mercredi 19 juin 2013

BD - Au plus profond avec "Deep" de Betbeder et Pietrobon

Dans la suite de cette série de SF écrite par Betbeder, l'action se déroule sur et sous la mer. En surface, les animaux se révoltent. Comme poussés par un instinct irrépressible, ils se liguent contre l'Homme, ce poison mortel. Cela donne l'attaque d'un porte-avions américain par une nuée de sauterelles en plein Pacifique ou l'abordage d'un ferry de touristes sur un fleuve africain. Dans les abysses, on retrouve les personnages principaux de la BD dessinée par Pietrobon. Il y a Mad', la scientifique, paralysée après un accident de plongée et qui désormais vit dans une base sous-marine à des milliers de mètres de profondeur. Elle vient de repérer un objet vieux de millions d'années, prisonnier de la roche, mais manufacturé. Elle recevra l'aide de son ancien amant, Nathan, toujours amoureux de Mad' mais rejeté par elle car responsable de son accident. L'intrigue sentimentale permet de placer quelques respirations dans un récit faisant la part belle aux catastrophes. Du grand spectacle avec une épidémie de bactérie rongeuse de chairs très impressionnante.

« Deep » (tome 2), Soleil, 13,95 €

mardi 18 juin 2013

BD - Le réveil des aliens


Une bonne petite série B, au ciné comme en bande dessinée cela ne peut pas faire de mal. Juste l'occasion de décrocher complètement de notre triste réalité, dépressogène et sans retour. Au moins, dans ce genre de production, même si cela va encore plus mal que dans la vraie vie, il y a toujours un petit espoir. La Terre, avant d'être peuplée et dominée par les humains, a servi de tombe-prison pour 9 entités extra-terrestres belliqueuses. Enfermées dans des sarcophages disséminés sur les différents continents, elles parviennent régulièrement à s'échapper. Heureusement Hélius, gardien robot les remet en prison. Jusqu'à ce jour où toutes les entités s'échappent en même temps et combinent leurs forces. Le combat contre les humains est trop facile. D'autant que d'autres aliens semblent manipuler les monstres. Un second tome spectaculaire, plein de rebondissements, de massacres et de baston de légende. « World War X » de Frissen et Snejbjerg connaîtra sa conclusion en septembre.

« World War X » (tome 2), Le Lombard, 12 €

BD - Danseuse préhistorique


Jeune, blonde et audacieuse, Albatra est la vedette du ranch Bellafond. Danseuse de pole, elle envoûte les clients pourtant peu portés sur la grâce et la beauté. L'action de cette BD, écrite par Mady et Danjou et dessinée par Kmixe, se déroule sur une planète reculée, aux limites du désert et de la civilisation. 
Le ranch propose diverses distractions. De la danse donc, mais aussi des boissons fortement alcoolisées servies par d'accortes serveuses peu farouches et des séances de dressage. Pas de mustang comme au temps de la conquête de l'Ouest sur Terre. Non, des dinosaures, des tyrannosaures souvent. Albatra va devoir former Terra, une gamine encore plus farouche qu'elle. Par un concours de circonstances comme seules les BD de série B osent les imaginer, Albatra va se retrouver dans l'enclos pour calmer un redoutable T-rex albinos affamé. 
La danseuse s'en tire brillamment et devient Lady Rex, l'attraction de la future course où tous les coups sont permis. 
Superbement dessiné par Kmixe autant inspiré par les grosses bêtes aux dents acérées que par les corps nubiles des danseuses, ce one-shot aborde plus sérieusement la problématique de la domination des femmes par les mâles arrogants.

« Lady Rex », Vents d'Ouest, 13,90 €

Billet - La guerre des consoles

Xbox, Wii ou PlayStation ? Les consoles de jeux vidéos cherchent un nouveau souffle. Pour y arriver, elles passent par de nouvelles fonctionnalités sur des machines plus puissantes. Cette semaine à Los Angeles, au plus important salon du monde, l'E3, Sony et Microsoft présentaient leurs produits phares. Rapidement la PS4 a pris le dessus sur la Xbox One, selon les spécialistes.  Côté prix d'abord. La PS4 coûte 100 dollars de moins. Un argument imparable. Sony libère aussi la revente des jeux, que Microsoft ne permet pas. Enfin, la connexion à internet n'est pas nécessaire pour jouer sur la PlayStation alors que la Xbox One ne répond plus en cas de coupure supérieure à 24 heures. C'est sur l'offre globale que Microsoft voulait faire la différence en transformant sa console en véritable plateforme multimédia. Regarder la télévision, surfer sur internet, téléphoner avec Skype... Petit souci : les « gamers » veulent avant tout jouer, juste jouer... La véritable nouveauté de la Xbox One est l'évolution du Kinect (commande par détection des mouvements) et la reconnaissance vocale. Comme sur les smartphones récents, la console exécute les ordres vocaux. Très pratique pour les parents. Hurlez « Xbox off ! », la machine s'arrête immédiatement. Car elle, contrairement à votre ado en période rebelle, obéit sans rechigner. 

Roman - Mariage écœurant


Beau mariage, beau milieu, belles manières. Pourtant le roman de Saphia Azzeddine décrit la puanteur de ces riches ne sentant plus leur odeur de putréfaction...

Envie d'être riche ? Lisez ce roman avant de jouer au Loto ou de braquer une banque. Vous y verrez comment l'argent, s'il n'a pas d'odeur, corrompt les esprits. Tous les personnages imaginés par Saphia Azzeddine, sans exception, baignent dans ce milieu de la grande bourgeoisie où dépenser sans compter est aussi simple que respirer. Vous aurez la nausée en refermant le livre. La faute à leur haleine fétide de parvenus puant la suffisance.
Tout semble commencer comme un conte de fée pour gentille princesse. La belle et riche Tatiana raconte comment elle a rencontré son fiancé, Philip. Sur une plage privée aux Seychelles, alors qu'elle barbotait dans le lagon, le jeune agent immobilier en villégiature entre deux gros contrats « a pris mon bikini arc-en-ciel pour un poisson-perroquet si bien qu'il m'a littéralement foncé dessus. ». Diner aux chandelles sur la plage, chaste baiser : ils n'iront pas plus loin lors de cette première rencontre. Par contre lors de leur second rendez-vous, au Ritz à Paris, ce sera un déchaînement de plaisirs fougueux. Bref, Tatiana est heureuse, persuadée d'avoir enfin trouvé l'oiseau rare, l'homme qui lui permettra de fonder une famille dont son père, riche industriel, sera fier.
Ce mariage est au centre de tout le roman composé des avis subjectifs des différents protagonistes. Cela commence par Tatiana, très fleur bleue et romantique. Jeune écervelée parfaitement adaptée au moule, elle profite des largesses de son père pour se payer une cérémonie qui devrait rendre jalouses toutes ses copines.

Fils de concierge
Du côté du marié aussi c'est un rendez-vous important. Mais c'est déjà moins reluisant. Philip est beau. Sa seule richesse en fait. Fils de concierge, il a longtemps singé les grandes manières des riches propriétaires. Il a eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Des femmes. Riches. Fascinées par sa beauté. De vulgaire gigolo, il est devenu agent immobilier. Pas excessivement riche, mais suffisamment pour payer une maison à ses parents au Liban et surtout de paraître être un un bon parti pour le papa millionnaire de Tatiana.
Le père raconte lui aussi ce mariage. Il n'est pas dupe des origines de Philip, mais admet que sa futile Tatiana ne peut guère espérer mieux. Il devra simplement surveiller le gendre pour ne pas mettre en péril l'empire industriel qu'il a lui même hérité de son père. On pense un moment que ce milieu si détestable va être enfin taillé en morceaux par Anastasia. C'est l'aînée de Tatiana. Elle est triste, méchante, caustique. Ecrivain ratée, elle voudrait être différente. Mais au final elle aussi succombera aux habitus de classes.
Et pour rendre tout ce petit monde encore plus abject, Saphia Azzeddine a entrecoupé les soliloques des bourgeois des considérations des domestiques. Notamment Sidonie, la gouvernante. Une femme aigrie, qui misait beaucoup sur un entretien d'embauche dans sa jeunesse. Elle a pris un quart d'heure de retard? Quinze minutes qui lui gâchent encore la vie aujourd'hui. On tient enfin « LE » personnage positif du roman ? Perdu, le mariage de Tatiana et de Philip sonnera l'heure de la revanche de la gouvernante pas si insignifiante que cela.
On lit ce roman comme on va au zoo. On observe des animaux sauvages en cage, tournant sans cesse, incapables de prendre conscience de leur captivité. Tristes riches, prisonniers de leur cage dorée... Et ils ne méritent même pas qu'on les plaigne.
 
« Combien veux-tu m'épouser ? », Saphia Azzedine, Grasset, 17,90 €

vendredi 14 juin 2013

Billet - Réseaux sociaux en pleine mutation

La concurrence fait rage dans le créneau des réseaux sociaux. Tous cherchent à marquer des points pour conserver des abonnés et si possible en détourner quelques-uns des concurrents. Quitte à ouvertement copier le voisin. Petite révolution chez Facebook avec la possibilité de greffer des hashtags (mots-dièses en français correct) sur ses notes. En toute impunité, la société de Marc Zuckerberg s'approprie le petit plus qui a largement contribué au succès de Twitter... Et a bien l'intention d'aller plus loin car prochainement, une fenêtre reprendra les « trending hashtags », les mots-dièses les plus populaires. Twitter pourrait le considérer  pour un bel hommage à son inventivité si au final, il ne s'agissait pas d'un cas flagrant de contrefaçon. 
Autre signe de la bataille menée en coulisses entre les différents réseaux sociaux, l'annonce par Pinterest du lancement de la version française. « Epingler c'est partager », voilà le nom de code de l'extension française d'un réseau graphique dont plus de 26 millions d'utilisateurs, Américains pour la plupart, grossissent les rangs. 
Dans l'absolu, ce foisonnement de choix risque de compliquer la vie des internautes. A quand l'invention d'un logiciel permettant d'agréger toutes les plateformes ? Une petite fenêtre Twitter, un volet Pinterest, des conversations sur Facebook... Celui ou celle qui met au point le truc pourrait devenir le futur milliardaire du net. 

BD - Charles Charles, le pire des présidents


Nombreux parmi nos concitoyens sont ceux qui trouvent que François Hollande n'est pas à la hauteur de la fonction présidentielle. Les mêmes qui reprochaient à Sarkozy d'être trop bling-bling... Ceux-là doivent impérativement lire « Charles Charles, profession président », un album satirique écrit par Dubuisson et dessiné par James (et prépublié en partie sur Libération). Là vous avez véritablement un président calamiteux au pouvoir. Il n'en rate pas une et on éclate de rire à chaque strip. 
D'entrée, il fait la boulette qui va le poursuivre durant tout le quinquennat « Je citerai mon mentor et modèle Gandhi : Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités ». Pas de bol, c'est de Spider-man... 
Particulièrement mal entouré, ne manquez pas la scène avec le ministre de l'environnement, en retard à une réunion sur une marée noire car « je me suis chopé un cerf avec mon 4x4 sur la nationale en revenant du déjeuner de mon club de chasse. » Le meilleur reste ses relations avec les femmes. La première dame, cruche absolue, mais surtout la chancelière de Schlafenzie aux exigences diplomatiques peu orthodoxes...

« Charles Charles, profession Président », Delcourt, 10,95 €

jeudi 13 juin 2013

ÇA BRUISSE SUR LE NET : écran noir en Grèce

Totalement incroyable l'événement de mardi soir en Grèce. Quelques heures après l'annonce par le gouvernement de la fermeture des télévisions publiques, les trois chaînes et la vingtaine de radios ont cessé d'émettre. Écran noir.  
Pour bien comprendre le choc, il suffit de se mettre dans le contexte français. Imaginez, mardi à 20 h 10, vous avez regardé l'épisode 2252 de « Plus belle la vie » sur France 3. Hier soir vous espériez enfin découvrir le sort de Margaux et si Fournier se remettra des rumeurs sur internet. Perdu. Terminées les aventures marseillaises. « Plus moche la vie » résume un des abonnés de Twitter qui s'est amusé à rebaptiser les émissions de la télé française à la mode grecque. De « Qui veut gagner des centimes ? » à « Les grosses dettes » en passant par « Taratatarama » (mon préféré, de loin...), les amateurs de bons mots s'en sont donné à cœur joie. 
Plus de télévision publique en France : drame dans les maisons de retraite. Les aides-soignantes sont à cran : les pensionnaires craquent les uns après les autres. Déjà privés de Derrick,  ni Motus, ni Des chiffres et des lettres ne confortent leur sieste vespérale... Les autorités redoutent une vague de suicides en fin de semaine. A quoi bon vivre sans Michel Drucker le dimanche ?
A l'opposé, les chaînes privées se frottent les mains. TF1 cesse de diffuser la saison 7 de Secret Story... et reprogramme la première. La facture est moins salée et de toute manière plus personne ne se souvient des candidats de 2006 !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant

BD - Des frites chinoises dans "Le sourire de Mao" de Cornette et Constant


La Belgique est restée pendant près de deux ans sans gouvernement. Une crise politique qui a failli provoquer la séparation en deux de ce petit pays européen. Jean-Luc Cornette, scénariste et Belge, a imaginé ce que serait devenue la partie francophone du Plat Pays si la scission avait bien eu lieu. Un récit de politique fiction dessiné par Michel Constant. Dans un futur proche, le président-capitaine Francis Delcominette règne en maître absolu sur la République démocratique de Wallonie. 
La capitale, installée à Namur, va bientôt accueillir un musée gigantesque dont le première pièce maîtresse sera la momie de Mao Tsé-Toung. Un musée qui sera construit par les prisonniers politiques, de plus en plus nombreux dans ce confetti d'Europe. Le récit nous donne une vision particulièrement pessimiste d'un état policier à travers les yeux de Ludmilla, une scout élevée dans le culte du chef et Antoine, jeune en révolte n'en pouvant plus de la propagande gouvernementale. 
Dans une société devenue totalement parano, tous vont s'espionner et tenter de faire triompher leur point de vue.

« Le sourire de Mao », Futuropolis, 16 €

mercredi 12 juin 2013

Billet - Votre smartphone contre le racisme

Qui aurait imaginé il y a cinq ans que nos smartphones deviendraient des outils contre le racisme ? Hier la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a présenté officiellement une application gratuite pour Apple et Androïd destinée à signaler toute dérive raciste.  L’app’Licra sert notamment à repérer ces tags insultants, hélas de plus en plus nombreux sur les murs.
Grâce à la fonction géolocalisation, vous avez la possibilité de signaler au plus vite l'inscription. Il suffit de prendre en photo le graffiti et d'envoyer le cliché à une adresse spécifique. Ainsi « elle sera traitée en un temps record par la plateforme juridique de la Licra en collaboration avec les services municipaux des villes concernées. » Une simple photo a l'effet d'un coup de pinceau pour effacer l'injure.
Autre utilité, donner des indications aux témoins d'agression ou de discrimination de nature xénophobe. La Licra explique dans le mode d'emploi que « les premières minutes sont essentielles pour agir. L’application guide les témoins pas à pas quant aux démarches à accomplir. » 
Présentée hier, à travers un film promotionnel réalisé par Sophia Aram et une dizaine de personnalités engagées dans ce combat, elle est disponible sur le site effaconsleracisme.org. Un conseil, partagez-la sans modération. Certes, la nouvelle appli n'arrêtera pas la bêtise des racistes (pour la contrer l'éducation à la tolérance reste l'arme infaillible) mais elle permettra au moins de limiter leur nuisance. 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.