Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mardi 13 juin 2006
BD - Polly et les gentils pirates
La jeune Polly Ann, 12 ans, n’a jamais connu sa maman. Et son père, ambassadeur en Vervenvanie, ne peut pas s’occuper d’elle. Résultat elle est cloîtrée dans un pensionnat huppé mais très strict. Pourtant elle vit très bien cette existence contraignante. Sage, travailleuse, obéissante, c’est la préférée de Mme Lovejoy. Ce n’est pas le cas de sa meilleure copine, Anastasia, désireuse de découvrir « la vraie vie ». Polly, elle, préfère la chaleur douillette de son lit. Et pourtant c’est elle qui va se retrouvée entraînée dans une incroyable aventure, sans quitter ce lit qu’elle chérit tant. D’ailleurs au début elle croira simplement rêver. Et non, elle vient bel et bien d’être enlevée dans de redoutables forbans, les hommes de Meg Malloy, la reine des pirates. Premier tome très prometteur d’une série américaine de Ted Naifeh, auteur au trait délicat et à l’imagination débordante. Polly, de petite fille sage, va se transformer en redoutable meneuse d’hommes. (Les Humanoïdes Associés, 8,90 €)
lundi 12 juin 2006
BD - Bientôt une "guerre civile" ?
Ricard et Morvan racontent, Gaultier dessine. Le postulat de départ est très simple. Et si les dernières émeutes en banlieue avaient vraiment mal tourné ? Le retour à l’ordre devenu impossible, la France aurait sombré dans une série de guerres civiles larvées un peu partout dans l’Hexagone. Et face à cette situation d’exception, comment réagirait-on ? Morvan, Ricard et Gaultier ont donc décidé sur neuf tomes de 32 pages de se mettre en scène dans ce pays en déroute. Dès les premières pages, Morvan constate qu’il a un look de Kosovar des années 90 et part à la recherche d’essence. Dans la file d’attente, il devra passer son tour quand les chars de l’armée arrivent…
Le quotidien de Sylvain Ricard est encore plus chamboulé. Au guidon de sa moto, il est pris en chasse par des petites frappes désireuses d’en découdre. Le trio tente de vivre comme si de rien n’était mais quand il croise les premiers cadavres, la prise de conscience est immédiate. A partir du second tome (déjà dans les bacs normalement), ils n’auront plus qu’un but : sauver leur peau… (Futuropolis, 4,90 €)
dimanche 11 juin 2006
BD - Cowboy en colère
Attention Durando est de retour et il n’est pas content. Le cow-boy taciturne armé d’un pistolet automatique allemand s’était posé à Nortonville en compagnie d’une charmante héritière. On le retrouve dans les premières pages de cette 14e aventure, toujours écrite par Yves Swolfs mais dessinée désormais par Thierry Girod, armé et vindicatif. Il en a après une bande de malfrats. Il cherche à connaître leur patron et n’hésite pas à employer la méthode forte pour obtenir ce renseignement. Etape suivante dans une petite ville perdue au pied des Rocheuses. D’autres hommes de main viennent acheter de force une mine à un riche propriétaire de la région. Il refuse, malgré les menaces. C’est là que se jouera le drame. Entre Durango, les tueurs et une autre héritière. Un western classique, avec duels, fusillades et vengeance impitoyable. Swolfs a donc abandonné le dessin de sa série vedette à Girod. Ce dernier, sans trahir l’esprit de la BD, parvient à imposer sa pâte toute personnelle. (Soleil, 9,45 €)
samedi 10 juin 2006
BD - Baranko raconte l'Amérique d'antan
Depuis toujours les Indiens d’Amérique ont inspiré les auteurs de BD. Igor Baranko, Ukrainien installé aux USA depuis 2000, est visiblement lui aussi fasciné par l’histoire de ce peuple aujourd’hui disparu. Il situe l’action de sa « Danse du temps » peu de temps après la découverte du Nouveau Monde par les conquistadores espagnols. Sur un continent immense que se partagent les différentes tribus, les rêves ont encore une très grande importance. C’est un rêve qui a provoqué l’union entre Lune-dans-le-nuages et Quatre-Vents. Une union qui permet temporairement une paix prospère entre deux tribus naguère ennemies. Mais Quatre-Vents est obnubilé par les démons Wasicus, les visages pâles apparus il y a quelques années. C’est en allant conquérir la ville de Mexico avec une armée de combattants qu’il découvre l’existence d’un Wasicus, fou et perdu, mais doté d’une arme redoutable. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)
vendredi 9 juin 2006
BD - La guerre des Seed
Second opus d’une série fantastique écrite par Adrian A. Cruz, un spécialiste des comics américains et dessinée par Marc Riou, Breton installé à Paris s’étant fait connaître avec la série Miss en compagnie de Marc Vigouroux. Les Seed ce sont des démons disséminés sur Terre pour, le jour venu, permettre au maître des enfers de reprendre le pouvoir. Une scission s’est faite dans cette armée dotée de pouvoirs paranormaux. Talbot est fidèle au but initial alors que Solomon, malgré des problèmes de santé, tente de l’en empêcher. Deux jeunes frères jumeaux aux prodigieux pouvoirs sont au centre de cet album rempli de cauchemars, de scènes de meurtres et de torture. Car tous les coups sont permis dans cette guerre à mort. En fin d’album, Talbot expliquera sa vision de l’avenir : « Imaginez un monde où vous n’éprouveriez plus de honte, plus de culpabilité ou même de tristesse. Vos instincts, vos envies, vos désirs naturels seraient admis en tant que tels. » Joli programme, mais à quel prix ? (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)
jeudi 8 juin 2006
Roman - Amours générationnels de Françoise Dorner
Rencontre magique entre une jeune femme et un vieux monsieur dans "La douceur assassine", roman lumineux signé Françoise Dorner.
La première rencontre entre Armand et Pauline est tout ce qu’il y a de plus banale. Dans un bus, le vieil homme, déséquilibré par un coup de frein, manque de tomber et lâche sa canne. La jeune femme la lui ramasse et ils descendent ensemble à l’arrêt suivant. Ils font quelques mètres côte à côte mais Pauline est en retard à son travail. Armand, le narrateur de ce roman de Françoise Dorner, sent immédiatement que sa morne retraite vient de basculer : « Elle a traversé la rue en courant, et je l’ai regardée disparaître. J’étais incapable de bouger, comme si le temps m’avait rejeté en arrière, dans un vague souvenir d’adolescent troublé. » Veuf, ancien professeur de philosophie, la vie sociale d’Armand se limitait jusqu’à présent à un repas mensuel dans une brasserie en compagnie d’une collègue, elle aussi à la retraite. Ses élèves l’ont tous oublié, son fils presque. Pharmacien à Dijon, il ne le voit qu’épisodiquement.
L’orpheline et le veuf
Alors Armand, séduit par une mèche rebelle du chignon de la jeune fille et sa robe plissée, se met à la recherche de la belle inconnue. Comme un jeune homme fougueux, prêt à tout pour conquérir cette beauté. Mais il y quand même 50 ans d’écart entre ces deux-là. Cela ne les empêche pas de se retrouver au détour d’une rue, de se reconnaître et de partager un sandwich pendant la pause de la jeune employée de commerce. Ce qu’Armand ne sait pas, c’est que Pauline est en mal de famille. Orpheline très jeune, elle recherche désespérément des parents de substitution. Elle collectionne les amants pour tester une possible belle-famille. Mais après de nombreuses déceptions, elle se dit que ce charmant vieil homme, si gentil et distingué, ferait un très bon grand-père. Il vont donc passer de longs moments ensemble, tentant de découvrir le monde de l’autre, sans a priori ni contrainte.
Grand-père
Il lui parle de sa femme, morte il y quelques années à l’hôpital après des mois d’agonie, de sa fille installée au Canada, de son fils si distant ; elle raconte comment ses parents sont morts dans un accident de voiture qu’elle a involontairement provoqué, de ses amants éphémères, de son travail. On ne sait pas qui apprivoise qui mais au final Armand et Pauline s’apprécient de plus en plus et passent beaucoup de temps ensemble. La jeune fille n’hésite plus à l’appeler « grand-père » en public et lui a parfois un délicieux frisson quand certains s’imaginent qu’elle pourrait être sa maîtresse. Un roman simple, lumineux et plein d’espoir, comme cette dernière scène qui se passe pourtant dans un cimetière, en plein enterrement…
« La douceur assassine », Françoise Dorner, Albin Michel, 15 €
La première rencontre entre Armand et Pauline est tout ce qu’il y a de plus banale. Dans un bus, le vieil homme, déséquilibré par un coup de frein, manque de tomber et lâche sa canne. La jeune femme la lui ramasse et ils descendent ensemble à l’arrêt suivant. Ils font quelques mètres côte à côte mais Pauline est en retard à son travail. Armand, le narrateur de ce roman de Françoise Dorner, sent immédiatement que sa morne retraite vient de basculer : « Elle a traversé la rue en courant, et je l’ai regardée disparaître. J’étais incapable de bouger, comme si le temps m’avait rejeté en arrière, dans un vague souvenir d’adolescent troublé. » Veuf, ancien professeur de philosophie, la vie sociale d’Armand se limitait jusqu’à présent à un repas mensuel dans une brasserie en compagnie d’une collègue, elle aussi à la retraite. Ses élèves l’ont tous oublié, son fils presque. Pharmacien à Dijon, il ne le voit qu’épisodiquement.
L’orpheline et le veuf
Alors Armand, séduit par une mèche rebelle du chignon de la jeune fille et sa robe plissée, se met à la recherche de la belle inconnue. Comme un jeune homme fougueux, prêt à tout pour conquérir cette beauté. Mais il y quand même 50 ans d’écart entre ces deux-là. Cela ne les empêche pas de se retrouver au détour d’une rue, de se reconnaître et de partager un sandwich pendant la pause de la jeune employée de commerce. Ce qu’Armand ne sait pas, c’est que Pauline est en mal de famille. Orpheline très jeune, elle recherche désespérément des parents de substitution. Elle collectionne les amants pour tester une possible belle-famille. Mais après de nombreuses déceptions, elle se dit que ce charmant vieil homme, si gentil et distingué, ferait un très bon grand-père. Il vont donc passer de longs moments ensemble, tentant de découvrir le monde de l’autre, sans a priori ni contrainte.
Grand-père
Il lui parle de sa femme, morte il y quelques années à l’hôpital après des mois d’agonie, de sa fille installée au Canada, de son fils si distant ; elle raconte comment ses parents sont morts dans un accident de voiture qu’elle a involontairement provoqué, de ses amants éphémères, de son travail. On ne sait pas qui apprivoise qui mais au final Armand et Pauline s’apprécient de plus en plus et passent beaucoup de temps ensemble. La jeune fille n’hésite plus à l’appeler « grand-père » en public et lui a parfois un délicieux frisson quand certains s’imaginent qu’elle pourrait être sa maîtresse. Un roman simple, lumineux et plein d’espoir, comme cette dernière scène qui se passe pourtant dans un cimetière, en plein enterrement…
« La douceur assassine », Françoise Dorner, Albin Michel, 15 €
mercredi 7 juin 2006
BD - Rigolade ovale
Méfiez-vous, les rugbymen du PAC (Paillar Athlétic Club) sont de nouveau de sortie. Troisième album des aventures de Loupiote, la Couane, l’Anesthésiste, la Teigne et Bourrichon, tous joueurs de champ du PAC sous la houlette de Bernard Duteroir, l’Entraîneur. Beka (scénario) et Poupard (dessin) ont tout compris de l’esprit rugby de village. Ils caricaturent à l’excès ces sportifs au QI assez limité et qui accordent beaucoup plus d’importance au menu de la troisième mi-temps qu’à l’état du terrain.
On apprécie particulièrement dans cet album la tournée effectuée par le PAC en Angleterre sur une vingtaine de gags. Nos bourrins de l’ovalie ont des problèmes dès le passage de la frontière quand les douaniers découvrent dans les bagages des joueurs poulets, cochons et autres canards encore en vie. Sur le terrain, pas facile de s’adapter au ballon glissant. Par contre dans les pubs, la communion est complète autour des chopes de bière. Mais l’arme absolue des Anglais reste leur cuisine, très efficace pour mettre sur les rotules nos vaillants rugbymen. (Bamboo, 9,45 €)
mardi 6 juin 2006
BD - IL, du Tezuka fantastique
Osuma Tezuka est tout simplement surnommé « le Dieu du manga ». Je ne peux que vous conseiller de lire ce recueil d’histoires fantastiques datant des années 70. Le créateur d’Astro Boy avait en fait une palette de styles infinie. Ces 14 histoires complètes content les aventures d’un jeune cinéaste abandonné des producteurs, Daisaku, découvrant dans une maison en ruines une jeune femme reposant dans un cercueil.
Le comte Alucard lui explique que I.L peut prendre l’apparence de n’importe quelle autre femme. Sous la direction de Daisaku, metteur en scène du réel, la femme-caméléon va permettre, par exemple, à un condamné à mort de passer les dix dernières minutes de sa vie en compagnie de sa femme. Dans un autre récit, elle démasquera un ancien amant tenté de dénoncer sa maîtresse à la police politique d’une république socialiste imaginaire.
A ne pas manquer la très poétique et triste « Yoshiko la bohème ». La déchéance d’une adolescente errant dans les rues et survivant en se faisant tatouer, contre un peu d’argent, des milliers de fleurs sur tout son corps. (Casterman-Sakka, 11,95 €)
lundi 5 juin 2006
BD - L’homme qui s’évada
En 1928, les reportages et livres d’Albert Londres sur le bagne de Cayenne en Guyane ont provoqué un vaste mouvement d’indignation. Il décrivait, avec ce sens du détail humain caractéristique du plus grand reporter français de tous les temps, l’enfer quotidien promis aux bagnards. Et dans les condamnés, il y avait des innocents comme Dieudonné, simple militant anarchiste ayant payé lourdement son amitié avec des membres de la bande à Bonnot. Dieudonné rencontré une première fois en prison, puis au Brésil, après son évasion. De ce récit, Laurent Maffre en a tiré un gros album noir et blanc de 128 pages. La première partie décrit la vie des bagnards et la seconde, la plus longue et passionnante, la cavale de Dieudonné et de ses compagnons. Ils ont du affronter les maladies, les bêtes sauvages, les chasseurs de primes et les escrocs avant de pouvoir enfin espérer reprendre une vie normale au Brésil. Un témoignage poignant sur la liberté. Et ce n’est pas si vieux, moins d’un siècle… (Actes Sud BD, 22 €)
dimanche 4 juin 2006
BD - Vlad par Hermann
Dracula est devenu en quelques dizaines d’années une figure incontournable de la littérature fantastique. Mais derrière le mythe, il y a un véritable personnage historique, moins effrayant que sa copie littéraire, mais certainement plus cruel. Hermann a illustré ce long récit historique (60 pages) sur un scénario de son fils, Yves H. De 1430, année de sa naissance à l’hiver 1476 qui a vu sa mort sur un champ de bataille, Dracula aura la plupart du temps terrorisé la population de son petit état, la Transylvanie. Une principauté servant de tampon entre le royaume chrétien de Hongrie et le Bosphore aux mains des musulmans. Ces derniers cherchent sans cesse de gagner du terrain, de remonter vers le Nord. Par la force, mais également en signant des traités avec les autorités locales. Dracula, prisonnier du sultan dans son enfance, sera un allié de ce dernier avant de se convertir au catholicisme et décimer les hommes au croissant. Des méthodes expéditives pour les perdants : le pal. Une sinistre légende illustrée par Hermann avec son brio habituel. (Casterman, 14,75 €)
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