jeudi 5 avril 2007

BD - Terreur façon Crèvecœur

Noir, très noir cet album de BD signé Nicolas et Martin Duchêne. L'action se déroule dans les années 30. En Louisiane, puis à Bruxelles en passant par le Québec. Première scène et premier crime commis par une belle ténébreuse. Ensuite, à Bruxelles, c'est un riche héritier libidineux qui est retrouvé mort chez lui. L'enquête est confiée à deux policiers très opposés. Le commissaire Paul Bury, bonhomme et roublard, patient et aux manières courtoises à la mesure de sa surcharge pondérale. 

Son adjoint, De Vreese, sec et taciturne, est parfois plus expéditif. Chacun de leur côté ils vont se lancer à la recherche de ce mystérieux tueur, asses fort et sanguinaire pour arracher le coeur de sa victime. Ils découvriront dans les caves de la victime une salle secrète laissant penser à des pratiques sataniques. 

Le lecteur, pour une meilleur compréhension de l'intrigue, suit également les faits et geste d'un pauvre fou, imbibé d'absinthe, qui pourrait être le meurtrier s'il n'était pas en fait une probable victime de Prométhée, entité maléfique donnant son nom à ce premier tome. (Casterman, 9,80 €)

mercredi 4 avril 2007

Roman - Sur fond des contes de Grimm revisités

La famille Grimm a une mission racontée par Michael Buckley, empêcher les humains et les personnages de contes de fée de se déchirer sans merci.

La vie de Sabrina et de sa petite sœur Daphné est chamboulée par la disparition ni plus ni moins de leurs parents à New-York. « Henri et Véronique Grimm s'étaient envolés ».

Pour l'heure, les filles se retrouvent dans le train avec leur éducatrice, Minerva Smirt, aussi revêche qu'on puisse l'être en caricature, train qui les amène auprès de leur grand-mère Grimm, seule famille qui leur reste. Les sœurs trouvent bien étrange leur soi-disant grand-mère puisque leurs parents avaient toujours soutenu qu'elle était morte.

Sans se laisser démonter, Mme Grimm, petite et potelée, les présente à M. Canis, vieil homme au visage émacié. « Il m'aide à faire le ménage, entre autres petites choses. Comme il vit avec nous, il s'occupera aussi de vous. » Mais le comportement bizarre de leur « grand-mère », qui les appelle « lieblings » (mes chéries en allemand) intrigue beaucoup les deux sœurs. M. Canis, lui aussi, a une attitude des plus déconcertantes. Reste le dernier élément de cette famille hors-normes, Elvis, énorme Danois de cent kilos, qui renverse tout sur son passage mais qui s'avère être un gros toutou inoffensif, câlin et gentil.

Gentil n'est pas le terme qui collerait le mieux à la personnalité de M. Canis. Le premier soir, les filles remarques un vol de lucioles et Sabrina veut ouvrir la fenêtre pour les laisser entrer. M. Canis surgit alors, « il entra d'un pas lourd, bouscula les filles et referma la fenêtre (...) Vous ne devez jamais laisser rien ni personne entrer dans cette maison », déclare-t-il d'un ton sans appel.

Malgré la gentillesse de la vieille dame, les filles décident de s'enfuir... et s'aperçoivent très vite que toutes les issues sont fermées à double tour. Elles réussissent à subtiliser les clés de la la grand-mère sur sa table de nuit et sortent dans la nuit noire. Elvis s'interpose et les empêchent de s'engager dans la forêt menaçante. Mais les lucioles sont de retour et se montrent bien moins inoffensives qu'il n'y paraît. Mme Grimm, réveillée, prétend que ce sont des elfes.

Une vraie-fausse grand-mère gâteau

De découverte en découverte et malgré le comportement pour le moins étrange de la vieille dame, même Sabrina se laisse attendrir par sa gentillesse. « Sabrina se rendait compte que Daphné s'amusait. Ça ne lui était pas arrivé depuis presque un an et demi et cela lui faisait chaud au cœur de la voir sourire. »

C'est alors que leur grand-mère leur raconte le sort qui a été jeté il y a bien longtemps sur leur famille, ainsi que leur parenté avec les célèbres frères Grimm, auteurs de contes de fée. Depuis, tous les descendants de la famille Grimm sont chargés d'une mission : maintenir la paix entre les hommes et les créatures de contes de fées. Rôle qui leur échoit à toutes les trois, étant les seuls membres de la famille encore présents.

Dans ce livre d'un volume conséquent, ce qui ne l'empêche pas d'être passionnant, on retrouve toutes les peurs, les émotions, le goût du mystère et les joies de l'enfance. L'écriture adaptée aux jeunes, d'un style irréprochable , se montre en plus éducative dans la mesure où l'auteur explique chaque mot compliqué. Cela évitera aux enfants de plonger sans arrêt dans le dictionnaire et du coup, de rendre la lecture plus facile et plus attractive.

Même les adultes seront séduits par les personnages vraiment attachants et l'histoire rocambolesque mais pleine d'imagination et de fraîcheur. A découvrir – ou faire découvrir- absolument.

"Les sœurs Grimm, détectives de contes de fée", Michaël Buckley, Pocket jeunesse, 14 euros.

mardi 3 avril 2007

BD - Trop mortel, frissons garantis

L'horreur semble à la mode. Ce « Trop mortel » lorgne lui aussi vers les classiques du cinéma que sont « Shining » ou « Scream ». Corbeyran, au scénario, aidé d'Amélie Sarn, a mitonné une intrigue aux petits oignons (moignons diront les petits comiques) pour un jeune dessinateur passé par l'animation, Chico Pacheco. Dans un grand lycée perdu dans la montagne, les élèves se disent au revoir alors que les vacances de Noël vont commencer. 
Tous les élèves sauf quatre, qui vont passer les fêtes à l'internat, encadrés par deux pions, Michel et Kaïsha. Au fil des pages on va découvrir les personnalités et parcours des quatre jeunes. Damien, le plus jeune et le plus timide, ne restera que trois jours. Son père, très occupé a eu un empêchement professionnel. Jess est une gothique, rat sur l'épaule, sa copine Daphné l'admire et tente sans cesse de l'imiter. Enfin Vincent vient de perdre ses parents dans un accident de voiture. C'est lui qui va raconter des histoires effrayantes aux autres. 
Des légendes qui vont se transformer en sanglante réalité. (Delcourt, 12,90 €)

lundi 2 avril 2007

BD - Dark, très dark...

Elles sont rares les bandes dessinées d'horreur qui arrivent à vous filer la chair de poule. « Dark », sur un scénario de Roger Seiter et Isabelle Mercier et des dessins de Max, parvient rapidement à ses fins. Dessins réalistes noirs et saisissants, faits relatés avec une certaine distanciation, il émane de l'album une ambiance, une alchimie qui captive et terrorise les lecteur.

 Après un prologue en Syrie sur un champ de fouilles archéologique, on entre dans le vif du sujet avec le portrait de Audrey, jeune fille gothique, de Nicole, quadra affairiste et libérée et de Toszek, antiquaire et pivot de l'intrigue. Nicole découvre son vieil oncle assassiné, la tête tranchée. Puis c'est un clochard qui est retrouvé mort, un bras arraché et un jeune cataphile la jambe subtilisée. L'action va alors se déplacer dans les catacombes de Paris avec découverte d'un tombeau secret et apparition d'un démon en cours de construction.

 Digne des meilleurs films d'horreur, cette BD, sans révolutionner le genre, est convaincante. (Casterman, 9,80 €)

dimanche 1 avril 2007

BD - Les images de Thiéfaine

Il y a « La fille du coupeur de joint », évidemment, mais également des titres plus récents à l'image de « Gynécées » ou des délires absolus comme « Alligator 427 ». Le point commun ? Ce sont des chansons de Thiéfaine, Hubert-Félix de son prénom. Il n'est jamais passé à la Starac, ni chez Drucker, mais depuis trente ans ses concerts affichent complets. 

Un poète hors pair, qui sait parfois donner du sens à ses chansons comme les très politique « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable ». Toutes ces chansons ont « bercé » de nombreux dessinateurs. Arleston, scénariste de Lanfeust, est « fan » depuis la première heure. Il a donc lancé l'idée de cet album constitué de l'adaptation en BD de chansons de Thiéfaine. 

A l'arrivée ils sont une bonne vingtaine à participer à cette centaine de pages laissant libre cours aux imaginaires débridés. Adaptations sages, d'autres plus psychédéliques, fidèles ou subjectives : cet album est totalement dans la veine de l'univers de Thiéfaine : délirant et déroutant. (Soleil, 14,95 €)

samedi 31 mars 2007

BD - Incontournable intégrale de Tif et Tondu

Il est des intégrales qui ont plus de poids que d'autres. Les éditions Dupuis, en lançant cette série de 16 albums à paraître dans les trois prochaines années remet au goût du jour un fond et une série trop vite oubliés après un demi-siècle de succès. Tif et Tondu étaient du premier numéro du journal de Spirou. Mais il a fallu attendre quelques décennies avant que ce duo atypique ne devienne une valeur sûre de la BD d'aventures. Grâce à Will, dessinateur incroyablement doué, jamais reconnu à sa juste valeur. On ne voyait que l'artisan dans son travail. C'était pourtant un véritable artiste. 

Dans ce premier tome, articulé autour des premières apparitions de M. Choc, le méchant absolu, très élégant dans son smoking noir et le visage caché derrière un casque médiéval, vous pourrez lire « Tif et Tondu contre la Main blanche », « Le retour de Choc » et « Passez muscade ». C'est Rosy qui a créé le personnage de Choc et qui scénarise ces 150 pages, précédées d'un dossier richement illustré sur les débuts de Will dans la bande dessinée. (Dupuis, 16 €)

vendredi 30 mars 2007

BD - Policiers : difficile de faire pire....


La ville de New York se serait bien passée de cette épreuve. En plus d'avoir les deux pires flics des Etats-Unis en la personne de Spoon et White, voilà que plane sur Big Apple une menace grave d'attentat à la bombe. Un certain Martinez est sur le point de donner une information essentielle à Zack Bauer quand Spoon juge bon d'intervenir. La cervelle de Martinez se retrouvant collée au plafond, la cellule antiterroriste va devoir trouver une solution de rechange pour obtenir les informations. 

Bizarrement ils ont l'idée saugrenue de demander l'aide du duo de policiers créé par Jean Léturgie et dessiné par son fils Simon, aidé par Franck Isard pour les décors. On se doute que cette décision aura pour conséquence une augmentation importante du nombre de victimes par explosion en quelques heures. Pourtant les deux nigauds se démènent car les terroristes ont capturé la belle Courtney Balconi, présentatrice vedette de BNN, leur idole. 

Pastiche de « 24 heures », feuilleton de la télé américaine, ce septième album de la série fait preuve d'un esprit jubilatoirement politiquement incorrect. 

("Spoon & White", Vents d'Ouest, 9,40 €)

jeudi 29 mars 2007

BD - Rions macabre avec Boucq

Le Grand Prix de l’Humour Noir a été décerné, le mois dernier, à François Boucq pour son album www.la-mort.fr, paru chez Fluide Glacial. Logique quand on sait que son héroïne, loin d’être pulpeuse, est au contraire squelettique. La mort est donc l’héroïne de ces histoires courtes toutes plus absurdes les unes que les autres. On y aborde le problème de l’intégration des jeunes dans les cimetières, des dégâts de la télévision chez les macchabées, de la place de l’homosexualité dans l’évolution de l’Homme ou de l’utilité des tueurs en série dans le business des pompes funèbres. Boucq laisse libre court à ses délires, avec des personnages aussi caricaturaux que sur les couvertures des San-Antonio qu’il signe régulièrement.

www.la-mort.fr, Fluide Glacial, 9,95 euros

mercredi 28 mars 2007

BD - Mini, classique et efficace

Le tome 43 de la série les Petits Hommes de Seron est la suite du 11e titre. "Dans les griffes du seigneur", résumé dans la première planche de "Castel Montrigu", est paru il y a 25 ans. 

Dans les caves d’un château en ruine, une communauté, réduite elle aussi par les effets de la météorite, a construit un château fort et vit comme au Moyen âge. Mais quand un groupe immobilier rachète la bâtisse et la transforme en hôtel de luxe, vivre secrètement est beaucoup plus difficile. 

Un album qui fait le grand écart entre les pratiques de rustres attardés façon "Visiteurs" et des Petits Hommes à la pointe de la technologie. Une série indémodable, à l’humour bon enfant et au dessin rond, classique et efficace.

Les Petits Hommes, Dupuis, 8,50 euros

mardi 27 mars 2007

BD - Les débuts de Cléopâtre

Cléopâtre a marqué l'histoire de l'Antiquité. Mais avant de devenir la reine d'Egypte, conquérante, intrigante, elle a vécu bien des péripéties. C'est un peu le chemin vers le pouvoir que Patrick Weber a entrepris de raconter dans cette série dessinée par Giancarlo Caracuzzo, un des plus doués de la nouvelle génération italienne. Cléopâtre est en fuite. Son frère, le pharaon Ptolémée, veut absolument la capturer car il sait qu'en secret elle complote pour s'accaparer du pouvoir. 

Une Cléopâtre belle et cruelle. Elle n'hésite pas à faire assassiner froidement les espions de son frère. Et elle pousse la cruauté à faire un retour à l'envoyeur de la tête tranchée de la victime. C'est dans ce contexte que Ptolémée apprend l'existence de Rahotep, un jeune liseur de songes tentant de maintenir en état les vieux temples du sud du pays. Il est emmené de force à Alexandrie, en compagnie de sa jeune sœur, pour aider, contre son gré, Ptolémée dans la quête de sa sœur. Mais c'est cette dernière qui parvient à séduire Rahotep, avant de passer une alliance avec les Romains pour asseoir totalement sa victoire. 

Une BD historique explorant également la mythologie égyptienne. 

("La dernière reine", Dupuis, 13 €)