Chronique "De choses et d'autres" parue mardi en dernière page de l'Indépendant
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mardi 3 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - Morts en beauté
A fond ! Jusqu'au bout. Paul Walker, 40 ans, star à Hollywood, est mort dans l'accident de sa Porsche. Ce passionné de voitures de course ne pouvait pas rêver meilleure sortie. Sa célébrité, il la doit à son rôle récurrent dans la franchise « Fast and furious ». Des films bourrés d'adrénaline pleins de bolides et de gangsters. Alors que les fans pleurent ce beau gosse au regard d'acier, les scénaristes se creusent déjà la tête pour intégrer cet impondérable à « Fast and Furious VII », en plein tournage et dont la sortie est programmée pour juillet prochain.
Parfois les morts de célébrités renforcent un mythe : de Brandon Lee, tué en plein tournage (la balle à blanc ne l'était pas...) à James Dean, lui aussi mort dans une Porsche en passant par David Carradine retrouvé pendu dans sa chambre d'hôtel après une expérience sexuelle ayant mal tourné. En fait, personne n'est à l'abri. Sans vouloir la mort de personne, imaginons la fin de certaines stars et tremblons avec elles : Nabilla : AVC fulgurant après que son second neurone se soit connecté sans crier gare au premier. Christophe Barbier : étranglé par son écharpe rouge prise dans les pales d'un ventilateur lors du tournage du remake du film « Le Jour et la nuit » de Bernard-Henri Levy. Philippe Candeloro : égorgé par une lame de patin à glace aiguisée par un grand couturier excédé par ses tenues de gala. Ce dernier, Karl Lagerfield : étouffé sous le postérieur imposant de Frida Kalatchenko, Femen tendance boulimique n'ayant pas apprécié les sorties du couturier sur sa conception quasi cadavérique de la beauté.
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lundi 2 décembre 2013
DE CHOSES ET D'AUTRES - La mode selon Panini
Lundi de deuil ce matin dans les cours de récréation du monde entier : Umberto, l'un des quatre frères à l'origine des célèbres vignettes Panini est mort samedi. Lancés au début des années 60 en Italie, l'album Panini et ses autocollants ont assuré la fortune de ces vendeurs de journaux de Modène. Durant des décennies, le troc et l'échange des Panini développe l'esprit de collection des petits Français. Les vignettes donnent aussi l'impression de gagner au loto. Posséder deux Platini-Panini permet de récupérer des dizaines d'anonymes comme Thouvenel (arrière de Bordeaux) ou Domenech (autre défenseur rugueux). Ils arborent de fières bacchantes totalement passées de mode aujourd'hui.
Chronique "De choses et d'autres" parue lundi en dernière page de l'Indépendant.
Une des constantes d'ailleurs, des albums Panini sur les footballeurs : ils servent de contre-exemple aux apprentis coiffeurs. De nos jours, la coupe de Florian Thauvin (rasé sur les côtés, à la Desireless en haut) fait parler plus que ses exploits à l'OM. Et ne croyez pas que les petites couettes de Sagna ou les circonvolutions capillaires d'un Pogba soient une nouveauté. Il suffit de tomber sur un album Panini des années 70 pour s'écorcher les yeux avec des raies au milieu ou des rouflaquettes. Photos toujours prises de face. A l'exception de Ribéry, le seul à posséder une dérogation pour poser de profil. Le bon, de préférence.
Assez peu sportif dans l'âme (encore moins dans le corps), je dois vous avouer que personnellement, vous me dites Panini, je vous réponds sandwiches chauds au fromage fondant. « On n'est pas gros à lécher des murs ! » me serine souvent mon épouse. Pas faux.
Assez peu sportif dans l'âme (encore moins dans le corps), je dois vous avouer que personnellement, vous me dites Panini, je vous réponds sandwiches chauds au fromage fondant. « On n'est pas gros à lécher des murs ! » me serine souvent mon épouse. Pas faux.
Chronique "De choses et d'autres" parue lundi en dernière page de l'Indépendant.
dimanche 1 décembre 2013
BD - Revanche pour les exploités
Vous vous sentez harcelé au travail pour un petit chef odieux ? Au chômage après une délocalisation sauvage justifiée pour assurer les dividendes des actionnaires ? Ou tout simplement lassé de l'inaction (voire parfois de la complicité) des syndicats ? Votre solution se nomme Revanche. M. Revanche est au cœur du système. La journée, il est l'assistant de la patronne du Modef, la puissante organisation patronale. La nuit, c'est le justicier des victimes du capitalisme.
Nicolas Pothier, le scénariste, imagine un monde où seule la manière forte importe. Contre la violence sociale des fonds d'investissement, il oppose la rudesse des poings de Revanche. Le justicier des « masses laborieuses » ne fait pas dans la dentelle. Et généralement ça marche car les patrons exploiteurs sont souvent des couards. A des milliers de kilomètres du politiquement correct, ces histoires courtes sont mises en images par Jean-Christophe Chauzy, au style hybride entre réalisme cru et caricature rigolarde. Dans ce second tome vous croiserez la route d'un fabricant de prothèses mammaires défectueuses, d'un contremaître raciste et d'un producteur de cinéma véreux. Toute ressemblance avec de véritables personnes... apporte encore plus de saveur à l'ensemble.
« Revanche » (tome 2), Éditions Treize Étrange, 13,90 €
samedi 30 novembre 2013
De choses et d'autres - Impression de déjà-vu
La semaine dernière, quand tous les médias diffusent une photo du tireur de Libération, je suis frappé par ce visage extrait d'une vidéo surveillance. Une impression de déjà-vu. Pire, je suis persuadé le connaître. Sorti du contexte, ce portrait me fait définitivement penser à Jean-Luc Delarue. Problème : je sais parfaitement que l'animateur télé est mort d'un cancer il y a un an. N'ayant pas envie d'être pris pour un fou, je garde mes réflexions pour moi. Indécrottable cartésien, je ne crois pas aux fantômes, d'autant moins que le cliché est diffusé par la Préfecture de police.
Mais plus je regarde ce visage pixélisé, aux mauvaises couleurs, bonnet au ras du front et lunettes rondes, plus je trouve la ressemblance frappante. Je ne suis pas le seul, heureusement. Sur le net, certains adeptes du « complot » prétendent que le richissime producteur télé, après s'être converti à l'islam et fait croire à sa mort, sort de sa retraite pour assassiner les journalistes progressistes de Libération...
Trois jours plus tard le visage a un nom, Jean-Luc Delarue est rentré dans sa tombe et les conspirationnistes se creusent la tête pour trouver une explication encore plus vaseuse. Reste cette impression de déjà-vu. Une photo, un visage, une situation : parfois l'inexplicable erre aux portes de notre esprit.
Mais plus je regarde ce visage pixélisé, aux mauvaises couleurs, bonnet au ras du front et lunettes rondes, plus je trouve la ressemblance frappante. Je ne suis pas le seul, heureusement. Sur le net, certains adeptes du « complot » prétendent que le richissime producteur télé, après s'être converti à l'islam et fait croire à sa mort, sort de sa retraite pour assassiner les journalistes progressistes de Libération...
Trois jours plus tard le visage a un nom, Jean-Luc Delarue est rentré dans sa tombe et les conspirationnistes se creusent la tête pour trouver une explication encore plus vaseuse. Reste cette impression de déjà-vu. Une photo, un visage, une situation : parfois l'inexplicable erre aux portes de notre esprit.
jeudi 28 novembre 2013
Romans policiers - L'Amérique au noir avec John Brandon et Michael Connelly
Les Américains, s'ils n'ont pas inventé le roman policier, l'ont cependant élevé au rang d'institution. Exemple avec John Brandon et Michael Connelly.
Au pays du libéralisme absolu, pas toujours évident de survivre en restant dans la légalité. Surtout quand on est des péquenots du fin fond de l'Arkansas. Swin et Kyle ont deux parcours parallèles. Deux jeunes Américains, issus d'un milieu pauvre, sans diplômes ni plan de carrière. Leur histoire est racontée dans Little Rock, polar de John Brandon. Après diverses errances et petits boulots, ils finissent, comme beaucoup, à trouver une situation dans le trafic de drogue. Un travail comme un autre dans cette Amérique où le commerce est roi, surtout s'il y a de la demande. Et en matière de drogue, on peut faire confiance aux Américains, ce n'est pas demain la veille que le marché s'effondrera. Au hasard des rencontres et des dépannages, Swin et Kyle vont se retrouver « employés » d'un certain Frog. Ils ne le connaissent pas, mais lui obéissent au doigt et à l'œil. Un jour ils se retrouvent dans le même camion pour convoyer quelques cartons au contenu illicite. Ils ne savent pas qu'ils font également partie du deal. Fournis comme main d'œuvre à Bright, officiellement responsable de l'entretien d'un parc naturel, officieusement gros dealer de la région. Swin et Kyle, aux caractères pourtant opposés (l'un est impulsif, l'autre beaucoup plus raisonné), vont devenir collègues, puis amis. Ils semblent avoir enfin trouvé cette stabilité qui leur manquait tant. 80 % de leur temps est consacré au parc. Nettoyer, accueillir les touristes, chasser les jeunes fêtards. Pour le reste, ils font du transport. Comme avec Frog.
Grosse embrouille
Réceptionner de la drogue, la livrer à des détaillants. Rien de bien dangereux. Sauf quand un jeunot veut vous doubler. Alors le petit quotidien pépère s'écroule. Et il vaut mieux avoir de bons réflexes pour s'en tirer.
Le roman de John Brandon a parfois des airs de chroniques sociales d'une certaine Amérique, pauvre mais débrouillarde. Et comme on est résolument dans le domaine du polar, les flingues longtemps confinés dans les boîtes à gants des divers véhicules empruntés par le duo finissent par sortir et imposer leur loi. Un retour à la réalité violent, forcément violent. La construction est parfois un peu déroutante, avec des retours dans le passé de quelques personnages secondaires, mais le style, sec et coupant, donne l'impression au lecteur d'être dans un film entre Tarantino et les frères Coen. Un régal.
Si l'Arkansas est paumé, la Californie attire toujours autant les ambitieux. Les détraqués aussi, Harry Bosch, le flic imaginé par Michael Connelly en sait quelques chose. Romancier prolixe, Connelly est devenu une valeur sûre de la littérature noire. Les éditions Calmann-Lévy rééditent toute son œuvre dans une collection dédiée. Vient de sortir « Wonderland Avenue », roman du début des années 2000. Dans une préface inédite, l'auteur avoue que ce titre est « probablement un de mes romans préférés. J'adore les histoires où le passé surgit de terre et nous rattrape dans le présent. » Le passé c'est l'humérus d'un enfant retrouvé par un promeneur dans un bois de Wonderland Avenue. Bosch va se lancer à la recherche de l'histoire de cette petite victime innocente. Une enquête très éprouvante mais inoubliable. Enfin pour les accros de Michael Connelly, ne manquez pas également dans la collection Points le gros volume (1000 pages, 14,50 €) reprenant deux enquêtes de l'avocat Mickey Haller, « La défense Lincoln » et « Le verdict du plomb ».
« Little Rock » de John Brandon, Éditions du Masque, 19,50 €
« Wonderland Avenue » de Michael Connelly, Calmann-Lévy, 17 €
mercredi 27 novembre 2013
BD - Sokal envoie son canard à la mer
Canardo enchaîne les enquêtes avec une régularité de chronomètre depuis une dizaine d'années. Le canard détective privé, anti-Donald de légende, n'a pourtant pas l'intention de se remettre à travailler. Il a accepté de garder son neveu, Marcel, adolescent à la langue bien pendue, pendant les vacances chirurgicales de sa sœur et de son mari (il vient de lui payer une nouvelle poitrine dans une clinique aux Seychelles...).
Notre héros va devoir cependant partir en urgence au Koudouland, île paradisiaque mais où des terroristes viennent d'enlever la femme d'un riche entrepreneur immobilier. Il rejoint donc pour les rivages du lagon d'un célèbre mérou à pois rouge au centre d'une polémique internationale. Un peu plus décousue et moins sombre que les précédents albums, cette enquête de Canardo semble marquer un tournant dans la série. Carrément en retrait, Canardo est comme absent. Le vieux canard en a marre de l'aventure. Et franchement il ne supporte pas cette chaleur. Vite, que Sokal son créateur le remettre dans les brumes et pluies glacées du Belgambourg...
« Canardo » (tome 22), Casterman, 10,95 €
mardi 26 novembre 2013
BD - "Loup de Pluie", le Western ultime de Jean Dufaux et Ruben Pellejero
Quand Jean Dufaux décide d'écrire le scénario d'un western, on se doute que cela va aller un peu plus loin qu'une banale série B, voire d'une daube au spaghetti. Le scénariste donne une dimension de tragédie à cette histoire de vengeance, de tolérance et de folie. Un souffle, une profondeur, rares de nos jours dans la BD, renforcés par les dessins de Ruben Pellejero, présenté par l'éditeur comme le « maître de la BD espagnole ». C'est un peu réducteur, mais pas si éloigné que cela de la réalité. Le second tome de « Loup de pluie » est aussi violent et dramatique que le premier. L'Indien, a tué un Blanc raciste pour protéger un ami, Blanc mais tolérant. Il prend la fuite. Pour assouvir sa vengeance, la famille Cody prend en otage Blanche, la fille des McDell, protecteurs de Loup de Pluie. Au fond d'un canyon, les deux clans vont s'affronter dans une bataille sanglante. A moins que les Indiens ne mettent tout le monde d'accord. En parallèle à ces scènes d'une grande tension, on suit la quête de Petite Lune, une Indienne sur les traces du légendaire Bison Blanc. Rayon de soleil et d'espoir dans un monde cruel et violent, elle saura conquérir le cœur de Bruce McDell et faire confiance au fantôme agissant de Loup de Pluie. Tout simplement grandiose.
« Loup de Pluie » (tome 2), Dargaud, 13,99 €
lundi 25 novembre 2013
BD - Course au trader en réalité augmentée
Parfois, mieux vaut disparaître. Perdre son identité pour faire table rase, effacer son passé. Eric Magoni a tout pour être heureux dans ce monde aimant les signes extérieurs de richesse. Un trader dans toute sa splendeur. Riche, ayant femme et enfant, entretenant une relation extra-conjugale avec une femme distinguée... Il passe justement une bonne partie de l'après-midi dans ses bras. Quand il revient au bureau, il constate effaré que son ordinateur a été utilisé pour faire des placements hasardeux. Et ruineux. 5 milliards envolés. Ça chauffe pour Magoni. Il tente de prendre la fuite, mais sa femme le dénonce.
Placé en garde à vue, son dernier espoir réside dans le témoignage de sa maîtresse. Elle affirme froidement que cette relation n'est que mensonge d'un homme acculé. Magoni est mis en examen et le juge décide de son incarcération. Lors de son transfert, le véhicule de police est attaqué par des... pigeons. Le trader va saisir sa chance et tenter de changer d'identité grâce à une mystérieuse organisation.
Une BD dans l'air du temps, entre fantastique et grosse manipulation informatique. Simon au scénario et Émilie au dessin ont prolongé l'album par un site internet et un jeu vidéo. Là aussi, on est dans une autre dimension.
« Media Entity » (tome 1), Delcourt, 13,95 €
dimanche 24 novembre 2013
BD - Contes revisités chez Glénat
Les éditions Glénat viennent de lancer une ambitieuse collection : « A l'origine des contes ». Des gros albums de près 70 à 80 pages, sur des histoires connues de tous. Les trois premiers titres viennent de paraître. On y retrouve les variations autour de Pinocchio, Blanche Neige (splendides dessins de Fabrice Meddour) et Barbe Bleue. A chaque fois c'est Philippe Bonifay qui signe le scénario.
Pour le dernier titre, dessiné par Stéphane Duval, c'est Perrault en personne, sur la tombe de son jumeau imaginaire, qui raconte l'origine du conte. Du fait divers car Perrault prétend que rien n'est inventé dans cette histoire de mari tueur d'épouses. En fait c'est le jumeau maléfique et laid de la Barbe Bleue qui occis les femmes et maîtresses de son frère angélique. Dès lors une lutte implacable s'engage entre les deux frères. Elle les conduira jusqu'aux confins du monde connu, au cœur de l'Afrique, pour les courbes parfaites d'une vénus noire à faire damner un évêque.
Réflexion sur la création artistique, la vengeance et surtout le rejet de la « différence », cet album n'excuse pas les crimes, mais permet au lecteur de les comprendre.
« La Barbe Bleue », Glénat, 18,50 €
samedi 23 novembre 2013
BD - La vague des fantômes dans Tsunami de Pendanx et Piatzszek
Alors que les Philippines peinent à se relever du passage dévastateur du typhon Hayien, Piatzszek et Pendanx reviennent sur un autre drame qui a durablement endeuillé cette région de l'Asie. Le 26 décembre 2004 une vague gigantesque submergeait l'Indonésie. Des milliers de morts. Une aide internationale souvent impuissante. Parmi le centaines de médecins venus soigner les blessés, une toubib française Elsa Mataresse. Quelques mois après son arrivée sur les lieux du drame, elle disparaît. De nos jours, son jeune frère, se lance à sa recherche. Il va remonter la trace de sa sœur jusqu'à ce chapelet de petites îles qui auraient tout du paradis perdu si elle n'avaient servi de vaste fosse commune aux centaines de corps dérivant au fil des courants. Superbe création que ce Tsunami. Le récit de Piatzszek alterne parfaitement vues touristiques actuelles et souvenirs du temps de la dévastation. Le petit Français va rencontrer d'autres « fugitifs » sur son chemin, d'autres écorchés à la recherche de cette inaccessible quête... Il parviendra cependant à s'apaiser car les morts, même quand il sont légion, ne veulent pas de mal aux survivants. Une belle parabole sur l'intérêt de profiter de la vie, là, maintenant.
« Tsunami », Futuropolis, 20 €
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