Avec 'Une famille à louer', Jean-Pierre Améris réalise une comédie sensible.
Une mère de famille (Virgine Efira), obligée d'élever seule ses deux enfants issus de deux « coups de foudre » différents est contactée par un milliardaire dépressif et renfermé (Benoît Poelvoorde).
Accepterait-elle de louer sa famille pour qu'il se rende compte, durant trois mois, des effets positifs de la vie de famille ? « Il y a beaucoup de mon parcours dans ce film » explique Jean-Pierre Améris. « Avec Benoît Poelvoorde j'ai trouvé mon alter-égo. Durant l'écriture du scénario, c'était déjà lui. Il est d'ailleurs lui aussi maniaque et angoissé dans le vie. »
Le réalisateur a aussi abordé des thématiques plus pointues, comme ses références (les comédies américaines) et sa volonté de styliser au maximum le film. On est clairement dans la caricature parfois, mais les acteurs parviennent à donner une belle humanité à ces deux contraires que tout attire. A l'arrivée il y a un film sensible, dans l'air du temps (la famille recomposée) et tout public. « J'ai voulu un peu constituer ma famille idéale » confie Jean-Pierre Améris qui avouera qu'il n'aurait jamais imaginé pourvoir vire un jour autrement que seul... On rit à ces étonnements des uns et des autres, on est également touché car, comme le dit si bien Jean-Pierre Améris, « la comédie ce n'est pas juste de la grosse poilade. Cela doit aussi être émouvant. »
Pour la sortie en DVD de ce film, Studiocanal a soigné les bonus. Presque une heure de making of sont proposés sous forme de quatre petits films sur l'univers des divers protagonistes. On découvre d'abord ce qui inspire Jean-Pierre Améris, puis ces sont Virginie Efira et Benoît Poelvoorde qui parlent longuement de leurs personnages. Enfin vous saurez tout sur la fabrication des deux décors principaux : la maison toute de guingois de la jeune chômeuse et la villa froide et inhumaine du milliardaire.
« Une famille à louer », Studiocanal, 14,99 euros le DVD, 15,99 euros le blu-ray.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
jeudi 21 janvier 2016
mercredi 20 janvier 2016
Livre : Enquête policière sur fond de jazz
Exit Victor Legris, libraire enquêteur de la fin du XIXe siècle, place à Jeremy Nelson, musicien des années 20. Ainsi va la vie des héros de littérature populaire, un petit tour et puis s’en vont. La faute à leur créateur, Claude Izner, écrivain qui en réalité cache deux sœurs, Liliane Korb et Laurence Lefèvre, passionnées par le Paris de l’ancien temps. Après avoir raconté les aventures parfois tumultueuses de Victor sur une douzaine de volumes, Claude Izner change de registre et d’époque. L’action se déroule en 1921. Toujours à Paris, mais le héros du roman “Le pas du renard” est un jeune musicien américain. Sa mère, française, ne lui a jamais parlé de son père. Un mystérieux homme rencontré à Paris. Il se lance sur ses traces et en profite pour découvrir l’extraordinaire richesse culturelle de cette ville monde. Sans le sou, il décroche un poste de musicien dans un cabaret, le Mi-Ka-Do, où dresseur de chat et chanteurs de variété font le show tous les soirs. Il va relancer la fréquentation du lieu en modifiant la programmation musicale. Place au jazz plus moderne et entraînant.
Un mort, des assassins ?
Une bonne partie du roman est une plongée très imagée dans ce milieu artistique parisien, en plein renouvellement avec l’arrivée du cinéma. On apprend tout sur les morceaux de musique en vogue, les films qui cartonnent, les publicités marquantes ou les revues les plus lues. Mais comme toujours avec Claude Izner, le tout sert de décor à une intrigue policière ardue. Le propriétaire du cinéma le Rodéo est tué dès les premières pages. Par qui ? On ne le découvrira que dans les dernières pages. Le corps a été escamoté par d’autres protagonistes. Là aussi, leur identité sera longtemps un mystère.
Jeremy, en cherchant les traces de son père, va intervenir comme un chien dans un jeu de quilles. Sans le vouloir, il va se retrouver suspect pour certains, trop curieux pour d’autres. Il en tirera quelques coups et horions en divers lieux marquants de la capitale.
Le lecteur lui aussi peut tenter de découvrir le ou les coupables entre Doxie, la patronne du cabaret, Sammy, son arpète, Marie, la jolie demoiselle chargée du vestiaire, Vialet, le fournisseur du bar en boissons alcoolisées, Rince-Mirettes, le dessinateur qui croque les clients ou Alcide, l’ancien pianiste du Mi-Ka-Do. Entre autres...
Un roman passionnant, aux doux relents historiques qui offre en plus une ouverture vers le passé : Victor Legris pourrait bien avoir quelques points en commun avec le jeune Jeremy.
Michel Litout
« Le pas du renard », Claude Izner, 10/18, 16,90 eurosmardi 19 janvier 2016
Cinéma : Un festival de rattrapage avec Télérama

Il existe la télé de rattrapage, le cinéma aussi permet aux retardataires de profiter du meilleur de l'année passée. L'initiative est à mettre à l'actif du magazine culturel Télérama. La rédaction a sélectionné une quinzaine de films et avec l'association française des cinémas d'art et d'essai, les reprogramment sur une semaine, à un tarif préférentiel pour ceux qui ont le passe offert avec le numéro de cette semaine.
Cela donne l'occasion de voir quantité de chef d'oeuvre au prix imbattable de 3,50 euros la place. La sélection est subtilement équilibrée entre films français et étrangers. Côté francophone, trois poids lourds font partie des « élus », « Dheepan » de Jacques Audiard, « Marguerite » de Xavier Giannoli et « La loi du marché » de Stéphane Brizé. Ces productions qui ont très bien marché et qui se laisseront regarder une nouvelles fois par les amateurs. Le festival

Mais s'il est bien un film à ne pas manquer dans ce best-of de l'année, cela reste « Taxi Téhéran » de Jafar Panahi. Sous forme de documentaire, on découvre la vie quotidienne de la capitale iranienne, entre envie d'émancipation et censure omniprésente.
Dans la région, le festival Télérama se décline dans quatre endroits : au Castillet de Perpignan, au Cinéma de Narbonne, au Colisée de Carcassonne et au Clap Cinéma de Port-Leucate.
lundi 18 janvier 2016
BD : L'épervier au Canada

« L'épervier » (tome 9), Soleil Quadrants, 14,50 euros
dimanche 17 janvier 2016
BD : Halloween permanent

« Hallow » (tome 1), Bamboo, 14,90 € format cartonné, 7,95 € format manga
samedi 16 janvier 2016
BD : Un autre regard sur le 11 janvier

Écrit durant l'été par Serge Lehman, mis en image par Gess à l'automne, cet album revient sur les attentats de janvier mais surtout la manifestation monstre du 11 janvier qui a répondu dans la dignité à la tentative de destruction du pays. Pourtant, selon l'auteur, six mois après ce rassemblement historique, « il ne reste rien de l'Esprit du 11 janvier ». Triste constat pourtant bien réel, même si on constate un regain de cette fameuse prise de conscience depuis le 13 novembre. Serge Lehman, écrivain de science-fiction (entre autres activités), était dans la foule le 11 janvier à Paris. Il a marché contre la peur. L'idée de son livre vient de là : « Ce sera sur la foule du 11 janvier comme phénomène quantique » explique-t-il succinctement à son éditeur. A l'arrivée ces 80 pages en noir et blanc, en plus de mieux comprendre l'émotion de tout un pays, permet également de mettre en vedette quelques héros anonymes des événements. Ahmed Mérabet, le policier abattu dans la rue, Lassana Bathily, le jeune Malien qui a sauvé des dizaines de clients de l'Hyper Cacher. Mais aussi la policière municipale de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe. Indirectement, c'est elle qui a certainement fait le plus pour l'émergence de ce 11 janvier. Quand elle est abattu dans la rue par Amedy Coulibaly, elle ne se doute pas qu'elle empêche au autre massacre. Coulibaly, en cagoule et gilet pare-balles, semblait se diriger vers une école juive. Le tueur de l'Hyper Cacher voulait tuer des enfants. Le choc, après Charlie, aurait été encore plus fort. La BD se termine par une image, une femme, belle et forte dans la foule. L'image de cet Esprit du 11 janvier que Serge Lehman veut garder pour toujours présent à son esprit.
« L'esprit du 11 janvier : une enquête mythologique », Delcourt, 9,95 euros
vendredi 15 janvier 2016
Livre : Le labyrinthe des existences
A l'heure des réseaux sociaux et autres sites de rencontres sur le net, l'amour est-il en train de changer, d'évoluer ? Ce sentiment, aussi vieux que l'Humanité, va-t-il survivre à ce changement radical de mode de vie ? Ces interrogations sont en en permanence en filigrane du roman de Camille Laurens. Pour que la magie de l'amour fonctionne, il faut que deux êtres se rencontrent, partagent, apprennent à se connaître. Échanger un regard suffisait pour déclencher un coup de foudre. Aujourd'hui, avant de se retrouver face à l'être désiré, il existe quantité de façons pour mieux l'apprécier, ses défauts et ses qualités. Une sorte d'entretien d'embauche virtuel. « Celle que vous croyez » est un roman gigogne, en trois parties distinctes et autant de possibilités sur la relation amoureuse entre Claire et Christophe. La première partie est un long monologue de la jeune femme. Face à son psy, elle raconte comment elle est tombée amoureuse de cet homme qu'elle a littéralement séduit sur internet, en se façonnant une nouvelle identité. Claire qui est au moment du récit en clinique psy. Folle ? Dépressive ? Suicidaire ? Un peu tout à la fois. Cette femme de plus de 50 ans sort d'une relation avec un jeune et fougueux jeune homme. Jetée comme une vieille chaussette, elle refuse cet état de fait. Veut savoir ce qu'il devient. Pour cela elle va devenir « amie » sur Facebook avec Christophe, son meilleur ami avec qui il cohabite. Pour être sûre d'attirer l'attention de « KissChris », elle devient Claire Antunes, brune de 25 ans, passionnée de photo (Christophe est photographe). Un piège diabolique qui se retourne contre elle. « Ce n'est pas pour rien que cela s'appelle la Toile. Tantôt on est l'araignée, tantôt le moucheron. Mais on existe l'un pour l'autre, l'un par l'autre, on est reliés par la religion commune. A défaut de communier, on communique. » A force d'échanger avec Christophe pour avoir quelques nouvelles de son ex, elle tombe amoureuse de l'ami. Et c'est réciproque. Mais les relations ne sont que virtuelles. Fausses photos, mensonges permanents : la situation dégénère. Roman dans le roman
La seconde partie du roman est le témoignage de Marc, le psy de Claire. Il explique devant ses pairs comment il a dérapé. Une autre version de l'histoire étayée par le début du roman écrit par Claire à la clinique, avec l'aide de Camille, une romancière animant un atelier d'écriture. Dans le roman, la Claire de 50 ans parvient à séduire le véritable Christophe. Sans l'aide de son faux profil Facebook. Mêmes personnages, histoire différent. Le lecteur voit alors d'un nouvel œil la première partie. Mais Camille Laurens n'en a pas terminé de rebattre les cartes. La dernières partie une longue lettre à son éditeur. Elle y parle du roman, des ses sources d'inspirations et de sa façon d'aborder son thème de prédilection : « Je ne désire pas tant la jouissance que je ne jouis du désir. L'amour n'est pas le sujet de mes livres, c'est leur source. Ce n'est pas une histoire que je recherche, c'est le sentiment de vivre, dont écrire sera la défaite, à la fin, et jouir la chute. Désirer un homme, c'est comme rêver au livre : tout est ouvert, immense et chaotique. » Et l'art de la chute, Camille Laurens la maîtrise à merveille dans un petit épilogue qui laissera pantois tous ses lecteurs...
Michel Litout
« Celle que vous croyez », Camille Laurens, Gallimard, 17,50 eurosjeudi 14 janvier 2016
Poche : Les nuits de Reykjavik
Ce sont les débuts d'Erlendur qui sont racontés dans « Les nuits de Reykjavik » d'Arnaldur Indridason. Célibataire, solitaire, Erlendur est un simple policier de base. Il est affecté aux patrouilles de nuit. Une vie décalée, à pourchasser les ivrognes et autres petits cambrioleurs. Rien de bien palpitant. Mais il fait son travail avec diligence, bon camarade, un peu taiseux mais toujours partant. Ce roman d'Arnaldur Indridason, moins pessimiste que les précédents, quand Erlendur enquêteur à la criminelle côtoie l'horreur au quotidien, montre comment le jeune policier a découvert sa vocation. Une intrigue emberlificotée à souhait, pleine de chausses-trappes et de fausses pistes. Au final Erlendur résoudra deux affaires et gagnera l'estime de ses futurs collègues. (Points, 7,70 €)mercredi 13 janvier 2016
BD : Grandeur et misère du commerce

« Le grand A », Futuropolis, 20 euros
mardi 12 janvier 2016
BD : Les heureux hommes de Durieux

« Les gens honnêtes », Dupuis, 15,50 euros
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