vendredi 5 octobre 2012

BD - Jeune fille en pleurs dans "Larguée" de Collet et Maroger


Romy, jeune file moderne, vit une existence speed entre boulot, chat, copines, petit ami. Non, plus de petit ami. Dès les premières pages, Romy apprend, par SMS, qu'elle vient de se faire larguer. Isabelle Maroger et Géraldine Collet racontent dans cet album entre rires et larmes les états d'âme d'une jeune fille en pleurs. Mais dans cette succession de gags et d'histoires courtes, ont retrouve aussi beaucoup des interrogations des working girls des années 2000. Romy se questionne sur les raisons du départ de son boyfriend : « 
parce que je ris fort ? Je ne mets pas de string ? Je ronfle ? J'ai trop de poils ? » Pour ne pas tomber dans la dépression (et rester des heures à pleurnicher dans son canapé) elle réagit : va à la piscine, fait les boutiques et va même boire des coups avec une copine célibataire. Finalement, le salut elle le trouvera dans une idée toute simple. Il suffit parfois de peu pour transformer sa vie. Une BD fraîche et optimiste, un peu grivoise, dans l'air du temps comme les blogs BD tendance Pénélope Bagieu et Margaux Mottin.
« Larguée », Fluide G., 12 €


jeudi 4 octobre 2012

Billet - Les geonpis sont vénères


Internet sert de caisse de résonance depuis quelques jours à ce qui ressemble fort à une révolte patronale française. En cause le projet de loi de finances 2013. Il taxera lourdement le capital des entreprises, notamment celles du net (prélèvement de 60 % des plus-values de cession des entreprises). Ce « mouvement de défense des entrepreneurs français » a ironiquement pris pour nom « les Pigeons ».

Sur leur page Facebook, un pigeon en colère proclame « We are pigeons », slogan directement inspiré du révolutionnaire « We are legion » des hackers d'Anonymous. Sur Twitter, cela donne le mot-clé #geonpi parce que les patrons savent aussi parler verlan sur la toile. En moins d'une semaine, le phénomène a littéralement explosé : 43 000 fans sur Facebook ce jeudi. Un chiffre en constante progression car dans ces « pigeons » se trouvent également l'armada d'auto-entrepreneurs dont les charges sociales vont fortement augmenter.
Les « geonpis » se démènent sur internet. Anonymes, non affiliés à un syndicat ou un parti politique, ils multiplient les initiatives, relancent les rédactions et sont de plus en plus cités par les spécialistes économiques.
On est quand même encore loin d'une révolte populaire. La parfaite maîtrise de la forme, comme une campagne publicitaire millimétrée, incite davantage à penser aux efforts d'un lobby de nantis qui refuse de céder la moindre part de son gros gâteau numérique.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

Billet - Recherche en paternité



L'information a tourné en boucle mardi sur tous les sites internet. Si bien que pour certains c'est « la fin d'un des plus grands mystères de ce siècle : on sait qui est le père de l'enfant de Rachida Dati. »



A l'origine un article du Point affirme que l'ancien Garde des Sceaux « a assigné Dominique Desseigne, le P-DG du groupe de casinos et hôtels Lucien Barrière, devant un tribunal civil hors de Paris pour reconnaissance de paternité ». Information immédiatement démentie par la maire UMP du VIIe arrondissement de Paris. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, elle demande, une nouvelle fois, que « l'on respecte ma famille et particulièrement la santé de ma fille souvent perturbée par ce type d'agissements. »
Ce nouveau rebondissement de la « peopolisation » de la vie politique française atteint une ampleur démesurée sur internet. Tous les sites accordent une importance énorme à ce genre de nouvelles car elles assurent de fortes audiences. Il est fini le temps où la politique se suffisait à elle-même.
Le meilleur exemple en est Roselyne Bachelot. Cette ministre emblématique de tous les gouvernements Fillon, se reconvertit comme chroniqueuse à la télévision. Lors de la présentation de l'émission (dès lundi sur D8, la chaîne customisée par Canal+), elle a volé la vedette à la présentatrice Laurence Ferrari. Et ce n'est pas un hasard si l'autre chroniqueuse mise en avant est Audrey Pulvar... compagne de ministre. Pour une fois je vais être nostalgique : rendez-nous Simone Veil !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 3 octobre 2012

Billet - Patrick Montel, voyant sportif

Sur Twitter, question tête de turc, pas de jaloux, c'est chacun son tour. Il y a quelques mois, Nelson Monfort était raillé pour une histoire de cassettes vidéo jetées aux ordures. Aujourd'hui, c'est Patrick Montel (le propriétaire des cassettes) qui se trouve la risée de la toile.
Le match de handball présumé truqué, Patrick Montel était au courant. Sur son blog (déjà sollicité pour dénoncer le scandale des cassettes...) il publie le 26 septembre un billet rédigé... le 17 mai. Il y raconte comment « un colosse, joueur cadre de l'équipe de Montpellier de handball » et sa compagne, une « blonde au physique de mannequin, animatrice sur la TNT » avaient misé 4500 euros sur le club de Cesson.
Donc, Patrick Montel savait, mais il s'est tu. Dans la zone commentaires, les internautes lui reprochent de ne pas avoir dévoilé l'information plus tôt. Le journaliste joue le jeu et répond aux critiques. Il nie tout lien avec le fait que sa chaîne diffusait les Jeux de Londres.
N'empêche, c'est à nouveau sur Twitter que l'on rit le plus. Sous le mot clé #MontelFacts, le jeu consiste à imaginer ce qu'il sait mais n'a pas encore révélé. « Patrick Montel sait qui est arrivé en premier entre la poule et l’œuf », « Les attaques du 11 septembre ? Patrick Montel le savait le 11 juin ! » ou « Patrick Montel vient de recevoir l'iPhone 6. » Dernier hommage, la comparaison avec une autre vedette de Twitter : « Patrick Montel sait comment tuer Chuck Norris. » On attend avec impatience la prochaine note de Patrick, voyant extralucide.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mardi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 2 octobre 2012

Billet - Lady Gaga est en formes, les top-models un peu moins...


Je voulais éviter le sujet mais impossible de faire l'impasse. Tout le monde en a parlé la semaine dernière sur internet, a donné son avis, évalué l'importance des révélations, élaboré des conjonctures sur l'évolution... Lady Gaga a grossi. 11 kilos de plus. De trop ? La preuve en images : la diva givrée s'est photographiée en sous-vêtements jaunes et a posté les clichés sur Twitter. Effet assuré avec 29 millions d'abonnés.

Quand la famille royale s'offusque d'une photo volée, la Lady préférée des jeunes excentriques s'exhibe en toute sérénité. Les réactions vont de « Horreur, elle est grosse ! » à « Que ces formes sont sensuelles ! » Lady Gaga, toujours mise en concurrence avec la sculpturale et sportive Madonna, est désormais classée dans la case Adele, quelques octaves en moins.
Cette prise d'embonpoint serait à mettre au crédit du restaurant italien ouvert par son père. Pizza, pasta : Gaga en raffole. Derrière cette opération marketing, il y a cependant du fond. Lady Gaga affirme avoir cessé de se tourmenter à propos de son poids. Elle s'accepte comme elle est, rondeurs et imperfections comprises. Une démarche courageuse alors que les défilés de mode battent leur plein. Malgré les belles déclarations d'intention des créateurs contre l'anorexie, la maigreur des mannequins fait peur. Comprendront-ils un jour que ces grands échalas tout en os et tête d'enterrement ne mettent pas en valeur leurs créations ? Certes, Lady Gaga a des goûts vestimentaires douteux, mais au moins elle est agréable à regarder.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 1 octobre 2012

BD - Cases sanglantes dans "Le tueur aux mangas" de Yann et Lamquet


Zoé, une adolescente découvre un cadavre dans un parc à Bruxelles. Les restes d'un cadavre exactement. Jambes, bras et tête ont été sectionnés, il ne reste que le tronc. Elle prend des photos et s'enfuit. Zoé fait partie d'un club de détectives juniors. Avec ses camarades elle va se lancer sur les traces du tueur. Ils découvrent sur les photos qu'un message en japonais, sur un sparadrap, est collé sur le mort. Il est fait référence à Kroko, le personnage d'un manga. La police aussi a trouvé cet indice et part à la chasse au tueur aux mangas. 

Le scénario, signé Yann, est inspiré de faits réels. Une série de crimes ayant bouleversé Bruxelles. Il fait se rencontrer dans la première partie de cette histoire, deux mondes antagonistes : les mangas et la capitale de la BD franco-belge. Ses ados, modernes et sympas, renouvellent le genre de la BD de bande (de la Ribambelle à la Patrouille des Castors). 
Au dessin, Lamquet abandonne son genre de prédilection, la SF, pour un univers réaliste et contemporain, aux décors très reconnaissables, de la rue des Sables au Muséum d'histoire naturelle en passant par le bar de la Mort Subite. Une « belgitude » pleine de charme.
« Le tueur aux mangas », Casterman, 12,95 €

dimanche 30 septembre 2012

BD - Zizi a une chauve-souris et deux papas, Trondheim et Bianco



Un jour de tempête, Zizi, petite fille à la tignasse rousse en bataille, se retrouve avec une chauve-souris accrochée aux cheveux. Loin d'avoir peur, elle va cohabiter avec cette bestiole bavarde durant 48 pages soit un peu plus de 130 strips. 
Écrites par Lewis Trondheim, dessinées par Guillaume Bianco, ces histoires oscillent entre magie de l'enfance, fantastique merveilleux et critique de la société contemporaine. Vous passez allègrement de la chasse au Gobeur d'yeux d'enfants (monstre redoutable) à celle du prétendant de la maman de Zizi, mère célibataire en mal d'amour en passant par des cours de Yan Chi, art martial suprême enseigné par une mamie de 75 ans. 
Zizi pose beaucoup de questions, mais il ne faut pas compter pour la chauve-souris pour les réponses. Cette BD allie délire et poésie.

« Zizi chauve-souris » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

Billet - Succès confirmé pour le Festiblog


La BD bouge encore. Pour preuve le succès du Festiblog dont c'est la 8e édition ce week-end à Paris (cour de la mairie du 3e arrondissement). L'idée de ce festival est à mettre à l'actif de Yannick Lejeune. Il constate l'incroyable vitalité des blogs BD, propose aux plus célèbres de participer à une séance de dédicace en pleine rue. Quelques tentes, des auteurs en devenir n'ayant pour la plupart encore rien publié : le pari était risqué. Mais les milliers de visites virtuelles se transforment en milliers de visiteurs, en chair et en os.

Depuis, les pionniers sont devenus des valeurs sûres de la BD. Boulet explose les ventes avec ses « Notes », Laurel enchaîne les projets, Pénélope Bagieu vend des milliers de « Joséphine », Margaux Motin est incontournable dans les magazines féminins. Ces stars ne dédicacent pas au Festiblog de ce week-end. Place aux jeunes : dans le numérique, une génération ne dépasse pas 5 ans... Le festival s'est étoffé. Les partenaires se bousculent car le public est au rendez-vous.
Mais comme partout, les réussites font office d'arbre qui cache la forêt. La simplicité de mise en œuvre d'un blog BD ne garantit pas la qualité. Et Bastien Vivès, le premier, a osé une BD critique sur le phénomène. « La Blogosphère » chez Delcourt se moque de ces gribouilleurs tentés de reproduire les recettes des plus originaux. Une sorte de consécration pour un phénomène de mode de plus en plus concurrencé par les réseaux sociaux.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

samedi 29 septembre 2012

Billet - Les AFOL, adultes fans de Lego®, ont leur bible

AFOL comme « Adult fan of Lego® ». Ils sont de plus en nombreux dans le monde ces hommes et ces femmes incapables de délaisser les petites briques colorées de leur enfance. Totalement accros à ces jouets, ils bâtissent de véritables chefs-d’œuvre avec les milliers de pièces accumulées dans leur jeunesse. Et se retrouvent sur le net ou dans des clubs.
Ces passionnés disposent désormais d'une « bible », un superbe ouvrage sorti en librairie ce jeudi. «Culture Lego® », aux éditions Muttpop (29,90 €) propose sur 300 pages l'analyse de ce phénomène. De la création de l'entreprise au Danemark aux usages robotiques, le tour d'horizon est large et exhaustif. Vous aurez même droit aux premiers plans de la brique, ses dimensions et son secret pour permettre de s'emboîter aisément. Le chapitre des records est impressionnant. La tour la plus haute culmine à 31 mètres et la statue de Sitting Bull est la plus grande : 7,6 mètres de haut et 1,5 million de briques. Le succès de Lego® est dû aussi à son côté indémodable et évolutif. Et le jeu est passé dans la culture populaire. Il est la vedette de bandes dessinées, de films d'animation, permet de recréer des tableaux de maîtres ou des scènes de films cultes.
Sur Internet, les groupes de discussion se multiplient, des logiciels facilitent la construction. Des robots en Lego® fonctionnent, il existe même une imprimante 3D. Ce beau livre, richement illustré, vous donnera l'envie de replonger dans votre caisse de briques ou sera le cadeau parfait pour l'AFOL qui s'ignore.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi.


vendredi 28 septembre 2012

Roman - L'amour vagabond par Robert Goolrick

Formidable roman d'amour et tragédie tout à la fois, « Arrive un vagabond » de Robert Goolrick confirme le génie d'un auteur essentiel.

Brownsburg, Virginie. Une petite ville américaine tranquille. Charlie Beale débarque en plein été 1948 au volant de son pick-up. Il bivouaque durant près d'une semaine sur un terrain ombragé au bord d'une rivière. C'est un vagabond. Il erre de ville en ville depuis son retour de la guerre. A la recherche de l'endroit où il pourrait enfin se sentir chez lui. Ces quelques jours passés à la belle étoile sont comme un déclic. Charlie a deux valises avec lui. Une pour ses habits, l'autre remplie de billets. Vagabond mais pas pauvre. Il achète le terrain et décide de rester.
Reste maintenant à se faire accepter par les habitants de la ville. Première étape trouver du boulot. Charlie est boucher, un bon boucher même. Il se rend donc à la seule enseigne de la ville et demande du travail. Il propose de faire un essai gratuitement pour être jugé sur ses compétences. Essai concluant. Charlie, en quelques semaines, passe de vagabond à ouvrier émérite, agréable avec la clientèle.

L'ami de Sam
Sa bonne humeur, sa gentillesse lui permettent de s'intégrer. D'autant que son plus grand fan est Sam, un garçonnet de 5 ans, le fils du boucher. Sam passe quasiment tout son temps libre avec lui.
La vie semble simple, heureuse, à Brownsburg. Mais Robert Goolrick est un écrivain virtuose pour décrire, petit à petit, par minuscules touches, le côté sombre des choses. Tout en présentant Charlie, il dresse le portrait de la ville, de ses habitants. En façade cela semble être l'harmonie. En réalité le poids de la religion, de la ségrégation raciale et des différences entre riches et pauvres provoquent des tensions. Charlie s'en accommode, achète une petite maison. Mais il reste célibataire malgré les efforts d'entremetteuse de la femme du boucher et les œillades de quelques clientes.
La vie de Charlie prend un tout autre tour quand il croise Sylvan Glass. Dans une ville très conventionnelle, cette blonde semble sortie d'un film hollywoodien. Belle, presque surnaturelle, perdue dans ses pensées, Sylvan est la femme du plus gros propriétaire terrien de la région.

Étincelle du coup de foudre
A la seconde rencontre, ils se serrent la main. « Sylvan se tourna vers Charlie, retira ses lunettes de soleil de sorte que ses yeux verts étincelèrent au soleil, puis elle lui prit la main, sans un mot. Mais à la manière qu'il eut de laisser les doigts suspendus dans l'air un instant, là où ils avaient rencontré ceux de Sylvan, il était évident que quelque chose s'était passé entre eux, une reconnaissance puissante et immédiate. Si l'on avait été en hiver, il y aurait sans doute eu une étincelle d'électricité statique, un signe visible, mais c'était l'été. Il s'était dit quelque chose, et elle était la seule à savoir quoi. » Un coup de foudre. Réciproque. Mais un amour impossible.
Sylvan, encore mineure, a été littéralement achetée par son mari. Fille de fermiers très pauvres, elle s'est engagée à ne jamais fuir le domicile conjugal au moment de la vente. Alors Charlie et Sylvan vont s'éviter. Puis l'attirance trop forte les poussera dans les bras l'un de l'autre. Des rendez-vous secrets, avec cependant un témoin, le petit Sam. L'enfant devient la pierre angulaire de l'histoire, l'élément déclencheur de la tragédie.
Toute la force de ce roman réside dans cette vision de l'histoire par les yeux d'un enfant de 5 ans. Peut-il comprendre l'interdit ? Que ce que fait son meilleur ami est un péché ? Richard Goolrick reprend un de ses thèmes de « Féroces », son premier roman : la parole d'un enfant face aux secrets des adultes. Ce roman est moins dur que le précédent, à l'écriture plus fluide, parfois poétique. Mais au final on ne ressort pas indemne d'un roman de Robert Goolrick, sa plume a le tranchant et la précision d'un scalpel.

« Arrive un vagabond » de Richard Goolrick, Anne Carrière, 21,50 €