samedi 20 juin 2009

BD - Le réveil de Megan dans le tome 5 de WEST


Après deux cycles permettant de bien présenter les membres de WEST (une sorte de police gouvernementale non officielle), les auteurs se lancent dans un nouveau dyptique centré autour du chef, Morton Chapel et de sa fille, Megan. A New York, au début du siècle dernier, Kathryn Lennox tente de faire sortir Megan d'une léthargie de 15 ans. La jeune femme est dans cet état depuis que son père a tué sa mère. Selon Morton Chapel, sa femme était possédée par un démon, Seth. Lennox, psychiatre formée par Freud ne croit pas à cette histoire fantastique. 

Pourtant elle devra revoir sa copie quand Megan va s'enfuir de l'asile où elle était enfermée et semer la terreur en compagnie d'un mystérieux compagnon. 

Dorison et Nury, les scénaristes, semblent décidés à faire radicalement évoluer l'équipe de WEST. Rien ne sera plus jamais comme avant. Seule constante : le dessin de Rossi, léger, précis et faisant de plus en plus appel à la couleur directe.

« WEST » (tome 5), Dargaud, 13,50 €

 

vendredi 19 juin 2009

BD - Soldats et magie dans "Last Bullets de Lelis et Ozanam


Il s'appelle Lelis. On ne sait pas grand chose de ce dessinateur si ce n'est qu'il est Brésilien. Et talentueux. Phénoménal même. Ses trognes en couleurs directes vous explosent au visage comme autant de grenades dégoupillées. Il semble dessiner sans faire de croquis. Cela donne une puissance supplémentaire à ses planches. Pour sa première collaboration en Europe, il a illustré un scénario d'Ozanam dans la collection Kstr. Un choix qui manque de visibilité mais lui donne toute latitude pour dérouler son art sur plus de 110 pages. 

Les trognes, ce sont des soldats confédérés, faits prisonniers puis évadés. Ils trouvent refuge dans le bayou. Ils sont à la recherche d'un trésor. Un immense trésor. Celui amassé par les lutins, elfes et farfadets vivant cachés dans ce monde magique. D'un côté des brutes absolues, de l'autre des êtres féeriques mais plein de malice. Une opposition d'univers magnifiée par Lelis qui devrait très certainement refaire parler de lui.

« Last Bullets », Casterman, 16 € 

jeudi 18 juin 2009

Un thriller français obscur et terrifiant signé Paul-François Husson

Un enfant non voyant appréhende le monde différemment. Les dangers sont omniprésents. Paul-François Husson le raconte dans « Peur aveugle ».


Il a peur du « Monstre-Lumière ». Dans ses pires cauchemars, Mattieu se fait attaquer par cet être imaginaire représentant toutes ses angoisses face à une possible guérison. Mattieu est aveugle, mais pourrait retrouver la vue après une greffe de la cornée. Un gamin d'une dizaine d'années est au centre de ce thriller français très psychologique.

A 18 mois, Mattieu a perdu la vue dans un accident de voiture. Sa mère également. Elle était au volant. Julien, son père, inventeur farfelu, a vu sa vie basculer. Il a retrouvé l'amour, quelques années plus tard, auprès d'Alice, chirurgien qui soigne Mattieu. Alice, elle aussi durement frappée par les aléas de la vie. Encore un accident de la circulation. Elle conduisait. Si elle est sortie indemne de la collision, ce n'est pas le cas de son mari ni de son fils, tous deux décédés. Julien et Alice, deux écorchés vifs, ont trouvé dans leur parcours commun des raisons pour se soutenir, s'aider, s'aimer.

Une fois les personnages présentés, Paul-François Husson déroule son roman qui se déroule en deux jours et deux nuits. Ce sont les vacances. La famille recomposée (il y a également Isabelle, la sœur aînée de Mattieu, adolescente rebelle et protectrice) part faire du camping au bord du Lac Noir. Un lieu essentiel pour Julien. C'est là, 11 ans auparavant, qu'il a conçu Mattieu avec sa première femme. Il est persuadé que dans ce site chargé de symbole, Mattieu va retrouver la vue. Alice l'a opéré quelques mois auparavant. S'il doit redevenir un voyant, c'est maintenant.

Attaque nocturne

Dès les premiers instants, dans la voiture, l'auteur décrit ce climat tendu, où chacun se méfie de l'autre. Julien tient la destination secrète, Mattieu fait de plus en plus de cauchemars, Alice est sur les nerfs à cause de son travail, Isabelle aurait préféré aller à la mer. Les embouteillages ne font que compliquer les choses. Un premier accrochage avec un camping car fait monter la pression. L'énervement se transforme en peur. D'autant que dans les toilettes d'une aire d'autoroute, Mattieu se fait attaquer. Quelqu'un essaie de lui crever les yeux. Il est persuadé qu'il s'agit du Monstre-Lumière qui hante ses nuits. Seul, dans un endroit qu'il ne connait pas, le jeune aveugle est à la merci de son agresseur : « Immobile, l'enfant fit un effort considérable pour ne pas sombrer dans une panique qui l'avait souvent humilié. Courageux, il fit deux pas hésitants, trébucha sur des câbles, resta un instant en suspens, avant de s'étaler de tout son long. » Mais ce n'est que le début de ces deux jours de terreur. Arrivé au Lac Noir, la petite famille découvre un endroit désert et abandonné. Une panne d'essence au bord de la route leur fait passer une nuit éprouvante. Une nuit peuplée de monstres et d'agresseurs imaginaires. Comme si les cauchemars de Mattieu prenaient vie. L'angoisse et la terreur vont s'installer, les véritables personnalités des uns et des autres se révéler.

Un final haletant et plein de surprises boucle ce thriller français porté par le personnage de Mattieu, magnifique portrait d'enfant trouvant des ressources inespérées dans le souvenir de sa mère.

« Peur aveugle », Paul-François Husson, Editions Anne Carrière, 19,50 € 

mercredi 17 juin 2009

BD - Boris Vian intime dans "Piscine Molitor"


50 ans après la mort de Boris Vian, Hervé Bourhis (scénario) et Christian Cailleaux (dessin) retracent en 72 pages passionnantes, la vie et l'œuvre de cet écrivain qui refusait de se laisser enfermer dans un art. Des déboires financiers de ses parents à sa vie brillante et un peu dissolue de ses années de gloire, les auteurs nous font découvrir un homme dévoré par la passion de créer. Parfois au détriment de sa famille : il a rejeté ses enfants, sources de dispersement de son inspiration. 

Une vie entre passion nocturne et ennui du travail de fonctionnaire. Très tôt frappé par une maladie cardiaque, Boris Vian a beaucoup fréquenté la piscine Molitor les derniers mois de son existence. Il était persuadé qu'en restant longtemps en apnée au fond de l'eau, son cœur guérirait...

« Piscine Molitor », Dupuis, 15,50 euros 

mardi 16 juin 2009

BD - Taillefer à la guerre


Plus le temps passe et plus la guerre de 14/18 inspire les scénaristes français de bande dessinée. Après Tardi et Morvan, c'est Xavier Dorison qui propose sa vision de ce grand affrontement. Tout en dénonçant cette immense boucherie, il donne un tour plus fantastique à sa série, « Les Sentinelles », dessinée par Enrique Breccia. 

Quelques savants, s'appuyant sur les progrès de la mécanique, ont greffé à des soldats volontaires des membres d'acier. Reste à trouver une source d'énergie. Ce sera Gabriel Féraud qui mettra au point une pile au radium. 

Il pourra la tester en devenant Taillefer, sorte d'Ironman de l'armée française, très efficace pour enfoncer les lignes allemandes. Les deux premiers tomes paraissent simultanément.

« Les Sentinelles » (tomes 1 et 2), Delcourt, 14,95 euros 

lundi 15 juin 2009

BD -Pèlerinage gitan


Le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer est le plus grand rassemblement des gens du voyage en Europe. Des milliers de Gitans se retrouvent fin mai pour une cérémonie religieuse devenue une véritable attraction touristique pour la région. 

Le reportage dessiné de Kkrist Mirror est pourtant à l'opposé absolu de ces clichés vus et revus. L'auteur a participé à quatre pèlerinages. Il s'est imprégné de cette ambiance, regardant ces hommes et femmes persécutés des siècles durant. Il a retrouvé dans les portraits cette fierté mise en avant dans la préface de Tony Gatlif. 

Une BD très personnelle suivie de plusieurs textes inédits sur le peuple rom, toujours illustrés par cet auteur ayant déjà signé « Tsiganes », toujours chez EP Editions.

« Gitans », Emmanuel Proust Editions, 19,90 euros 

dimanche 14 juin 2009

SF - Fondation, la totale

Les éditions Folio SF proposent, au format poche, les cinq titres du cycle de Fondation d'Isaac Asimov. Un chef-d'oeuvre de la science-fiction.


Dans le Cycle de Fondation (qui a reçu, en 1966, le prix Hugo de « la meilleure série de tous les temps »), Isaac Asimov imagine le futur de l'humanité. Il commence avec l'effondrement d'un empire galactique qui se décompose. Les trois premiers tomes, écrits entre 1951 et 1953, composent le coeur du cycle. Les deux derniers opus ont été rajoutés en 1982 et 1986. Voici les résumés fournbis par l'éditeur des cinq volumes :

FONDATION

En ce début de treizième millénaire, l'Empire n'a jamais été aussi puissant, aussi étendu à travers toute la galaxie. C'est dans sa capitale, Trantor, que l'éminent savant Hari Seldon invente la psychohistoire, une science nouvelle permettant de prédire l'avenir. Grâce à elle, Seldon prévoit l'effondrement de l'Empire d'ici cinq siècles, suivi d'une ère de ténèbres de trente mille ans. Réduire cette période à mille ans est peut-être possible, à condition de mener à terme son projet : la Fondation, chargée de rassembler toutes les connaissances humaines. (416 pages, 5,50 €)

FONDATION ET EMPIRE

Tandis que les crises qui secouent l'Empire redoublent de violence et annoncent son effondrement définitif, la Fondation devient de plus en plus puissante, suscitant naturellement convoitise et visées annexionnistes. C'est alors qu'apparaît un mystérieux et invincible conquérant, surnommé le Mulet, que le plan de Seldon n'avait pas prévu... (432 pages, 6 €)

SECONDE FONDATION

La Fondation est désormais aux mains du Mulet, un mutant imprévisible capable de manipuler les esprits et d'imposer sa volonté à quiconque. Avec ses pouvoirs et les immenses ressources que lui procurent la Fondation, il s'est donné pour objectif d'étendre sa domination aux ultimes vestiges de l'Empire défunt. Mais déjà une nouvelle légende prend forme : il existerait une seconde Fondation, consacrée aux sciences mentales, œuvrant de façon occulte pour garantir l'accomplissement des desseins du légendaire Hari Seldon... (432 pages, 6 €)

FONDATION FOUDROYÉE

Cinq siècles après l'établissement des deux fondations, alors même que la Première Fondation n'a jamais été aussi puissante, un nouveau protagoniste semble entrer en jeu, œuvrant dans l'ombre à l'insu de tous. Peut-être tient-il entre ses mains le devenir de l'humanité tout entière... (640 pages, 7 €)

TERRE ET FONDATION

Tout porte à croire que le légendaire berceau de l'humanité se trouve au cœur d'un vaste plan à l'échelle galactique, destiné à garantir en coulisses la pérennité de la civilisation : une synthèse parfaite entre le matérialisme de la Première Fondation et le mentalisme de la Seconde. (688 pages, 7,60 €)

Ces titres, qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres, sont également proposés dans un élégant coffret à 32,10 euros.

samedi 13 juin 2009

BD - Rubine, aussi belle que Natacha


François Walthéry a la réputation d'être lent. Très lent. Un dessinateur exceptionnellement doué, mais trop pointilleux, méticuleux. Après avoir usé ses fonds de culottes aux studios Peyo, il a volé de ses propres ailes en lançant Natacha : la première héroïne ouvertement sexy tout en étant publiée dans un journal pour la jeunesse. Elle a remporté un beau succès, et c'est pour qu'elle soit plus présente dans les pages de Spirou qu'il a pris des assistants pour dessiner les décors. Mittéï, Laudec, Jidéhem et même Will.

Natacha existe toujours, mais n'est plus la priorité de Walthéry. Il préfère se consacrer aux aventures de Rubine, flic américain à la plastique tout aussi rebondie que Natacha. Mais même là, Walthéry est au service minimum. Normalement, il se contente de dessiner l'héroïne. Mais dans le 11e titre de la série, « Photo de classe », il semble que Di Sano, le nouveau dessinateur, ait tout réalisé. Cela n'enlève rien à l'intérêt de l'album qui bénéficie toujours des scénarios denses et plein de rebondissements de Mythic. La belle Rubine, filmée 24 h/24 par une équipe de télévision pour faire la promotion de la police de Chicago, va enquêter sur une histoire de chantage. Dix ans auparavant, un adolescent est mort noyé dans un lac gelé. Une cassette vidéo prouve qu'il a été poussé par ses camarades. Des élèves devenus adultes, riches, et qui doivent payer pour cette faute de jeunesse. Une intrigue qui se double des agissement machiavéliques d'une riche famille bourgeoise. Ce nouveau cycle verra sa conclusion dans le prochain titre, « Lac Wakanala ».

« Rubine » (tome 11), Le Lombard, 9,45 €


P. S.
Pour les nostalgiques de Natacha, les éditions Dupuis reprennent les aventures de la belle hôtesse de l'air dans des intégrales richement documentées. Le 3e tome, récemment paru, reprend les « Voyages dans le temps » dont les excellents « Instantanées pour Caltech » et « Les machines incertaines ». (Dupuis, 18 €) 

vendredi 12 juin 2009

BD - Le Petit Spirou en best of


Comment bonifier le succès d'une série bien installée ? En proposant des compilations permettant de faire patienter les lecteurs avides de nouveautés. Après avoir testé la formule avec Cédric, les éditions Dupuis récidivent avec Le Petit Spirou, héros culotté du au talent de Tome et Janry. « Le Petit Spirou présente » comptera cinq volumes mettant en vedette cinq personnages-clés de la série. 

Les deux premiers titres viennent de sortir et mettent à l'honneur M. Mégot, les prof de gym et Grand-Papy. Trois autres suivront prochainement, Mademoiselle Chiffre, Vertignasse et les copains puis Suzette et autres amours du Petit Spirou. Ces albums à petit prix (7,50 euros) sont composés d'une trentaines de gags et d'une histoire complète. Dans le premier on retrouvera toute la force comique de M. Mégot, le prof de gym le plus idiot de la planète. 

Des compilations qui offrent en plus la possibilité aux amateurs de dessin de suivre l'évolution du trait de Janry car il y a plus de 15 ans d'écart entre les premiers gags et les récents.

« Le Petit Spirou présente » (tomes 1 & 2), Dupuis, 7,50 € 

jeudi 11 juin 2009

BD - Histoire de bougies


Cela ressemble au cadeau idéal à offrir à un ami pour son anniversaire. Ces albums très marketing, pas toujours très réussis. Mais Jim, sur un sujet qui pourtant s'y prête, a choisi la difficulté. Au lieu d'accumuler les gags et poncifs sur le thème, il débute son album sur une réflexion sur l'âge et le temps qui passe. 

Le héros, Benji, a 29 ans. Pour un jour encore. Demain, il fête ses 30 ans. Une fête qui l'angoisse car pour lui c'est le début de la fin, les prémices de la vieillesse. Ses amis vont organiser une fête surprise, mais il va l'ignorer, passant une soirée déprimante en compagnie de sa voisine, une retraitée fan de « Questions pour un champion ». 

La fête aura finalement lieu, ailleurs, et avec quelqu'un d'autre en vedette, car il n'y a pas que Benji qui prend une bougie de plus en pleine figure chaque année. Une histoire fluide, entre humour, nostalgie et désespoir. Le dessin très gros nez et caricatural augmente les effets. Et cela se termine en happy end. Enfin presque...

« Et paf ! Un an de plus en pleine figure ! », Soleil, 9,95 €