vendredi 17 octobre 2014

BD : la nouvelle humanité de Némésis


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Série de science-fiction débutée en 1997 aux défuntes éditions du Téméraire, Némésis a finalement été reprise par les éditions Soleil. Le scénario d'Ange était parfaitement servi par le dessin d'Alain Janolle. Mais arrivé au cinquième tome, le dessinateur cède sa place à Cifuentes pour dessiner le 6e et dernier volume de la série. Près de dix ans plus tard, Janolle reprend le train Nemesis et dessine à son tour la conclusion de cette histoire d'invasion extra-terrestre. La boucle est bouclée, la série plus cohérente. Aux prises avec des entités s'étendant sur les ¾ de la Terre, les derniers humains collaborent avec elles en fournissant des enfants. Le but : créer des hybrides entre la race humaine et ces aliens. Le personnage principal est toujours flic au FBI. Il collabore avec la Résistance mais veut rester au coeur du dispositif pour surveiller son collègue devenu dictateur absolu et surtout son fils, premier hybride réussi. Une histoire sombre qui se termine dans les dédales du temps.

« Nemesis » (tome 6), Soleil, 13,95 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Annabelle, la poupée de sang

annabelle, chahut, horreur, cinéma
Annabelle. Retenez ce prénom. Dans quelques dizaines d'années, il fera frissonner juste à son évocation comme ses prédécesseurs Freddy ou Chucky. Le film d'horreur de John R. Leonetti n'a rien d'exceptionnel. Juste un parfait savoir-faire dans les moments de tension et un double personnage réellement effrayant : la poupée et la jeune fille à la tête penchée, visage masqué par ses longs cheveux.
Le film, à quelques jours d'Halloween, semble bien parti pour devenir l'un des gros succès de la fin d'année. Du moins, s'il survit au phénomène qui transforme chaque projection en chahut incontrôlable. Précédée d'une campagne virale très réussie sur les réseaux sociaux, Annabelle est devenue le rendez-vous incontournable pour se faire peur en groupe. Interdit aux moins de 12 ans, ce sont les adolescents qui font le succès du long-métrage. Plusieurs cinémas (Marseille, Strasbourg, Montpellier) ont préféré le déprogrammer face aux débordements. Durant la projection, une surenchère de cris, hurlements, gesticulations et jets de projectiles agite la salle. Comme si la poupée maléfique avait pris possession de l'esprit des spectateurs. Envoûtement prolongé parfois en dehors de la salle.
Face à ce déferlement de jeunes surexcités, les services de sécurité ont vite baissé les bras. Donc, pour la tranquillité des autres spectateurs, ceux qui préfèrent la poésie de Lou ou le mystère de Gone Girl, les exploitants ont préféré faire l'impasse sur le film. A grand regret : en cinq jours, Annabelle frôle déjà les 500 000 entrées...
En bonus internet, la bande annonce du film :

jeudi 16 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Jardins d'intérieur

jardin, balcon, terrasse,
Cultiver n'est plus une question d'espace. Pas la peine d'avoir un jardin immense pour profiter de légumes maison. Un balcon, voire un garage, suffit.
La société "Terrasses & balcons" commercialise des packs prêt à pousser. Des briquettes de terreau, des sacs de plantation quelques graines et le tour est joué. Selon les dépliants, vous arrosez et "il ne reste plus qu'à regarder pousser les semences". Vous aurez le choix entre des herbes de Provence pour barbecue, des plantes du potager pour tables d'été (radis, tomates cerise, cèleri et fraises) ou encore de bonnes herbes pour tisane (Mélisse, camomille, menthe et mauve). Il faut au minimum un balcon ou un appui de fenêtre.
Mais si vous vivez en appartement, pourquoi ne pas passer au jardin intérieur hydroponique. Une chaîne de magasins propose toute une gamme de produits. Un point de vente vient d'ouvrir à Perpignan.
C'est tout de suite beaucoup plus technique. Le "semez, arrosez, récoltez" est remplacé par le "aménagez, éclairez, chauffez, arrosez, rempotez, cueillez…". Sans compter l'apport d'engrais spécifiques dont la liste est incroyablement longue en fonction de la taille et de l'espèce. Quelle sorte de plante ? Contrairement à "Terrasses & balcons", vous ne trouverez pas de graines en vente dans ces magasins. Pas une seule…
Mais que peuvent bien faire pousser ces jardiniers d'intérieur adeptes de la discrétion ? Non, vous ne me ferez pas dire ce que vous pensez si fort. En réalité, notre société de consommation étant ce qu'elle est, quand un marché existe, quel qu'il soit, il y a des commerçants pour le faire vivre.

DVD : Horrible cuisine familiale

Découvrez en DVD ou blu-ray ce film d'horreur américain de Jim Mickle, remake d'une réalisation mexicaine.

mickel, cannibalisme, horreur, goreMieux vaut avoir l'estomac bien accroché pour visionner « We are what we are », film d'horreur gastronomique de Jim Mickle avec Bill Sage, Ambyr Childers Julia Garner en vedette. Alors qu'une tempête menace la région, Emma Parker va à l'épicerie du village de cette petite ville américaine pour faire trois courses. Prise de malaise dans la rue, elle chute, se cogne la tête et meurt noyée dans un fossé rempli d'eau. Les ennuis débutent pour le reste de la famille Parker, Frank le père et Iris et Rose, les deux filles, adolescentes discrètes et timorées. Cette mort brutale intervient au pire moment de l'année : à trois jours de la « célébration des agneaux », vieille tradition familiale où la mère joue un rôle essentiel. Autoritaire et intransigeant, Frank désigne Iris, l'aînée, pour la succession. Le cauchemar débute...


La sortie vidéo du film américain est simultanée avec le film mexicain d'origine, « Ne nous jugez pas ». Le spectateur peut donc juger sur pièce les différences entre l'original et le remake. Si la trame du scénario est identique, Jim Mickle a voulu trouver de bonnes raisons aux protagonistes pour expliquer leurs dérives culinaires. Il a puisé dans l'histoire de son pays, au temps des pionniers, pour justifier la « célébration des agneaux ». Si par moment le film a des airs de « True Detective » avec ambiance trouble et angoissante créée par l'éclairage et les décors, la fin est carrément gore, comme pour remettre un peu de sens à un film de genre mitigé.
En bonus avec le DVD un long documentaire sur le tournage dans la région de New York. Exemplaire pour les passionnés de cinéma, version processus de fabrication. Fabrication de pluie diluvienne, cascade à travers de fausses vitres, cadavres en décomposition, crânes en plastiques... L'occasion aussi de revoir Kelly McGillis, excellente professionnelle, qui a beaucoup moins bien vieillie que son partenaire Tom Cruise dans le mythique « Top Gun ».

We are what we are », Wild Side Vidéo, 15,99 euros.

mercredi 15 octobre 2014

BD : Le dernier cri

deveney, jouvray, glénat, tarzan
Inspiré en partie de la véritable vie de Johnny Weismuller, « Johnny Jungle » est un roman graphique signé Deveney et Jouvray. Le premier maitrise à la perfection ce mélange d'anecdotes véridiques et de délires junglesques. Le second dessine ce bestiaire avec une précision et une finesse du plus bel effet. Dans la seconde partie de ce biopic imaginaire, Johnny Jungle raconte la suite de sa carrière. Pas forcément la plus glorieuse. L'effet de surprise retombe (les aventures exotiques d'un homme singe ne passionnent plus les foules), les scénarios tournent en rond, les moyens diminuent et le grand amour avec Jane s'étiole. Un enfant, trouvé dans la jungle, relance leur amour. Mais la mauvaise habitude de Johnny d'épouiller ses partenaires met à mal le couple. Ensuite c'est la dégringolade, les apparitions comme portier à Las Vegas et la ruine définitive par les actions en justice de ses nombreux enfants illégitimes. Jusqu'à l'enfermement dans un hôpital psychiatrique. Une histoire qui vous fera souvent rire et finalement pleurer dans les dernières planches au son du dernier cri de Johnny Jungle.

« Johnny Jungle » (tome 2), Glénat, 17,25 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Huîtres au courrier

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Tout se vend sur internet. Le moindre commerce de proximité se doit de proposer ses produits en ligne. Plus un seul secteur n'est épargné. Pour preuve, je reçois cet email publicitaire, il me prévient : le site meshuitres.com s'étend à l'ensemble de l'Europe.
Pardon ? Des huîtres ? Par internet ? J'ouvre sur le champ le message, non dans l'idée de déguster mais bien de comprendre par quel miracle on peut commercialiser ce produit hautement fragile et périssable par correspondance…
Meshuitres.com existe depuis trois ans déjà et "se positionne comme le leader de la vente d'huîtres en ligne". Vous me direz, ils ne sont certainement pas très nombreux à avoir eu cette idée… Une fois la commande passée, l'ostréiculteur va cueillir les mollusques directement dans l'étang de Thau (ils ne vendent que des Bouzigues), puis les conditionne dans "un éco-emballage hermétique, avec un bloc réfrigérant". Livraison garantie en 24 heures. Le package revient horriblement cher, mais, à bien y réfléchir, est certainement plus rapide que le circuit habituel en grande surface.
Par contre, mieux vaut éviter que le colis ne suive le même trajet que cette enveloppe, postée le 24 juillet à Villalier dans l'Aude. Elle a mis 76 jours pour arriver à Rustiques, village distant de 9 kilomètres. Le pli, avant de reprendre son chemin normal, a effectué un petit détour par Djakarta en Indonésie. Une simple lettre, passe encore. Pas vraiment denrée périssable. Par contre deux douzaines d'huîtres, je ne vous raconte pas l'odeur deux mois après le départ et un séjour sous les tropiques… Malgré le "bloc réfrigérant" !

mardi 14 octobre 2014

Livres : Étonnants premiers romans

Toute rentrée littéraire offre son lot de premiers romans. Des voix originales se font entendre au milieu des ténors des lettres françaises.

demarty, en face, delrue, flammarion, seuilAmateurs de vocabulaire rare et précieux, « En face » de Pierre Demarty va vous ravir. Soit vous êtes très fort et la lecture du roman se déroule sans encombre, soit vous avez quelques lacunes et le renfort d'un dictionnaire se révèle rapidement indispensable pour saisir toutes les nuances de l'histoire de cet homme qui quitte son appartement du jour au lendemain. De « l'éblouissement des splendeurs vernales » à la « maïeutique par l'humiliation et la fermentation » en passant par « le totem pulsatile » le verbe de Pierre Demarty est riche. Un peu trop parfois, cela frôle l'overdose. Comme une démonstration de virtuose qui parvient à jouer une partition compliquée mais peu harmonieuse au final.
Il y a également quelques listes pour donner encore plus de foisonnement à ce roman. Des animaux exterminés (dodo, patomachère ou rythine) ou des villes improbables, jamais visitées par le héros mais qui ornent les timbres qu'il collectionne (Keszthely, Oranjestad, Udaipur...). Pourtant l'idée du roman est excellente. Un homme, normal à en être indécent, lassé de sa vie, décide de louer l'appartement situé juste en face du quatre pièces qu'il occupe depuis des décennies avec femme et enfant. Il disparaît tout en observant sa famille...
Le problème, c'est qu'il ne se passe pas grand chose. Et quand cela devient un peu animé, l'auteur choisit une voie qui étonnera (voire chagrinera) le lecteur qui est allé jusque là...

Fuite vers le Sud
demarty, en face, delrue, flammarion, seuilLa famille aussi est au centre du roman d'Arnaud Delrue. Les secrets de famille plus exactement. Philippe, le narrateur, est aux obsèques de sa sœur. Il y a également la mère et la petite dernière Marie. Particulièrement touché par la mort de sa sœur, Philippe tente de reprendre une vie normale. Employé dans une compagnie d'assurance, il séduit la stagiaire qui espère un CDI, s'amuse avec ses collègues, passe des journées à la campagne au bord d'un lac dans une propriété prêtée par le médecin de famille.
Mais au fil des pages, ce joli paysage se craquelle. Quelles étaient exactement les relations de de Philipe et de sa sœur. Et quel rôle a exactement la petite Marie.
La tension va aller crescendo, pour atteindre son summum après une fuite désespérée vers le Sud. Sans jamais trop en dire, ce premier roman aborde un problème épineux et tabou. L'auteur en parle avec détachement, sans jamais juger ses personnages.

« En face », Pierre Demarty, Flammarion, 17 €
« Un été en famille », Arnaud Delrue, Seuil, 16 €


DE CHOSES ET D'AUTRES : Les deux Valérie

 Les journaux people sont sans pitié. Dernier exemple en date avec Valérie Trierweiler. L'ancienne première dame de France, abandonnée par un François Hollande charmé par une jeune actrice, incarnait l'archétype d'une victime de la goujaterie.
Mais il faut se méfier de ces apitoiements de circonstance, ils ne durent jamais longtemps. D'autant que Valérie Trierweiler a eu la mauvaise idée de gagner beaucoup d'argent avec son livre-brûlot. Ce qui en France équivaut à une marque d'infamie. Vous êtes riche ? On vous déteste. La preuve avec cette histoire qui fait jaser dans toutes les chaumières de France et de Navarre. La semaine dernière, Jean-Luc Roméro, élu de Paris, célèbre son premier anniversaire de mariage dans un bar branché. La fête bat son plein, l'alcool coule à flot. Valérie Trierweiller, amie de longue date (ne pas oublier qu'elle est journaliste politique) fait partie des invités.
La suite alimente les gros titres de France-Dimanche : "et soudain, la soirée bascule dans l'impensable... » Valérie T. reconnaît Valérie S., son ancienne meilleure amie. L'autre Valérie, journaliste elle aussi, vient de se séparer d'un ministre de la République. Brouillées depuis la sortie du livre, elles ne se parlent plus. Selon France Dimanche, Valérie Trierweiler, très remontée et totalement "désinhibée", se serait jettée sur elle et l'aurait giflée tout en l'insultant. L'intervention de plusieurs personnes aurait été nécessaire pour les séparer.
Voilà comment, un simple éclat de voix rapporté par des témoins peu dignes de confiance transforme la pauvre femme victime en riche harpie vindicative...

lundi 13 octobre 2014

« Trafik » de BD chez Fluide Glacial

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Fluide Glacial, après avoir tenté de s'imposer sur le marche de la BD glamour pour fille délurée (le défunt label Fluide G), change radicalement de cible et tente une percée sur le segment de « la brute épaisse qui rêve de poser avec une kalach en fronçant les sourcils ». La collection Trafik est lancée avec trois albums où toutes les limites sont explosées par des auteurs qui n'ont peur de rien. Même pas de poser en fronçant les sourcils pour faire la promotion des albums... Trois titres assez inégaux. « Les caniveaux de la gloire » de Pixel Vengeur et Monsieur le Chien est de loin le plus original. Les histoires courtes abordent quantité de sujets (de l'invasion extraterrestre aux pratiques SM en passant par les difficultés sociales des artistes de cirque sur le retour) avec une constante : l'exagération. Le « FIST » (Fonds interministériel pour la sauvegarde des traditions) ne fait pas dans la dentelle. Ce service, issu de la IVe République, brocarde toute la ringardise de l'administration française toujours en fonction au XXIe siècle. Bernstein (scénario) et Terreur Graphique (dessin) ont trouvé le ton juste entre ironie et désespérance.

« Les caniveaux de la gloire », « Le FIST » et « Vaudevilles », Fluide Glacial, 8 €

dimanche 12 octobre 2014

BD : La folie du front


14/18, tardi, supiot, glénat
Centenaire oblige, quantité de publications portent sur la première guerre mondiale. La BD n'est pas en reste. Même si il est difficile de faire mieux que Tardi dans le genre, plusieurs auteurs ont plongé dans l'enfer des tranchées pour raconter des pans de cette incroyable boucherie. « La patrouille des invisibles » d'Olivier Supiot est un roman graphique sombre malgré des couleurs éclatantes. Un aviateur français abattu au dessus du front, est récupéré, blessé, par une patrouille. Il va falloir le ramener à l'arrière pour le soigner. Mais ces quelques kilomètres sont très risqués. Les francs-tireurs allemands sont partout. Un obus ou une balle peut vous exploser la tête à tout moment. Heureusement la petite troupe compte dans ses rangs Titouan Kerzadec une montagne de muscles surnommée Titan. Il se fond dans la boue et le sang pour surprendre les ennemis. Un tueur né qui s'accommode de cet enfer. Avant, sa vie était pire. Il était à Cayenne au bagne. S'engager c'est l'assurance de retrouver la liberté à la fin de la guerre. A condition de survivre et ne pas devenir complètement fou.

« La patrouille des invisibles », Glénat, 12,90 €