Nelson Mandela et sa lutte contre l'apartheid ont pris une autre dimension dans mon imaginaire le 11 février 1990. A l'époque je suis journaliste dans un quotidien à la Martinique. Je travaille dans une équipe composée à 70 % d'Antillais. La problématique de la couleur de peau m'est totalement étrangère.
Ce matin-là, un attroupement se forme devant la petite télévision de la rédaction de Fort-de-France. Mandela va être libéré. Mandela libre... Du simple journaliste au rédacteur en chef en passant par les employés techniques, tous regardent CNN, diffusée depuis l'île voisine de Sainte-Lucie. Exclamations en créole, rires, applaudissements : le direct prend un peu de retard, le grand homme se fait attendre. Et puis enfin il apparaît, il marche devant des voitures, main dans la main avec sa femme Winnie. Dans la rédaction, le silence se fait. Je regarde l'image, mais ne peux m'empêcher de voir aussi mes collègues. Je lis l'émotion dans leurs regards, la gravité du moment.
Je prend conscience que ce matin-là, je suis le seul Blanc de l'équipe. Je perçois alors mes collègues, mes amis, différemment. Ce sont aussi, au plus profond de leur être, des descendants d'esclaves et la marche sans entrave de Mandela après des années d'enfermement représente la fin du dernier vestige de la ségrégation raciale. Je devine des larmes dans les yeux de certains. Je suis au milieu d'eux, avec eux. Je les comprends.
La marche et le poing levé de Mandela ce 11 février 1990 resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
dimanche 8 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - Manger et être mangé
L'arrogance humaine en prend un coup dans les gencives. Une étude sur la chaîne alimentaire place l'homme au même niveau que... l'anchois. Cette révélation est à mettre à l'actif des scientifiques de l'Ifremer après analyse des données de la FAO sur la consommation humaine pour la période 1961-2009. Chaque espèce vivante possède un niveau trophique calculé en fonction de ce qu'il mange pour se développer.
Tout en bas, au niveau 1, les végétaux. Viennent ensuite les herbivores et les carnivores. Au sommet, les grands prédateurs comme les orques (5,5). L'homme se retrouve avec un indice moyen de 2,2 soit au niveau du cochon et de l'anchois. La raison en est très simple : à force de manger « cinq fruits et légumes par jour » et autres verdures genre épinards ou courgettes (berk !), on se ramollit. Rien ne vaut une bonne entrecôte. Même si le bœuf n'est pas la meilleure viande pour progresser sur la chaîne alimentaire. Mieux vaut délaisser ces mammifères placides et ingurgiter la force de véritables fauves.
Au lieu d'un poulet rôti le dimanche, faites-vous un aigle royal. Plus coriace sans doute mais à l'indice proche de 4. Arrêtez le lapin et préférez la viande de chat dont le goût, paraît-il, est très proche. Un chat sauvage si possible, pas un de ces matous engraissé aux croquettes à base de farine de poisson. Localement, le mâle humain, s'il veut rester dominant, devra jeter son dévolu sur un anchois au détriment de la cargolade...
Le summum dans nos régions serait le loup ou l'ours. Mais ce dernier ne doit pas obtenir un indice trophique mirobolant avec son bête penchant pour le miel...
samedi 7 décembre 2013
Pieds-noirs et racisme : la BD coup de poing signée Fred Neidhardt
La bande dessinée « Les pieds-noirs à la mer » de Fred Neidhardt, auteur montpelliérain, est un regard cru et réaliste sur un milieu qui a bercé son enfance.
Attention titre trompeur. « Les pieds-noirs à la mer » n'est pas une BD humoristique sur les pratiques estivales des expatriés. L'expression est à prendre au premier degré et elle fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962. La ville dirigée par Gaston Deferre ne voulait pas de ces « colonisateurs ». « A la mer » voulait dire « jeté à la mer » avec leurs maigres affaires. Lâchés par De Gaulle, mal accueillis en métropole, la communauté disséminée un peu partout en France, il n'est pas étonnant qu'avant de s'intégrer dans ce quasi nouveau pays ils aient développé une certaine aigreur. Pour certains, les plus âgés notamment, cela s'est transformé en racisme ordinaire. Contre les Arabes essentiellement.
« Je ne l'ai pas vécu directement mais par procuration, explique Fred Neidhardt, le scénariste et le dessinateur de cette BD publiée chez Marabout. Je suis né quatre ans après l'indépendance de l'Algérie. Mais quand j'étais ado c'était le sujet de dispute fréquent dans la famille. » Ses parents ont échoué à Lille. Ses grands-parents ont eu plus de chance et sont restés à Marseille.
Le pépé raciste
L'album, en partie autobiographique, raconte la fugue de Daniel, étudiant de 19 ans. En désaccord avec ses parents (passionné de BD, il veut faire les Beaux-Arts alors qu'eux insistent pour qu'il poursuive des études scientifiques) il débarque en pleine nuit chez ses grands-parents.
Accueilli à bras ouverts, l'ambiance est vite plombée par les jugements à l'emporte-pièce de l'aïeul. Daniel est très partagé : « Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. » C'est ce grand écart sentimental que Fred Neidhardt raconte avec brio. « Pieds-Noirs et Arabes ont beaucoup de choses en commun. Quand j'étais gamin c'est quelque chose qui m'a toujours interloqué. Tu as ta grand-mère qui médit des Arabes et puis dès qu'elle a un truc à dire qui jaillit du cœur, elle le dit en arabe. Ce cas particulier permet de montrer toute l'absurdité du racisme ». Daniel, un peu naïf, va tenter de jouer le conciliateur dans le psychodrame qui frappe sa famille.
Un de ses cousins a quitté le cocon familial et s'est installé avec une jeune Française, Khadija, d'origine Kabyle. Les tentatives de rapprochement seront vaines, preuve qu'il est des blessures inguérissables.
Mais le message du livre est aussi plein d'espoir. Les générations suivantes tourneront la page. Naturellement, ou en le mettant noir sur blanc comme l'a fait Fred Neidhardt. Un auteur qui signe son œuvre de maturité et apprécie les séances de dédicaces car il y rencontre beaucoup de fils de Pieds-Noirs se reconnaissant dans le portrait de Daniel. « Et on arrive à en parler sereinement, ce qui n'est toujours pas le cas en famille... »
« Les Pied-Noirs à la mer » de Fred Neidhardt, éditions Marabout, 13,50 €
Attention titre trompeur. « Les pieds-noirs à la mer » n'est pas une BD humoristique sur les pratiques estivales des expatriés. L'expression est à prendre au premier degré et elle fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962. La ville dirigée par Gaston Deferre ne voulait pas de ces « colonisateurs ». « A la mer » voulait dire « jeté à la mer » avec leurs maigres affaires. Lâchés par De Gaulle, mal accueillis en métropole, la communauté disséminée un peu partout en France, il n'est pas étonnant qu'avant de s'intégrer dans ce quasi nouveau pays ils aient développé une certaine aigreur. Pour certains, les plus âgés notamment, cela s'est transformé en racisme ordinaire. Contre les Arabes essentiellement.
« Je ne l'ai pas vécu directement mais par procuration, explique Fred Neidhardt, le scénariste et le dessinateur de cette BD publiée chez Marabout. Je suis né quatre ans après l'indépendance de l'Algérie. Mais quand j'étais ado c'était le sujet de dispute fréquent dans la famille. » Ses parents ont échoué à Lille. Ses grands-parents ont eu plus de chance et sont restés à Marseille.
Le pépé raciste
L'album, en partie autobiographique, raconte la fugue de Daniel, étudiant de 19 ans. En désaccord avec ses parents (passionné de BD, il veut faire les Beaux-Arts alors qu'eux insistent pour qu'il poursuive des études scientifiques) il débarque en pleine nuit chez ses grands-parents.
Accueilli à bras ouverts, l'ambiance est vite plombée par les jugements à l'emporte-pièce de l'aïeul. Daniel est très partagé : « Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. » C'est ce grand écart sentimental que Fred Neidhardt raconte avec brio. « Pieds-Noirs et Arabes ont beaucoup de choses en commun. Quand j'étais gamin c'est quelque chose qui m'a toujours interloqué. Tu as ta grand-mère qui médit des Arabes et puis dès qu'elle a un truc à dire qui jaillit du cœur, elle le dit en arabe. Ce cas particulier permet de montrer toute l'absurdité du racisme ». Daniel, un peu naïf, va tenter de jouer le conciliateur dans le psychodrame qui frappe sa famille.
Un de ses cousins a quitté le cocon familial et s'est installé avec une jeune Française, Khadija, d'origine Kabyle. Les tentatives de rapprochement seront vaines, preuve qu'il est des blessures inguérissables.
Mais le message du livre est aussi plein d'espoir. Les générations suivantes tourneront la page. Naturellement, ou en le mettant noir sur blanc comme l'a fait Fred Neidhardt. Un auteur qui signe son œuvre de maturité et apprécie les séances de dédicaces car il y rencontre beaucoup de fils de Pieds-Noirs se reconnaissant dans le portrait de Daniel. « Et on arrive à en parler sereinement, ce qui n'est toujours pas le cas en famille... »
« Les Pied-Noirs à la mer » de Fred Neidhardt, éditions Marabout, 13,50 €
vendredi 6 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - Danse avec les gangs
Des détenus en train de danser un Harlem Shake dans une prison, avouez, cela fait désordre. La scène se passe à Montmédy, dans la Meuse. Un couloir mal éclairé, la musique insupportable et l'arrivée d'une quinzaine d'agités, visages dissimulés par des cagoules. La vidéo fait son petit effet sur internet, entre félicitations et indignation. Pourquoi transformer immédiatement ces quelques secondes de défoulement en affaire d'État ? S'ils veulent danser, à quoi bon contrarier leur volonté de réinsertion ? Voilà les première réflexions qui me sont venues à l'esprit. Dans un second temps, je m'aperçois que ces gens font plutôt peur. En vrac, quelques solutions pour diminuer leurs ardeurs guerrières. Le ministère de la Justice devrait imposer dans les conditions de détention un stage à l'opéra de Paris pour tous les « gangsters D-Ter » ! Ils constateront rapidement la différence entre l'art et le n'importe quoi. Danser en justaucorps moulant sur de la musique classique se révèle plus compliqué que rouler des mécaniques dans 8 mètres carrés.
Autre possibilité : participation obligatoire à un numéro exceptionnel de l'émission de TF1, rebaptisée pour l'occasion « Danse avec les gangs ». Une rumba, un tango ou une valse, devant des millions de téléspectateurs et à visage découvert paraîtront sans conteste plus intimidants qu'un Harlem Shake, masqués, face à un téléphone portable. Rajoutez là-dessus les critiques acides d'un Chris Marques toujours prompt à démolir le moindre faux-pas et le problème des prisons en France est réglé. Les détenus n'auront plus qu'une envie : rester cloîtrés, sages comme des images au fond de leur cellule.
Chronique parue jeudi en dernière page de l'Indépendant
jeudi 5 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - Mélenchon et les policiers devraient apprendre à compter
La France a encore perdu des places au classement Pisa sur les systèmes éducatifs du monde. Franchement, pas besoin de sonder des milliers de jeunes pour s'en douter. Nul besoin non plus d'avoir décroché son bac avec mention pour savoir que 10 + 10 égalent 20. Pourtant... Prenez la manifestation du Front de Gauche dimanche dernier à Paris. Les organisateurs, Jean-Luc Mélenchon en tête, ne maîtrisent plus du tout cette base essentielle du calcul qu'est l'addition. Avec un aplomb déconcertant ils se sont comptés 100 000. Donc pour eux, 10 + 10 donnent approximativement 20 000.
Les policiers chargés d'estimer la foule ne valent pas mieux. Selon les chiffres officiels de la Préfecture, ils n'étaient que 7 000 à crier leur ras-le-bol fiscal. Seule explication, à l'école de police, on vous apprend à "décompter". 10 + 10 font 7. Pas plus.
À la prochaine manif, je propose de réquisitionner des enfants de grande section de maternelle, de les poster sur les trottoirs et de leur demander de compter les passants. Non seulement l'exercice sera excellent pour les gamins, mais en plus on a toutes les chances d'obtenir un nombre au plus près de la réalité. Si notre système éducatif est en perte de vitesse, cette "maladie de l'addition" ne frappe que les donneurs de leçons, pas leurs élèves.
Ils étaient aussi 100 000 dimanche à Kiev en Ukraine. Le pays ne fait pas partie du classement Pisa, j'ai pourtant l'impression qu'ils maîtrisent bien mieux les chiffres qu'en France.
Chronique parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.
Les policiers chargés d'estimer la foule ne valent pas mieux. Selon les chiffres officiels de la Préfecture, ils n'étaient que 7 000 à crier leur ras-le-bol fiscal. Seule explication, à l'école de police, on vous apprend à "décompter". 10 + 10 font 7. Pas plus.
À la prochaine manif, je propose de réquisitionner des enfants de grande section de maternelle, de les poster sur les trottoirs et de leur demander de compter les passants. Non seulement l'exercice sera excellent pour les gamins, mais en plus on a toutes les chances d'obtenir un nombre au plus près de la réalité. Si notre système éducatif est en perte de vitesse, cette "maladie de l'addition" ne frappe que les donneurs de leçons, pas leurs élèves.
Ils étaient aussi 100 000 dimanche à Kiev en Ukraine. Le pays ne fait pas partie du classement Pisa, j'ai pourtant l'impression qu'ils maîtrisent bien mieux les chiffres qu'en France.
Chronique parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.
BD - Adorables truands sous la plume de Baru
Un jeune Africain, virtuose du foot mais sans papiers, quelques truands sur le retour, une bande de « cailleras » de la banlieue et des Anciens combattants d'Algérie sont au générique de ce roman graphique de Baru. L'auteur de « La piscine de Micheville » nous ressert sa critique acerbe de notre société manquant de solidarité à la sauce « hommage au cinéma de Lautner et d'Audiard ». On ne peut qu'avoir de la sympathie pour les vieux truands rangés des affaires, paisible retraité en banlieue pavillonnaire ou garagiste faisant marcher son petit commerce. Avec ce dernier gros coup ils empochent le magot, mais aussi pas mal de soucis à cause de leurs jeunes associés. On apprécie le parfait enchaînement des complications et on se réjouit de la morale finale...
Cet album édité il y a trois ans chez Futuropolis, bénéficie d'une publication en poche dans la prestigieuse collection Folio qui sort également pour ces fêtes de fin d'année les deux premiers tomes de la saga africaine « Aya de Yapougon » de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie.
« Fais péter les basses, Bruno ! », Folio, 7,65 euros chaque volume
mercredi 4 décembre 2013
Fantasy - Tout savoir sur les Orcs, Elfes et autres Nains
A quelques jours de la sortie du second opus de l'adaptation au cinéma du Hobbit par Peter Jackson, une petite révision de vos bases de Fantasy s'impose. Chance, le Livre de Poche vient de sortir des fascicules complets, didactiques et passionnants sur trois des races vedettes de ce pan de la littérature de l'imaginaire. Den Patrick, Anglais de bon aloi, se partage entre l'écriture et la lecture. Il a aussi été critique burlesque, éditeur de BD et libraire. Il a surtout beaucoup lu de Fantasy pour en tirer ces trois petits livres (richement illustrés par Andrew James) véritables bréviaires pour fan de fantasy en première année. Sur les Elfes, il développe leur « Art de la guerre ». Gracieux, intelligents, nobles, ce sont les danseuses de ce monde rude et guerrier. Mais ils sont redoutables au combat, courageux et dignes. Les Nains, avares et travailleurs, sont avant tout tenaces. Et il en faut de la ténacité pour survivre dans un monde où la moindre créature fait deux fois votre hauteur.
Enfin avouons un faible pour les Orcs. Brutes épaisses à éviter en toute circonstance, ils n'ont qu'une philosophie : « La voie du saccage ». Prétentieux, bagarreurs, cruels ils ne sont que violence et mort. Amis avec personne, ils ont un dégoût absolu pour les Humains qui « ne sont bons à rien. Il y a quelque chose de pathétique, chez eux, qui les pousse à se rendre quand ils sont encerclés. Les humains n'ont vraiment aucune fierté. » Donc les Orcs pillent régulièrement leurs fermes car « la viande des hommes est savoureuse, assez proche de celle d'un bon cochon. » Présenté comme des études anthropologiques, ces trois bouquins grouillent de clés pour ceux qui sont un peu dépassés dans les rapports compliqués entre les différentes races de cette Fantasy de plus en plus à la mode.
« Les Orcs », « Les Nains » et « Les Elfes », Le Livre de Poche, 10,50 € chaque volume.
mardi 3 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - Morts en beauté
A fond ! Jusqu'au bout. Paul Walker, 40 ans, star à Hollywood, est mort dans l'accident de sa Porsche. Ce passionné de voitures de course ne pouvait pas rêver meilleure sortie. Sa célébrité, il la doit à son rôle récurrent dans la franchise « Fast and furious ». Des films bourrés d'adrénaline pleins de bolides et de gangsters. Alors que les fans pleurent ce beau gosse au regard d'acier, les scénaristes se creusent déjà la tête pour intégrer cet impondérable à « Fast and Furious VII », en plein tournage et dont la sortie est programmée pour juillet prochain.
Parfois les morts de célébrités renforcent un mythe : de Brandon Lee, tué en plein tournage (la balle à blanc ne l'était pas...) à James Dean, lui aussi mort dans une Porsche en passant par David Carradine retrouvé pendu dans sa chambre d'hôtel après une expérience sexuelle ayant mal tourné. En fait, personne n'est à l'abri. Sans vouloir la mort de personne, imaginons la fin de certaines stars et tremblons avec elles : Nabilla : AVC fulgurant après que son second neurone se soit connecté sans crier gare au premier. Christophe Barbier : étranglé par son écharpe rouge prise dans les pales d'un ventilateur lors du tournage du remake du film « Le Jour et la nuit » de Bernard-Henri Levy. Philippe Candeloro : égorgé par une lame de patin à glace aiguisée par un grand couturier excédé par ses tenues de gala. Ce dernier, Karl Lagerfield : étouffé sous le postérieur imposant de Frida Kalatchenko, Femen tendance boulimique n'ayant pas apprécié les sorties du couturier sur sa conception quasi cadavérique de la beauté.
Chronique "De choses et d'autres" parue mardi en dernière page de l'Indépendant
Chronique "De choses et d'autres" parue mardi en dernière page de l'Indépendant
lundi 2 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - La mode selon Panini
Lundi de deuil ce matin dans les cours de récréation du monde entier : Umberto, l'un des quatre frères à l'origine des célèbres vignettes Panini est mort samedi. Lancés au début des années 60 en Italie, l'album Panini et ses autocollants ont assuré la fortune de ces vendeurs de journaux de Modène. Durant des décennies, le troc et l'échange des Panini développe l'esprit de collection des petits Français. Les vignettes donnent aussi l'impression de gagner au loto. Posséder deux Platini-Panini permet de récupérer des dizaines d'anonymes comme Thouvenel (arrière de Bordeaux) ou Domenech (autre défenseur rugueux). Ils arborent de fières bacchantes totalement passées de mode aujourd'hui.
Chronique "De choses et d'autres" parue lundi en dernière page de l'Indépendant.
Une des constantes d'ailleurs, des albums Panini sur les footballeurs : ils servent de contre-exemple aux apprentis coiffeurs. De nos jours, la coupe de Florian Thauvin (rasé sur les côtés, à la Desireless en haut) fait parler plus que ses exploits à l'OM. Et ne croyez pas que les petites couettes de Sagna ou les circonvolutions capillaires d'un Pogba soient une nouveauté. Il suffit de tomber sur un album Panini des années 70 pour s'écorcher les yeux avec des raies au milieu ou des rouflaquettes. Photos toujours prises de face. A l'exception de Ribéry, le seul à posséder une dérogation pour poser de profil. Le bon, de préférence.
Assez peu sportif dans l'âme (encore moins dans le corps), je dois vous avouer que personnellement, vous me dites Panini, je vous réponds sandwiches chauds au fromage fondant. « On n'est pas gros à lécher des murs ! » me serine souvent mon épouse. Pas faux.
Assez peu sportif dans l'âme (encore moins dans le corps), je dois vous avouer que personnellement, vous me dites Panini, je vous réponds sandwiches chauds au fromage fondant. « On n'est pas gros à lécher des murs ! » me serine souvent mon épouse. Pas faux.
Chronique "De choses et d'autres" parue lundi en dernière page de l'Indépendant.
dimanche 1 décembre 2013
BD - Revanche pour les exploités
Vous vous sentez harcelé au travail pour un petit chef odieux ? Au chômage après une délocalisation sauvage justifiée pour assurer les dividendes des actionnaires ? Ou tout simplement lassé de l'inaction (voire parfois de la complicité) des syndicats ? Votre solution se nomme Revanche. M. Revanche est au cœur du système. La journée, il est l'assistant de la patronne du Modef, la puissante organisation patronale. La nuit, c'est le justicier des victimes du capitalisme.
Nicolas Pothier, le scénariste, imagine un monde où seule la manière forte importe. Contre la violence sociale des fonds d'investissement, il oppose la rudesse des poings de Revanche. Le justicier des « masses laborieuses » ne fait pas dans la dentelle. Et généralement ça marche car les patrons exploiteurs sont souvent des couards. A des milliers de kilomètres du politiquement correct, ces histoires courtes sont mises en images par Jean-Christophe Chauzy, au style hybride entre réalisme cru et caricature rigolarde. Dans ce second tome vous croiserez la route d'un fabricant de prothèses mammaires défectueuses, d'un contremaître raciste et d'un producteur de cinéma véreux. Toute ressemblance avec de véritables personnes... apporte encore plus de saveur à l'ensemble.
« Revanche » (tome 2), Éditions Treize Étrange, 13,90 €
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