On ne soulignera jamais assez combien « Alien » de Ridley Scott a marqué l’histoire du cinéma et toute une génération.
Sorti en 1979, ce film a révolutionné les films de science-fiction et d’horreur à la fois. Il a également permis à nombre de cinéastes de trouver une légitimité à soigner l’aspect artistique de leurs réalisations. Car contrairement aux séries B de l’époque ou les space-opéra de plus en plus en vogue, Alien est avant tout une œuvre picturale originale et unique. Avec beaucoup de suspense et d’angoisse, mais ce qui reste, c’est l’univers graphique d’ensemble. La créature et les décors du vaisseau à l’abandon, sont issus du cerveau torturé du peintre suisse Giger. Un mélange de vivant et de ferraille, avec bave et lames de rasoir. Un cauchemar vivant.
Mais il ne faut pas oublier que d’autres graphistes ont participé à la création des décors. Dont Moëbius, alias Jean Giraud responsable du design des scaphandres. Un premier film au succès mondial (près de 3 millions d’entrées en France) suivi de trois suites confiées à de grands réalisateurs (Cameron, Fincher et Jeunet). Ridley Scott, après nombre de tergiversations, a accepté de lancer la production d’un préquel (une histoire se déroulant avant le récit original).
Pas véritablement présenté comme un film de la saga Alien, « Prometheus » sorti il y a cinq ans, est aussi une histoire de huis clos. Sur une planète, un vaisseau d’exploration est à la recherche des traces d’une civilisation extraterrestres. Ils réveillent quelque chose de véritablement inquiétant. Un film tourné en numérique et en 3D, visuellement parfait, éblouissant par bien des aspects mais avec pas mal d’interrogations au final. Normal car Prometheus n’est en réalité que la première partie des explications.
Il faut se projeter quelques années plus tard pour retrouver de nouvelles ruines et faire le lien avec Alien. « Covenant » est le chaînon manquant que tous les fans se délecteront de décrypter après avoir vu et revu, en DVD ou en VOD, les différents chapitres de la franchise.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
vendredi 12 mai 2017
jeudi 11 mai 2017
BD : La crise économique espagnole vue par le 3e âge
Elles sont quatre et font la une des chaînes d’info en Espagne. Quatre hors-la-loi qui ont pris deux employés de banque en otage et veulent braquer le coffre. La police encercle le bâtiment et se renseigne sur leur pedigree. Jeanine, 82 ans, n’a ni mari ni famille. Raymonde, 79 ans, a déjà fait parler d’elle en s’enchaînant à sa porte quand les propriétaires ont tenté de l’expulser. Simone, la moins âgée, n’a qu’un vice connu : la passion du bingo. Elle y joue chaque dimanche avec ses copines. À cinquante centimes le point. Enfin, Yvette, sur le point de rejoindre une maison de retraite, est sourde comme un pot. Mais pourquoi ces mamies respectables ont-elles décidé de braquer une banque ? L’histoire imaginée par Raquel Franco nous apprend beaucoup sur la société espagnole actuelle, sa détresse et ses injustices. Le tout dessiné par Cristina Bueno, avec délicatesse, comme ces mamies décidément bien sympathiques.
➤ « Les mamies braqueuses », Jungle, 10,60 €
De choses et d'autres : La reconnaissance du ventre
Dans ce monde, rien ne sert d’être servile et bûcheur. Prenez François Baroin : obnubilé par le poste de Premier ministre, il jure allégeance à Nicolas Sarkozy. Ça c’était avant les primaires. Son maître à penser dé- boulonné, il rallie François Fillon, ses affaires, ses costumes. Mais toujours avec la promesse d’être à Matignon. Après le premier tour, on aurait pu croire que Baroin tire une croix définitive sur ce poste tant convoité. Que nenni. Il dirige la campagne des législatives pour la droite et assure, si ses troupes l’emportent, de prendre... Matignon. De l’autre côté de l’échiquier il en est un autre qui fait tout pour continuer à exister : Manuel Valls. Battu à la primaire, il serre la main de Benoît Hamon et disparaît. Mais quelques jours avant le premier tour, il sort de sa réserve et appelle à voter Macron. En voilà un qui croit toujours aux sondages. Et à la reconnaissance du ventre. Car une fois à l’Élysée, Macron ne peut que le récompenser. Valls en est persuadé. Quand il annonce avec fanfare et tralala en direct à la radio qu’il va se présenter à la députation sous l’étiquette « Majorité présidentielle », il est humilié par l’état-major d’En Marche ! : pas de passe-droit, qu’il dépose un dossier d’investiture d’abord... Et oui monsieur l’ancien Premier ministre, tel est le monde d’aujourd’hui. Vous travaillez dur et le mieux possible, pensez que votre action va être remarquée, récompensée même. Naïveté que tout cela. A la première occasion vous êtes jeté à la poubelle tel un vulgaire kleenex usagé. Comme dirait Mélenchon, « Les gens, retenez la leçon ! »
(Chronique parue le 11 mai en dernière page de l'Indépendant)
mercredi 10 mai 2017
DVD et blu-ray : "Taboo" le retour d'un "sauvage" jugé par de prétendus "civilisés"
Série historique, « Taboo », portée par Tom Hardy interprète du personnage principal et à l’origine de cette idée de vengeance, est une claque esthétique. Dans ce Londres du début du XIXe siècle, plusieurs mondes cohabitent. Les riches, nobles ou marchands, et les pauvres, sales et malades. On passe donc des palais aux gourbis, des costumes chatoyants aux hardes puantes.
Pour faire la liaison, James Keziah Delaney (Tom Hardy), un ancien soldat, disparu depuis une dizaine d’années. Ce fils d’un riche armateur, après une carrière militaire dans les colonies, a pris la poudre d’escampette. Insoumis, rétif à toute autorité, il a déserté en Afrique. Sauvé par une tribu, il est devenu plus « nègre » que ces hommes et femmes longtemps considérés comme de la main-d’œuvre gratuite pour des esclavagistes racistes. S’il revient à Londres, c’est à la demande du serviteur de son père. Ce dernier est malade, il craint pour sa vie. James arrive trop tard. Il a enterré sa mère (une indienne achetée aux Amériques) et se retrouve à la tête de la fortune de son père. De ses dettes plus exactement car le vieil homme a tout perdu. James va reprendre la maison, les entrepôts et avec l’argent gagné sous les tropiques (ou volé ?), il a le projet d’ouvrir un comptoir sur une bande de terre désolée, sur la côte pacifique de ces USA en pleine guerre avec la couronne d’Angleterre.
■ Une suite ?
La série, en 8 épisodes d’une heure, permet de se replonger dans cette grande histoire un peu méconnue en France de la grandeur de l’Angleterre, forte de ses colonies et de son réseau maritime tenu par la compagnie des Indes. La terre de James est l’objet de toutes les convoitises. La couronne anglaise, les Américains en pleine guerre d’indépendance et la Compagnie.
Il va jouer de ces rivalités pour tenter de remporter la partie. A ces intrigues planétaires, se rajoutent une histoire de vengeance (contre le puissant directeur de la compagnie des Indes, interprété par un Jonathan Pryce excellent), ses retrouvailles avec sa demi-sœur (Oona Chaplin), la découverte que son père s’était récemment marié avec une jeune actrice (Jessie Buckley). Le côté tabou du titre vient des mœurs supposées de Delaney fils. La populace veut croire que son long séjour chez les sauvages lui a fait adopter leur mode de vie, du cannibalisme à l’inceste en passant par la magie. En partie vrai, ce qui rend le personnage interprété par Tom Hardy très ambigu et terrifiant par moments.
Mais ce Blanc, revenu de chez les sauvages tatoué de haut en bas, paraît parfois bien plus civilisé que les dirigeants anglais, prêts à tout et surtout au pire pour asseoir leur pouvoir ou faire fructifier leur fortune. Un soupçon de fantastique, un peu de violence et pas mal d’action composent ces huit heures de plongée dans le Londres d’antan. Et si l’histoire a une fin cohérente, tout est ouvert pour une suite de l’autre côté des océans.
➤ « Taboo », Studiocanal, 29,99 € coffret de trois DVD, 39,99 € le coffret de trois blu-ray
De choses et d'autres : Nul et non avenu
Voter blanc à une élection, est un non-choix. Par contre, voter nul demeure une bonne occasion pour un électeur lambda de faire passer un message. Confidentiel, mais grâce à quelques assesseurs de bureau de vote malicieux, certains de ces bulletins ont eu les honneurs des réseaux sociaux ou des chroniques locales. A Grenoble, un électeur a glissé un bulletin de Marine Le Pen mais a rajouté de sa main cette précision pleine d’ironie : « Non, je déconne ».
Un vote nul ce ne sont pas que des insultes rajoutées sur le bulletin d’un candidat que l’on n’aime pas, ce sont aussi des clins d’œil comme cette image de Pikachu ou cette carte de condoléances. Voire un don en nature quand on rajoute un préservatif (dans son emballage d’origine) ou une tranche d’andouille entourée de film plastique.
C’est l’occasion aussi de remettre les choses à leur place comme ce bulletin qui reprend les termes d’une de ces lettres type de refus envoyé à un demandeur d’emploi : « Mme Le Pen, M. Macron, malgré l’intérêt que suscite votre candidature, nous sommes au regret de ne pouvoir répondre favorablement à votre demande, ne disposant pas dans l’immédiat de poste correspondant à votre profil. » Expéditif, mais très proche de la réalité.
Enfin on peut voter blanc et nul à la fois. Comment ? En glissant, comme cet électeur breton, une photo de Michel Blanc dans l’enveloppe. Ça ne sauvera certainement pas la France mais au moins il y a de l’idée et c’est marrant.
(Chronique parue le 10 mai 2017 en dernière page de l'Indépendant)
mardi 9 mai 2017
BD : Pigalle, sa nuit et ses cadavres
Nostalgie quand tu nous tiens. Noël Simsolo ne cache pas son amour du cinéma noir des années 50. Dominique Hé, lui, est un adepte de la ligne claire. Ensemble ils ont déjà signé une série se déroulant à Hollywood au milieu du XXe siècle. Ils récidivent avec « Les miroirs du crime », mais en version française puisque l’essentiel de l’intrigue se déroule dans les cabarets de Pigalle. Guy Natale, patron de « La Perle Noire », flirte avec le monde du crime tout en conservant une relative honnêteté. En clair, il refuse de prostituer ses danseuses et de vendre de la drogue. Une intégrité qui n’est pas du goût des nouveaux caïds du quartier. Il échappe à un guet-apens, sauvé par un clochard. Guy prend soin de son « ange gardien » et va devoir mener une lutte sans merci contre des tueurs sans foi ni loi. Difficile combat dans lequel il recevra l’aide d’un policier cachant son jeu. Il mène une vendetta contre le chef de gang qui en veut à Natale. Ambiance film noir dans cette BD prévue en deux parties. On croise d’ailleurs le cinéaste JeanPierre Melville dans un cabaret et même Léo Malet, en plein repérage pour son nouveau roman policier qui verra l’éclosion d’un célèbre détective privé français. Nostalgie...
➤ « Les miroirs du crime » (tome 1), Glénat, 13,90 €
De choses et d'autres : Presque 66,11
N’en déplaise aux défaitistes et autres tenants des calculs alambiqués intégrant abstention, bulletins blancs et nuls comme autant de votes de défiance face à Emmanuel Macron, le nouveau président, en dépassant les 66 % a rassemblé davantage que les simples anti FN sur son nom. Sa jeunesse, son audace et son pari fou ont séduit des millions de Français heureux de voter pour une offre différente que les rediffusions des précédentes campagnes électorales, de Fillon, ancien Premier ministre à Mélenchon, plus jeune sénateur socialiste il y a quelques décennies. Sans oublier bien sûr la fille de son père, comme si l’extrémisme de droite se transmettait comme une lignée royale. Macron vient de nulle part (question parcours politique), c’est son principal mérite.
Sur son score, il s’est trouvé une personne à y voir un signe. Christine Boutin a relevé dans un tweet hier matin (avant le décompte du vote des Français de l’étranger) qu’il obtient 66,06 % des voix. Comme s’il y avait un présage dans ce triple six, symbole du Mal depuis l’obscurantisme moyenâgeux.
Dimanche soir, avec des collègues, on a aussi glosé sur le chiffre final. « S’il termine à 66,11 %, c’est forcément bon signe pour nos deux départements, les Pyrénées-Orientales et l’Aude. » Finalement le ministère de l’Intérieur a mis tout le monde d’accord hier midi. Ce sera 66,10 %. L’Aube a détrôné l’Aude...
(Chronique parue le 9 mai en dernière page de l'Indépendant)
lundi 8 mai 2017
BD : Voleurs, poison et magie dans « Venosa »
La ville de Venosa a mauvaise réputation. Cité marchande très fortifiée, elle abrite plusieurs guildes. Celle des brigands et voleurs n’est pas la plus forte. Mais elle a de l’honneur. Les autres ont délibérément choisi le pire commerce possible : la drogue. L’opalium, qui se fume, est devenue la pire menace du royaume. Aussi le roi assiège la forteresse dans l’espoir de faire cesser le trafic. Sur cette trame d’héroic fantasy, Olivier Milhiet, rajoute un peu de magie et beaucoup de complot. Sans compter une multitude de personnages et des monstres à foison. Une plongée dans un riche imaginaire, étonnante et passionnante. On suit plus particulièrement Epine, voleur plus intelligent que la moyenne, Gargarine, chef de la police et du renseignement, Neige, la fille du roi, droguée et en manque et le fameux Ibzik, droguiste et magicien de son état. Ce nain est celui qui va relier l’ensemble. Il connaît la drogue, fait chanter Epine, n’aime pas Gargarine et surtout a le moyen d’aller de l’autre côté du quartier maudit, là où les habitants de Venosa n’osent plus mettre les pieds depuis des décennies. Riche, dessinée dans un style très personnel, cette série confirme le talent d’Olivier Milhiet.
➤ « Venosa » (tome 1), Delcourt, 14,50 €
dimanche 7 mai 2017
Livres de poche : trois échappatoires pour fuir une certaine réalité
Joseph, 37 ans, mène sa barque comme il peut. Comme tout le monde. Atteindre le soir, le lendemain. La fin du mois. Les prochains congés. Finalement rien n’a changé depuis l’enfance. Mais il n’est plus un enfant, il en a un, Noé, et le bateau prend l’eau. La mère de l’enfant s’en va puis l’enfant à son tour – le temps des vacances. Joseph déboussolé prend le maquis. Le baron perché se serait réfugié dans son arbre. Joseph, lui, commence par grimper dans la cabane qu’il a construite dans un arbre du jardin.
➤ « La part des nuages », Thomas Vinau, 10/18, 6,60 €
Tout commence alors que Myriam est encore adolescente. Extrêmement introvertie, elle vit chez son père qui l’a élevée seul. La mort de leur voisine fait débarquer dans le quartier un homme d’une quarantaine d’années, Yann, qui très vite devient son premier amant. Chronique d’une émancipation borderline, ce roman raconte une vie hors des codes, entièrement construite à la faveur de rencontres et de situations. On croit tout savoir de Myriam, mais peut- être nous a-t-on caché l’essentiel ?
➤ « Dispersez-vous, ralliez-vous ! », Philippe Djian, Folio, 6,60 €
Ça bouge au 36 Quai des Orfèvres. De nouvelles recrues rejoignent les rangs de la brigade maudite du commissaire Anne Capestan, dont Saint-Lô, sorti de l’hôpital psychiatrique et Ratafia, rat policier. Sale affaire pour l’équipe de bras cassés : trois assassinats éparpillés sur le territoire. Dialogues hilarants, suspense et dérision... après le succès de Poulets grillés (Prix Polar en série, Prix des lecteurs du Livre de Poche), Sophie Hénaff récidive. On adore !
➤ « Rester groupés », Sophie Hénaff, Le Livre de Poche, 7,30 €
samedi 6 mai 2017
Livre : Devenez incollable sur le cinéma
L’époque est au court. Au bref. Au succinct. On veut tout savoir, mais vite et sans se prendre la tête. Exemple avec ce gros livre de plus de 300 pages fourmillant d’informations utiles ou légères sur le 7e art. « Le zapping du cinéma » est organisé par thèmes, avec à chaque fois une dizaine d’entrées. Par exemple, au rang du « politiquement incorrect », on trouve les premières œuvres de Peter Jackson comme le film de marionnettes « Meet the Feebes » ou « Tueurs nés » d’Oliver Stone avec aussi le rare et bourré de violence gratuite « Rampage » de Uwe Boll, présenté comme le « pire réalisateur de tous les temps ».
En plus de nous faire réviser nos grands classiques, le Zapping déniche nombre de pépites injustement oubliées. Le tout dans une présentation très graphique et riche en illustrations.
➤ « Le zapping du cinéma », Larousse, 17,95 €
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