samedi 10 mai 2008

BD - Mercenaire du Christ


Les histoires de quête de reliques sont à la mode. D'une façon générale toute réécriture de l'histoire du Christ semble avoir la côte depuis quelques années. Regain de mysticisme ou suivisme après le succès du Da Vinci Code, il n'y a pas d'explication rationnelle. 

Simplement une mine pour les scénaristes qui semblent tous jouer la surenchère. Cailleteau, repreneur des aventures de Wayne Shelton, héros aux tempes grisonnantes imaginé par Van Hamme, s'engouffre dans la brèche. Il imagine des pouvoirs surnaturels à la lance du soldat romain ayant achevé le Christ. La pointe se retrouve de fait l'enjeu d'une course poursuite entre des nazis nostalgiques et des religieux chargés de maintenir une certaine histoire officielle. Wayne Shelton arrive dans ce pataquès pour secourir un ancien ami, noceur invétérée, devenu moine après une illumination. 

Fusillade dans le Massif Central, reprise des hostilités à Rome pour un combat final à Istambul, cette septième aventure de Wayne Shelton donne l'occasion à Denayer de multiplier les décors et les courses poursuite en voiture, son péché mignon qui faisait tout l'intérêt de sa précédente série, « Al et Brock, les casseurs ».

« Wayne Shelton » (tome 7), Dargaud, 10,40 € 

vendredi 9 mai 2008

BD - Réveil mouvementé pour Carmen


Plongée dans le coma depuis deux ans, Carmen McCallum est pourtant encore très précieuse mais également très dangereuse. Pour preuve le gouvernement britannique l'a plongée dans un cuve expérimentale de produit amniotique pour qu'elle conserve toutes ses facultés physiques. Quand elle se réveille, la jeune femme retrouve vite ses facultés et parvient à s'enfuir de sa prison secrète dans une scène d'action très spectaculaire dans ce Londres des années 40, 2040 plus précisément. Fred Duval, pour cette série racontant les débuts de la belle héroïne, s'est adjoint les services de Didier Cassegrain. 

Ce dessinateur, oeuvrant essentiellement dans le dessin animé, n'a pas son pareil pour dessiner les femmes sous des angles toujours avantageux. La couverture, montrant Carmen, en tenue légère, sur un ponton de Saint-Tropez (ville où de déplace l'action) en est l'exemple même. Jambes sans fin, galbe avantageux, courbes parfaites, regard mystérieux, tout lecteur mâle normalement constitué tombe amoureux de Carmen. Dommage qu'elle soit folle et totalement incontrôlable. 

Moderne et délurée, cette série donne une dimension supplémentaire à cet univers de plus en plus complet.

« Code McCallum » (tome 3), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 8 mai 2008

Polar - La famille Combes prise pour cible

Joseph Combes et sa petite famille sont l'objet d'une vengeance. Danger maximum pour l'ancien gendarme de Villefranche-de-Rouergue.


Mais qui peut en vouloir à Joseph Combes au point de tenter d'écraser avec une voiture sa fille, Clairette ? Si les forces de l'ordre de Villefranche-de-Rouergue, dans leurs premières constatations penchent pour un chauffard, Joseph Combes est persuadé lui qu'il s'agit bien d'une tentative d'assassinat. Pour preuve, il reçoit un coup de fil d'un mystérieux interlocuteur lui affirmant que la prochaine fois sera la bonne. Branle-bas de combat dans la famille qui n'entend pas se laisser faire. Clairette est mise au vert chez sa grand-mère à Bergerac et Joseph remonte la piste jusqu'à Figeac. Ce serait là qu'un groupe de comploteurs aurait mis au point un plan pour discréditer l'ancien gendarme devenu détective privé et redresseur de tort.

Alain Gandy a créé le personnage de Joseph Combes en 1997 et « Le piège se referme » est le 12e titre de la série avec ce héros récurrent qui ne cesse d'évoluer au fil des années.

Ancien militaire

Adjudant-chef en mission dans l'Aveyron au début, il s'est finalement installé dans la région, a quitté l'uniforme et s'est mis à son compte pour créer l'agence Combes et cie, officine de détective privé dans laquelle sa femme, la belle et impétueuse Claire, joue un rôle de plus en plus important. Joseph Combes est le prototype de l'ancien militaire, droit dans ses bottes, ayant le sens de l'honneur et une sainte horreur des injustices. Un peu le portrait d'Alain Gandy qui a été militaire dans une précédente vie. Avant de se lancer dans le roman policier rural et de terroir, il a signé quelques romans de guerre et des documents sur la Légion étrangère et même une biographie du général Salan. Mais depuis une dizaine d'années il se consacre exclusivement à Joseph Combes qu'il prend un malin plaisir à plonger dans des intrigues alambiquées où souvent de sombres personnages aux âmes torturées imaginent le pire.

Toute la tribu

Dans ce nouveau roman, c'est toute la famille qui est menacée. Quelques meurtres plus tard (des comparses du méchant sur le point de le trahir), Joseph Combes parvient à identifier l'instigateur du complot. Une vieille connaissance qui a déjà fait du mal à Claire Combes. Une découverte en pleine nuit qui jette un froid. « Le silence revenu avait l'air plus profond qu'avant ce réveil en fanfare. Il était chargé de drames, habité de personnages figés dans les souvenirs, agressifs, violents, cruels, qui avaient partagé avec Claire et Joseph, onze ans plus tôt, un jeu de passions et de morts subites. Dans le doux éclairage de la lampe de chevet, le ménage Combes de cette nuit se sentait revivre les péripéties les plus tragiques de son histoire commune. »

L'action se déroule à Figeac, Villefranche bien entendu mais également à Bergerac. L'ancien militaire devra aller demander de l'aide à un de ses anciens soldats (un montagnard vietnamien) pour contrer le machiavélique plan visant à détruire sa famille.

On appréciera dans cette série de romans, autonomes mais aux ramifications croisées dignes des meilleurs feuilletons, outre le cadre aveyronnais (et lotois) toujours plaisant, les caractères entiers et malgré tout très humains des différents membres de la tribu Combes. Joseph, le héros, laissant parfois la vedette à la fougueuse Claire, à l'effrontée et insouciante Clairette et au petit dernier, Robert, jeune bachelier à l'enthousiasme contagieux.

« Le piège se referme », Alain Gandy, Presses de la Cité/Balland, 18,50 € 

mercredi 7 mai 2008

BD - Indiens du Sud


Au début du XXe siècle, à l'extrême bout sud de la Patagonie, des colons blancs chassent les indiens. Ils les exterminent, méthodiquement, pour assurer leur sécurité, par plaisir aussi... Ce western dans le vent et le froid permet à Hugues Micol, le dessinateur, de planter des scènes grandioses de batailles d'icebergs ou d'hommes avides de sang.

 L'histoire de David B. cache au gré des pages des personnages mystérieux comme ce romancier, parti loin de chez lui pour le simple plaisir d'avoir envie d'y revenir, ou ces jeunes femmes spirites, qui ne croient plus aux esprits mais à la vengeances des colts dans une lutte des classes naissante. Étonnante, envoûtante, cette BD séduira tous les amateurs de grands espaces et de rêves fous.

« Terre de feu » (tome 1), Futuropolis, 16 euros 

mardi 6 mai 2008

BD - Redoutable lion de cirque


César, lion né en captivité à Vincennes, se verrait bien en fauve féroce, terrorisant les enfants dans le numéro vedette du cirque Astropof. Mais César n'est pas crédible. Sa crinière est peu développée, ses dents pas si affûtées que cela et surtout son regard n'a rien de celui d'un animal sauvage prêt à tuer pour se nourrir. César préfère, et de loin, la purée de carotte. 

Ce héros, imaginé par Daniel Blancou marquera pourtant l'histoire du cirque, mais pour d'autres raison. Un album de 120 pages qui débute sur les obsèques de César, un véritable artiste à la fin de sa vie pleuré par tous ses amis. Une histoire entre humour et tristesse.

« Le roi de la savane », Delcourt, 11,50 euros 

lundi 5 mai 2008

BD - Spirou adolescent par Emile Bravo


En confiant Spirou à divers dessinateurs pour des aventures hors collection, les éditions Dupuis ont pris un gros risque. De dénaturer le héros, lui faire perdre son mystère, son charme. Mais pour l'instant c'est un sans faute qui donne un second souffle à un héros un peu fatigué. 

Et dans la série, la vision d'Emile Bravo de cet univers fera date. Il a imaginé les débuts de Spirou au Moustic Hôtel, sa rencontre avec Fantasio, apprenti journaliste, sa découverte du monde et de la politique. 

En est en 1939 et les Nazis menacent d'envahir la Pologne. Mais comment un héros adolescent pourrait-il empêcher le déclenchement d'une guerre mondiale ?

« Spirou, le journal d'un ingénu", Dupuis, 13 euros 

dimanche 4 mai 2008

BD - A quatre, c'est mieux


Catel, dessinatrice pour la jeunesse, a changé de registre en dessinant l'histoire de Kiki de Montparnasse sur un scénario de Jean-Luc Fromental. Elle reprend un peu cette veine en proposant « Quatuor », recueil de quatre récits mettant des femmes en vedette. Des nouvelles d'auteurs venant de divers horizons. J

acques Gamblin explore la danse, la valse exactement et sa communion entre les deux partenaires, José-Louis Bocquet nous entraîne a 100 à l'heure sur des routes sinueuses au volant de bolides, objets sexuels de plaisir ultime, Thierry Bellefroid raconte de façon détournée comment il est tombé amoureux du dos de la princesse Mathilde, future reine des belges et Pascal Quignard nous emmène dans une vieille histoire d'amour entre un tailleur et une belle brodeuse. Chaque histoire est en bichromie, rouge pour la danse, bleu pour les voitures, verte pour la princesse et jaune pour la brodeuse. L'ensemble, malgré l'impression de disparité est très cohérent. 

J'avoue avoir un faible pour l'histoire de Thierry Bellefroid. Ce journaliste à la RTBF a parfaitement rendu la fascination que l'on a parfois pour des personnages publics et totalement inaccessibles. Une histoire douce amère sur la passion, la fatalité et la résignation. Les illustrations de Catel se mettent au service de ces histoires que la dessinatrice a adapté elle même.

Catel et Jean-Luc Fromental (qui signe la préface) préparent une nouvelle biographie dessinée consacrée à Marie-Olympe de Gouges, l’une des figures marquantes du dix-huitième siècle, intellectuelle ayant beaucoup fait pour l'émancipation des femmes.

« Quatuor », Casterman, 17,95 €



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samedi 3 mai 2008

Roman jeunesse - Dans les coulisses avec Molière

« L’homme qui a séduit le Soleil » de Jean-Côme Noguès plonge les jeunes lecteurs dans le monde du théâtre, le devant de la scène comme les coulisses obscures.


« Si certaines scènes de ce roman semblent si vivantes, c’est qu’il y a beaucoup de vécu dedans.
» Jean-Côme Noguès, l'auteur de « L'homme qui a séduit le Soleil », n’a pas été dans la troupe de Molière. Par contre durant les années 50, il faisait partie de la compagnie Renaud-Barrault. « Le théâtre était une vraie vocation pour moi, se souvient-il. J’ai débuté à Carcassonne avec Henri Gougaud puis j’ai suivi les cours d’Andrée Bauer-Thérond à Paris. Après une expérience avec la troupe du théâtre du Peuple, j’ai rejoint la célèbre compagnie. Mais je n’y ai jamais que porté des hallebardes… » Il a également participé à des tournées à l’étranger, mais à 30 ans, ayant charge de famille et peu d’espoir de faire une réelle carrière, il a préféré retourner dans l’enseignement et s’est mis à écrire pour la jeunesse. Avec le succès que l’on sait, son « Faucon déniché » étant un best-seller depuis plus de 20 ans.

Souvenirs sur les planches

Ce nouveau roman, raconte, en 1661, la découverte par un jeune homme impétueux du milieu du théâtre. La boucle est bouclée. Il aura, avec près d’un demi-siècle d’attente, mis un peu de ses souvenirs dans ce texte, hommage au théâtre, à Molière et aux saltimbanques osant prendre la route pour présenter, de village en village, leurs comédies sources de rires et de détente.

Gabriel, le jeune héros du roman, subsiste dans Paris en donnant la réplique à un comédien dans des improvisations qui font rire les passants sur le Pont-Neuf. Dans la foule, un certain Molière repère ce sacripant si leste de la langue et aux mimiques expressives. Il lui propose de le prendre dans sa troupe. Gabriel se voit déjà, donnant la réplique aux célèbres actrices que sont Armande ou Madeleine Béjart. Mais il sera finalement moucheur de chandelles. Un rôle aussi ingrat que celui de porteur de hallebardes…

Devant le Roi Soleil

Mais en intégrant la compagnie du Palais-Royal, Gabriel va vivre avec cette communauté, bouillonnante, joyeuse et novatrice. Il y apprendra beaucoup et pourra enfin s’extraire de la vie de misère qui lui semblait promise. Il aura ainsi l’occasion de jouer les figurants, devant le roi Soleil en personne, dans une pièce créée par Molière spécialement pour l’inauguration du château de Vaux-le-Vicomte, petite folie de Fouquet, surintendant de Louis XIV, ce dernier y trouvant l’inspiration pour imaginer Versailles.

Ce roman, en plus de faire découvrir les coulisses du théâtre de Molière, apprend beaucoup au lecteur sur quelques épisodes de l’Histoire de France comme l’arrestation de Nicolas Fouquet et la mise en place, par le roi Soleil, d’une monarchie totale de droit divin. Un volet historique encore plus développé à l'avenir car le roman sera réédité, dès cette rentrée, en format livre de poche avec un cahier pédagogique supplémentaire de 40 pages.

« L’homme qui a séduit le Soleil » de Jean-Côme Noguès, Pocket Jeunesse, 16 euros 

vendredi 2 mai 2008

BD - Le cœur battant de New York


Impossible de dissocier l'œuvre de Will Eisner de la ville de New York. Nouvelle preuve avec la réédition dans la collection Contrebande de chez Delcourt de la première partie de cette trilogie newyorkaise parue une première fois en 1985. Ce recueil d'histoires courtes, parfois muettes, sont classées par grand thèmes comme les perrons, postes d'observations privilégiés, les transports en communs, idéaux pour s'imaginer des rencontres follement romantiques, ou la musique des rues, qui va du marteau piqueur aux chanteurs amateurs faisant la manche dans les grandes artères. 

Mais avant tout, il y a les habitants, leurs petits bonheurs ou gros désespoirs. Des hommes et des femmes tentant de survivre dans cette ville qui tout en étant très peuplée, est une fabrique continue de solitude. Des histoires humaines, superbement dessinées, en noir et blanc mais avec des dizaines de nuances de gris, par ce géant de la BD américaine, presque l'inventeur du roman graphique. 

Le second volet paraîtra en juillet prochain et la dernière partie avant la fin de l'année.

« New York trilogie » (tome 1), Delcourt, 14,95 € 

jeudi 1 mai 2008

BD - La France déchirée


« Guerres civiles » est le prototype de la série d'autofiction poussée à son paroxysme. Les trois auteurs de ce projet original, Jean-David Morvan et Sylvain Ricard, scénaristes, et Christophe Gaultier, dessinateur, se mettent en scène dans des conditions extrêmes en tentant de trouver la réponse la plus honnête possible à cette question ; « Quel genre d'homme serions-nous en temps de guerre ? » 

La France est devenue le théâtre de plusieurs guerres civiles entre factions régionalistes. Morvan et Ricard, fuient Paris, aux prises avec des bandes de pillards, pour rejoindre Gaultier, plus au calme dans un petit village de la Drome. Problème, sa maison est dans un secteur où les centrales nucléaires prolifèrent. Une zone ultra sensible où l'armée est particulièrement vigilante et sur les dents. 

Après quelques frayeurs sur l'autoroute, ils arriveront à bon port pour constater que les militaires doivent composer avec un milice locale très vindicative. Intervient alors un fan de BD, connaissant toute l'oeuvre de Morvan, qui pourrait être sympathique s'il n'était pas complètement ignare et surtout armé d'un fusil. Mieux vaut ne pas rater sa dédicace...

« Guerres civiles » (tome 2), Futuropolis, 18 €