dimanche 6 janvier 2013

BD : Michel Vaillant, de père en fils



Il a fait rêver les petits garçons dès qu'ils ont pu s'imaginer au volant d'un bolide. A grand renfort de bruitage à base de « VROOOAAAR ! » étalé sur toute la largeur de la page, Michel Vaillant représente l'idéal sportif dans toute sa splendeur. Premiers tours de roues en 1959 avec Jean Graton aux manettes. Pilote de Formule 1 pour la marque Vaillante, Michel côtoiera le milieu de la course automobile au fil des décennies. Il donnera l'envie de courir à un gamin nommé Alain Prost... Chaque épisode met en scène de véritables pilotes et des voitures réelles. Une bible pour tout passionné de sport auto. Si Michel Vaillant doit en être à sa 50e saison en Formule 1, il n'a presque pas vieilli. Miracle de cette BD qui ralentit le temps. Mais il n'est plus le jeune pilote impétueux des premières années. Michel Vaillant c'est aussi une saga familiale. Un aspect moins vrombissant mais essentiel de la série. Jean Graton a longtemps confié le dessin de la série à un studio de dessinateurs anonymes. Signe des temps, son fils, Philippe, gardien du temple et de la marque, a décidé de modifier les règles pour lancer en novembre dernier le premier tome d'une nouvelle saison. « Au nom du père » est une histoire écrite avec la collaboration de Denis Lapière, un pro du scénario (Alter Ego, Tif et Tondu) avec des dessins de Bourgne et Benéteau. Michel Vaillant s'est marié et a un fils. Ce dernier, pensionnaire dans une école suisse cause bien des problèmes à son père. Le premier de la lignée à se rebeller et rejeter l'entreprise familiale. Un album plus humain que les précédents. Tout en gardant le côté compétition automobile au plus près de la réalité. La reprise réussie par excellence. 

BD - Borée, la frontière fantasmée de Raspail et Terpant



La bonne littérature peut devenir de la très bonne bande dessinée. Il suffit que l'adaptation soit fidèle et surtout que le dessinateur croit en son projet. Jacques Terpant, en proposant l'adaptation du roman « Sept cavaliers » de Jean Raspail aux éditions Delcourt prenait un gros risque. Rapidement les lecteurs ont plébiscité la saga des Pikkendorff et Terpant a logiquement poursuivi sa vision d'un monde à part, où honneur et courage sont des valeurs essentielles. Dans le second tome du Royaume de Borée, Henrick, à la tête d'une petite troupe, poursuit l'exploration de la frontière de l'est. Un monde inconnu, inhospitalier, protégé par un mystérieux petit homme couleur d'écorce.
« Le royaume de Borée » (tome 2), Delcourt, 14,30 €
PS : n'hésitez pas à faire un tour sur le site de Jacques Terpant. Il regorge d'illustrations inédites toutes plus belles les unes que les autres ! 

samedi 5 janvier 2013

BD - Les héros font de la résistance

Blake et Mortimer, Alix, Michel Vaillant, Lucky Luke... Cela fait plus d'un demi-siècle que ces personnages de BD vivent des aventures trépidantes. Ils n'ont pas pris une ride. Leurs créateurs par contre ont tous passé la main à des auteurs plus jeunes. Ces derniers ont modernisé les séries tout en restant fidèles à l'univers d'origine.  


Que sont devenus les héros des bandes dessinées de notre jeunesse ? Ils n'ont pas pris une ride, toujours prêts à partir à l'aventure pour mettre hors de nuire les « méchants ». Le temps n'a pas de prise sur les personnages de papier. De Blake et Mortimer à Alix en passant par Astérix ou Spirou, ils ont normalement l'âge de partir à la retraite mais n'ont toujours pas raccroché. Leurs « papas » d'origine ont souvent raccroché leur plume depuis des lustres, mais succès oblige les maisons d'éditions ont trouvé des accords avec les ayants-droit pour prolonger les sagas, à l'exception notable de Tintin, Hergé a refusé que son personnage lui survive. 

En cette fin d'année 2012, une salve de titres de « grands anciens » envahit les rayons des librairies. Premier à tirer (toujours plus vite que son ombre), Lucky Luke dès octobre. Le cowboy solitaire animé par Morris durant près de 70 aventures, a changé de dessinateur. Achdé se charge de faire vivre l'éternel duel entre le héros et l'irrésistible quatuor des Dalton. Le succès d'une reprise doit beaucoup à la qualité du scénario. Lucky Luke à ce niveau bénéficie de ce qui se fait de mieux avec le duo Pennac Benacquista. Deux écrivains de renom au service d'une série où l'ombre de Goscinny plane toujours. 
Les deux autres grosses sorties de la fin d'année (le tirage de base est largement supérieur à celui du prix Goncourt) est à mettre à l'actif de Yves Sente, repreneur attitré des plus gros best-sellers du 9e art. En moins d'un mois il aligne un Blake et Mortimer (« Le serment des cinq lords ») et un XIII (« L’appât »). Les deux héros de Jacobs, nés en 1946 dans les pages de l'hebdomadaire Tintin, symboles du style british, sont figés dans les années 50. Juillard dessine cet épisode après Ted Benoit ou René Sterne. 
Plus jeune, XIII a pulvérisé des records de vente durant les années 80. L'espion imaginé par Van Hamme et Vance, a repris du service toujours grâce à Yves Sente et Jigounov au dessin.
Si la BD est un secteur économique florissant, elle le doit beaucoup à ces héros indémodables. Pour preuve la résurrection de Michel Vaillant ou  Iznogoud cette année. Et le meilleur est à venir en 2013. Spirou fête ses 75 ans dans un feu d'artifices de parutions alors qu'Astérix, pour la première fois ne sera plus dessiné par Uderzo. Ferri (scénario) et Conrad (dessin) auront la lourde tâche de relancer le Gaulois le plus célèbre de la planète.   
Dossier paru dans Bol d'Air, supplément culturel de l'Indépendant.

BD - Monstres au lycée et "Pleine Lune"



Dans le petite monde très masculin des scénaristes de BD, Isabelle Bauthian est l'exception qui confirme la règle. Déjà remarquée dans « Effleurée », elle multiplie les projets et chaque nouveauté confirme son talent, son éclectisme et sa parfaite connaissance des goûts du public d'aujourd'hui. « Pleine Lune » est un subtil mélange de fantastique et de romance au lycée. Koline, adolescente romantique, en pince pour Aurel, un garçon secret. Lors de la fête d'anniversaire d'une amie, ses copines boivent une supposée potion magique. L'effet n'est pas immédiat mais le lendemain, c'est un véritable cauchemar qui s'abat sur le lycée. Aurel révèle alors son véritable visage. Cela ne va qu'amplifier l'amour de Koline. Loin d'être réservée aux adolescentes fan de Twilight, cette BD dessinée par Saponti peut intéresser tous les publics.
« Pleine Lune » (tome 1), Dargaud, 9,99 €

Billet - Tweeter en travaillant


Décrire la réalité de son travail, si on est doté d'un bon sens critique ,peut rapidement vous conduire à la case chômage. Embauché en CDI dans un restaurant Quick du sud de la France, un abonné à Twitter fait un récit détaillé de ses conditions de travail.

Début novembre, il ouvre le compte @EquipierQuick et publie quotidiennement plusieurs messages. Rapidement il fait découvrir les coulisses d'un fast-food. Hygiène défaillante : « Une sauce a passé la nuit hors du frigo... J'ai eu l'ordre de la mettre en place pour le rush du midi ».
Harcèlement de la part d'une manager : « Ça y est on est sous pression avec cette manager qui se croit tout permis... » « Juste avant de partir j'ai eu le droit à des moqueries de la manager... "mais on dirait que t'es une meuf !"... »
Le compte, très vivant, loin d'être seulement une tribune revendicative (il raconte aussi les pauses sympa, la bonne humeur du matin...), est suivi par plusieurs milliers de personnes. Mais ce type de grosse entreprise supporte mal de ne pas maîtriser sa communication à la virgule près. L'employé caché derrière @EquipierQuick, identifié par le siège, est suspendu fin novembre, avec émoluments, mais sans explication.
Jeudi, la société de restauration annonce sur son site son intention de le poursuivre pour diffamation... Pourquoi cette affaire prend-elle une telle ampleur ? Peut-être parce que le restaurant décrit est celui d'Avignon, déjà sous le feu des projecteurs après la mort d'un de ses clients intoxiqué en janvier 2011.  

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce samedi

Billet - Champions de la reconversion


Se vendre sur internet n'est pas réservé aux plus pauvres, telle cette étudiante brésilienne monnayant sa virginité (vendue 600 000 euros à un Japonais) ou cette Espagnole obligée de mettre quelques-uns de ses organes aux enchères pour payer son loyer. Même les champions sportifs se retrouvent sur le marché.

Le site internet laboxdesetoiles.com vend des demi-journées (299 euros, groupes de 10 personnes maximum) en compagnie de célébrités rémunérées pour faire découvrir leur sport. Le « catalogue » est très diversifié. Du champion du monde de foot (Laurent Blanc ou Lilian Thuram) aux médaillés olympiques (Laura Flessel) en passant par quelques skieurs comme Carole Montillet.
Les rencontres se déroulent à l'INSEP de Paris ou dans une station de ski. Par exemple, vous pouvez jouer le fan de Martin Fourcade, le Catalan champion de biathlon. Le rendez-vous se passera à Autrans et attention un minimum de condition physique s'impose. Le programme est clair : « 9 h 30 départ sur les pistes. 13 h 30  échange avec le champion, dédicaces et photos ». Quatre heures dans le sillage de Martin Fourcade, personnellement, si je ne dispose pas d'un scooter des neiges, c'est l'infarctus assuré.
Les dames craqueront peut-être pour un nageur. Elles peuvent mettre dans leur cabas Amaury Leveaux ou Alain Bernard. Non, Camille Lacourt n'est pas en rayon ! Pas de footballeur en activité non plus. Dommage pour Zahia, je parie qu'elle aurait aimé rendre la monnaie de sa pièce à Franck Ribéry...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue vendredi en dernière page de l'Indépendant.

Billet - Vue de chien


Voulez-vous connaître les secrets de la vie de votre animal de compagnie ? Une caméra vidéo miniature, à accrocher au cou de votre chien ou de votre chat, vous permet de tout savoir sur ses escapades solitaires, loin de son doux foyer. Fabriqué par eyenimal.com et en vente sur divers sites spécialisés, ce gadget coûte entre 100 et 125 euros. Il enregistre durant plus de deux heures, des scènes récupérables sur l'ordinateur grâce à un câble USB. Les petits films présentés sur le site montrent des déambulations sur les toits ou dans les jardins en friche. Rien de bien extraordinaire. 

Si par bonheur mes chiens et chats en étaient équipés, je pourrais publier des scènes plus croquignolesques. Comme ce jour où, Pitchoun, un terrier très futé, a boulotté toute une tarte, préparée par ma belle-mère et laissée imprudemment à refroidir sur la table de la cuisine. Le retrouver repu, le ventre ballonné dans son panier m'a fait éclater de rire. Ma belle-mère pas du tout. Voir son approche, la façon dont il a bougé une chaise afin de l'utiliser comme marchepied et son plaisir de dévorer sa proie une fois à destination : voilà ce que la dog videocam aurait enregistré dans ce cas précis.
Si j'en équipe toute ma ménagerie (deux chiens et trois chats), je peux même me transformer en réalisateur animalier. Notamment le jour où les chats ont attaqué un poulet mis à décongeler sur le plan de travail de la cuisine et l'ont fait tomber pour que les chiens se goinfrent eux aussi... Alors, je saurai enfin qui est le meneur de notre Club des cinq à quatre pattes.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue jeudi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 2 janvier 2013

Billet - Nouveaux lingots d'or made in Apple

Smartphones et tablettes sont les nouveaux symboles de notre société de consommation. Stars des cadeaux de fin d'année, ils amorcent une entrée fracassante dans l'actualité du grand banditisme. Signe des temps, les braqueurs ne s'attaquent plus aux bijouteries mais aux Apple Stores.

Ces attaques éclair, fréquentes aux USA, traversent pour la première fois l'Atlantique. Le soir du réveillon, quatre hommes armés pénètrent par effraction dans l'Apple Store de Paris Opéra, neutralisent les gardiens et dérobent pour un million d'euros de matériel informatique. Les malfrats high-tech emportent leur rapine dans un camion tout bêtement garé à l'entrée de la boutique. Des centaines d'iPhones et d'iPads vont se retrouver sur le marché noir à des prix défiants toute concurrence.

Paradoxe de la modernité, en s'attaquant à Apple et ses petits bijoux de technologie, les voleurs font aussi dans la culture. Un iPad, seul, n'est qu'une coquille vide. Il peut contenir des milliers de romans ou de films. Un rangement, compact et moderne, mais juste un rangement. Il y a 15 ans, les voleurs, pour obtenir un butin équivalent, auraient dû dévaliser des kilomètres et des kilomètres de rayonnages de bibliothèque. Encombrant et totalement invendable.

Smartphones et tablettes sont de plus en plus petits, compacts, performants. Comme le métal précieux, ils n'occupent quasiment pas de place au regard de leur valeur. Plus de doute, ces appareils sont les lingots d'or du XXIe siècle. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

mardi 1 janvier 2013

Billet - Les milliards du net en 2012

2012 sur le net : que reste-t-il d'une année de surf virtuel ? Tentative de bilan, épisode 5/6.

La fortune en un clic de souris. Tout le monde en rêve, certains l'ont fait. En 2012, les milliardaires d'internet passent à la vitesse supérieure. Les sociétés issues du net se lancent à l'assaut des places financières. Première bordée avec Groupon. Son introduction en bourse est un succès, ses premières cotations une catastrophe. Le trafic n'est pas toujours synonyme de bénéfices. Encore plus médiatisée l'arrivée de Facebook à Wall Street. Toutes les actions trouvent preneur à 38 dollars. Mais rapidement le cours dévisse. Mark Zuckerberg perd un milliard dans l'affaire. Il lui en reste encore 5 ou 6... Suffisamment en tout cas pour acheter Instagram, le logiciel de retouche de photos. En 2012, certains chiffres donnent le vertige. 
Le net est un peu le nouvel eldorado du XXIe siècle. Ils sont des millions à espérer faire fortune dans le virtuel. Néanmoins, peu de chanceux font partie des élus. Quand je me suis lancé il y a un peu plus d'un an dans la rédaction quotidienne (sauf le dimanche, mille mercis Jean-Paul Pelras de me permettre de respecter Shabbat) de cette chronique sur le net, je me suis dit : « Fin 2012, je suis millionnaire. » Objectivement, il ne me reste plus que deux jours pour persuader mon rédacteur en chef de m'octroyer une prime à six zéros. A moins qu'un riche mécène (Mark, si tu me lis) aie pitié d'un pauvre chroniqueur... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant.

Billet - Dernier bilan de 2012, ras le Psy

2012 sur le net : que reste-t-il d'une année de surf virtuel ? Tentative de bilan, épisode 6/6.

L'année 2012 ne restera pas dans les annales comme celle de la réélection de Barack Obama ou du retour au pouvoir des socialistes en France. Cela aurait pu être celle de la fin du monde, mais au final, s'il n'en reste qu'un pour symboliser cette année, ce sera le chanteur coréen Psy. Internet a une nouvelle fois accouché d'un « phénomène » que personne n'a vu venir. Les plus « branchouilles » des veilleurs du net annonçaient le déferlement de la K-pop sur le reste du monde. C'est une parodie de cette musique sucrée et aseptisée, alliée à une danse aussi simple que ridicule, qui a mis tout le monde d'accord. Le clip « Gangnam Style » affole le compteur de YouTube depuis quelques mois. Avec plus d'un milliard de vues (1,083 exactement à 24 heures du réveillon) il pulvérise tous les records. Et ce n'est pas prêt de cesser. Il suffit d'imaginer, ce soir, les hordes de fêtards avinés en train de danser à la Psy. Après la traditionnelle chenille car tradition et bon goût français ne font pas toujours bon ménage. 

Mais comment expliquer l'inexplicable ? Quel sociologue osera décortiquer la signification cachée de ces pas de danse pour en découvrir la substantifique moëlle ? A moins que tout bêtement le physique de Psy ne plaise aux foules. Là où les groupes de K-pop sont nombreux, beaux et excellents danseurs, Psy est rondouillard, pataud et plein d’auto-dérision. Un nouveau Monsieur Tout-le-monde, mais à l'échelle planétaire.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue lundi 31 décembre en dernière page de l'Indépendant.