Dans "Tomber sept fois, se relever huit", le célèbre journaliste et écrivain raconte par le menu sa lutte contre une redoutable dépression nerveuse.
Personne n'est à l'abri. La dépression nerveuse, mal du siècle, peut fondre sur le petit employé comme le grand patron. En l'occurrence, Philippe Labro, journaliste, écrivain, cinéaste, homme de média reconnu, admiré, envié et en passe de devenir président de RTL, première radio de France, se retrouve un matin de septembre sous une chape de nuages noirs.
Réveils en sueur la nuit, plus d'appétit, désintérêt de ce qui l'entoure, perte de l'envie de découvrir et de rire : en peu de temps, cet homme qui avait pour habitude de briller en société comme sur les plateaux devient fade, sans esprit, éteint. Plus rien ne l'intéresse si ce n'est les soucis de sa vie quotidienne qu'il trouve de plus en plus insurmontables.
Philippe Labro raconte avec beaucoup de franchise son enfermement volontaire, cette tentation perpétuelle du repli sur soi reconnaissant que « le déprimé est fondamentalement un égoïste, autocentré, il ne s'intéresse qu'à sa maladie, il est incapable de se mettre à la place des autres. Il ne connaît plus l'affection. Il est même amoureux, d'une certaine façon, de sa propre dépression. »
« Il est foutu »
Le grand directeur tente de sauver les apparences. Mais personne n'est dupe dans on entourage. Celui qui avant insufflait une énergie à ses troupes est aujourd'hui totalement démobilisé. La phrase commence se répandre à grande vitesse dans les couloirs de la radio : « Il est foutu ». Certains s'inquiéteront de cette situation, d'autres y verront l'opportunité d'une place à prendre. « J'apprendrai plus tard, expique Labro, que l'un des plus "fidèles parmi les fidèles" se répand dans les couloirs et à l'extérieur de l'entreprise et va dire à plusieurs bavards professionnels, aux rumoristes parisiens qui se chargeront de la formule : "Il est foutu. On ne le reverra pas" ».
Après coup, l'auteur revient sur cette période noire, mais admet que sa dépression l'a empêché de voir venir l'épreuve et les retournements d'alliance. Il va, sur le conseil de sa femme, consulter un spécialiste qui va l'écouter et tenter de trouver le bon antidépresseur qui le remettra droit qui le remettra droit sur les rails.
La lente guérison. Après des mois d'échecs et de chute au plus profond de son âme, Philippe Labro retrouvera un peu de volonté. Un premier indice de la guérison : « Votre guérison est invisible, inaudible. Elle arrive à tout petits pas sur les toutes petites pattes d'un tout petit chat, on ne l'entend pas venir. Mais si on ne l'entend pas, on le perçoit, on le devine, on le renifle. » Au final, Philippe Labro ira mieux. Il parviendra même à écrire ce témoignage. Souvent pathétiques, parfois risibles, ces lignes seront cependant un secours appréciable pour ceux qui comme l'auteur se retrouvent un jour « l'esclave d'une chose indéfinissable qui est en train de me détruire et je lui obéis sans résistance. »
« Tomber sept fois, se relever huit », Philippe Labro, Albin Michel, 17 € (En poche chez Folio, 5,6 €)
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