vendredi 12 septembre 2014

Cinéma : La vie doit être enivrante pour Michel Houellebecq dans "Near death experience"

Michel Houellebecq interprète un employé en plein burn-out, crapahutant dans la montagne à la recherche d'un bon endroit pour en finir.
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Benoît Delépine et Gustave Kervern, deux des piliers de Groland (tous les samedis soir en clair sur Canal+), n'ont pas peur de la difficulté. Joyeux drilles parfois, ils savent également décrire toute la noirceur de notre société de consommation. « Near death experience » (expérience de mort imminente) en est l'exemple parfait. Paul (Michel Houellebecq), employé sur une plateforme téléphonique, n'en peut plus. Métier idiot, famille insignifiante, alcoolique et en mauvaise santé il prend conscience de toute l'inanité de son existence un vendredi 13. Sa femme rentre des courses avec leurs deux enfants, des ados qui se disputent. Il enfile sa tenue de coureur cycliste et explique qu'il va sortir une petite demi-heure. Sa décision est prise. Basta !


Tourné dans la région de Marseille, la route monte rapidement. Paul se met en danseuse pour atteindre le sommet, une inaccessible étoile comme le dit le grand Jacques. Il abandonne le vélo dans un fossé et continue à pied, dans les sentiers pour atteindre un point de vue. Idéal pour prendre son envol. Le dernier. Mais comme souvent, il y a le petit grain de sable qui empêche le passage à l'acte.

Au son de Black Sabbath
Dérangé, Paul cherche un autre endroit et va errer dans cette garrigue sauvage sous un soleil de plomb qui va rapidement lui taper sur le ciboulot, au point de se retrouver dans cet état de « mort imminente » en pleine conscience. Il va parler aux insectes, à des pierres, à un vagabond aussi givré que lui. Dans cette nature sauvage Michel Houellebecq va se révéler un grand acteur, aux saillies définitives et mémorables. Dans une sorte de confession de psychanalyse de bazar, il va expliquer à sa femme pourquoi il vaut mieux qu'il disparaisse. Et de constater stoïque, « Quel intérêt à retarder un destin qui n'a aucun intérêt. » A ses enfants, après s'être décrit comme un infect déchet, il conclue « Un père mort, cela vaut bien mieux qu'un père sans vie. ». Il parle. De plus en plus. Mais n'agit toujours pas. Et là aussi il retourne la situation par cette phrase qui symbolise parfaitement ce film : « Paul, décidément, tu parles trop et tu ne te suicide pas assez... »
Dans le titre de ce film il y a « expérience ». Pour pleinement profiter de ces 90 minutes hors du temps et de la vie, il faut effectivement se mettre en condition de vivre une expérience unique. Au premier degré, le film est ce que j'ai vu de plus déprimant depuis le visionnage par inadvertance d'un JT complet de Jean-Pierre Pernaut. Mais l'œuvre est aussi là pour nous secouer. Des Paul, il y en a des milliers autour de nous. Si on y regarde bien, on lui ressemble même. Alors on se dit que finalement dans toutes les sentences déprimantes de Paul il n'y en a qu'une à prendre au pied de la lettre : « La vie doit être enivrante ! ». Et comme lui, on va se mettre un morceau de Black Sabbath et pogoter frénétiquement avant de consulter son horoscope.


jeudi 11 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : À chacun ses phobies

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"Phobie administrative". Ce Thomas Thévenoud est une mine. On regretterait presque son passage éclair au gouvernement, il aurait animé la chronique durant des semaines avec ses dérives maladives.
Le Canard Enchaîné révèle qu'en plus de ne pas remplir ses déclarations de revenus (cause de son éviction au bout de 9 jours !), le député socialiste a également omis de payer son loyer durant plusieurs années... Et pour se justifier, il explique, sérieux comme un pape, souffrir d'une "phobie administrative". Franchement, jamais un homme politique ne s'est moqué à ce point ouvertement des Français.
Sur le fond, je le comprends. Moi non plus je n'aime pas la paperasse. Lundi j'ai reçu mon avis d'imposition. J'ai hésité trois secondes avant de l'ouvrir. La curiosité l'a emporté. Allez savoir, j'allais peut-être avoir une bonne surprise, un trop perçu... Hélas, comme à chaque fois que je joue au loto, caramba, encore raté. Pour pallier cette fameuse "phobie", les différentes administrations ont inventé des outils pratiques comme les mensualisations (pour mes impôts) et les prélèvements automatiques (pour mon loyer).
Je l'avoue, dans le passé, j'ai parfois zappé un loyer par négligence (notamment quand j'étais célibataire). Un mois. Mais pas deux. Mes propriétaires savaient me relancer sans délai. Thomas Thévenoud, lui, est parvenu à rester plusieurs années sans payer. Ni risquer l'expulsion.
Une seule explication plausible : son propriétaire est atteint lui aussi de "phobie administrative" pour ne pas réclamer, lettres recommandées avec accusé de réception à l'appui, les sommes en souffrance.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

DVD - Joe, redresseur de torts

Dans un Sud sans pitié, Nicolas Cage tente de prendre la défense des faibles.

Joe Ransom n'aime pas l'autorité. Ce Texan a une aversion réelle pour les uniformes. La faute à des policiers qui l'ont menacé. Il s'est rebellé et a passé quelques années en prison. Depuis, il tente de se faire oublier. Interprété par Nicolas Cage (qui pour une fois n'en fait pas trop, excepté sur la dernière scène du pont), Joe est le pivot central de ce film de David Gordon Green adapté d'un roman de Larry Brown. Au volant de son pick-up rouillé, Joe part travailler chaque matin. Il récupère une dizaine de Noirs et s'enfonce dans la forêt. Sa mission : tuer les arbres. Il a mis au point une hache qui tout en entamant l'écorce, diffuse un puissant poison. Drôle de métier dans un Sud en proie à la crise et où la spéculation immobilière semble avoir tous les droits. Le soir, Joe va au bordel et se saoule. Une vie rangée, sans but mais sans heurts.
Tout change dans il croise le chemin de Gary (Tye Sheridan), un adolescent prêt à tout pour trouver du boulot. Le jeune blanc va s'intégrer dans l'équipe de Noirs et gagner ses premiers dollars malgré la rudesse de la tâche. Gary a une revanche à prendre sur son père, ivrogne violent incapable de s'occuper de sa famille. Sans être véritablement un thriller, le film progresse avec lenteur dans le drame. Gary, heureux de travailler et de servir enfin à quelques chose, est un rayon de soleil dans la vie de Joe. Mais le père du gamin (Gary Poulter) ne l'entend pas de cette oreille. Il vole l'argent et bat son fils. Malgré le risque de retourner en prison s'il se fait trop remarquer, Joe va sortir de sa réserve et tout faire pour que Gary puisse mener sa vie à sa guise.
Le film, malgré la star Nicolas Cage, a tout du film indépendant. Le réalisateur a volontairement engagé des acteurs non professionnels pour certaines scènes. Gary Poulter, interprète du père de Gary, a été « casté » dans la rue. Véritable SDF au talent fou, cet homme ravagé par une vie d'errance, apporte un ton juste et sans concession à une œuvre âpre. La scène d'ouverture plante le décor, quand il massacre un pauvre bougre pour une bouteille de rosé, il complète ce tableau de la misère ordinaire US. Gary Poulter que l'on découvre enjoué et gai dans le making of en bonus sur le DVD. Ce film aurait dû lui changer l'existence. Il est mort tragiquement quelques semaines après la fin du tournage. Quand la réalité rejoint la fiction...

« Joe » de David Gordon Green avec Nicolas Cage et Tye Sheridan, Wild Side Vidéo, 19,99 euros (24,99 euros le blu-ray). 

DE CHOSES ET D'AUTRES - Listes atypiques

La plateforme internet « Sens Critique » est basée sur le partage des passions culturelles des internautes. Au début ce n'est qu'une compilation de critiques des films récents aux livres essentiels en passant par les BD dans le vent. Puis les concepteurs du site ont l'idée de concocter des listes. Très classiques au début comme « les 100 meilleurs livres du XXe siècle » ou les « 100 films avec les meilleurs méchants ». Et puis quelques farfelus ont eu l'idée de pousser l'idée un peu plus loin, sur des sentiers plus éloignés du politiquement correct. Comme cette liste des « meilleurs morceaux à écouter dans un état second ». Logiquement on trouve en tête nombre de compositions des Doors et de Pink Floyd. Premier et seul artiste français, Saez et son « J'veux qu'on baise sur ma tombe », également dans le top des « morceaux qu'on aimerait à son enterrement... ». Marre des happy ends larmoyantes ? Préférez les fins radicales de ces films sans concession. De « Doom Generation » à « Tueurs nés » personne n'en réchappe... Les listes ce sont souvent beaucoup de chiffres. Dans « Regarder cette série vous prendra... » le grand gagnant est le soap opera américain « As the World Turns » qui vous bouffera la bagatelle de 67 semaines, 6 jours et 20 heures. En comparaison, « Plus belle la vie » qui fête cette semaine ses dix ans d'antenne ne vous mobilisera que durant six petites semaines et 20 heures. Enfin pour rire un bon coup et se dire qu'il y a toujours pire que la daube diffusée hier soir sur une chaîne de la TNT, savourez les « 50 pires films français », classement dominé, à juste titre, par « Le Baltringue » de Lagaf

mercredi 10 septembre 2014

Roman - Pétillante Pétronille

Amélie Nothomb imagine dans « Pétronille » l'histoire d'une lectrice fan, grande buveuse de champagne et écrivain en devenir. Un roman miroir ?

"Chère Amélie Nothomb, je me permets de vous écrire comme le font régulièrement des centaines de vos lecteurs. Vous puisez, dites-vous, des idées dans cette correspondance. Votre dernier roman, « Pétronille » chez Albin Michel, emprunte une nouvelle fois ce chemin. Vous repérez Pétronille, le personnage principal, un soir dans une librairie, à la fin d'une séance de dédicaces. Elle pourrait endosser le rôle de bonne compagne, ou plus exactement « convigne », de beuverie, songez-vous. 
Garçon manqué issue du peuple, la pétillante Pétronille entre dans la danse avec plaisir. Vous la traînez dans les bars et soirées où le champagne coule à flot. Autofiction oblige, je me demande cependant si votre penchant pour cette boisson est véritable ou fantasmé. Les quantités ingurgitées semblent astronomiques. Pour tout vous dire, j'avais parfois l'impression en lisant ce roman, très plaisant au demeurant, de parcourir une plaquette publicitaire pour Veuve Clicquot, Dom, Krug et autres Taittinger. Vous êtes la championne du placement produit. Si chaque marque citée vous envoie une caisse en dédommagement, vous aurez de quoi faire la fête pour les six prochains mois.
La rebelle Pétronille, de lectrice, devient elle aussi romancière. Une concurrente, donc. Cela ne vous effraie pas. Il est vrai que personne (à part cette année une certaine Valérie T) ne peut rivaliser avec vos tirages monstrueux. J'aimerais tant que, tel Georges Perec, vous donniez corps à cette Pétronille.Vinaigre de mielDans votre roman, vous résumez en quelques phrases les œuvres de l'auteur imaginaire. « Vinaigre de miel » reprend l'argument des « Jeunes filles » de Montherlant : un écrivain à succès reçoit des lettres de lectrices énamourées. « Le Costals de Montherlant sortait vainqueur de la confrontation, le Schwerin de Pétronille terminait phagocyté par les donzelles ». Selon vous, le second titre est tout aussi alléchant : « Il y était question de l'adolescence contemporaine. Le héros, Léon, sorte d'Oblomov de quinze ans, entraînait sa famille entière dans son vertige nihiliste. Le livre me fascina plus encore que le premier. Il avait une manière subtile et drôle de prêcher le désespoir. » En découvrant ces lignes, chère Amélie Nothomb, on a la bizarre impression que vous parlez autant de vous que de Pétronille, que vous dévoilez au lecteur forcément frustré, des idées de romans que vous n'avez malheureusement jamais menés à leur terme. Mais il se pourrait aussi que je me trompe et que Pétronille n'est qu'une pure invention, la compagne de beuverie parfaite que vous cherchez toujours dans les files d'attente de vos séances de dédicace.Sachez, Amélie, que si Pétronille vous pose un lapin, c'est avec joie que je la remplacerai au pied levé. Du moins si vous acceptez de vous mettre au coca. Je ne supporte pas le champagne..."« Pétronille », Amélie Nothomb, Albin Michel, 16,50 €


mardi 9 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le barbier polonais


Le Royaume Uni a un problème avec l'Europe. Cela ne date pas de son intégration à la communauté européenne. Pour preuve la sortie aujourd'hui à Londres d'un livre révélation sur l'identité de Jack l'éventreur. Loin d'appartenir à la famille royale comme envisagé par quelques auteurs bourrés d'imagination, il ne serait autre qu'un... barbier polonais. En France, on redoute le fameux plombier polonais qui vient prendre le travail des artisans tricolores. Au Royaume Uni, ils vont plus loin. Le barbier polonais a émigré à Londres pour massacrer les prostituées locales. L'identité de Jack l'éventreur serait prouvée par l'analyse ADN du châle qu'une des victimes portait au moment du meurtre, en 1888. La démonstration se veut scientifique, mais parvenir à identifier un ADN plus de 125 ans après les faits relève de l'exploit. Le fameux barbier avait bien été suspecté à l'époque. Un coupable idéal pour les policiers : barbier, il maniait à la perfection rasoirs et autres objets tranchants ; Polonais, la réputation britannique était sauve.


Aujourd'hui, les Anglais se retrouvent face à une nouvelle menace étrangère, sur leur propre sol. L'Écosse pourrait devenir indépendante la semaine prochaine. Pour la première fois un sondage donne la majorité au « oui ». Longtemps caricaturée pour ses pratiques vestimentaires, la radinerie de ses habitants et ses monstres de légende, l'Écosse est très loin de ces clichés. Vous en doutez ? Visionnez « Trainspotting », le film de Danny Boyle. Vos a priori voleront en éclats et l'indépendance de l'Écosse deviendra une évidence.

BD - Les cancres aussi prennent des vacances


Dans ce duel de cancres de la bande dessinée, l’élève Ducobu l’emporte sur Boulard par son ancienneté. Côté résultats aussi il est le plus performant. Il est définitivement abonné au zéro alors que Boulard parvient à sauver les meubles en obtenant, au mieux, un 2 sur 20. Mais l’un comme l’autre sont parfaits pour nous faire rire de leur ignorance crasse. 
Boulard est un des personnages des Profs, série imaginée par Erroc et Pica. Pour ce “spin-off” de la série vedette des éditions Bamboo, c’est Mauricet qui officie seul au dessin. Boulard éternellement en retard, amoureux transi de la belle et inaccessible Chloé et champion de l’excuse moisie pour justifier, dans le désordre, un devoir non fait, une absence inexplicable ou l’oubli de ses affaires de classes. Moderne, il ne craint véritablement qu’une chose : la coupure de la liaison internet.

Moins actuel et branché, l’élève Ducobu de Godi et Zidrou, fait plus dans la poésie et le comique de répétition. Ducobu, gros cancre au tricot de forçat et qui semble redoubler éternellement, a deux ennemis : l’instituteur Latouche et cette peste de Noémie. Le premier veut encore et toujours le piéger avec une dictée pleine de mots improbables, la seconde passe son temps à l’empêcher de copier. Pourtant, cela ne lui coûterait pas grand-chose d’aider le dernier, elle qui est toujours première. Ce 20e recueil de gags et d’histoires complètes s’ouvre par une jolie histoire animalière. 
Pendant que les enfants apprennent (Ducobu dort lui...), les petits animaux prennent possession de la cour de récréation. C’est un peu une mise en bouche pour la sortie, en septembre, du nouvel album de Chrorophylle, le loriot imaginé par Macherot et repris par Godi et Zidrou. Vous pourrez même lire les cinq premières pages en bonus de cet album de Ducobu.
« Boulard » (tome 2), Bamboo, 10,60 €

« L’élève Ducobu » (tome 20), Le Lombard, 10,60 €

lundi 8 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - La meute sonne l'hallali

Quand tout est bu, ne reste que le dépôt du fond. Une lie douteuse et infecte, qui vous ferait presque oublier le goût excellent du vin dégusté quelques instants avant. En France, depuis la rentrée, j'ai l'impression qu'on ne nous sert plus que des fonds de bouteilles. Au goût âcre et amer.
Tout a commencé avec la « cuvée du redressement » de Montebourg. Viré l'impertinent ! Un nouveau gouvernement plus tard, et le voilà plombé en moins d'une semaine par l'affaire Thévenoud. Ce député ambitieux, grand pourfendeur des exilés fiscaux, obtient un maroquin de secrétaire d'État. Problème : il oublie de déclarer ses revenus depuis trois ans. Juste avant, Valérie Trierweiler règle ses comptes. Un livre à charge pour un président au plus bas dans les sondages.
Phénomène de meute, une sorte d'hallali virtuel est lancé partout sur les réseaux sociaux. Petit exemple : les chefs d'État de l'OTAN assistent à une parade aérienne. La tête en l'air, ils regardent tous dans la même direction, vers la gauche. Tous sauf François Hollande qui fixe on ne sait quoi à droite. La photo, prise par un amateur, provoque des commentaires désobligeants. Forcément...
Et voilà qu'apparaissent dans les rues des voitures floquées du slogan « Hollande démission ! ». Qui donc osera circuler avec un tel véhicule ?
Et si, malgré sa solide carapace d'homme politique habitué aux coups, Hollande craquait ? Alors, après l'hallali, place à la curée. Mais qui dans la meute hurlante aura les dents suffisamment longues pour s'imposer ? Malheur au vaincu, gare au vainqueur.

dimanche 7 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Johnny au vitriol


Le vendredi, je vous l'ai dit, ma méchanceté n'a d'égale que mon humeur. Pourtant je devrais me réjouir de la diminution du nombre de touristes au kilomètre carré et du retour des enfants dans les salles de classes. Un tableau idyllique gâché par le matraquage sur les ondes, télévisions et journaux compris, du nouveau single de Johnny Hallyday. Contrairement aux dinosaures, dodos et autres tigres de Tasmanie, le Johnny H. est issu d'une espèce très résistante. Le plus célèbre exilé fiscal français vieillissant - 71 ans, un set de six ans d'avance sur Gégé Depardieu - jouit de quelques économies. 
Cependant, insatiable, il enregistre une nouvelle chanson, et quelques plateformes de téléchargement tard (lui qui doit tout au vinyle) répond aux interviews. L'idole des jeunes reste le rocker de 20 ans (dans sa tête). Résultat il devient l'idole des vieux. En fait Johnny Hallyday incarne le Tino Rossi du IIIe millénaire : une anomalie temporelle inexplicable. 
Dans les années 70-80, sentant sa célébrité décliner, il tente de survivre aux modes. Du disco aux films de série B, il s'en est fallu de peu qu'il ne tombe dans l'oubli. Et puis un publicitaire pervers a l'idée de l'élever au rang de patrimoine national (alors qu'un Michel Sardou aurait mieux collé au rôle). Ce buzz quand il a failli mourir aux USA ! Des milliers de pages dans les journaux et sites français, pas même une brève en Californie. Alors quand il chante « Regarde-nous » (Johnny parle de lui à la troisième personne...), je détourne ostensiblement la tête et les oreilles !

samedi 6 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Tant de vies évanouies



Croyez-vous au destin ? Dita Pepe, photographe, a tranché, qui transpose son art dans cette problématique avec une série étonnante. Elle part de ce principe, le choix du partenaire est primordial. Si elle était tombée amoureuse d'une autre personne, qu'aurait été sa vie ? En un cliché elle résume chacune de ses multiples vies fictives. Résultat, une galerie de photos de famille, toutes plus réelles les unes que les autres.




Dita Pepe, assise sur un lit, donne le sein à un bébé entourée de son mari et de ses trois autres enfants. Dans cette autre scène, elle arbore un tailleur chic, à une main un sac de luxe, à l'autre son mari, grand et distingué. Tout de rose vêtue, elle déguste des fruits frais dans un jardin bien tenu en compagnie d'une femme aux habits extravagants. Talons aiguilles, jupe courte, bustier cuir très échancré, elle pose dans une friche industrielle au côté d'une autre femme dans le même genre d'uniforme, celui du plus vieux métier du monde. Elle sourit sur le seuil de la cabane construite de bric et de broc, son compagnon assis sur une chaise en plastique, le chien bâtard sur les genoux, dans ce qui ressemble à un camp de réfugiés.




Une vingtaine de vies, toutes différentes, toutes plausibles. Voilà par excellence de l'art qui prête à réfléchir. Car ces photos de famille semblent de simples miroirs. 
Qui n'a pas rêvé un jour de ce qu'aurait pu devenir son existence si, à un moment crucial, il avait pris une autre direction ? Prenez quelques minutes pour y songer. Pour ma part, je l'affirme sans fard : je ne regrette rien.