Quand on a 16 ans et que l'on est issu d'une classe aisée et dominante, se retrouver seul dans une nature hostile se transforme vite en épreuve initiatique.
Joseph Keilloran, futur Maître d'un vaste domaine (grand comme un département français) dans la partie australe de la planète Patrie, est réveillé en pleine nuit.
Il croit à un orage, mais il s'agit d'explosions et de coups de feu. Une servante vient le prévenir: le Peuple se révolte, il tue tous les Maîtres et leur descendance.
Il faut fuir avant que les insurgés ne le découvrent. Joseph est simplement en vacances dans ce domaine ami, dans le Nord de la planète, à plus de 10 000 km de sa terre natale. Après avoir découvert tous ses serviteurs égorgés, il prend peur et suit la femme dans les bois. Rapidement il se retrouve seul, se dirigeant vers le Sud, loin des combats.
Médecin des Indigènes.
Une entrée en matière violente et pleine de panique pour ce roman de Robert Silverberg, avant le calme et la solitude suivis du doute et du désespoir. Joseph, habitué à être servi par une escouade de valets, doit dans un premier temps trouver de la nourriture. Il serait mort de faim si un animal, doux et compatissant car doté d'une faible intelligence, n'avait pas partagé ses réserves avec le jeune humain.
Rassasié de larves et tubercules savoureux, il débouche enfin dans un village indigène. La planète Patrie a une longue histoire derrière elle. Colonisée par une première vague de Terriens, ces derniers vivaient en bonne harmonie avec les premiers habitants, humanoïdes moins évolués mais parfaitement pacifiques.
Une seconde vague de Terriens a bouleversé cet équilibre. La Conquête a vu l'apparition de Maîtres qui ont maté le Peuple, les grandes familles se partageant les meilleures terres.
Joseph est l'héritier d'un de ces Maîtres. Sa conception de la vie est manichéenne. Les Maîtres ont tous les droits sur le Peuple. En échange, ils s'assurent que tout le monde a un toit et mange à sa faim. Joseph ne parvient pas à comprendre les motivations de la révolte dans le Nord de la planète. Mais pour l'instant il est bien loin des combats.
Quand ils découvrent que Joseph sait soigner les plaies et les fractures, les indigènes le transforment en médecin itinérant, allant de tribu en tribu dispensant son savoir minime mais suffisant
Aidé par le Peuple.
Quelques mois de quasi captivité lui permettent de se refaire une santé et de fausser compagnie à ses bienfaiteurs. Car Joseph, après des moments de doute n'a plus qu'une seule et unique envie: revoir sa famille. Il met le cap au Nord, franchit des montagnes et se retrouve épuisé dans une région où le Peuple n'a pas été colonisé par les Maîtres. L'adolescent sera obligé de réviser ses convictions sur le Peuple et les « bienfaits » apportés par les Maîtres. Mais le chemin est encore long avant le retour en pays natal.
Le lecteur découvrira cette nature magique à la faune merveilleuse dans les pas du jeune garçon. Un adolescent qui deviendra un homme au fil des kilomètres parcourus. L'évolution de Joseph fait tout le sel de ce roman de science-fiction, humaniste et un brin philosophique.
Le long chemin du retour, Robert Silverberg, Le Livre de Poche, 6,95 €
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