporté au monde) ou les Dragibus qui font figure de favoris. Ces derniers ont déjà à leur tableau de chasse les fameuses Fraises Tagada et les non moins remarquables Couilles de Mammouth.
Reprendre de vieux héros est parfois aventureux. Bob Morane, héros de romans de gare signés Henri Vernes et transposé en BD par Coria durant de longues décennies ne restera pas dans l’histoire de la BD par son originalité. Les intrigues, entre espionnage et fantastiques, manquaient de corps. Pour relancer le personnage, il est fait appel à deux scénaristes aux univers beaucoup plus complexe : Luc Brunschwig (« Le pouvoir des innocents ») et Aurélien Ducoudray (« The Grocery »). Toujours dessinée par Armand, l’aventurier est devenu conseiller du président du Nigeria. Il fait la promotion d’un casque éducatif qui a tout l’air d’être un vecteur d’abrutissement des masses. Bob devenu Mauvais ? Le second tome lui ouvre les yeux. Il comprend son erreur, reprend sa liberté et va (peut-être) s’allier avec son pire ennemi, M. Ming. Le malaise de l’épisode initial passé, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. ➤ « Bob Morane Renaissance » (tome 2), Le Lombard, 13,99 €
Pour faire vivre (entendre multiplier les sorties de nouveautés pour profiter du succès de la série) les éditions Dargaud ont lancé « XIII Mystery », série d’histoires indépendantes mettant en valeur les personnages secondaires de la série imaginée par Van Hamme et Vance. Loin d’êtres des œuvres alimentaires, ces albums, confiés à des scénaristes et dessinateurs confirmés, sont passionnants. Le 10e titre, consacré à Calvin Wax, est un des meilleurs. Il est vrai que cet homme de l’ombre, conseiller du président et foncièrement à droite, est un sujet de roman à lui seul. Fred Duval raconte les débuts de la grande conjuration pour rendre les USA à un pouvoir blanc et raciste. Calvin Wax est le numéro 2 du complot des Dix et on découvre comment il « nomme » le numéro 1. Son action est résumée lors de cet embryon de confession page 27 : « Chantage, pression, coercition, extorsion, pot-de-vin, trahison, j’ai embrassé et digéré toutes les faiblesses et perversions humaines pour les transformer une à une en avantages politiques... » Plus qu’un méchant, Calvin Wax est la pire saloperie que peut compter la planète terre. Il méritait bien un album rien que pour lui. ➤ « XIII Mystery » (tome 10), Dargaud, 11,99 €