Seconde partie de la série politico-fantastique 'Les Brillants' de l'Américain Marcus Sakey. À partir des années 80, 1 % des nouveau-nés sont différents. Ils bénéficient de nouveaux pouvoirs comme la télépathie, la télékinésie ou autre capacité à calculer plus vite que le commun des mortels. Ils passent inaperçus au début, mais dans les années 2000, ces hommes et femmes différents commencent à se faire remarquer. Les médias les baptisent du nom, un peu trompeur, de 'Brillants'. Ils pourraient être un atout, ils deviennent une menace. Identifiés, parqués, lobotomisés pour certains, ils deviennent presque des sous-hommes. La présentation de cet univers occupe le premier tome de la trilogie (parution en poche chez Folio Policier). 'Un monde meilleur' est la suite des péripéties de Cooper, un policier 'brillant', coopérant avec le gouvernement pour tenter d'offrir un avenir meilleur à sa fille, Brillante de niveau 1, soit dotée de capacités hors du commun.
Minorité vs majorité
Marcus Sakey décrit cette société repliée sur soi-même avec une noirceur extrême. Entre le peuple qui rejette ces 'anormaux' et le pouvoir qui y voit la crainte de l'émergence d'une nouvelle élite, tout se ligue contre les Brillants. Mais ces derniers ne sont pas non plus exempts de reproches. Certains ont pris les armes et mènent une rébellion violente. Quitte à terroriser la population des 'normaux'. Alors que Cooper se retrouve bombardé 'conseiller spécial' du Président des USA, le roman se déroule en grande partie dans la ville de Cleveland, lieu d'une attaque terroriste. Plus de courant ni de communication. Comme il y a un risque de contamination à grande échelle, l'armée boucle le périmètre. Des milliers de personnes sont bloquées, dans le froid, affamées et assoiffées. Cela tourne rapidement au carnage. Ethan, un chercheur, se retrouve involontairement au centre d'une chasse à l'homme infernale dans la ville assiégée. Il détient peut-être la solution à cet engrenage mortel. Dans ce roman, la science-fiction n'est qu'un prétexte pour dénoncer les travers de notre société. Comment une minorité, pour survivre, peut basculer dans la violence. Comment, aussi, les gouvernements, pour préserver leurs intérêts, abandonnent leurs concitoyens et les sacrifient sans hésitation. Le président résiste longtemps avant de réquisitionner l'armée. Et quand il semble ne plus avoir le choix, il se passe un événement qui va durablement bouleverser l'Histoire. Il ne restera plus qu'à Cooper et Ethan à se mettre en marche pour 'sauver le monde' Mais ce sera dans la troisième et dernière partie de ce qui a tout pour devenir une série télé ou des films à succès.
"Les Brillants, un monde meilleur", Marcus Sakey, Série Noire Gallimard, 20 euros
De la même façon qu'on ne choisit pas sa famille, on n'a aucun pouvoir sur ses voisins. On se demande souvent pourquoi ce quartier si agréable, cet immeuble cossu, idéaux pour couler des jours heureux, se transforment en véritable enfer par la seule présence d'un importun dont la principale mission sur terre semble être de vous pourrir la vie.
Bruits intempestifs, fuites d'eau, désagréments olfactifs... le voisin est sans limite dans ses trouvailles. Le mauvais voisinage est responsable de quelques dépressions ou déménagements intempestifs.
Au lieu de pleurer sur leur sort, Laurent Storck et Silvia Kahn préfèrent en rire. Ils compilent dans un petit livre toutes les situations dont on peut tirer cette constatation, titre de l'ouvrage : "Mon voisin est un gros naze". Une sorte de guide avec des solutions pour se venger ou choisir ses voisins, comprendre les gardiens et décrypter les réunions de copropriété.
Et si votre voisin est véritablement un gros naze, ne déménagez pas. Suivez le conseil de la page 126 : "Mettez en vente son appartement à un prix défiant toute concurrence. Et surtout, n'oubliez pas d'encaisser votre commission."
"Mon voisin est un gros naze", Jungle, 6 euros.
Ma bibliothèque est en deuil. Pas le contenu, aucune mort récente d'écrivain célèbre, mais le contenant. Exactement ce sont les quelques éléments Billy achetés chez Ikéa voilà bien longtemps qui pleurent leur créateur, Gillis Lundgren, un des pionniers de la société puisqu'il est le quatrième salarié embauché par cette petite menuiserie artisanale. Employé dans l'entreprise suédoise en 1953 en tant que graphiste et maquettiste pour le catalogue, il se lance dans la conception de meubles peu de temps après, avec la géniale idée de les vendre en kit.
Double avantage : gain de place dans les entrepôts et facilité de transport. Par contre le montage devient un cadeau empoisonné pour les clients, même si assembler une bibliothèque Billy semble à la portée de n'importe qui (pour preuve, j'en suis venu à bout !). Son prix très abordable et sa modularité permettent de se confectionner, au fil des années, une véritable bibliothèque évolutive.
Gros dévoreurs de livres, mon épouse et moi avons rapidement été débordés. La première Billy a fait des petits et maintenant la famille compte une bonne quinzaine de membres dispersés dans toutes les pièces de la maison, des chambres au salon en passant par les couloirs. Habitation devenue trop petite malgré un garage immense transformé en véritable bouquinerie.
Mais nous jouons petit bras quand on voit une vidéo d'Umberto Eco. L'écrivain italien, récemment décédé, y parcourt une bonne centaine de mètres de rayonnages installés partout dans son appartement labyrinthique pour retrouver un livre parmi les 50 000 de sa collection.
James Bond face à Spectre
Enorme succès de la fin d'année 2015, "Spectre" de Sam Mendes, nouvel opus de la saga James Bond, est normalement la dernière apparition de Daniel Craig dans le costume de l'espion anglais. Durant plus de deux heures, de Mexico à l'Autriche en passant par l'Italie et le Maghreb, Bond remue ciel et terre pour protéger sa dulcinée (Léa Seydoux) et tenter de mettre un terme aux agissements du chef de Spectre (Christoph Waltz). Du très grand spectacle qui doit obligatoirement se déguster en haute définition. Spectre, Fox, 20 euros Avril, quand Tardi s'anime
Injustement boudé par le public lors de sa sortie en salles, "Avril et le monde truqué" de Franck Ekinci et Christian Desmares est un film d'animation français directement inspiré par l'univers du dessinateur de BD Tardi. Pas de Poilus dans cette histoire de monstres et de mutants tentant de dominer le monde, mais de belles inventions comme ce train montgolfière entre France et Allemagne ou ce chat doté de la parole (voix de Philippe Katerine) apportant une touche espiègle qui séduira les plus jeunes. En bonus, l'explication de la fabrication d'un monde par Jacques Tardi en personne. Avril et le monde truqué, Studiocanal, 17,99 euros Adèle l'anarchiste
Compliqué de rebondir après un gros succès au cinéma. Adèle Exarchopoulos en fait l'expérience. Celle qui a rayonné dans "La vie d'Adèle", peine à retrouver des rôles forts. Dans les Anarchistes d'Elie Wajeman, elle interprète une jeune Française se découvrant une conscience politique au début du XXe siècle. Instructif, un peu romantique, mais bien plat au final. Les anarchistes, France Télévisions, 20 euros
Une équipe d'humanitaires cherche une corde dans un pays qui se relève d'une longue guerre civile. « A perfect day » de Fernando León de Aranoa est joyeusement kafkaïen.
Il est gros. Il est mort. Il empoisonne toute la région. Un cadavre est découvert dans un des derniers puits d'eau potable de cette région des Balkans. Nous sommes en Bosnie en 1995. Un groupe d'humanitaires est chargé de résoudre le problème. Si le cadavre reste trop longtemps dans l'eau, elle sera contaminée. Il faut dont l'extraire du puits. Un 4X4, un treuil et une corde devraient suffire. Mais la corde, qui en a déjà beaucoup vu, casse. Dans ce pays où règne l'anarchie la plus totale, une corde devient un enjeu sanitaire essentiel.
Sur cette quête toute symbolique, le réalisateur espagnol Fernando León de Aranoa plaque une histoire entre rires et émotion. Ils sont quatre dans cette équipe d'expatriés animés de si nobles intentions.
Française naïve
Quatre mais pas souvent d'accord. Heureusement la corde leur permet de reprendre le droit chemin. Manbru (Benicio del Toro) est le chef, le responsable de la sécurité. Dans une semaine il rejoint sa femme à Porto Rico. Il est usé, désespéré, dégoûté. Il se démène pourtant pour trouver cette fichue corde et sauver ce puits. Il fait équipe avec B (Tim Robbins). Plus de nom ni d'illusions. Ce vieux de la vieille des interventions extérieures semble fou. Il fait simplement appel à l'humour pour tenter de sauver ce qu'il reste d'humanité dans cette région dévastée. Sophie (Mélanie Thierry) vient d'arriver. Experte en hydraulique, elle sait que le temps est compté. Mais cette jeune Française n'est pas encore prête à voir les horreurs de la guerre. Le "gros du puits" est son premier cadavre... Damir (Fedja Stukan) est l'interprète. Il traduit les paroles mais aussi tous les non-dits de la région. Comme cette anecdote quand, dans une épicerie, on refuse de vendre une corde à B sous le prétexte qu'elle est réservée... pour une pendaison.
Les quatre croisent la route de prisonniers politiques sur le point d'être exécutés, d'un gamin qui se fait voler un ballon de foot ou une vieille paysanne qui, malgré les avertissements des militaires étrangers chargés du maintien de la paix, traverse un champ de mines avec ses quatre vaches faméliques.
Tourné en Bosnie, ce film oscille sans cesse entre rire salvateur et horreur d'une humanité en guerre. L'armée des Nations Unies est au passage éreintée par sa lourdeur procédurière. Certes les Casques Bleus sont utiles, mais assez peu réactifs. Dans ce paysage assez noir, plein de déception et de désillusion, on constate amer que parfois les humanitaires ne servent pas à grand-chose. Si ce n'est à déboucher des latrines bouchées.
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Tim Robbins de toute sa grandeur
Entre road movie et film de guerre, "A perfect day" (Un jour comme un autre, en français) bénéficie d'une distribution très internationale. Deux grandes stars américaines, Benicio del Toro et Tim Robbins, côtoient les beautés françaises que sont Mélanie Thierry et Olga Kurylenko. La première, jeune et naïve, croit à sa mission. La seconde, devenue contrôleuse, s'est muée en bureaucrate qui ne sert qu'à réaliser des économies en temps de crise. L'opposition entre deux conceptions de l'humanitaire, l'autre guerre au sein de ce milieu souvent démuni face à l'ampleur de la tâche.
Tous les acteurs sont excellents, mais il faut donner une mention spéciale à Tim Robbins, l'interprète de B. Ce géant aux cheveux blancs, sous ses fausses allures de militaire baroudeur, cache un cœur d'or. Il ne tient plus que par l'adrénaline. Sa première scène, au volant face à une vache morte, pourrait devenir culte. L'animal est placé là pour obliger les voitures à le contourner. Et rouler sur les mines vicieusement placées. Alors, à droite ou à gauche ? 'Tout droit' répond Tim Robbins qui fonce pied au plancher sous les hurlements de Mélanie craingant l'explosion à tout moment. B est fou. B est marrant. B est dangereux. B représente toute l'humanité à lui tout seul. Tim Robbins est B.
La BD aussi aime s'aventurer dans le genre gore de la série B. Les effets spéciaux, parfois très coûteux sur pellicule, sont d'une simplicité enfantine sur papier. Il suffit que le dessinateur ait beaucoup d'imagination et un bon coup de crayon. Chance, Katou, à la réalisation graphique de « Bikini Atoll » sur un scénario de Christophe Bec, a les deux qualités en réserve. Très imaginatif quand il doit dessiner des monstres marins ou des mutants dégénérés adeptes du cannibalisme. Joli coup de crayon quand il dessine les courbes peu vêtues de touristes, potentielle réserve de chair fraîche...

Un groupe de touristes se paye un voyage sur les traces des premiers essais atomiques américains. Sur un voilier luxueux, en compagnie de deux guides, sept personnes vont notamment faire de la plongée sous-marine. Première frayeur pour l'une des jolies naïades quand elle croise un requin gigantesque près d'une épave. Cela continue sur l'atoll de Bikini, transformé en île déserte réservée à quelques touristes. Pas si déserte que cela. Et le seul habitant n'aime pas être dérangé. D'un autre côté, il est bien content de ces visites impromptues adéquates pour garnir son garde-manger. Sur 130 pages denses et en noir et blanc, les deux auteurs font monter la tension et l'horreur. Le groupe se réduit au fur et à mesure de la colère du monstre. Mais comme dans toute bonne série Z, il y a des survivants. Essayez de deviner qui, en début d'ouvrage. Un exercice plaisant pour mieux décortiquer l'intrigue. Dans la même collection intitulée « Flesh Bones », deux autres titres de la même veine viennent de paraître : « Le signe » de Thirault et Garcia, une histoire de sort et de superstition et « Sonar » de Runberg et Chee Yand Ong, autre aventure de monstre marin, dans la Méditerranée cette fois.
« Bikini Atoll », Glénat, collection Flesh Bones, 14,95 euros
Aux USA, les politiques ont le sens du spectacle. Les primaires, tant chez les Démocrates que chez les Républicains s'apparentent à une sorte de "Dallas" revisité, avec son lot de rebondissements, coups de théâtre et autres trahisons.
Pour la première fois, ce feuilleton-réalité se permet une incursion du genre action après les incidents violents de Chicago. La faute à Donald Trump qui, s'il avait vécu au temps de la conquête de l'Ouest, aurait eu le verbe haut et la gâchette facile. Son programme, ouvertement raciste et anti-immigrés, déchaîne les passions. Ses opposants se manifestent trop bruyamment ? Trump demande à ses partisans de "cogner" sur ces importuns. Lui-même, en plein discours, avoue avoir envie de "frapper au visage" les perturbateurs.
Le milliardaire pousse le bouchon encore plus loin en assurant qu'il prendrait en charge les frais d'avocats des militants poursuivis. Il voudrait mettre le pays à feu et à sang qu'il ne s'y prendrait pas autrement.
En face, Bernie Sanders, celui que Trump qualifie de "communiste", tente de rattraper son retard sur Hillary Clinton. Paradoxe, malgré ses idées très à gauche, les plus pauvres - Noirs et Hispaniques - ne lui accordent pas leur soutien.
S'il accomplit l'exploit de battre l'ancienne première dame au cours des primaires démocrates, les électeurs américains, le 8 novembre, se retrouveront face au choix des extrêmes. Un peu comme si en France, le second tour de la présidentielle opposait Marine Le Pen à Olivier Besancenot. Un sacré scénario qui changerait du trop prévisible remake de "Sarkozy vs Hollande".
Son trait réaliste et précis, toujours composé avec force et vigueur, donne une vision exacte de son quotidien : Asaf Hanuka nous plonge au cœur de la vie d'un dessinateur israélien vivant à Tel Aviv. Dessinateur mais également mari d'une épouse aussi active que lui et père de deux enfants qu'il tente, tant bien que mal, de protéger de la violence permanente de cette nation en perpétuelle guerre depuis sa création. Cette centaine de planches, entre désespoir, humour juif et tendresse familiale, raconte les nuits dans les abris quand les roquettes tombent, les questions sans fin de la petite dernière ou les tâches ménagères, parfois partagées, souvent délaissées par ce grand gamin en perpétuel doute. Asaf Hanuka, loin d'avoir une position définitive et arrêtée sur ce qui se passe dans cette région du monde, est en permanence partagé entre son envie de vivre en paix et la nécessité de se protéger, d'anticiper ces attentats.

Il raconte notamment la psychose qui s'est installée depuis quelques mois partout dans le pays après les attaques au couteau. Et sa dernière planche sera une référence au 13 novembre. Ou comment la BD, avec finesse et intelligence, replace ces événements dans un contexte international encore plus angoissant.
« K.O. À Tel Aviv » (tome 3), Steinkis, 18 euros
Dominique, chômeur résigné et héros de ce roman d'Élodie Geffray, préfère la prison à l'indifférence.
Le désespoir pousse certains à faire de leur vie un véritable cauchemar. Dominique est l'exemple de ces hommes ou femmes, timides et mal dans leur peau, broyés par un système où seuls les forts en gueule parviennent à émerger. Ce paisible Parisien a toujours vécu dans l'ombre. Sans faire de vague, discret, invisible. Un travail lui permettait un minimum de reconnaissance sociale. Quand il se retrouve au chômage, crise économique aidant, il tombe vite dans une spirale infernale. Sans ressources, il est de plus en plus exclu, ostracisé. Son grand défaut, dans la novlangue de Pôle Emploi : il n'est pas assez « proactif ». Encore faut-il qu'il comprenne ce que cela veut dire. Élodie Geffray, dont c'est le premier roman, décrit longuement dans les premiers chapitres la non-vie de ce quinquagénaire mis prématurément sur la touche. Il est au bord du suicide quand il est abordé par un certain Ivan, homme à tout faire d'un ministre de la République. Il lui propose un drôle de marché, un peu comme dans l'histoire de Faust. Si Dominique endosse la responsabilité d'un meurtre, il pourra faire durant trois mois ce qu'il a toujours rêvé de réaliser.
Le fils du ministre
Ensuite ce sera une dizaine d'années derrière les barreaux et un joli pactole à la sortie pour finir ses jours en toute tranquillité. Acculé, désespéré, Dominique accepte car « rien n'avait plus de sens pour lui et la prison était déjà son quotidien. Comment appeler autrement les barreaux que sont la solitude, la pauvreté et la timidité lorsque la société vous a mis au rebut ? » Son rêve : passer ces trois mois dans une ferme loin de tout. Découvrir la vie simple à la campagne. Avec Ivan pour escorte et chaperon, il prend ses quartiers dans une exploitation de province tenue par Martine. Il va découvrir le silence, le réveil matinal pour traire les brebis, la confection des fromages, le travail de la terre dans un potager, le plaisir de cuisiner ses propres légumes. Aussi la compréhension de Martine, gentille paysanne, elle aussi fracassée par la vie mais qui a envie de retenter sa chance.
Le roman, sous des airs de parenthèse bucolique, est un vrai thriller. Il y a bien un meurtre. Une jeune fille massacrée par Nicolas, le fils du ministre. Ivan a fait disparaître le corps. Le temps de mieux connaître Dominique, le faux coupable qui sera donné en pâture à la presse. Mais un commissaire enquête, soupçonne rapidement le jeune Nicolas. Ivan, à la manœuvre, va tenter de désamorcer le scandale. Il y parviendra. Seul problème, Dominique, de plus en plus heureux dans cette ferme auprès d'une Martine tombée sous le charme de sa simplicité, ne veut plus endosser le rôle du coupable. S'il s'est libéré de sa prison personnelle, ce n'est pas pour en rejoindre une autre. Mais peut-on reprendre sa signature après avoir signé un pacte avec le diable ? Élodie Geffray signe un polar malin et original dans lequel elle a soigné, en profondeur, toutes les personnalités des divers protagonistes.
« Et le silence sera ta peine » d'Élodie Geffray. Belfond. 18 euros

Déjà publiée en Italie sous forme de fascicules mensuels, la série de SF 'Orphelins', écrite par Mammucari et Recchioni est publiée à un rythme intensif dans la collection 'comics' de chez Glénat. Déjà le troisième tome intitulé 'Le revenant'. Si les deux créateurs sont toujours aux manettes, ils ont délégué dessin et couleurs à des auteurs se coulant dans le style de l'épisode pilote. Le principe est toujours le même. Une première partie raconte le recrutement d'orphelins par l'armée pour les transformer en soldats d'élite. Le gouvernement planétaire en a besoin car les deux tiers de la population viennent d'être décimés par une attaque extra-terrestre. Ces enfants sont des cobayes parfaits car perdus et sans famille. Des amitiés se nouent au fil des épreuves. Des inimitiés aussi. La seconde partie de l'album se déroule sur la planète des aliens agressifs. Les enfants sont devenus des soldats impitoyables, prêts à tout pour détruire les ennemis, ceux qui ont tué leurs familles. Mais au gré des batailles contre ces sortes d'insectes en cristal, des anomalies sont relevées par certains membres des commandos. Et de bons soldats obéissants, certains vont se transformer en sceptiques, persuadés d'avoir été manipulés. Passionnant et beaucoup plus dense que ce que la trame initiale laissait envisager, 'Orphelins' se poursuit avec un album tous les deux mois.
"Orphelins" (tome 3), Glénat, 14,95 euros