vendredi 27 juillet 2007

BD - La plage, les vacanciers et les travailleurs

Période estivale oblige, le second recueil de gags des maîtres nageurs se déroule en grande partie au bord de la la grande Bleue. Juchés sur leur vigie, ils surveillent baigneurs et naïades. Surtout ces dernières, notamment quand elle sont en petit bikini. Et on les comprend quand on voit comment les personnages féminins, sous la plume de Reynès, ont des courbes particulièrement affolantes pour la gent masculine. 

Ce sont donc essentiellement les deux personnages masculins qui jouent les premiers rôles. Pascal, le tombeur de ces dames, toujours à l'affût du bon plan, n'hésitant pas à profiter du prestige de sa fonction pour décrocher un rendez-vous le soir au restaurant. Régis, le stagiaire, a un peu plus de mal. Ce roux n'arrive pas à bronzer. Difficile, dans ces conditions, pour frimer. Plein de bonne volonté, ses trouvailles pour plus d'efficacité sont rarement couronnées de succès. 

Sans grande prétention, cette BD humoristique est idéale pour faire passer le temps à la plage. Histoire de se payer une tranche de rire en comparant situations réelles et imaginaires.

 ("Les maîtres nageurs", Bamboo, 9,45 €) 

jeudi 26 juillet 2007

BD - Aux origines de Malefosse

François Dermaut, dessinateur de talent à l'origine des Chemins de Malefosse avec Daniel Bardet au scénario, a failli abandonner le métier d'illustrateur. Une période noire de sa vie est presque venue à bout de son envie de création. Il s'est remis en cause, a fait un gros travail sur lui-même, raconté en partie dans les remarquables Carnets de Saint-Jacques de Compostelle publiés par Glénat. Depuis, il s'est lentement mais sûrement remis au dessin. 

Il y a deux ans, il s'est lancé, avec Xavier Gelot au scénario, dans la narration de la rencontre des héros récurrents de Malefosse, Gunther et Pritz. Gunther, fils de bonne famille, accusé à tort du meurtre de son père, est obligé de fuir. Il deviendra garde du corps pour un fanatique religieux. C'est à La Rochelle qu'il croisera pour la première fois Pritz... chargé d'assassiner son client. Un premier tome bien rythmé, faisant traverser aux personnages la moitié de l'Europe du temps de Henri IV. 

Un album qui vaut essentiellement pour le dessin de Dermaut. Il a pris beaucoup plus d'ampleur en passant à la couleur directe. Un peu comme Hermann, c'est un véritable peintre qui s'amuse à faire de la BD... ("Malefosse", Glénat, 9,40 €) 

mercredi 25 juillet 2007

BD - Manipulation humaine et génétique

Richard Marazano, avant de se lancer dans l'aventure de la bande dessinée, a suivi des études scientifiques en physique et astrophysique. Une base qui lui a certainement inspiré en grande partie le scénario de cette série très ambitieuse dessinée par Jean-Michel Ponzio. 

Thomas Hale est un petit chercheur comme un autre, spécialiste de la mutation des abeilles dans un laboratoire de la multinationale pharmaceutique Genetiks. Solitaire, il se donne bonne conscience en s'occupant parfois de son père, artiste, se déplaçant en chaise roulante depuis un accident. Mais la carrière de Thomas va évoluer différemment quand le grand patron lui annonce que Genetiks est parvenu à décrypter entièrement le génome d'une cellule humaine. 

Cette cellule souche n'est pas n'importe laquelle. Elle appartient à Thomas. Genetiks considère dès lors que le chercheur est devenu sa propriété. Un changement de statut qui n'est pas sans conséquence pour Thomas Hale. 

Un futur inquiétant, un futur très plausible. Qui nous dit qu'il n'existe pas déjà un Thomas Hale quelque part sur le globe ? ("Genetiks", Futuropolis, 16,50 €) 

mardi 24 juillet 2007

BD - Musique et polar à Barcelone

Raule, le scénariste et Ibanez, le dessinateur, font partie de la vague montante de la BD catalane. La preuve avec le premier tome de Jazz Maynard, polar musical, musclé et saignant. Le héros, Jazz Maynard, a quitté Barcelone il y a une dizaine d'années. Il vit de sa musique à New York. Une fuite plus qu'un nouveau départ car il sentait que dans le quartier mal famé d'El Raval il était sur une très mauvaise pente. 

C'est sa sœur qui a provoqué son retour au pays. Laura, désireuse elle aussi de découvrir l'Amérique, a été victime d'un réseau de traite de blanches. Jazz a retrouvé sa hargne et son punch de jeunesse pour la délivrer. Mais en laissant pas mal de cadavres derrière lui. Résultat, ramenant Laura au bercail, en arrivant à Barcelone, il se retrouve rapidement entre les griffes des gangsters newyorkais bien décidés à se venger. 

La trompette en couverture n'est que peu utilisée par Jazz. Par contre ses poings et son automatique sont très sollicités. Un polar percutant et haletant dessiné, personne ne s'en plaindra, par un spécialiste des belles femmes peu vêtues. ("Jazz Maynard", Dargaud, 13 €) 

lundi 23 juillet 2007

BD - Lapins putrides

La longue dérive du peuple des rats au fil de l'eau se poursuit dans ce 9e album de la série. Ils vont aborder une nouvelle île peuplée de gentils lapinos. Est-ce enfin le terme de cette longue galère ? On peut faire confiance à l'esprit caustique de Ptiluc pour trouver de graves inconvénients à ce bout de terre qui pourrait être un petit paradis. En effet, le premier lapin rencontré à des problèmes de cohésion corporelle.

 En serrant la main d'un rat, il perd son bras. Quelques minutes plus tard, en éternuant, oreilles et yeux se désolidarisent du crâne. Mais cela ne semble pas spécialement l'affecter. Les lapinos, contaminés par un puissant virus, ont muté en cradolapinos, à peu près immortels, mais totalement difformes. L'auteur est allé très loin dans le gore pour bien situer ces monstres à poils. Régime alimentaire abominable, pratiques sexuelles répugnantes, ils sont en plus contagieux. 

Les rats, s'ils veulent sauver leur peau, vont devoir rapidement trouver une solution pour prendre la poudre d'escampette. Série totalement inclassable, Rats porte un regard décalé sur les maux de notre société.

 ("Cradolapino", Les Humanoïdes Associés, 9,45 €) 

dimanche 22 juillet 2007

BD - L'histoire des "Damnés de Nanterre"

Chantal Montellier, autrice complète de BD ayant beaucoup publié dans Métal Hurlant et (A Suivre) durant les années 80, s’était faite un peu plus rare. Pourtant la révoltée aux idées radicales d’extrême-gauche n’en avait pas fini de dénoncer les travers de notre société. Dans les Damnés de Nanterre elle revient en profondeur sur un faits divers qui a défrayé la chronique au milieu des années 90, quand Charles Pasqua était ministre de l’Intérieur. Un braquage raté dans une fourrière dégénère. 

Les deux jeunes idéalistes voulant récupérer des armes de poing prennent un taxi en otage et une course poursuite s’engage en région parisienne. Résultat quatre morts dont deux policiers, le chauffeur de taxi et Audry Maupin, un des agresseurs. L’autre, c’est Florence Rey, devenue en quelques heures le symbole de cette violence aveugle contre les forces de l’ordre. 

Chantal Montellier démonte les incohérences de cette équipée sauvage et surtout met en relief les agissements de plusieurs activistes qui semblent être en fait des indics policiers chargés de provoquer des incidents. Car après la fusillade la répression a été sévère et les crédits pour la police démultipliés… (Denoël Graphic, 20 €) 

samedi 21 juillet 2007

Récit - Philippe Labro s'est relevé

Dans "Tomber sept fois, se relever huit", le célèbre journaliste et écrivain raconte par le menu sa lutte contre une redoutable dépression nerveuse.

Personne n'est à l'abri. La dépression nerveuse, mal du siècle, peut fondre sur le petit employé comme le grand patron. En l'occurrence, Philippe Labro, journaliste, écrivain, cinéaste, homme de média reconnu, admiré, envié et en passe de devenir président de RTL, première radio de France, se retrouve un matin de septembre sous une chape de nuages noirs.

Réveils en sueur la nuit, plus d'appétit, désintérêt de ce qui l'entoure, perte de l'envie de découvrir et de rire : en peu de temps, cet homme qui avait pour habitude de briller en société comme sur les plateaux devient fade, sans esprit, éteint. Plus rien ne l'intéresse si ce n'est les soucis de sa vie quotidienne qu'il trouve de plus en plus insurmontables.

Philippe Labro raconte avec beaucoup de franchise son enfermement volontaire, cette tentation perpétuelle du repli sur soi reconnaissant que « le déprimé est fondamentalement un égoïste, autocentré, il ne s'intéresse qu'à sa maladie, il est incapable de se mettre à la place des autres. Il ne connaît plus l'affection. Il est même amoureux, d'une certaine façon, de sa propre dépression. »

« Il est foutu »

Le grand directeur tente de sauver les apparences. Mais personne n'est dupe dans on entourage. Celui qui avant insufflait une énergie à ses troupes est aujourd'hui totalement démobilisé. La phrase commence se répandre à grande vitesse dans les couloirs de la radio : « Il est foutu ». Certains s'inquiéteront de cette situation, d'autres y verront l'opportunité d'une place à prendre. « J'apprendrai plus tard, expique Labro, que l'un des plus "fidèles parmi les fidèles" se répand dans les couloirs et à l'extérieur de l'entreprise et va dire à plusieurs bavards professionnels, aux rumoristes parisiens qui se chargeront de la formule : "Il est foutu. On ne le reverra pas" ».

Après coup, l'auteur revient sur cette période noire, mais admet que sa dépression l'a empêché de voir venir l'épreuve et les retournements d'alliance. Il va, sur le conseil de sa femme, consulter un spécialiste qui va l'écouter et tenter de trouver le bon antidépresseur qui le remettra droit qui le remettra droit sur les rails.

La lente guérison. Après des mois d'échecs et de chute au plus profond de son âme, Philippe Labro retrouvera un peu de volonté. Un premier indice de la guérison : « Votre guérison est invisible, inaudible. Elle arrive à tout petits pas sur les toutes petites pattes d'un tout petit chat, on ne l'entend pas venir. Mais si on ne l'entend pas, on le perçoit, on le devine, on le renifle. » Au final, Philippe Labro ira mieux. Il parviendra même à écrire ce témoignage. Souvent pathétiques, parfois risibles, ces lignes seront cependant un secours appréciable pour ceux qui comme l'auteur se retrouvent un jour « l'esclave d'une chose indéfinissable qui est en train de me détruire et je lui obéis sans résistance. »

« Tomber sept fois, se relever huit », Philippe Labro, Albin Michel, 17 € (En poche chez Folio, 5,6 €)

vendredi 20 juillet 2007

BD - Redécouvrez la magie d'Isabelle

Les éditions du Lombard ont décidé d'exhumer une série qui a pourtant, en son temps, fait les beaux jours de Spirou, l'hebdomadaire concurrent du journal de Tintin de ces mêmes éditions du Lombard. Isabelle est une création de Will (dessin) Delporte et Macherot (scénario). 

Par la suite, Franquin est venu se greffer à la petite équipe. Cela a donné la bande dessinée la plus féerique de ces 40 dernières années. En trois gros volumes, c'est l'intégralité des histoires pleines de magie et de sortilèges de la petite Isabelle, de l'oncle Hermes, de Calendula et de la méchante sorcière qui vont être de nouveau disponibles. 

Une réédition qui débute en même temps que celle de Tif et Tondu, l'autre série majeure de Will, aux éditions Dupuis. Elle intervient également quelques mois après le décès d'Yvan Delporte, le génial barbu, ancien rédacteur en chef de Spirou, grand copain de Franquin, infatigable novateur. Dans ces 228 pages, vous trouverez les quatre premiers albums, un dossier de présentation de la série, des illustrations et une histoires d'une vingtaine de pages inédites. 

"Intégrale Isabelle", tome 1, Le Lombard, 29 €

jeudi 19 juillet 2007

BD - Diplomates spatiaux

Situation très délicate pour deux diplomates de la station Orbital. Sur la lune d'une planète éloignée, ils avaient pour mission de découvrir ce qui se passait dans une colonie minière. Sur place, ils se trouvent aux premières loges pour tenter d'enrayer une invasion de stilvulls. Ces sales bestioles vivent habituellement paisiblement dans de profondes galeries souterraines. 

Mais quand elles décident de mettre le nez à l'air libre, c'est avec une rare méchanceté qu'elles déchiquettent tout ce qui bouge à proximité. Un premier front, mais d'autres difficultés se profilent à l'horizon. Les colons sont en conflit ouvert avec la race dominante de la planète mère de la lune. Un affrontement semble inévitable. C'est dans cette poudrière que les deux héros de la série vont tenter de remettre de l'ordre. 

Le second tome de cette aventure, écrite par Runberg, est dessiné par Pellé. Un trait classique mis à profit pour créer quantité d'extraterrestres ou créatures imaginaires. Le dessinateur excelle également dans les vaisseaux spatiaux, scaphandres ou autres véhicules d'exploration. Bref il a inventé tout un monde de rêve on ne peut plus plausible.

 "Orbital" (tome 2), Dupuis, 13 €

mercredi 18 juillet 2007

BD - Les secrets de Maurice Leblanc


Sébastien Lenfant connaît le jour et la cause de sa mort. Le cou brisé, un poignard enfoncé dans la gorge, vidé de son sang dans son salon. Dans trois mois environ. Sébastien n'est pas médium. Il est commercial pour un éditeur de bandes dessinées. Mais le héros de cette série écrite par Christian Godard et dessinée par Claude Plumail est en possession d'un appareil photo qui a la faculté de fixer sur papier la scène de la mort de celui qui est devant l'objectif. Comment est-il arrivé entre ses mains ?

 C'est ce que raconte ces 44 planches se passant de nos jours et au début du XXe siècle. Sébastien, pour tenter de recoller les morceaux avec sa petite amie, lui propose quelques jours de vacances à La Baule dans la maison de sa tante. Une belle bâtisse qui a accueilli en 1940 un Maurice Leblanc, créateur d'Arsène Lupin, en fin de carrière. 

Dans le grenier, Sébastien découvre un manuscrit inachevé du maître du feuilleton. La véritable histoire d'Arsène Lupin. Leblanc y raconte comment retrouver cet appareil photo extraordinaire. Le début des ennuis pour Sébastien qui va tenter de contredire le futur. ("Dédales", Glénat, 12,50 €)