mercredi 20 août 2014

DVD - L'étrange enfance de Jodo

Tocopilla, petite ville côtière chilienne entourée de désert sert de décor au film « La danza de la realidad » d'Alejandro Jodorowsky. Le gourou de la la psychomagie avait délaissé la caméra ces vingt dernières années pour se consacrer essentiellement aux scénarios de ses multiples séries de bande dessinée (Bouncer, La caste des Meta-barons ou l'Incal).
S'il a choisi cette ville isolée et quasi sinistrée, c'est parce qu'il y a vu le jour à la fin des années 20. Le film se veut une autobiographie imaginaire. Il se met en scène, gamin trop bon (il donne ses chaussures neuves à plus pauvre que lui) mais exclu car Juif.

Le film est essentiellement consacré aux parents de Jodo. Jaime, le père (interprété par Brontis Jodorowsky, le propre fils du réalisateur), commerçant révolutionnaire vivant dans le culte de Staline, impose une éducation à la dure à son fils unique. Il quittera Tocopilla pour tenter d'assassiner le dictateur au pouvoir, se fera capturer et torturer.


Sara, la mère (Pamela Flores) est encore plus extravagante. Elle ne s'exprime qu'en chantant, montre sans cesse son énorme poitrine et croit dur comme fer à certaines formules magiques permettant de guérir la peste avec de l'urine ou de se rendre invisible dans des lieux publics. Foisonnant, inquiétant, poétique mais aussi parfois choquant, ce testament de Jodo (il a plus de 80 ans, même qu'il n'en paraît pas plus de 60...) a tout de l'expérience mystique filmique. On n'en sort pas indemne car tout n'est pas du domaine du cartésien.

« La danza de la Realidad », Pathé, 19,99 €

mardi 19 août 2014

BD - A la gloire des aviateurs français

Comment la France a perdu la guerre en 1940 ? Si cet album n'apporte pas une réponse complète et circonstancié à cette question historique, il permet cependant ce mieux comprendre comment les aviateurs français ont été balayés par les assaut des chasseurs allemands. Malgré leur courage et leur détermination, ils n'ont pas fait le poids face aux engins plus rapides et mieux armés. Philippe Pinard, journaliste et passionné d'aviation, a intégré quelques héros imaginaires (Etienne de Tournemire notamment) à l'escadrille des Diables rouges. De véritables aviateurs postés à la frontière, spectateurs impuissants de l'attaque éclair des forces nazis. 

Battue sur terre, l'armée française l'a également été dans les airs. Ses quelques vieux « coucous » n'étaient que des cibles faciles pour les centaines de Messerschmitt. Au dessin, Olivier Dauger est un as de la ligne claire, tendance hyper réalisme. L'album est complété par un dossier sur les forces en présence et les différents types d'appareils engagés, bourré de détails techniques pour les plus passionnés.

« Ciel de guerre » (tome 1), Paquet, 13,50 €


lundi 18 août 2014

BD - Les amazones de Bassaïev




La Russie, sur le point de s'engager dans un conflit dur avec l'Ukraine, a déjà lourdement payé son tribut aux guerres d'indépendance de l'ancien empire soviétique. Aurélien Ducoudray, le scénariste de cette nouvelle série historique dessinée par Anlor (Les innocents coupables), s'est inspiré d'articles de presse sur les mères courage, parties en Tchétchénie tenter de retrouver leurs fils, soldats russes capturés par les troupes de Bassaïev. C'est donc l'histoire d'une maman, sans nouvelle de se son tendre et cher Volodia. Elle part en bus vers Grozny pour négocier directement avec le chef tchétchène
En chemin, elle se fait dérober toutes ses affaires et rapidement se retrouve plongée dans le conflit, sous les bombes russes. Sauvée par un jeune Tchétchène, elle rencontre une des amazones de Bassaïev, de jeunes femmes, tireurs d'élite, cachées dans les forêts, véritables cauchemar des troupes d'occupation russes. Ce sont des femmes qui mènent ce récit, les hommes étant soit absents (Volodia), soit monstrueux comme le sinistre Bassaïev. Un album d'une grande force, décrivant sans complaisance la guerre et ses horreurs.

« Amère Russie » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

dimanche 17 août 2014

BD - Petit samouraï dans les pas de Kogaratsu


Michetz, le dessinateur de la série « Kogaratsu », n'est pas réputé pour sa rapidité d'exécution. Pas moins de quatre ans entre « Le protocole du mal » douzième album et la nouveauté « Taro » parue début juillet. Quatre années pour un artiste adepte du travail bien fait. Il peaufine chaque case, passant des heures à simplifier un trait, épurer une scène. Et ensuite, il passe autant de temps pour placer ses couleurs. Dans le plus pur style des estampes japonaises. Michetz est donc un auteur rare. Raison de plus pour savourer son univers. 
Toujours sur un scénario de Bosse, Kogaratsu, samouraï errant, accepte un travail peu commun. Il doit enlever un enfant, Taro. Le libérer exactement. Placé par ses parents chez un oncle, ce dernier l'utilise désormais comme otage. Aidé de la belle (et très jeune) Tomomi, il découvre sidéré que la mère du petit Taro n'est autre que la princesse Ishi, son amour de jeunesse. C'est donc un peu son fils que Kogaratsu sauve des griffes du maître-chanteur. Mais le gamin a un sacré caractère (comme sa mère...) et cela compliquera d'autant la fuite du trio. Simple, efficace et merveilleusement dessinée, cette série n'a qu'un défaut : sa rareté !

« Kogaratsu » (tome 13), Dupuis, 12 €

samedi 16 août 2014

BD - Musique satanique finlandaise


Le hard rock, tendance métal et sataniste, connaît un formidable succès dans les pays scandinaves. Les Finlandais Ahonen et Alare, après avoir tenté de percer sur la scène musicale locale, ont rangé leurs guitares pour s'atteler à une autre œuvre, plus dans leurs cordes : un roman graphique sur cet univers si particulier. Axel, leader du groupe Perkeros, croit à son destin. Il compose et joue de la guitare. Veut aussi chanter ses créations, même s'il n'est pas du tout au point, voire carrément bègue par moment. Cela suscite quelques tensions avec Lily, le clavier, Kerninen le bassiste et l'Ours, le batteur. Ce dernier est un véritable ours, premier indice dans une BD qui finalement va tendre vers le fantastique dans sa dernière partie. Mais sur les 180 pages, pas moins de 120 sont essentiellement consacrées à la vie du groupe, ses espoirs, ses désillusions et même sa rupture quand rien ne va plus. Axel, persuadé que la musique a un grand pouvoir sur les êtres vivants, va se retrouver métamorphosé après une expérience mystique. Certains sons sont-ils capables de vous transformer ? En bien ? Ou en mal, tendance Satan, métamorphoses et sacrifices humains ? Un album à lire en écoutant sur Spotify des compositions originales liées à l'histoire.

« Perkeros », Casterman, 17 €

vendredi 15 août 2014

Cinéma - La famille, révélateur d'émotions

Dix ans après un premier film encensé par la critique et la presse, Zach Braff récidive avec « Le rôle de ma vie », magnifique et émouvante comédie sur la famille.


Le cinéma américain est un parfait catalyseur de l’humour juif. Chaque époque semble avoir son petit génie qui marque durablement les esprits. Il y a eu Mel Brooks et Woody Allen, puis les frères Coen. Place désormais a Zach Braff qui, au passage, écrit lui aussi ses scénarios avec son frère, Adam.
Passé par le théâtre et les sitcoms, Zach Braff ne réalise qu’avec parcimonie. Principale raison de cette rareté : il veut avoir une totale indépendance et maîtriser son projet de A à Z. Quand le phénomène du crowdfunding (financement participatif sur internet) a fait son apparition, il a lancé son projet. Moins d’une semaine plus tard il avait réuni son budget (modeste en regard des superproductions) pour se lancer dans l’aventure du « Rôle de ma vie ». Un film tourné à Los Angeles, en peu de temps, au casting sans fausse note (lire ci-contre) où le spectateur est sans cesse propulsé du rire aux larmes.
Aidan Bloom (Zach Braff) est acteur. Du moins c’est son rêve le plus cher. Pour l’instant il se contente de quelques publicités et court les castings pour décrocher un second rôle. En vain. Résultat c’est sa femme, Sarah (Kate Hudson) qui alimente le compte en banque. Un boulot tout ce qu’il y a de plus alimentaire et abrutissant. Si le couple bat un peu de l’aile, leurs deux enfants prolongent une complicité toujours vivace. Il y a l’aînée, Grace (Joey King) et le petit dernier Tucker (Pierce Gagnon). Ils vont à l’école privée juive du quartier. Des études hors de prix, mais c’est le père d’Aidan, Saul (Mandy Patinkin) qui paie. Jusqu’à ce qu’il décide de consacrer ses dernières économies à un autre budget encore plus prioritaire : soigner son cancer...

Le père et ses fils
Aidan, pris à la gorge, retire ses enfants de l’école (après une entrevue avec le rabbin d’une causticité époustouflante) et tente d’assurer seul, à la maison leur éducation. Le voilà donc le rôle de sa vie : apprendre à ses deux rejetons les bases pour survivre dans un monde sans pitié. Tour à tour prof autoritaire, copain cool et gamin encore plus farceur que Tucker qui pourtant a plus d’un tour dans sa poche, Aidan va de surprise en désillusion. Mais ce premier coup du sort va enfin lui ouvrir les yeux sur son bonheur : une femme aimante et des enfants adorables. Une seconde catastrophe va lui permettre de redécouvrir son père et renouer avec son petit frère Noah (Josh Gad). La séquence émotion joue à plein. Rires et pleurs se mélangent allègrement dans une œuvre aussi dense qu’une vie.
Un film qui pourrait devenir culte tant certaines trouvailles restent en mémoire comme le gros mot trouvé par Tucker pour alimenter une cagnotte ou le départ du rabbin en segway dans les couloirs d’un hôpital façon auto tamponneuse. Sans oublier le feu de camp la nuit dans le désert et cette superbe leçon sur la prise de conscience d’une épiphanie, expérience spirituelle « où l’on comprend quelque chose que l’on a vraiment besoin de comprendre...» Un très grand film comme il ne s’en fait qu’un par an.

________________________________
Une distribution à tomber !


Outre Zach Braff et Kate Hudson, acteurs formant le couple Bloom, “Le rôle de ma vie” bénéficie d’un casting à la limite de la perfection.
Dans la famille Bloom, si vous prenez la fille vous aurez la joie de retrouver Joey King déjà vue et appréciée dans diverses séries télé comme New Girl et prochainement Fargo. Avec sa perruque rose fluo et ses lunettes de soleil, elle est éblouissante. Pour le grand-père, atout majeur en la personne de Mandy Patinkin. Ce grand acteur spécialisé dans les rôles de patriarche (Dead like me ou Homeland) irradie le film de sa présence. Très religieux, trop rigide, la maladie va le pousser à se rapprocher de ses fils. Si Aidan a toujours été présent, ce n’est pas le cas de Noah. Ce surdoué, complètement asocial, a tout plaqué face aux critiques paternelles. Josh Gad, en geek gras et rebelle, est très convaincant. Il croise au générique un autre geek de légende : Jim Parsons (Sheldon dans The Big Band Theory) fait deux apparitions au début et à la fin du film.

jeudi 14 août 2014

DVD - Vivre avec les zombies, la leçon de "The Battery"

Film d'auteur et de genre, « The Battery » de Jeremy Gardner sort directement en DVD.

Dans la catégorie des films d’horreur, la sous-catégorie « zombies » remporte de plus en plus de succès. Pourtant il est difficile de faire plus basique au niveau scénario. Un virus se propage par morsure. Les Humains se transforment en estomac sur pattes à la recherche de cervelle fraîche. Les héros tentent de survivre. Souvent en vain.

Pourtant il y a 1 000 possibilités d’explorer différemment cette odyssée des temps modernes. Jeremy Gardner en écrivant, tournant et interprétant le premier rôle de « The Battery » a tenté de faire un film de zombies au plus près de la réalité. Quelques semaines après le début de l’épidémie, dans une campagne américaine ensoleillée et déserte, deux amis marchent. Sans but. Juste pour semer les contaminés. Ben (Jeremy Gardner), le meneur du duo, barbu, costaud et toujours armé de sa batte de base-ball, a une théorie : si les requins ont survécu des millions d’années dans les océans, c’est parce qu’ils ne se reposent jamais, toujours en mouvement. Il tente de transposer sa théorie dans sa réalité du moment.

Micky (Adam Cronheim), son comparse, est plus casanier. Un casque hi-fi vissé sur les oreilles en permanence, il pense au passé heureux et notamment à sa petite amie dont il n’a plus qu’une photo et son parfum en souvenirs. Il n’en peut plus de cette vie d’errance, de mauvaises nuits à la belle étoile et de ce tête-à-tête avec Ben. Si ce dernier n’a qu’une idée : survivre, l’autre espère surtout de rencontrer d’autres survivants.
Sans grands effets spectaculaires ni scènes sanguinolentes, « The Battery » séduit avant tout par son ambiance. Une franche camaraderie s’installe entre les deux hommes pourtant très différents. Ils ont de longs dialogues dans des décors improbables comme un verger, une salle de dancing ou une voiture break transformée en « véritable garçonnière » selon l’expression de Ben. C’est dans cette voiture que se déroule un incroyable plan séquence qui scelle leur avenir. Avec une économie de moyens radicale, Jeremy Gardner parvient à insuffler une angoisse maximum dans un final à déconseiller aux claustrophobes.
« The Battery » de Jeremy Gardner, Zylo, 15 euros

mercredi 13 août 2014

BD - Fuite sibérienne


Annoncé comme étant la dernière « Grande évasion » de la série, cette « Balade de Tilman Razine » conduit le lecteur dans les camps de travail de Sibérie. Loin d'être imaginés par les Soviétiques, ces goulags ont vu le jour sous le règne des Tsars. En 1900, le transsibérien est sur le point d'être inauguré. Des milliers de kilomètres pour traverser cet empire ambitieux. La voie ferrée est sans le moindre arrêt, si ce n'est arrivé près du lac Baïkal. Plutôt que de contourner l'immense étendue d'eau, il est imaginé un système de navettes avec un ferry. C'est là que des centaines de prisonniers travaillent dans des conditions inhumaines. Ils n'ont qu'une envie : s'évader. 
Pour cela ils espèrent beaucoup dans la science de Tilman Razine. Un bandit légendaire qui met au point une évasion massive particulièrement ingénieuse. Au scénario, on retrouve un vieux routard des steppes russe : Kris. Après « Notre dame la guerre » (Futuropolis, prochainement adapté au cinéma), il retourne dans ces terres froides, synonymes d'injustice. Il retrouve au dessin Martinez pour qui il avait écrit « Le Monde de Lucie » et « Motherfucker ».

« La grande évasion, la balade de Tilman Razine », Delcourt, 14,95 €

mardi 12 août 2014

BD : Les zombies de la République


Le mort-vivant est très tendance depuis quelques années. Les zombies ont redonné leurs lettres de noblesse à la littérature fantastique, aux films de série B et aussi à la BD. Côté américain, « Walkind dead » a contaminé le monde entier. Mais chez les Français aussi une série basée sur ce thème cartonne. « Zombies » de Péru et Cholet gagne des adeptes à chaque nouvel épisode. Un succès que le scénariste a décidé de prolonger dans une série dérivée, « Zombies Néchronologies ». Selon les termes officiels de la présentation de l'éditeur, ce spin-off est en quelque sorte, « un journal de bord de l'épidémie, au travers des personnages qui y font face ». Des récits indépendants les uns des autres, confiés à plusieurs dessinateurs. 
Le premier tome débute dans la cour de l'Elysée. Des hordes de zombies affamés déferlent vers le chef de l'Etat. Heureusement son garde du corps veille. 
Charles, qui en est à son quatrième président, va tout faire pour sauver François Hollande. Mais ce dernier, dans une scène peu flatteuse, va se révéler si lâche qu'il sera destitué par l'armée. Charles, au chômage, décide de se rendre à Genève rejoindre son ex femme. Le voyage sera mouvementée et l'arrivée au portes de la Suisse encore plus compliquée. Péru, dans un récit très littéraire, en profite pour lâcher quelques bombes comme les portraits des différents chefs de l'Etat, « hommes choisis par les urnes qui ne valent pas tout le papier qu'on gâche pour eux ». Charles, le serviteur, va finalement se découvrir un destin : protéger les misérables. Pour dessiner cette épopée, Nicolas Pétrimaux signe son premier album. Mais sa longue expérience de storyboarder fait la différence.

« Zombies Néchronologies » (tome 1), Soleil, 14,50 €

lundi 11 août 2014

Thriller - Paroles de comateux dans "Ces lieux sont morts" de Patrick Graham

Exploration macabre de l'inconscient d'hommes et de femmes plongés dans le coma au sommaire de « Ces lieux sont morts » de Patrick Graham.


Searl, médecin dans un grand hôpital américain, a une spécialisation peu commune. Il a en charge le réveil de traumatisés plongés dans le coma. Dans ces vastes salles, des hommes et femmes dorment, parfois depuis des mois et des mois. Ils sont coupés du monde. Parfois reprennent conscience. C'est là que Searl intervient le plus rapidement possible. Il a développé une technique pour retenir l'esprit de « l'éveillé » dans la réalité. Car souvent, en constatant ce qu'il est devenu, il retourne volontairement dans « ces lieux morts ». 
Patrick Graham, l'auteur de ce roman terrifiant, a distillé une petite dose de science-fiction dans la réalité médicale de Searl. Grâce à des diffuseurs olfactifs, le médecin parvient à guider la volonté des endormis vers des lieux de leur enfance. Pour qu'ils reprennent conscience de leur réalité dans les meilleures conditions possibles. Il se branche en parallèle et intervient directement dans leur esprit. Une astuce littéraire pour permettre au héros de pénétrer l'esprit des différents protagonistes de ce thriller. Car rapidement cela se complique.

Fillette enlevée
Retardé au travail par l'arrivée d'une femme grièvement blessée dans un accident de la circulation, il ne peut pas rejoindre sa seconde femme, Becka, et ses trois enfants né d'un premier mariage. Ils partent donc à quatre, dans une voiture de location, en pleine tempête de neige, rejoindre un chalet isolé dans la montagne. On est en décembre, à quelques jours de Noël. En chemin, ils sont harcelés par un gros camion transportant des billes de bois. Après une halte dans une station-service, ils prennent à leur bord Liam, un jeune auto-stoppeur qui va dans la même localité rejoindre sa grand-mère.
Il apparaît que Liam est un dangereux serial-killer. Il écorche Becka et les deux ainés et enlève Kirsten, la plus jeune. La première partie du roman se lit d'une traite. 150 pages qui pourtant son peu de choses à côté des suivantes.
Searl est au chevet de ce qui reste de sa famille, une femme et deux ados plongés dans le coma. Kirsten est introuvable. Mais chaque semaine, en pleine nuit, elle appelle son père et lui dit son angoisse d'être prisonnière. La suite du roman se focalise sur la fillette, comment elle survit dans l'obscurité en compagnie de deux autres jeunes filles, Mila et Taylor. Pour donner encore plus de corps à ce roman très dense, Patrick Graham fait intervenir un shérif cancéreux et en fin de vie, une section spéciale du FBI, des vagabonds rejetant toute société de consommation et fait voyager le lecteur des routes de l'Australie au désert du Nevada en passant par le grand rassemblement de Burning Man. Bref, des heures et des heures de dépaysement, d'angoisse et de coups de théâtre. Le tout est sombre, très sombre, comme notre inconscient...
Michel LITOUT

« Ces lieux sont morts », Patrick Graham, Fleuve Noir, 20,90 €