vendredi 23 octobre 2009

Thriller - Le train de notre avenir


Cela a tout l'air d'être l'antichambre du paradis. Petites maisons coquettes, golf verdoyant, piscines olympiques, larges allées ombragées ; des maisons de retraite de ce standing tout le monde en rêve. Clifford Estates a un seul inconvénient : être implantée aux confins de la Chine et de la Mongolie. Pas moins d'une semaine de trajet en train pour rejoindre cet îlot de verdure et de fraîcheur après les contrées désertiques du Gobi.

Dans ce futur très proche décrit par Jean-Michel Truong (une petite vingtaine d’années), les retraités n'ont plus leur place dans la société occidentale. Plus de logement pour les accueillir ni de ressources pour subvenir à leurs besoins. Les gouvernements européens ont lancé une vaste opération de délocalisation du 3e âge. Tout retraité aura droit à une place dans une maison de retraite… mais en Chine, coût de la vie oblige.

Des sociétés se sont créées de toutes pièces, alliance d'assureurs, d'entreprises du bâtiment et des loisirs, pour répondre aux appels d'offres. Des concessions ont été attribuées en échange d'une somme forfaitaire par retraité. Cet avenir peu reluisant, le lecteur le découvre progressivement, au fil des kilomètres avalés par le train qui conduit plusieurs centaines de retraités de France en Chine. On suit plus particulièrement Jonathan, un ancien médecin, qui connaît bien la Chine pour y avoir vécu durant quelques années. Sa prestance et son amabilité lui permettent de devenir le confident de ces exilés volontaires. Un banquier pratiquement ruiné, un informaticien dépassé par les nouveautés, des spéculateurs sur la paille et autre vieillard laissé pour compte dans cette société qui n'en a que pour la jeunesse.

Et certains dans le train se posent des questions sur la rentabilité de Clifford Estates. Ils se demandent notamment comment cette entreprise peut devenir rentable alors que sans cesse l'espérance de vie s'allonge et que par conséquent, mathématiquement, les coûts augmentent. Ils s'interrogent, complotent, tentent de se renseigner… et meurent mystérieusement entre Moscou et Oulan-Bator. Ce paradis semble trop beau pour être vrai.

Un des amis de Jonathan, ponte du Parti au pouvoir, tempête contre la trop grande efficacité de la médecine : « Nous nous trouvons dans la situation d'une espèce sans prédateurs, de chiens de prairie sans faucons, de lapins de garenne sans renards : ses effectifs croissent bien au-delà de ce que son environnement est en mesure de supporter. »

Et le final du roman ne devrait pas rassurer le quadra qui pourrait se reconnaître dans les passagers (marchandise) de cet "Eternity Express".

« Eternity Express » de Jean-Michel Truong, Albin Michel, 19,50 € (également disponible chez Pocket)

jeudi 22 octobre 2009

BD - Les dragons et l'enfant en pleines "Ténèbres"


Attention les yeux ! Dans la catégorie « dessinateurs réalistes qui passent plus d'une semaine sur une case pour y glisser des milliers de détails » Iko, virtuose italien, en impose. Immédiatement, en découvrant ses planches remplies de soldats en armes, châteaux médiévaux et dragons ailés, on pense à Jean-Claude Gal, le dessinateur de Arn et des Armées du Conquérant. 

Un éblouissement côté dessin amplifié par l'histoire signée Christophe Bec. Dans ce monde d'héroïc-fantasy, le cours de l'histoire est modifié quand une pluie de feu s'abat sur le pays. De ces incendies sortent des monstres maléfiques, crachant le feu, détruisant tout sur leur passage. Le roi se réfugie dans un puissant château, mais ce n'est que retarder l'échéance. 

Seul espoir, une prophétie qui affirme : « Un seul viendra par siècle, dans une armure de glace, tenant dans ses mains vengeresses notre salut ». Le sauveur de pourrait être Ioen, un enfant de paysans aux pouvoirs extraordinaires. La légende des « Ténèbres » s'annonce passionnante.

« Ténèbres » (tome 1), Soleil, 12,90 € 

mercredi 21 octobre 2009

BD - "Les larmes de sang", 6e titre de la série gothique "Les démons d'Alexia"


Couverture très gothique et inquiétante pour ce 6e tome de la série ésotérique « Les démons d'Alexia ». La jeune héroïne, mi sorcière, mi exorciste, se recueille devant un cercueil. Pour clore ce second cycle, les auteurs ont décidé de « sacrifier » un des personnages secondaires. 

C'est Paolo Capaldi, le médium du CRPS (Centre de recherche des phénomènes surnaturels), qui le prédit au cours d'une réunion plénière de l'organisme : « Avant la fin de l'ultimatum, l'un d'entre nous sera mort ». L'ultimatum c'est celui lancé par les instances gouvernementales qui n'apprécient pas le déchaînement des manifestations occultes. Si rien n'est fait par Alexia, directrice du CRPS, l'armée entrera en action... 

Une course contre la montre s'engage, avec en plus pour Alexia l'obligation de veiller nuit et jour sur Gabriel, l'ange déchu que la sorcière Sarah Perkins désire assassiner. 

Entre traîtrise, choix difficiles et coups de théâtre, ces 48 pages de Ers et Dugomier fourmillent de trouvailles et de surprises. Une série qui semble s'être imposée, surfant sur la vague gothique et magicienne qui passionne les adolescents actuels.

« Les démons d'Alexia » (tome 6), Dupuis, 9,45 € 

mardi 20 octobre 2009

BD - Surprenante planète Altaïr-3 des "Terres lointaines" de Léo et Icar


De plus en plus passionnante l'exploration de la planète Altaïr-3. Il est vrai que cette civilisation extraterrestre est tout droit sortie de l'imagination de Léo, le créateur des mondes d'Aldebarran. Cette fois il se contente du scénario laissant le dessin à Icar. Ce dessinateur français a donc la lourde charge de donner une image à ces bêtes fabuleuses, ailées, massives, dentées, agressives et toujours surprenantes. 

C'est le principal intérêt de cette série dont les héros n'ont pas encore réussi à s'imposer. Il est vrai qu'en étant humains ils paraissent parfois très fades. Seul le stepanerk, sorte de crevette géante aux incroyables pouvoirs de persuasion sort du lot dans la petite équipe chargée d'explorer une planète encore sauvage. On suit dans un premier temps la découverte de ruines puis le travail de Paul Clauden chargé de cueillir les perles de vie. 

Un voyage merveilleux s'offre à tous ceux qui acceptent de s'immerger dans l'univers de Léo. Ils sont de plus en plus nombreux car force est de reconnaître que notre monde, quasiment privé de territoires vierges, ne nous fait plus rêver...

« Terres lointaines » (tome 2), Dargaud, 10,40 €  

lundi 19 octobre 2009

"La promesse du feu", thriller brûlant sur les hauteurs de l'Hérault

Dans la garrigue sèche héraultaise, les flammes dévorent tout sur leur passage. Pompiers et incendiaires s'affrontent dans la « Promesse du feu ».


A proximité du Lac du Salagou, sur les hauteurs du département de l'Hérault, le premier feu de la saison met pompiers et pilotes de Canadair en alerte. Cet incendie, qui rapidement prend de l'importance, a débuté par l'accident puis la combustion d'un 4X4. A son bord Baptiste Legendre, garde forestier. Dès les premières pages de ce thriller français signé Mikaël Ollivier, seul le lecteur sait que Legendre, mort dans sa voiture, a en fait été assassiné. Drogué, attaché à son volant, il a assisté à sa propre mort, dévoré par les flammes issues de l'essence de ses tronçonneuses renversée dans sa voiture par son meurtrier.

Un foyer qui va vite s'étendre aux alentours. Entre alors en action Târiq Amraoui, ancien de l'armée de l'air, reconverti dans la sécurité civile, pilote de Canadair 38. Ce fils d'immigré, issu des cités de la région parisienne, a découvert l'aviation en scrutant les gros porteurs rasant le toit de son immeuble. Il a beaucoup travaillé pour accéder à son rêve. Pour lui et sa mère, morte alors qu'il venait de réussir son bac avec mention.

Fascination du feu

Après des années à piloter des Mirage, il a refusé la reconversion lucrative de l'aviation d'affaires pour continuer le combat, dans le civil, contre le feu cette fois. Dans la fournaise, se trouve également Tiffany Roche, ancienne petite amie de Legendre, photographe. Armée de ses deux appareils, un Leica argentique et un Nikon numérique, elle veut capter la violence du feu au plus près. Au risque d'y laisser sa chevelure rousse.

Ces cinquante première pages permettent à l'auteur de décrire avec un étonnante précision la fascination de la photographe pour cet incendie de forêt progressant à la vitesse d'un cheval au galop : « La forêt se tordait, impuissante, soumise à la langue fauve de l'incendie qui s'immisçait au creux des racines et s'étirait jusqu'à lécher la cime des arbres qu'elle nettoyait comme des os. L'air crépitait, claquait, craquait, gémissait sous l'avancée du sinistre aux ronflements de forge. » Vu du ciel, du cockpit de Târiq, le spectacle aussi vaut le détour : « La fournaise était en vue. La limite mouvante de l'incendie mangeait la cime des arbres, des flammes gigantesques jaillissaient et disparaissaient au gré des bourrasques de vent. »

Jeune gendarme persévérant

Une fois l'incendie éteint, les avions rentrés à la base et Tiffany à l'abri, place à l'enquête. Elle sera menée par Damien Le Guen, gendarme scientifique, exactement technicien d'identification criminelle. Il fera les premières constatations sur le cadavre calciné de Legendre. L'hypothèse de l'accident semble la plus plausible. Mais c'est la première enquête en solo de Le Guen et il va explorer toutes les pistes. Celle de la petite amie, des pompiers présents sur l'incendie, à terre et dans le ciel. Aidé de sa mère, retraitée passionnée par les romans policiers, il va tenter de découvrir la vérité.

On croit alors entrer dans un roman policier plus classique mais Mikaël Ollivier va prendre ses lecteurs à revers, laissant passer du temps et orientant son texte vers un récit plus psychologique. On découvrira ainsi les névroses de Tiffany, la solitude de Damien et l'esprit de revanche de Târiq. Un trio au centre du roman qui reprendra son cours plus tragique l'été suivant pour un nouvel incendie, le dernier d'une longue série.

« La promesse du feu », Mikaël Ollivier, Albin Michel, 19,90 € 

dimanche 18 octobre 2009

BD - "Boulevard des crimes", sixième titre des aventures de l'Agence Hardy


Paris 1959. La Ve république est encore balbutiante et déjà, dans l'ombre, des factieux tentent de renverser celui qui a voulu cette grande réforme des institutions françaises : le général de Gaulle. Edith Hardy, détective privée mais également républicaine, va aider les services secrets français pour faire capoter ce projet d'attentat. 
Mais ce n'est qu'une des multiples intrigues proposées dans le 6e tome des aventures de l'Agence Hardy, imaginées par Pierre Christin et dessinées par Annie Goetzinger. Si la patronne s'occupe des hautes sphères, Victor, son jeune assistant enquête dans le milieu du spectacle. Par deux fois, un acteur est abattu sur scène au final d'une pièce de l'auteur Jehan Lanouilh. 
Victor va donc prendre le rôle du jeune premier et flirter avec la vedette, Thelma, au grand désespoir de sa fiancée, Rosa, journaliste à Combat. 
Cette série, débutée comme une simple suite d'intrigues parisiennes, se transforme au fil des albums en une reconstitution brillante et criante de vérité de la France du milieu du XXe siècle, avec personnages attachants, ressort comique ou tragique en fonction des événements.

« Agence Hardy » (tome 6), Dargaud, 10,40 € 

samedi 17 octobre 2009

BD - Bienvenue à Sable Noir, deux fois...


"Vampyres Sable Noir" est un vaste projet autour de l'univers des vampires à travers trois modes d'expression : la littérature, le cinéma et la bande dessinée. A la base, six écrivains ont fourni des nouvelles à partir du pitch suivant : « Dans le village de Sable Noir, la malédiction s'abat le 3 novembre... » Ensuite, des cinéastes s'emparent de ces écrits pour les adapter à l'écran pour la chaîne Ciné Cinéma Frisson. Tr

oisième étage de la fusée, cette année, des duos scénaristes-dessinateurs proposent leur propre vision. Cela donne deux gros albums contenant chacun trois récits de 25 pages. Et pas mal de surprises car les talents sont au rendez-vous : des textes originaux de Thierry Jonquet, Ann Scott, Brigitte Aubert ou Pierre Pelot, des adaptations d'Alcante, Krassinsky, Filippi ou Ricard sans oublier les dessinateurs (par ordre d'entrée en scène), Laumond, Redolfi, Lieber, Matteo, March et Durand.

Du contemporain à l'ancien, du romantique au gothique, vous aurez du vampire à toutes les sauces. Avec cependant une constante : la couleur rouge du principal ingrédient.

« Vampyres » (tomes 1 & 2), Dupuis, 16 € 

vendredi 16 octobre 2009

BD - Hervé Bourhis, écolo à vélo


Et si la crise écologique qui nous pend au bout du nez était plus proche qu'on ne le croit ? Les pessimistes parlent d'une dizaine d'années, les optimiste un bon siècle. Et si c'était l'année prochaine ? C'est le postulat de départ de cette BD de Hervé Bourhis. 

Le héros, dessinateur de BD insouciant travaillant sans grand entrain à un projet ésotérique, met de longues semaines à prendre conscience de la réalité, notamment quand son éditeur lui avoue que la boite a fermé, que plus personne n'achète de BD, objet superflu par excellence. Sont beaucoup plus prisés les légumes frais, le kilo de tomates affichant un incroyable 50 euros... Passé le choc, le narrateur trouve une solution en devenant vélotaxi (il n'y a plus d'essence). 

Cela fait de belles fesses, de beaux mollets et un peu d'argent. Mais le must ce serait de faire son potager sur la terrasse. Reste à apprendre à faire pousser légumes et fruits.

 Demander à son père serait la meilleure solution. Encore faut-il se réconcilier avec lui et franchir les 400 kilomètres qui séparent Bordeaux de Tours. Une BD visionnaire, entre noir pessimisme et vert optimisme...

« La main verte », Futuropolis, 15 € 

jeudi 15 octobre 2009

Roman - La fête des juges dans "Parquet flottant" de Samuel Corto

Portrait au vitriol d'une partie de la magistrature, ce « Parquet flottant » basé sur une expérience réelle est édifiant et un peu inquiétant.


Qui ne craint pas la justice ? Et notamment le parquet, ces juges qui accusent, demandent réparation. Samuel Corto (il s'agit d'un pseudonyme) a décidé de transformer son expérience de substitut du procureur en un roman acidulé. L'homme, qui se revendique aujourd'hui écrivain à temps complet, a débuté de l'autre côté des prétoires. Avocat, il a perdu de ses convictions au fil des années et des affaires. Il tente une reconversion dans le camp de l'adversaire : juge au parquet.

Le roman débute donc par l'arrivée d'Etienne Lanos, en plein été, dans ce petit tribunal de province. La justice, il connaît. Le parquet, il découvre. Et de détailler par le menu ce petit monde, imbu de sa personne, fonctionnaire jusqu'au bout des ongles, respectueux de la hiérarchie et prêt à tout pour plaire à son chef. Le roi, c'est le président. Vient ensuite le procureur. Etienne a le défaut de ne pas jouer le jeu. N'étant pas passé par le moule de l'Ecole nationale de la Magistrature, il ne pense pas comme ses collègues. Ou du moins, lui, il pense, comprend ce qu'il fait, quelles sont les conséquences de ses décisions.

Il explique ainsi que toute ouverture de dossier doit déboucher sur, au minimum, une mise en examen. La garde à vue, cela fait mieux dans le dossier pour l'avancement. Mais attention, le pire c'est la relaxe au moment du procès. Mais il y a peu de risque : même si leur fonction est tout autre, les juges du siège rendant les décisions sont souvent amis et solidaires de ceux rattachés au Parquet. Magouille ? Non, simplement de la bonne intelligence entre amis et connaissances. Une connivence visible dès le cérémonial. « Précédés d'une sonnette d'un autre temps, nous étions entrés en rang d'oignons, solennellement et dans un ordre immuable, avant de nous installer derrière nos bureaux-bunkers, empêtrés dans nos panoplies de corbeau, l'air grave. Devant nos allures de comédiens professionnels, n'importe quel esprit raisonnable pourrait croire que ce protocole usé, nous ne ferions que le subir, comme un tribut dû à l'Histoire. Qu'il se détrompe immédiatement : rien n'est plus important que ces privilèges d'autorité visuelle. »

Un peu trop misogyne

Rapidement Etienne va se rebeller contre ce système qui écrase les justiciables. Il va notamment prendre en grippe une collègue femme. C'est aussi la partie la plus criticable du roman, une certaine forme de misogynie semblant justifier toutes ses positions. Valérie, qui « prenait régulièrement fait et cause pour les justiciables de ses dossiers », serait avant tout une féministe se vengeant des hommes. « Le massacre était en piste, ronronnant, légal, conforme à l'esprit du siècle : toutes les plaintes des femmes, même les moins étayées, les plus farfelues, aboutissaient directement devant le tribunal, avec la bénédiction bienveillante de la hiérarchie tout à ses statistiques ministérielles. » Certes la Justice s'est féminisée depuis quelques années. Mais force est de reconnaître qu'il faudra encore pas mal de siècles pour rattraper le déséquilibre qui a frappé le sexe dit faible. Il n'y a pas très longtemps, les femmes soupçonnées de sorcellerie étaient brûlées en place publique alors que les notables, violeurs de soubrettes, ou les prêtres, notoirement pédophiles, étaient donnés en exemple...

Reste que ce roman, si l'on met de côté ces attaques misogynes d'un autre âge, est une plongée dans un monde qui semble avoir oublié l'essentiel de son rôle : juger avec humanité.

« Parquet flottant », Samuel Corto, Denoël, 16 € 

mercredi 14 octobre 2009

BD - De Bois-Maury et la fureur cosaque


La saga des Tours de Bois-Maury achevée, Hermann semblait avoir définitivement détourné ses pinceaux du Moyen Age. Finalement c'est son fils, Yves H., scénariste, qui l'a poussé à prolonger la série en signant des histoires complètes ayant pour personnage central un descendant de la célèbre famille. 

L'occasion par ailleurs d'explorer des contrées et des périodes nouvelles de cette Europe remplie de bruit et de sang. Vassya, titre de ce 14e tome, est le nom d'un chef cosaque. Il s'est associé avec les Polonais pour chasser le tsar Boris Godounov et y placer Dimitri à sa place. 

De la grande histoire racontée à travers les amours d'un jeune hussard et d'une belle autochtone.

« Bois-Maury » (tome 14), Glénat, 9,40 €