mardi 25 mars 2014

BD - Lady Elza enquête


Elle a du chien cette Lady Elza. Elle a aussi un chien, mais cela na rien à voir. Cette brune piquante, Anglaise jusqu'au bout des bottes de cuir, est née de l'imagination de Jean Dufaux. Pour lui donner un corps, Philippe Wurm a trempé sa plume dans une encre érotico-sensuelle. Une héroïne du style de celles que les fans de BD adorent tomber amoureux dans leurs rêves les plus fous. Au début de l'histoire, la belle cherche un appartement dans Londres suffisamment vaste pour accueillir ses 400 paires de chaussures. 
Elle pense avoir trouvé la perle rare. Problème, son ancien locataire a été assassiné et toutes les personnes intéressées par ce vaste duplex avec vue sur la Tamise n'ont pu signer le bail pour cause d'accident fortuit, au mieux invalidant, au pire mortel. En fait ce bien immobilier servirait de cachette à des photos compromettantes pour la famille royale. Lady Elza va foncer tête baissée dans le piège, mais sa ruse et son cynisme lui permettront de tirer les marrons du feu. C'est délicieusement british, subtil et alambiqué, du genre Blake et Mortimer en bas résille...

« Lady Elza » (tome 2), Glénat, 13,90 €

lundi 24 mars 2014

BD - Zita, joyeuse malade malgré sa Boule à zéro


Si pour certains enfants, le langage médical équivaut à de l'hébreu, ce n'est pas le cas pour la petite Zita, surnommée Boule à zéro, héroïne touchante et attachante de la série Boule à zéro écrite par Zidrou et dessinée par Ernst. Zita a 13 ans, en paraît à peine 8 et vit dans cet hôpital depuis 9 ans. Elle souffre d'une sorte de leucémie et a tout subi, des ponctions lombaires, aux bombardements de protons en passant par les chimio. 

Le sujet est grave, les enfants malades, mais son traitement est particulièrement délicat. Juste ce qu'il faut d'émotion, quelques espiègleries (une spécialité de Zita quand sa maladie la laisse un peu en paix) et des personnages vrais, malades, docteurs, infirmières, visiteurs... Dans ce troisième volume de la série, Zita se fait une nouvelle amie. Evelyne, une gentille blonde. Plus pour longtemps. 
Son traitement lui fait perdre les cheveux par poignée. Il n'y a que Boule à zéro pour trouver cela marrant. Il est vrai que cheveux et poils ont déserté son anatomie depuis longtemps. Sa copine a une tumeur dans le cerveau. Pour la détruire, le combat va être épique. Avec Zita à ses côtés (elles sont dans la même chambre), ce sera compliqué et douloureux, mais amusant aussi.

« Boule à zéro » (tome 3), Bamboo, 10,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - OK ou KO ?

Au lendemain d'un premier tour d'élection, certains candidats sont OK, d'autres KO. Deux expressions anglaises entrées dans le langage courant mondial.

OK fête ses 175 ans. Un chercheur affirme que les deux lettres sont apparues pour la première fois le 23 mars 1839 dans un journal de Boston. Le OK est définitivement devenu populaire aux USA l'année suivante quand le candidat démocrate, Martin Van Buren l'a régulièrement employé au cours de sa campagne. Président sortant, il est battu. Le symbole du OK se retrouve KO... L'origine de OK est source de débats depuis des décennies. La thèse principale prétend que la locution serait l'abréviation de "orl korrekt", déformation de "all correct" (tout est correct). Preuve que les ravages des SMS écrits en parler phonétique ne datent pas d'hier.
Formule la plus souvent prononcée ou écrite sur toute la planète (devant maman), OK représente le symbole de cette Amérique triomphante, positive et prometteuse de réponses. Une popularité que l'on retrouve dans le cinéma, du mythique "Règlement à OK Corral" à l'inénarrable "C'est okay !" de Jacouille dans les Visiteurs.

Les Américains tentent même de mettre en place une journée mondiale du OK. Je suis pour, si on a l'obligation de répondre OK à toutes les demandes. "Patron, pour mon augmentation ?" "OK", "Chéri, tu me prêtes ta voiture ? "OK", "Maman, je peux sortir ce soir ?" "OK"... Quelle belle journée en perspective. Mais gare au KO le lendemain.

dimanche 23 mars 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Trinquons à la mort, mais avec discrétion et pas n'importe où...

A l'article de la mort, il est de coutume de préciser à ses proches ses dernières volontés. Certains, pour détendre l'atmosphère et dédramatiser l'échéance, expriment des exigences ludiques (tel Brel en son temps le chantait « A mon dernier repas je veux qu'on fasse ripaille »). Jean-Luc Couston, un Gardois de 61 ans, a demandé à son épouse de simplement boire un verre sur sa tombe le jour de son anniversaire. Transformer un moment triste en petite fête conviviale était la philosophie de vie de ce kiné très apprécié de ses patients.

Le 17 juillet dernier, comme promis, Josiane se rend sur la tombe de son mari défunt et boit un verre de champagne avec des amis. Une petite commémoration rapidement interrompue par trois policiers municipaux. Trouble à la quiétude des lieux et violation d'une interdiction édictée par décret. En l'occurrence, il est défendu de boire de l'alcool dans un cimetière. Josiane est condamnée à payer une amende de 38 euros. Jean-Luc, le responsable de tout ce pataquès doit regretter ses dernières volontés qui compliquent la vie de Josiane. Bien que cette dernière, arguant de sa bonne foi, refuse de payer la contravention dans l'attente d'une décision du tribunal de police d'Uzès.

Dans notre société pleine de préjugés et formatée à l'excès, il est compliqué de sortir du troupeau. Pourtant, Josiane a cru bien faire, en écoutant son cœur. Et si certains demandent que l'on laisse les morts en paix, qui nous prouve que ces derniers, dans leur immobilité et leur solitude éternelles, n'apprécieraient pas un peu de distraction ? (Illustration tirée de la série BD Pierre Tombal de Hardy et Cauvin chez Dupuis)

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mickey vote Stromae

Plus rien n'arrête Stromae. Le chanteur belge, après avoir trusté les Victoires de la Musique et les ventes de disques, fait une entrée remarquée dans le classement annuel des personnalités préférées des 7 n 14 ans publié dans le Journal de Mickey. Loin d'être anecdotique, cette liste est toujours très attendue car elle préfigure la réussite des stars des prochaines décennies.

En accédant d'entrée à la première place avec une notoriété de 92 % et une note de 8,5 sur 10, Stromae semble bien parti pour une longue carrière. Un résultat quand même étonnant dans la mesure où les textes de ses chansons n'ont rien à voir avec les poèmes à deux balles de celles des autres chanteurs classés dans le "top 10 Mickey" comme Maître Gims, Tal ou M Pokora. Que peut comprendre un petit garçon de 8 ans au "jusqu'aux prochaines règles" du refrain de "Tous les mêmes" ?


Stromae, sous ses airs de chanteur à la mode, est un touche-à-tout de génie. Dernière trouvaille, une mise au placard (hélas) de sa tentative d'imposer l'un de ses morceaux comme hymne officiel à l'équipe de Belgique, les Diables rouges, qualifiés pour le prochain Mondial au Brésil. Dans la leçon n° 28, série de courts-métrages dans lesquels il explique son processus de création, il essaie de convaincre les joueurs de participer à un clip officiel. L'un doit interpréter... le ballon, l'autre la "mère" en train de passer la serpillière, le tout dans un gigantesque labyrinthe. Tourner une vidéo surréaliste avec du football, seul un grand artiste en est capable.
En France, on doit se contenter de Francis Lalanne...

samedi 22 mars 2014

Cinéma - Coup de foudre numérique dans "Her" de Spike Jonze

Dans un avenir proche miné par la solitude des grandes villes, un homme a le coup de foudre pour une intelligence artificielle. Her, de Spike Jonze explore les limites de l'amour.


Un film de science-fiction sans le moindre effet spécial, ni vaisseau inter-galactique et encore moins d'aliens. Le futur imaginé par Spike Jonze dans « Her » est purement intellectuel, cérébral. Dans le Los Angeles projeté, les gens se déplacent à pied, s'habillent comme dans les années 30 et portent en permanence une oreillette connectée qui leur débite les dernières informations ou le contenu de leurs emails. Ce monde ressemble beaucoup au nôtre. La grosse différence tient à la généralisation de la commande vocale. La voix prend donc une importance primordiale dans ce film centré autour de la personnalité de Theodore Twombly interprété par Joaquin Phoenix. Theodore exerce un de ces métiers qui n'existe pas encore de nos jours. Il est chargé d'écrire des lettres très personnelles pour des particuliers. Le petit-fils à sa grand-mère, le mari à sa femme... Il se fond dans le monde des clients et dicte de poétiques missives, imprimées en écriture cursive par la société portant le joli nom de « Belles lettres manuscrites ».


Si Theodore ressent autant d'empathie pour les autres, c'est peut-être parce qu'il ne s'est toujours pas remis d'une séparation douloureuse. Solitaire, limite dépressif, il tente bien les rencontres sur internet ou les rendez-vous arrangés par ses amis compatissants. Sans succès.

Samantha, la voix
Son quotidien bascule le jour où il achète un nouveau système d'exploitation pour son ordinateur. Avant de l'installer, une voix synthétique lui pose quelques questions personnelles destinées à l'adapter au mieux à ses attentes. Theodore choisit une voix féminine et l'incroyable histoire d'amour imaginée par Spike Jonze peut débuter. L'intelligence artificielle se choisit un prénom. Samantha (voix de Scarlett Johansson) devient dès lors la confidente et meilleure amie de Theodore. Toujours disponible, pleine d'humour et de compassion, se perfectionnant sans cesse, Samantha va rapidement mieux connaître son utilisateur que lui-même.
Au début, Theodore éprouve quelques réticences à se confier à cette voix immatérielle mais aux tonalités incroyablement humaines. Quand il ose le dire à Samantha, elle lui répond, pleine de bon sens : « Un être non-artificiel a forcément des difficultés à comprendre ». Au fil des jours, la complicité entre ces deux solitudes prend de plus en plus d'ampleur. Jusqu'à cette incroyable scène où Theodore avoue à Samantha : il est amoureux d'elle. Sentiment réciproque. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cet amour virtuel nous paraît très plausible. Joaquin Phoenix est convaincant dans ses hésitations de petit garçon, Scarlett Johansson craquante avec sa voix grave et ses petits rires de gorge.
Mais ne vous attendez pas à une simple romance sentimentale sur l'amour virtuel, une bluette futuriste où l'amoureux promène sa petite amie (sous forme d'un téléphone portable) sur une plage bondée au soleil. Spike Jonze, comme dans son film « Dans la peau de John Malkovitch », va compliquer l'affaire. Si Theodore se contente pleinement de cette relation binaire, Samantha, intelligence artificielle en pleine expansion, veut aller plus loin. Beaucoup plus loin... Le final est digne des meilleurs romans de science-fiction et place la barre très haut, justifiant parfaitement l'Oscar 2014 du meilleur scénario original.

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Joaquin Phoenix, seul face à la caméra



« Her » repose sur les épaules de Joaquin Phoenix et la voix de Scarlett Johansson. Le premier est omniprésent à l'image. Pas un plan sans lui, au bureau, dans les rues aseptisées de Los Angeles, au restaurant, dans son appartement déshumanisé de célibataire dépressif. La seconde se contente de parler. Des réponses au début, beaucoup d'interrogations par la suite. La performance des deux acteurs est à placer au même niveau. Avec une nuance : Joaquin Phoenix doit jouer l'évolution de son état d'esprit durant les deux heures du film. Mélancolique, triste et dépressif, quasiment au ralenti dans la première partie, il retrouve goût à la vie après sa rencontre avec Samantha. Il court dans le métro, saute tel un cabri, fait des farces, profite à nouveau de ce corps qui semblait l'encombrer quelques jours plus tôt. Il doit en fait vivre pour deux, tenter de faire passer ces sensations très matérielles à son amie virtuelle. Une communion qui va jusqu'à la nuit d'amour, comme un couple ordinaire.

On se demande quand même comment Theodore résiste aux charmes des femmes (en chair et en os) qu'il croise. Toutes plus belles les unes que les autres : son amie d'enfance (Rooney Mara) qu'il aime toujours un peu, sa voisine aussi triste que lui (Amy Adams), la célibataire d'un rendez-vous raté (Olivia Wilde) ou la doublure humaine d'un soir de Samantha (Portia Doubleday). Il fallait tout le charme de la voix de Scarlett Johansson pour rendre crédible cette histoire d'amour hors normes. 

BD - Cobayes en prison dans "Asylum" de Lehman et Teague


La série concept « La grande évasion » permet à des duos inédits de signer des histoires complètes sur l'univers carcéral. Dylan Teague, dessinateur anglais déjà remarqué sur Judge Dreed et un des tomes du « Casse », est associé à une pointure de la SF française : Serge Lehman. La cité d'Asylum, dans les entrailles de la terre, n'est peuplée que de criminels en puissance. Ils sont regroupés par déviances, les psychotiques violents sont habillés de jaune et les politiques en bleu. 
Le tout est surveillé depuis quatre générations par des robots placés sous le commandement d'un certain Pastor. Anton-5 n'est ni bleu ni jaune. Il est vert, issu de l'union (contrenature selon Pastor) d'un bleu et d'une jaune. Perdu dans cette société en vase clos, il va trouver un indice prouvant l'existence d'un ailleurs et tout faire pour s'évader. 
Un scénario rempli de références psychologiques, un dessin réaliste efficace : cet album est à classer dans la catégorie des grandes réussites. Même la fin est heureuse. Mais depuis le film Brazil, il faut se méfier des illusions finales.

« La grande évasion, Asylum », Delcourt, 14,95 €


vendredi 21 mars 2014

BD - Maggy la fouineuse


Débutées discrètement dans les pages de l'hebdo Spirou, les aventures de Maggy Garrisson s'imposent rapidement comme une de ces séries, à l'exemple de Soda ou Seuls, qui comptent dans une décennie. Pourtant, Lewis Trondheim, au scénario, s'attaque à un genre qu'il n'a que peu exploré : le polar urbain. 
Maggy, petite, célibataire, chômeuse et un peu ronde, a enfin dégoté un nouveau boulot dans cette Londres en pleine crise économique. Secrétaire d'un détective privé, elle résout une première énigme (un canari disparu) avec une facilité déconcertante. Il est vrai qu'elle n'a que peu de principes déontologiques quand il y a quelques dizaines de livres à gagner. Son patron, alcoolique et dépressif, cache bien des secrets. Quand il est agressé dans son bureau, Maggy reprend les affaires en main et va se lancer sur la piste de petits malfrats et d'un gros magot. Stéphane Oiry enlumine cette Angleterre humide et dépressogène. 
Heureusement l'héroïne et les pubs anglais ont de la ressource. Maggy, son scepticisme et son manque de morale, a tout pour devenir la nouvelle petite amie des amateurs de BD.

« Maggy Garrisson » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

jeudi 20 mars 2014

BD - Hacker dans le temps


La curiosité d'Edgar Cadès, jeune génie de la physique quantique et hacker à ses heures perdues risque de le perdre. Alerté sur la recrudescence de micro séismes dans le secteur du bois de Vincennes, il se rend sur place en compagnie d'un ami, armé d'une caméra numérique, toujours à l'affût de phénomènes inexpliqués. Là, il découvre un bosquet gelé (alors que la température ambiante est largement supérieure à 20°) et un groupe d'hommes, nus et tatoués. Ces derniers, en le découvrant, l'attaquent immédiatement. Il ne doit son salut qu'à l'intervention des membres de la section infini. 
Le prologue de la série écrite par Laurent Queyssi et dessinée par Tocchini plonge rapidement le lecteur dans cette histoire de course dans le temps. Les hommes nus, des pirates, vont du futur au passé et luttent contre cette cellule secrète en action depuis un siècle et dont la direction est occupée par l'arrière petite-fille de la première victime des pirates. 
Outre son intrigue prenante, cette BD vaut par le dessin de Tocchini. Élégant, tout en mouvement et lignes de force, il fait parfois penser à Poïvet voire Gillon, autres experts en histoires de naufragés du temps.

« Section infini » (tome 1), Le Lombard, 13,99 €

mercredi 19 mars 2014

Livre - Graine de détective

Apprenti détective, Sigmundo Salvatrio va devoir résoudre une énigme se déroulant au cœur de jardins virtuels inspirés de l'Atlantide.

S'il est Argentin et que ses intrigues se déroulent à Buenos Aires, Pablo de Santis a tout du romancier français, tendance feuilletoniste de la fin du XIXe siècle. L'époque dans laquelle évolue son héros, apprenti détective. Sigmundo Salvatrio était le meilleur élève de l'agence Craig. Pour elle, il est même allé à Paris résoudre l'énigme du « Cercle des douze ». De retour en Amérique du Sud, il se retrouve seul dans l'agence en compagnie de Mme Craig. Le mentor, le mari, vient de mourir. Alors qu'il pense se retrouver au chômage sous peu, on propose à Salvatrio de résoudre une nouvelle affaire, la première où il devra agir en solo sans les conseils judicieux de son regretté maître. 
Un antiquaire a disparu. Sa femme ne croit pas à la fuite amoureuse (malgré les certitudes des policiers). Un de ses amis, poète et journaliste, charge Salvatrio de retrouver sa trace. Enquêtant méticuleusement, il remarque quelques éraflures au bord d'un bassin d'eau d'un jardin d'intérieur, à l'arrière de la boutique. Bingo ! Affaire résolue. L'antiquaire est retrouvé. Mort, mais retrouvé. Alors que la police, toujours aussi peu performante, conclue à un accident, plusieurs amis de l'antiquaire suspectent un crime. Nouvel engagement pour Salvatrio qui doit cette fois découvrir le meurtrier.

Jardiner les mots
Pablo de Santis semble prendre un malin plaisir à compliquer les pistes à explorer. La graine de détective est en plein doute existentiel : il est attiré par la veuve Craig, aime toujours une certaine Greta, devenue assistante d'un autre détective, et déteste Troy, son rival dans la reprise des affaires de l'agence Craig. Malgré ces difficultés, il doit se plonger dans les vieilles histoires de ce cercle d'amis qui se réunissaient pour tenter d'élaborer le jardin parfait. Plusieurs théories s'opposent entre jardin à la française, strict et discipliné et celui, libre et désordonné prôné par les Anglais.
Mais c'est surtout la notion intellectuelle de jardin qui est débattue entre l'antiquaire (mort), un chasseur, un médecin, le journaliste et le riche entrepreneur. Ce dernier explique à Salvatrio qu'un « jardin doit être comme un livre : on ne commence jamais par le milieu ou par la fin. Tailler une plante ou arracher une fleur fanée, c'est comme corriger un poème, comme biffer les mots qui n'ont plus de vie ». De poésie il en sera aussi question dans les indices disséminés par le meurtrier.
Le jeune enquêteur, avant de démasquer le tueur et découvrir ses motivations, va devoir visiter nombre de jardins et subir les explications savantes de spécialistes. Ce qui lui provoque cette réflexion : « Pourquoi alourdir les arbres de paroles, alors que ce qu'il y a de merveilleux dans les plantes c'est qu'elles ne parlent pas, ne grognent pas, n'aboient pas ? » Ce polar botanique aux multiples rebondissements ancre Salvatrio dans le cercle fermé des détectives qui comptent, ceux qui ont toujours une longueur d'avance sur les assassins. Et les lecteurs.
Michel LITOUT

« Crimes et jardins », Pablo de Santis, Métailié, 20 €