vendredi 21 décembre 2007

BD - Cosmik Roger, Jedi de l'absurde

Dans l'espace infini, il y a les héros de légende comme Luke Skywalker ou le capitaine Kirk et les ratés, désespérants de nullité, explorateurs de mondes invivables, dont la tête de file est incontestablement Cosmik Roger. L'astronaute, légèrement porté sur la boisson (ou les champignons hallucinogènes...) cherche désespérément une planète qui pourrait accueillir l'Humanité, sérieusement menacée par une pollution galopante. 

Notre ami Cosmik Roger affronte dans ce 5e titre ses « 12 travaux ». Première astuce de Julien CDM et Mo CDM, il n'y en en fait que 9 dans ces 48 pages hilarantes. 9 histoires complètes bourrées d'extraterrestres gluants, de monstres aux tentacules baladeuses et de mondes improbables. Sans oublier quelques pigeons, sorte de fixation des auteurs qui semblent parfois trouver leur inspiration sur le rebord de leur fenêtre. 

L'avantage avec Mo CDM, le scénariste, c'est que la simple vue d'un pigeon débouche sur une histoire totalement absurde, inclassable et aux effets comiques redoutables. Une série phare de la nouvelle génération de Fluide, plus moderne, sans limite, superbe graphiquement (Julien CDM est le fils d'un certain Jean Solé...) et aux développement infinis.

"Les 12 travaux de Cosmik Roger", Fluide Glacial, 9,95 € 

jeudi 20 décembre 2007

BD - Souvenir d'un petit fakir


Avant de connaître le succès populaire avec Lanfeust, Arleston a signé quelques séries n'ayant pas rencontré leur public. Il avait notamment imaginé les aventures de Tandori, un apprenti fakir indien vivant au XIXe siècle dans un pays imaginaire. Une série éditée par les éditions du Lombard au début des années 90. Cette BD était dessinée par Curd Ridel. Trois titres ont été publiés, puis oubliés. Mais le nom d'Arleston est suffisant maintenant pour attirer un public important, amateur notamment de situations comiques et de jeux de mots tirés par les cheveux. Les éditions Soleil rééditent donc la première aventure de Tandori, en grand format, avec des couleurs pimpantes et déjà tout un petit monde riche en ressort comique. 

Tandori va devoir contrer les méchants Anglais qui tentent de faire passer leur trafic d'opium par le territoire où règne le bon maharajah Lahmuker. Il va ridiculiser les vestes rouges, avec sa magie et la science d'un jeune inventeur français, véritable trouvaille de l'album, Verne, ingénieur de Nantes, aidé dans sa lutte contre la perfide Albion par un marin breton, Kerozen Surcouf. Tandori va également bénéficier de l'aide précieuse de la belle Butterfly, fille d'un marchand d'opium qui rejette le trafic de son père. 

La série a bien vieilli, le dessin est fouillé, précis, et les personnages savoureux. Reste à savoir si Tandori connaîtra des aventures originales après la réédition des deux autres titres existants...

"Tandori", Soleil, 12,90 € 

mercredi 19 décembre 2007

BD - Glaces éternelles et nucléaire


Dans un futur proche, Dakota, un pilote d'avion, monnaye son talent pour détruire des icebergs gigantesques. Un effet du réchauffement climatique. Ces montagnes de glace dérivent dans l'océan et menacent les bateaux. En faisant exploser cette immense montagne éphémère, Dakota découvre un cylindre métallique caché au coeur de la matière. 

Il le récupère à ses risques et périls et le ramène dans une base de l'armée européenne. Mais il considère sa mission terminée dès qu'il constate que le cylindre n'est pas radioactif. Dakota fait la chasse aux déchets issus du nucléaire. 

Une obsession depuis que sa petite fille soit victime, en deux jours, d'un morceau de satellite tombé dans la campagne et qu'elle a pris pour un jouet. L'autre personnage principal de cette série écrite par Pecqueur et dessinée par Kovacevic est une jeune femme, conductrice de trains. Mismy est à la tête d'un convoi de wagons transportant de l'eau, denrée devenue encore plus rare que le pétrole. Un convoi est attaqué par un commando masqué. Dans sa fuite, Mismy découvre une fillette aux pouvoirs étranges. Une même fillette qui était quelques heures plus tôt dans le mystérieux cylindre repêché dans l'océan. 

Superbement dessinée, cette série s'annonce pleine de surprises.

"Arctica", Delcourt, 12,90 € 

mardi 18 décembre 2007

BD - Root, gentille barbare

Toran menait une vie de barbare tout ce qu'il y a de plus normale, fier de ses nombreux fils adeptes de massacres et autres pillages. Un bonheur mis en danger avec l'arrivée du sixième enfant : Root a tout l'air d'être une fille... 

Une petite fille au pays des barbares, un mini concept qui suffit largement à Téhem, le scénariste de cette série, pour aligner les gags, tous plus succulents les uns que les autres. Car Root, loin de se couler dans le moule de ce monde de brutalité et de vigueur l'environnant, est douce, gentille et intelligente. 

Les barbares, peu portés sur la propreté, vont donc légèrement évoluer sous la houlette de cette fillette débrouillarde. Mais certains ne maîtrisent pas parfaitement l'utilisation de la brosse à cheveux à base de hérisson. De même, Root est très attirée par le village des pêcheurs. Des pêcheurs qui ne sont pourtant pour ses frères que des idiots à piller. 

Une série publiée dans Tchô, le magazine de Titeuf, et qui est digne de l'esprit du héros des cours de récréations. Xavier, le dessinateur, a longtemps animé les pages du mensuel avant de lancer Root. Il bénéficie de l'aide de ces champions du rire que sont Téhem, Zep et autres Buche...

"Root", Glénat, 9,40 € 

lundi 17 décembre 2007

BD - Un cas unique ou "Comme tout le monde" ?


Denis Lapière, scénariste prolifique, a signé également l'histoire du film « Comme tout le monde » de Pierre-Paul Renders. De ce scénario original, il en a tiré une adaptation en bande dessinée confiée au dessinateur Rudy Spiessert. 

Dans une ligne claire modernisée, aux angles plus marqués, on découvre le cas de Jalil. Ce jeune homme participe un jeu et répond systématiquement dans la moyenne. Il apparaît comme le prototype du Français moyen. Un cas unique qui intéresse énormément le monde de la publicité et du marketing. Jalil, sans s'en apercevoir, va devenir une référence dans le petit monde des produits nouveaux. 

Mais pour ne pas fausser ses jugements, il ignore tout de son nouveau rôle. Une politique fiction assez noire dans notre monde dominé par les sondages.

« Comme tout le monde », Dupuis, 144 pages, 19,30 € 

dimanche 16 décembre 2007

BD - Tout Alack Sinner en un seul volume


José Munoz a obtenu en janvier dernier le grand prix de la ville d'Angoulême. Il présidera donc le 35e festival qui se déroule du 24 au 27 janvier. Ce dessinateur argentin est essentiellement connu en France pour son personnage d'Alack Sinner (scénario de Sampayo). 

Le premier tome de cette intégrale en noir et blanc arrive à point pour redécouvrir ce maître des ombres. Alack Sinner est un ancien flic new yorkais devenu détective privé. Il doute souvent, est teigneux, parfois découragé, ou déprimé. Il a une vraie vie, n'est plus le héros de papier sans peur et sans reproche. Un choc dans les années 70. 

Trente années plus tard, cette BD est toujours aussi moderne et authentique. (Casterman, 392 pages noir et blanc, 19,95 €) 

samedi 15 décembre 2007

BD - La tétralogie du monstre de Bilal en intégrale luxueuse


Ce gros volume reprend les dernières recherches graphiques et narratives d'un maître du genre : Enki Bilal. Une histoire à trois voix, Nike, Leyla et Amir, comme autant de représentant de cette ancienne Yougoslavie, éclatée, démantelée. Après la trilogie Nikopol, cette nouvelle saga, toujours aussi intellectuelle, encore plus expérimentale côté dessin, prouve définitivement que Bilal a encore quelques chose à dire en bande dessinée et qu'il reste le talentueux précurseur qui lui a assuré une reconnaissance européenne.

(Casterman, 272 pages, 54,95 €)

jeudi 13 décembre 2007

Thriller - L'art de la noyade, sauce anglaise

La famille, ses joies et ses déchirements, sont au centre de ce thriller psychologique anglais d'une experte du genre : Frances Fyfield.


« Une étrange pensée visita Rachel : le risque se précisait qu'elle se retrouve à demi amoureuse de tous les membres de cette fichue famille. »
Rachel Doe, executive woman londonienne, solitaire, ne vivant que pour son travail dans la finance, a vu sa vie basculer quand elle a décidé de s'inscrire à un cours de dessin. Elle est rapidement tombée sous le charme de la modèle du jour, Ivy.

Ivy, l'autre héroïne de ce thriller signé Frances Fyfield. Ancienne droguée, ayant connu les galères de la rue, elle a repris le dessus en enchaînant les ménages, de nuit, dans des sociétés où lieux publics, le salaire de modèle permettant d'améliorer l'ordinaire. Rachel va rapidement demander à Ivy de venir s'installer dans son grand appartement sans vie. Les deux femmes, la trentaine récemment passée, vont retrouver une vie de colocation d'étudiantes, passant des nuits complètes à se raconter leur vie, se confier.

De Londres à la campagne

La vie de Rachel est terne, celle d'Ivy plus tumultueuse. Ivy va vouloir présenter Rachel à ses parents. Grace et Ernest sont fermiers dans les environs de Londres. Bientôt à la retraite, ils vivotent grâce à des chambres d'hôtes. L'élevage de porcs ou de vaches laitières ne permettent plus de payer les frais de l'exploitation. Rachel, au fil des conversations avec le vieux couple, va découvrir le grand drame de la vie d'Ivy dont elle ne parle presque jamais. Ivy a été mariée avec Carl. Ils ont eu une fille et un garçon. Cassy et Sam. Alors qu'elle se baignait dans un lac sur la propriété, sous la surveillance de son père, la petite Cassie se noie. La perte de cet enfant a eu raison du couple et de la raison d'Ivy. Carl part avec Sam et coupe tous les ponts. Les grands-parents sont sans nouvelles de leur petit-fils depuis des années. Ivy a décidé de tirer un trait définitif sur le passé.

Sous le charme du juge

Rachel, face à cette famille déchirée, souffrant de ce deuil, va tenter de recoller les morceaux. Pour faire plaisir aux grands-parents, pour aider Ivy, elle va contacter Carl et lui proposer une rencontre, avec Sam. Ce dernier, devenu un jeune adulte, a tout de sa mère, notamment un pouvoir de séduction extrême. C'est en le rencontrant que Rachel se demande si elle ne va pas tomber amoureuse de toute la famille car, en plus de vivre avec Ivy, elle adore la grand-mère et n'est pas insensible au charme viril et pondéré de Carl, devenu juge.

France Fyfield, avec sa maîtrise habituelle, consacre les 200 premières pages à la description minutieuse des personnages. L'enthousiasme de Rachel, le calme de Carl, la bonhomie de Grace, les mystères d'Ivy. Pour ce qui est du suspense, ce ne sont que quelques pages, flashes hyperviolents semblant sans lien entre eux, faits divers normaux de Londres la surmenée : un homme étranglé dans une ambulance, un fan poignardé dans la foule à la sortie d'un concert... Le lecteur, au fil des chapitres, se prend d'affection pour Rachel et se met à craindre pour son avenir. Naïve, candide, elle ne se doute pas qu'en tombant sous le charme des différents membres de cette famille, elle risque surtout de se retrouver au centre d'une bataille haineuse qui n'a rien perdu de son intensité malgré les années passées.

« L'art de la noyade », Frances Fyfield, Presses de la Cité, 20 € 

mercredi 12 décembre 2007

BD - "Sergent Mastock", le pire des GI's


Les éditions Bamboo sont trop souvent réduites aux séries comiques sur les métiers, Profs, Fonctionnaires et autres Gendarmes. Mais à côté de ce filon, un peu surexploité c'est vrai, d'autres séries humoristiques plus originales tentent de se faire une place. Et certaines valent véritablement le détour comme ce Sergent Mastock du duo Hennebaut Bétaucourt. 
La couverture donne le ton, pastiche d'un comics à la gloire de l'armée américaine. L'action se passe en 1942 dans le Pacifique. Une section a pour mission de libérer des soldats US prisonniers des Japonais. Mais pour atteindre la prison, il faudra traverser toute une île. Une expédition placée sous de mauvais auspices quand les soldats remarquent dans leurs rangs Jim O'Hara, d'origine irlandaise et surtout roux, très roux. 
La poisse va donc durement frapper la section et à l'arrivée, ils ne seront pas très nombreux pour attaquer les Japonais. La caricature est féroce. Les Blancs sont des ploucs idiots et violents, le seul Noir de la section peu différent. Un Indien, Bison Malin, se révélera plus expert en crèmes hydratantes pour le visage qu'en pistage. Sans oublier Jim, Roux, naïf, véritable calamité mais incroyablement chanceux. Un premier tome bidonnant. Reste à réussir à se renouveler pour le second volume...
"Sergent Mastock", Bamboo, 9,45 € 

mardi 11 décembre 2007

BD - Charmante mais communiste


C'est vrai qu'elle est belle Alix Yin Fu, espionne chinoise au service de la triade des Tigresses blanches. Un aristocrate français lui confie « Si toutes tes copines du Parti étaient aussi bien roulées que toi, les communistes auraient une chance... » 

Belle, vierge, incorruptible... Une sacrée héroïne que Conrad anime depuis de longues années. Dans la série les Innommables d'abord, puis dans cette série racontant les jeunes années de la belle espionne Chinoise. Il bénéficie de la complicité de Wilbur pour le scénario. Wilbur qui comme son nom ne le dit pas, est en fait Sophie Commenge, compagne de Conrad, apportant cette touche de plus en plus féminine dans ces aventures où les morts violentes et trahisons sont encore monnaie courante. 

Dans ce quatrième tome, Alix doit infiltrer l'entourage de TV Soong, le financier de Tchang Kaï-chek. Cela devrait permettre aux hommes de Mao de trouver un moyen pour porter un coup fatal aux nationalistes. Conrad semble éprouver de plus en plus de plaisir à dessiner la belle espionne, multipliant les robes moulantes ou échancrées, véritables armes de séduction massive quand elle sont au service d'un tel corps...

"Tigresse blanche" tome 4, une espionne sur le toit, Dargaud, 11 €