dimanche 24 août 2014

BD - Alexandre avant la grandeur


La Macédoine, en 300 avant Jésus Christ, rayonne sur la région. Le roi Philippe vient de mourir et la ville de Pella, capitale du royaume, est en fête pour l'accession au trône du jeune Alexandre. Sa fulgurante ascension, jusqu'à dominer la moitié du monde civilisé, est racontée par l'intermédiaire de quelques uns de ses proches ou de ses simples sujets. Le scénario de Chauvel et Le Galli se concentre sur Pyrrhus et Eurydice. Frère et sœur, ils ont été spolié de leurs titres de noblesse. 
Alexandre est ami avec Pyrrhus et Eurydice est sa maîtresse, mais pour ne pas se mettre la noblesse à dos, il laisse les choses en l'état. D'autant qu'il a d'autres chats à fouetter : éliminer ses rivaux, conquérir la Thrace et se lancer à l'assaut de l'Orient. Dans sa conquête il emmène un soldat, Karanos, une prostituée, Apamée et un médecin, Philippe. Rigueur historique et solidité de l'intrigue transforment cette série, dès le premier tome, en réelle réussite. Surtout que le dessin du Breton Gildas Java est d'une rare méticulosité.

« Alexandre, l'épopée » (tome 1), Glénat, 14,95 €

samedi 23 août 2014

Cinéma - Le nouvel Eden des « Combattants »

Un homme, une femme, la nature. Le premier film de Thomas Cailley parle d'amour, de survie et de la place des jeunes dans la société.


Le premier contact entre Madeleine (Adèle Haenel) et Arnaud (Kevin Azaïs) est des plus rugueux. Sur une place, au coeur de l'été, l'armée française organise des jeux pour tenter de recruter des jeunes susceptibles de s'engager. Arnaud, inscrit par des amis, doit se mesurer à Madeleine dans un corps-à-corps. Madeleine, musclée et entraînée, a vite le dessus. D'autant qu'Arnaud rechigne à se battre avec une femme. Bloqué, il n'a pas d'autre moyen que de mordre son adversaire pour lui faire lâcher prise. Ils se séparent en se lançant des regards de haine. Fin du prologue de ce film entre naturalisme et survivalisme.
Arnaud recroise le chemin de Madeleine quelques jours plus tard. Il aide son frère à construire des abris de piscine en bois. Les parents de la jeune fille, riches bourgeois aisés, en achètent un et c'est Arnaud qui va le construire. L'ouvrier va travailler tout en surveillant la jeune femme qui fait des longueurs dans la piscine. Intrigué par sa nage particulière, il s'approche du bord. Quand Madeleine émerge, avec ce ton cassant qui la caractérise elle l'apostrophe : « Tu me mates? » La situation tendue se débloque quand Madeleine demande à Arnaud s'il peut la conduire sur la plage, là où les militaires ont planté leur podium d'information. L'incompréhension mutuelle va lentement se transformer en fascination. Surtout du fait d'Arnaud qui reste sans voix face à cette fille qui sait ce qu'elle veut. Madeleine, persuadée que le fin du monde est proche, cherche à s'aguerrir pour survivre. La meilleure façon, selon elle, est d'intégrer l'armée française, un bataillon de parachutistes, les mieux entraînés.

La forêt sur grand écran
Avant un stage de deux semaines, elle fait ses classes avec Arnaud en coach : nage avec sac à dos chargé et préparation aux nourritures les plus abjectes (elle petit-déjeune avec un maquereau cru passé au mixer...). Arnaud aussi fera ce stage et leur destin se trouvera alors irrémédiablement lié.
Tourné dans les forêts landaises, certaines scènes du film font penser à un nouvel éden. Voire à deux naufragés volontaires loin de la civilisation. L'amour a-t-il sa place dans cet environnement hostile ? La survie est-elle plus facile seule ou en couple ? Ce long-métrage, présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, tout en abordant des thèmes éternels, est particulièrement bien ancré dans son époque.
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Femme forte

Si Arnaud semble beaucoup hésiter sur l'orientation à donner à se vie future, Madeleine ne doute pas une seconde.

Quand elle accepte de venir manger chez Arnaud (elle venait pour lui offrir des poussins morts et congelés à donner à manger à son furet...), elle explique calmement qu'on est tous condamnés. Entre la faim dans le monde, le réchauffement climatique ou les catastrophes nucléaires, rien n'est épargné aux convives. S'engager dans l'armée, c'est se préparer à survivre. Problème, cette individualiste survivaliste ne supporte pas l'autorité. Son stage de commando tourne rapidement au fiasco.
Pour interpréter cette femme forte et fragile, Adèle Haenel a mis de côté son charme et son joli minois. Elle ne sourit quasiment jamais, semble toujours sur la défensive et aboie plus qu'elle ne parle. Une jolie performance pour une actrice déjà primée aux Césars avec le prix du meilleur second rôle en 2014 dans « Suzanne ». Elle est également au générique de “L’homme qu’on aimait trop“ d’André Téchiné, toujours à l’affiche. 

vendredi 22 août 2014

Cinéma - Un amour aussi bref qu'intense dans "Nos étoiles contraires"


Adapté du best seller de John Green « Nos étoiles contraires », ce film d'amour pour adolescents aborde le difficile problème de la maladie.


Grace et Gus sont amoureux. Ils hésitent avant de s'engager. Ils n'ont que 17 et 18 ans. Pourtant ces grands adolescents n'ont pas de temps à perdre. Tout les deux atteints du cancer, chaque jour passé est une victoire sur la maladie. Alors comment dans ces conditions faire des projets à plus ou moins terme ? Si l'amour déplace les montagnes, le cancer les rend parfois totalement infranchissables. Le film de Josh Boone, adapté du roman de John Green (édité chez Nathan en France) est un mélodrame intelligent et émouvant.

Hazel Grace Lancaster (Shailene Woodley) a des poumons à l'état de vieilles éponges. Atteinte d'un cancer à 10 ans, elle a passé des mois et des mois dans un hôpital. Séances de chimio, médicaments et finalement découverte d'un traitement expérimental qui lui sauve la vie. Temporairement, mais elle peut retourner vivre chez ses parents (Laura Dern et Sam Trammell). Pas retourner à l'école, mais vivre quasiment normalement si elle fait abstraction de l'assistance respiratoire qu'elle traîne en permanence derrière elle...
Son problème, ce sont les autres. Elle s'est repliée sur elle, ne sort presque plus. Sa mère la pousse à participer à un groupe de parole. C'est là qu'elle rencontre Gus (Ansel Elgort). Beau, grand, sûr de lui, séducteur il accompagne un ami qui va devenir aveugle. Lui-même a connu le cancer. Une forme rare qui a obligé les médecins à lui amputer une jambe. Depuis il a une prothèse. Mais surtout il est en rémission. L'espoir personnifié.

Voyage à Amsterdam
Entre Gus et Grace les débuts sont compliqués. Elle est attirée, mais n'ose pas s'engager. Elle fait des rechutes sévères, la condamnant à de longs séjours à l'hôpital. Mais il en faut plus pour décourager le gentil Gus. Lui veut croire en cet amour. Il va littéralement faire le siège de la forteresse Grace pour finalement trouver les mots pour l'émouvoir. Il trouvera même la solution pour lui faire rencontrer son auteur favori, le romancier d'un seul livre (sur le cancer) retiré aux Pays-Bas. Une longue séquence tournée à Amsterdam, notamment dans la maison d'Anne Frank. Le film, loin d'être mièvre, est parfois très dur. La maladie est montrée dans toute sa noirceur. Ils tentent d'en rire, mais cela se termine souvent dans des pleurs. Le spectateur lui aussi a les glandes lacrymales régulièrement sollicitées. Il est vrai que les deux jeunes acteurs, Shailene Woodley et Ansel Elgort sont bourrés de talent. La première notamment impose sa force après ses premiers rôles dans la série « La vie secrète d'une ado ordinaire » et le blockbuster de science-fiction « Divergente ».

jeudi 21 août 2014

Cinéma - Un petit « SMS » et de gros problèmes



Il y a des jours comme ça. Cela semble une journée comme les autres. Pas mieux, mais pas pire que les autres. Et puis un simple SMS déclenche une série d'événements tous plus catastrophiques les uns que les autres. En prenant son petit déjeuner dans sa maison fraîchement rénovée, Laurent (Guillaume de Tonquédec) goûte à la joie d'une vie de famille paisible. Jusqu'à ce que sa femme Nathalie (Anne Marivin) hurle sous la douche froide et que son fils Milo constate que sa chambre est inondée. Mais il n'a pas le temps. Il doit filer conduire Milo à l'école.

En chemin, il apprend que sa société de téléphonie mobile a un découvert de 150 000 euros et reçoit le fameux SMS. Un inconnu, qui s'est trompé de numéro, demande à Nathalie de quitter son « connard de mari ». Laurent n'a pas le temps de se remettre du choc qu'un « jeune à capuche » lui vole son smartphone. Le film, déjà parti sur les chapeaux de roues, prend encore plus de vitesse quand le héros course le voleur dans les rues de Paris. Jusqu'à embrasser une voiture et revenir penaud et boitant. Sans le téléphone. Sans son fils non plus qui a disparu entre temps.
De journée désagréable, Laurent bascule dans une abominable journée de merde, la pire de son existence. Car même si le réalisateur Gabriel Julien-Laferrière (Neuilly sa mère) a placé la barre assez haute pour les 20 premières minutes de son second long-métrage, il en rajoute quelques touches sur les épaules d'un Guillaume de Tonquédec de plus en plus dépassé par les événements. Mené à 100 à l'heure, entièrement sur les épaules de l'interprète du patriarche de la famille Lepic, ce film se disperse un peu en cours de route. Il est vrai que Laurent court beaucoup de lièvres en même temps, de son amour de jeunesse (Géraldine Pailhas) à son frère frapadingue (étonnant Franck Dubosc) en passant par le sauvetage de sa boîte.
Une gentille comédie française qui permet surtout de révéler un acteur de talent trop souvent cantonné aux seconds rôles.

mercredi 20 août 2014

DVD - L'étrange enfance de Jodo

Tocopilla, petite ville côtière chilienne entourée de désert sert de décor au film « La danza de la realidad » d'Alejandro Jodorowsky. Le gourou de la la psychomagie avait délaissé la caméra ces vingt dernières années pour se consacrer essentiellement aux scénarios de ses multiples séries de bande dessinée (Bouncer, La caste des Meta-barons ou l'Incal).
S'il a choisi cette ville isolée et quasi sinistrée, c'est parce qu'il y a vu le jour à la fin des années 20. Le film se veut une autobiographie imaginaire. Il se met en scène, gamin trop bon (il donne ses chaussures neuves à plus pauvre que lui) mais exclu car Juif.

Le film est essentiellement consacré aux parents de Jodo. Jaime, le père (interprété par Brontis Jodorowsky, le propre fils du réalisateur), commerçant révolutionnaire vivant dans le culte de Staline, impose une éducation à la dure à son fils unique. Il quittera Tocopilla pour tenter d'assassiner le dictateur au pouvoir, se fera capturer et torturer.


Sara, la mère (Pamela Flores) est encore plus extravagante. Elle ne s'exprime qu'en chantant, montre sans cesse son énorme poitrine et croit dur comme fer à certaines formules magiques permettant de guérir la peste avec de l'urine ou de se rendre invisible dans des lieux publics. Foisonnant, inquiétant, poétique mais aussi parfois choquant, ce testament de Jodo (il a plus de 80 ans, même qu'il n'en paraît pas plus de 60...) a tout de l'expérience mystique filmique. On n'en sort pas indemne car tout n'est pas du domaine du cartésien.

« La danza de la Realidad », Pathé, 19,99 €

mardi 19 août 2014

BD - A la gloire des aviateurs français

Comment la France a perdu la guerre en 1940 ? Si cet album n'apporte pas une réponse complète et circonstancié à cette question historique, il permet cependant ce mieux comprendre comment les aviateurs français ont été balayés par les assaut des chasseurs allemands. Malgré leur courage et leur détermination, ils n'ont pas fait le poids face aux engins plus rapides et mieux armés. Philippe Pinard, journaliste et passionné d'aviation, a intégré quelques héros imaginaires (Etienne de Tournemire notamment) à l'escadrille des Diables rouges. De véritables aviateurs postés à la frontière, spectateurs impuissants de l'attaque éclair des forces nazis. 

Battue sur terre, l'armée française l'a également été dans les airs. Ses quelques vieux « coucous » n'étaient que des cibles faciles pour les centaines de Messerschmitt. Au dessin, Olivier Dauger est un as de la ligne claire, tendance hyper réalisme. L'album est complété par un dossier sur les forces en présence et les différents types d'appareils engagés, bourré de détails techniques pour les plus passionnés.

« Ciel de guerre » (tome 1), Paquet, 13,50 €


lundi 18 août 2014

BD - Les amazones de Bassaïev




La Russie, sur le point de s'engager dans un conflit dur avec l'Ukraine, a déjà lourdement payé son tribut aux guerres d'indépendance de l'ancien empire soviétique. Aurélien Ducoudray, le scénariste de cette nouvelle série historique dessinée par Anlor (Les innocents coupables), s'est inspiré d'articles de presse sur les mères courage, parties en Tchétchénie tenter de retrouver leurs fils, soldats russes capturés par les troupes de Bassaïev. C'est donc l'histoire d'une maman, sans nouvelle de se son tendre et cher Volodia. Elle part en bus vers Grozny pour négocier directement avec le chef tchétchène
En chemin, elle se fait dérober toutes ses affaires et rapidement se retrouve plongée dans le conflit, sous les bombes russes. Sauvée par un jeune Tchétchène, elle rencontre une des amazones de Bassaïev, de jeunes femmes, tireurs d'élite, cachées dans les forêts, véritables cauchemar des troupes d'occupation russes. Ce sont des femmes qui mènent ce récit, les hommes étant soit absents (Volodia), soit monstrueux comme le sinistre Bassaïev. Un album d'une grande force, décrivant sans complaisance la guerre et ses horreurs.

« Amère Russie » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

dimanche 17 août 2014

BD - Petit samouraï dans les pas de Kogaratsu


Michetz, le dessinateur de la série « Kogaratsu », n'est pas réputé pour sa rapidité d'exécution. Pas moins de quatre ans entre « Le protocole du mal » douzième album et la nouveauté « Taro » parue début juillet. Quatre années pour un artiste adepte du travail bien fait. Il peaufine chaque case, passant des heures à simplifier un trait, épurer une scène. Et ensuite, il passe autant de temps pour placer ses couleurs. Dans le plus pur style des estampes japonaises. Michetz est donc un auteur rare. Raison de plus pour savourer son univers. 
Toujours sur un scénario de Bosse, Kogaratsu, samouraï errant, accepte un travail peu commun. Il doit enlever un enfant, Taro. Le libérer exactement. Placé par ses parents chez un oncle, ce dernier l'utilise désormais comme otage. Aidé de la belle (et très jeune) Tomomi, il découvre sidéré que la mère du petit Taro n'est autre que la princesse Ishi, son amour de jeunesse. C'est donc un peu son fils que Kogaratsu sauve des griffes du maître-chanteur. Mais le gamin a un sacré caractère (comme sa mère...) et cela compliquera d'autant la fuite du trio. Simple, efficace et merveilleusement dessinée, cette série n'a qu'un défaut : sa rareté !

« Kogaratsu » (tome 13), Dupuis, 12 €

samedi 16 août 2014

BD - Musique satanique finlandaise


Le hard rock, tendance métal et sataniste, connaît un formidable succès dans les pays scandinaves. Les Finlandais Ahonen et Alare, après avoir tenté de percer sur la scène musicale locale, ont rangé leurs guitares pour s'atteler à une autre œuvre, plus dans leurs cordes : un roman graphique sur cet univers si particulier. Axel, leader du groupe Perkeros, croit à son destin. Il compose et joue de la guitare. Veut aussi chanter ses créations, même s'il n'est pas du tout au point, voire carrément bègue par moment. Cela suscite quelques tensions avec Lily, le clavier, Kerninen le bassiste et l'Ours, le batteur. Ce dernier est un véritable ours, premier indice dans une BD qui finalement va tendre vers le fantastique dans sa dernière partie. Mais sur les 180 pages, pas moins de 120 sont essentiellement consacrées à la vie du groupe, ses espoirs, ses désillusions et même sa rupture quand rien ne va plus. Axel, persuadé que la musique a un grand pouvoir sur les êtres vivants, va se retrouver métamorphosé après une expérience mystique. Certains sons sont-ils capables de vous transformer ? En bien ? Ou en mal, tendance Satan, métamorphoses et sacrifices humains ? Un album à lire en écoutant sur Spotify des compositions originales liées à l'histoire.

« Perkeros », Casterman, 17 €

vendredi 15 août 2014

Cinéma - La famille, révélateur d'émotions

Dix ans après un premier film encensé par la critique et la presse, Zach Braff récidive avec « Le rôle de ma vie », magnifique et émouvante comédie sur la famille.


Le cinéma américain est un parfait catalyseur de l’humour juif. Chaque époque semble avoir son petit génie qui marque durablement les esprits. Il y a eu Mel Brooks et Woody Allen, puis les frères Coen. Place désormais a Zach Braff qui, au passage, écrit lui aussi ses scénarios avec son frère, Adam.
Passé par le théâtre et les sitcoms, Zach Braff ne réalise qu’avec parcimonie. Principale raison de cette rareté : il veut avoir une totale indépendance et maîtriser son projet de A à Z. Quand le phénomène du crowdfunding (financement participatif sur internet) a fait son apparition, il a lancé son projet. Moins d’une semaine plus tard il avait réuni son budget (modeste en regard des superproductions) pour se lancer dans l’aventure du « Rôle de ma vie ». Un film tourné à Los Angeles, en peu de temps, au casting sans fausse note (lire ci-contre) où le spectateur est sans cesse propulsé du rire aux larmes.
Aidan Bloom (Zach Braff) est acteur. Du moins c’est son rêve le plus cher. Pour l’instant il se contente de quelques publicités et court les castings pour décrocher un second rôle. En vain. Résultat c’est sa femme, Sarah (Kate Hudson) qui alimente le compte en banque. Un boulot tout ce qu’il y a de plus alimentaire et abrutissant. Si le couple bat un peu de l’aile, leurs deux enfants prolongent une complicité toujours vivace. Il y a l’aînée, Grace (Joey King) et le petit dernier Tucker (Pierce Gagnon). Ils vont à l’école privée juive du quartier. Des études hors de prix, mais c’est le père d’Aidan, Saul (Mandy Patinkin) qui paie. Jusqu’à ce qu’il décide de consacrer ses dernières économies à un autre budget encore plus prioritaire : soigner son cancer...

Le père et ses fils
Aidan, pris à la gorge, retire ses enfants de l’école (après une entrevue avec le rabbin d’une causticité époustouflante) et tente d’assurer seul, à la maison leur éducation. Le voilà donc le rôle de sa vie : apprendre à ses deux rejetons les bases pour survivre dans un monde sans pitié. Tour à tour prof autoritaire, copain cool et gamin encore plus farceur que Tucker qui pourtant a plus d’un tour dans sa poche, Aidan va de surprise en désillusion. Mais ce premier coup du sort va enfin lui ouvrir les yeux sur son bonheur : une femme aimante et des enfants adorables. Une seconde catastrophe va lui permettre de redécouvrir son père et renouer avec son petit frère Noah (Josh Gad). La séquence émotion joue à plein. Rires et pleurs se mélangent allègrement dans une œuvre aussi dense qu’une vie.
Un film qui pourrait devenir culte tant certaines trouvailles restent en mémoire comme le gros mot trouvé par Tucker pour alimenter une cagnotte ou le départ du rabbin en segway dans les couloirs d’un hôpital façon auto tamponneuse. Sans oublier le feu de camp la nuit dans le désert et cette superbe leçon sur la prise de conscience d’une épiphanie, expérience spirituelle « où l’on comprend quelque chose que l’on a vraiment besoin de comprendre...» Un très grand film comme il ne s’en fait qu’un par an.

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Une distribution à tomber !


Outre Zach Braff et Kate Hudson, acteurs formant le couple Bloom, “Le rôle de ma vie” bénéficie d’un casting à la limite de la perfection.
Dans la famille Bloom, si vous prenez la fille vous aurez la joie de retrouver Joey King déjà vue et appréciée dans diverses séries télé comme New Girl et prochainement Fargo. Avec sa perruque rose fluo et ses lunettes de soleil, elle est éblouissante. Pour le grand-père, atout majeur en la personne de Mandy Patinkin. Ce grand acteur spécialisé dans les rôles de patriarche (Dead like me ou Homeland) irradie le film de sa présence. Très religieux, trop rigide, la maladie va le pousser à se rapprocher de ses fils. Si Aidan a toujours été présent, ce n’est pas le cas de Noah. Ce surdoué, complètement asocial, a tout plaqué face aux critiques paternelles. Josh Gad, en geek gras et rebelle, est très convaincant. Il croise au générique un autre geek de légende : Jim Parsons (Sheldon dans The Big Band Theory) fait deux apparitions au début et à la fin du film.