Qui a tué Fergus Millow, peintre londonien ? Nouvelle enquête du policier de Scotland Yard Joe Hackney, ancien malfrat, petit, boiteux et taciturne.
Sacré choc pour la femme de ménage. En découvrant en ce mois de mars 1891 le corps sans vie de Fergus Millow, elle perd son patron et son travail. Le peintre a succombé à un violent coup sur la tête. Dans cet immeuble londonien, le meurtre fait jaser. Scotland Yard doit rapidement trouver le coupable pour justifier sa réputation de meilleure police du monde. Le chef constable William Doffey, chef du département d'investigation criminelle, met sur le coup son meilleur élément : Joe Hackney. Le policier de paye pas de mine. Petit, boiteux, taciturne, cet ancien malfrat ayant tourné casaque vit encore chez sa mère. Son pragmatisme et son cynisme sont ses deux principales armes.
Il a déjà prouvé ses qualités dans les précédents romans noirs de Gilles Bornais. Cette fois, le flair d'Hackney va lui faire découvrir dans les cendres de la cheminée le bout d'une lettre récemment reçue par la victime. Une lettre anonyme qui lui annonçait tout simplement sa prochaine mort violente. Ecrite dans un style très particulier, elle est l'oeuvre, selon un graphologue, d'un « exalté affectif et déprimé ».
Ce meurtre peu banal a le don d'exciter Doffey, l'autre figure haute en couleur imaginée par l'auteur. Colérique, gros, fumeur, buveur et mangeur à l'excès, il a toujours une terrine à portée de main. Il ordonne à Hackney de tout découvrir de la vie du peintre assassiné. En connaissant mieux la victime, ils parviendront peut-être à découvrir une piste menant au coupable.
Chez les fous
Mais Millow est un véritable mystère. Cela fait des années qu'il habite à cette adresse et jamais il ne s'est fait remarquer. Pas de bruit, pas de visites, il s'absente toutes les après-midi, mais personne ne sait où il va. Ses toiles sont lugubres. Seule indication, à la belle saison, il passe plusieurs semaines dans un hôtel sur la côte.
C'est là que Hackney va découvrir les habitudes assez différentes de Millow hors de Londres. Il fréquente régulièrement une prostituée, boit dans des bars avec des amis peintres et peint des marines très colorées et lumineuses. Contre l'avis de son chef, Hackney va suivre la trace de la lettre anonyme. Il va avoir la certitude qu'elle a été postée près du plus grand hôpital psychiatrique de Londres.
En plongeant dans le monde des aliénés mentaux, Hackney va découvrir qui a rédigé cette lettre et surtout comprendre que l'affaire est encore plus complexe que prévue car manipulée par un criminel d'exception. Conséquence, Doffey va se prendre au jeu « l'affaire méritait un flic extraordinaire : lui. Le seul du Yard et du Royaume entier, pensait-il dans son cerveau de chef constable confit dans l'orgueil, le brandy et la galantine de canard, à pouvoir pénétrer les sphères de l'impensable et de l'indicible ». Hackney est plus modeste. Et tout en poursuivant le tueur, il doit soigner sa vieille mère, aider un ami d'enfance à la limite de la délinquance et subir les sarcasmes de son collègue Brunning. Tout un petit monde mis en musique par Gilles Bornais semblant particulièrement à l'aise dans ce Londres du 19e siècle.
« Le mystère Millow », Gilles Bornais, Grasset, 13,90 €
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