mardi 25 mars 2003

BD - Les premières interventions des Pompiers de Stédo


Après les gendarmes, les profs et les fonctionnaires, ce sont les pompiers qui ont les honneurs de la collection « Humour job » des éditions Bamboo. Stédo, après avoir hanté les pages de Spirou durant de nombreuses années, semble enfin avoir trouvé sa voie. 
Son dessin rond, dans la grande tradition d'un Franquin ou d'un Seron, est très efficace dans cette série de gags mettant en scène des hommes du feu rarement compétents, au grand désespoir des victimes. Particulièrement comiques les brimades infligées au petit nouveau tout excité à l'idée de tomber les filles dans son bel uniforme. 
Stédo a le vent en poupe : il vient de reprendre le dessin du Garage Isidore aux éditions Dupuis. (Bamboo, 8,99 €) 

dimanche 23 mars 2003

BD - Andréas mène le monde de Capricorne dans un tunnel


Andreas mène deux séries en parallèle. Capricorne au Lombard et Arq chez Delcourt. La première semblait plus classique, mais cet auteur inventif et inclassable a fait évoluer personnage et contexte pour entraîner l'ensemble de l'histoire vers un univers fantasmagorique, de plus en plus décalé et irréel.
 Capricorne, réfugié dans les égouts pour fuir les tortionnaires du Concept, organisation extrémiste ayant pris le pouvoir en surface, reçoit le renfort de quelques résistants supplémentaires. 
Ensemble, ils creusent un tunnel débouchant dans un lieu mystérieux, déclaré tabou par les Indiens des siècles plus tôt. 
Mise en page virtuose, cadrages novateurs, trouvailles graphiques, Andreas est définitivement un grand de la bande dessinée. (Le Lombard, 9,45 €) 


BD - Le STAR face à un de ses cobayes



Les chercheurs du STAR (Sciences, technologies, analyses et recherches) sont à la recherche de leur dernier sujet d'expérience, K2CM, un homme entièrement paralysé mais qui arrive à communiquer grâce à une sonde plantée dans son cerveau et reliée à un ordinateur. Cet accidenté de la route semble mener une vengeance absolue. Il entraîne une infirmière dans sa quête et met en danger sa vie ainsi que le projet mené par les quatre membres de STAR. 
Dessinée par Thierry Cayman, cette série est issue de l'imagination de Patrick Delperdange. Ce dernier, après avoir écrit nombre de romans et de scénarios pour le cinéma et la télévision, est venu renforcer la nouvelle vague de Casterman, proposant les aventures de Mac Namara sur des dessins de Taymans. (Casterrnan, 9,45 €) 


En bonus le fac similé de l'article de Centre Presse en 2003...

dimanche 19 janvier 2003

Quand la BD utilise de solides références

La bande dessinée sait sortir de son carcan pour exploiter quelques références. Que cela soit l’œuvre  de Boris Vian, les romans de la Série noire ou les westerns spaghettis, ces trois albums permettront aux lecteurs d’élargir leur horizon.

L’art de l’adolescence


L’adolescence, période difficile à vivre, devient un véritable rêve éveillé quand on trouve sa voie. "Thomas ou le retour du Tabou" d’Hervé Bourhis retrace le parcours d’un collégien au moment où il se désintéresse des dessins animés découvrant que certains livres peuvent être passionnants. Il débute avec L’écume des jours de Boris Vian puis embraye avec une biographie de cet écrivain rebelle. Thomas prend le pari de refaire vivre l’ambiance du cabaret le Tabou. Une histoire toute en finesse, abordant les problèmes de l’art, de l’amitié et de l’émancipation par rapport aux parents. Un album qui a reçu  le prix René Goscinny du scénario. (Les Humanoïdes Associés, 12,35 €)

Élections, piège d’édition


Ambiance très littéraire également dans "Le Choucas met le feu aux poudres", cinquième titre de la série écrite et dessinée par Lax. Le héros, détective privé vénérant la collection de la Série Noire, se trouve cette fois aux prises avec une maison d’édition voulant profiter de la période électorale pour faire des bénéfices substantiels en discréditant la République. Situations épiques, personnages secondaires cocasses, analyse critique de notre société : cette série a tout pour plaire. (Dupuis, 8,99 €)

Hilarant Django Renard


De l’hommage à la parodie il n’y a qu’un pas que Curd Ridel (scénario) et Dav (dessin) franchissent allégrement en signant "Django Renard", série de gags brocardant les westerns spaghettis. On retrouve dans cette BD animalière Django, malicieux et débrouillard et Teddy Beer, force de la nature marchant dans l’ombre de Django mais qui n’a pas inventé la poudre. (Bamboo, 8,99 €)

dimanche 5 janvier 2003

BD - Bandes de jeunes

Groupe de super-héros, groupe de rock ou groupe d’écoliers, dès qu’ils sont ensemble, les jeunes sont plus forts. 


Les Krashmonsters sont trois : Wina, fille du capitaine des forces spéciales de police de Monayork, Théo et Stiky, rejetons de la présentatrice vedette de la chaîne de télévision locale. Ils bénéficient de l’aide de Bug, un robot transformiste très efficace en cas de danger impromptu. Théo, timide et très intelligent, n’est pas insensible au charme de Wina, spécialiste des arts martiaux. 

Stiky, le plus jeune de la bande ne jure que par jeux vidéo et rollers. Ils ont pourtant décidé ensemble de sauver la ville de l’attaque des mouches mutantes créées par l’ignoble Docteur Bactério. 

Une parodie à la française des super-héros américains due à la conjonction des talents de Tarquin (le dessinateur de Lanfeust), Dutto, Bianco et Floch. Un dessinateur qui n’a plus rien à prouver encadre ces trois jeunes prometteurs. (Soleil, 9,45 €)



Les bandes de jeunes font parfois des bêtises mais également de la musique. Rob Wed & Co ont décidé de consacrer tous leurs loisirs au rock’n roll. Le groupe se rode de répétitions en concerts privés. 

Une série de gags qui en est déjà à son troisième recueil avec Erroc et Jenfèvre aux textes et Janvier à la mise en partition dessinée. C’est dans le vent et plein de clins d’œil musicaux. (Bamboo, 8,99 €) 



Jojo, jeune héros plein de poésie créé par Geerts n’a pas de chance. Quand sa mamie doit aller se faire opérer il ne reste qu’une solution : le mettre au pensionnat. Le petit garçon, une fois les cours terminés, reste dans les murs de l’école sous la responsabilité du directeur. Il pensait s’amuser avec les autres internes mais il se retrouve être le seul pensionnaire de cette école de campagne. 

Un album qui sent bon les vieux cahiers d’écoliers. Nostalgie, quand tu nous tiens… (Dupuis, 8,20 €) 

dimanche 27 août 2000

Polar - "Après la pluie" raconté par Frédéric H. Fajardie

Joe Dickman a envie de vivre. De se poser et de profiter un peu de l'existence. Dickman est un ancien combattant. Mais pas un de ceux qui racontent des exploits imaginaires après s'être planqués consciencieusement.

Avec son pote Scarfati ils se sont engagés dans les forces françaises libres en Afrique. Ils étaient de tous les coups. Dans le désert puis en Sardaigne, en Italie, le débarquement en Provence jusqu'en Alle-magne.

Maintenant, bardés de médailles et de reconnaissance ils viennent d'ouvrir une agence de détectives privés. Ils chassent la femme adultère et les truands enrichis au marché noir.

Dickman escorte également les fils de grands bourgeois qui vont déniaiser dans les bras d'une pensionnaire de maison close.


Sauver Lulu de la prostitution 

C'est là que Dickman rencontre Lulu. L'ancien militaire tombe amoureux de la belle et pour conjurer ces années passées frôler la mort décide de la sortir de son milieu pour en faire sa femme.

Mais se racheter une conduite et faire oublier le passé n'est pas chose

aisée, même en cette période trouble de redistribution des cartes.

Frédéric H. Fajardie, sous couvert de roman policier, dépeint avec rigueur et réalisme cette France de l'après-guerre, qui réapprend à vivre avec con-fiance, tout en essayant de démasquer les collabos qui se sont racheté une conduite à quelques heures de la Libération.

Le portrait de Darrigaud, flic pourri qui mange à tous les râteliers, est criant de vérité. Collabo notoire et résistante de la dernière heure, il s'est rempli les poches avec les Allemands et entend bien continuer ses magouilles. Mais on se dit que pour un Darrigaud mis hors circuit par Dickman, il devait en rester dix en service...

 

"Après la pluie", Frédéric H. Fajardie, Folio Policier, 36 F 

SF - Le pouvoir des arts

Dans le futur, la révolution passera par les artistes.


Il vous est certainement arrivé un matin de vous réveiller en vous souvenant parfaitement de votre rêve. Avec un luxe de détail incroyable. Cette fiction, dans laquelle vous êtes acteur ou spectateur, n'est pourtant que le fruit de vos 
pensées. Du virtuel à l'état brut, mais presque palpable. Imaginez maintenant que ce rêve, vous avez la possibilité de le contrôler et d'en faire profiter votre entourage.

« La Bohême et l'ivraie », roman fleuve d'Ayerdhal, utilise ce postulat de départ.


Mélange de sens

Des humains, aux pouvoirs psychiques supérieurs, peuvent projeter de véritables spectacles  directement dans les centres nerveux de leur auditoire. Ylvain est de la race des kineires. Mais il est renvoyé avec perte et fracas de l'école qui les forme. Ses spectacles sont jugés décadents, non conforme à l'éthique de la profession.

Ylvain devra se perfectionner seul, dans des planètes perdues, avant de pouvoir projeter des œuvres de qualité à un auditoire conséquent.

Cet artiste va petit à petit voir sa notoriété croître dans la population. Ses projections sont de plus en plus novatrices, parfaites et occupant l'ensemble des sensations humaines. Il arrive même à mélanger les sens, faisant voir des odeurs ou entendre des couleurs. Rapidement cette célébrité n'est pas au gout des gouvernants qui craignent une propagation d'idées subversives mettant en péril l'équilibre de l'univers. Une meute de tueurs est lancée aux trousses d'Ylvain. Il ne devra son salut qu'aux pouvoirs de ses amies, Made et Ely.

Cette dernière notamment se détourne de l'art pour utiliser violemment son don de projection. Car comme pour toute invention ou nouveauté, un militaire est à l'affût pour la transformer en

arme...

Publiée en 1988 en plusieurs volumes, Ayerdhal voulait depuis longtemps retravailler cette œuvre de jeunesse. Il n'y a pourtant que peu touché, gardant l'esprit d'origine. La faute à ses premiers lecteurs à qui il a demandé conseil. Pour eux transformer « La Bohême et l'ivraie » aurait été contraire à l'éthique.

Reste un formidable roman de science-fiction, hymne à la liberté de vivre et de créer comme on l'entend


"La Bohème et l'ivraie", Ayerdhal, Fleuve Noir, 99 F 

dimanche 20 août 2000

BD - Les " Gnomes de Troy" arrivent, cachez vous !

Lanfeust de Troy aussi a été petit. Après Spirou, Lucky Luke et autre héros ayant suivi une cure de rajeunissement pour gonfler des ventes vieillissantes, le beau Lanfeust aussi sacrifie aux bêtises enfantines.

Une série de gags et d'histoires courtes qui avaient d'abord fait la joie des amateurs du magazine « Lanfeust ». Face au succès remporté auprès des lecteurs, ces histoires grinçantes sont reprises pour la première fois en album. Il y est régulièrement question de sexe, de pipi, de caca et de combats épiques contre des hordes de dragons. Lanfeust, âgé d'une dizaine d'années, ne connaît toujours pas son don. Régulièrement il « pousse » pour le découvrir ; cela n'est pas sans conséquences pour ses fonds de pantalons...

Arleston excelle dans cet humour un peu potache et Tarquin, au dessin, semble prendre beaucoup de plaisir à dessiner ces chenapans jamais en mal de coups foireux. 

"Gnomes de Troy" (tome 1), Soleil, 59 F

BD - "Les ogres" terrifient l'Alaska

Hiram Lowatt, journaliste vedette de « Secrets of nature », accompagné de son fidèle Placido, raconte dans des conférences très courues l'incroyable révolte des objets (voir « Hop-Frog », réédité dans la même collection). 

Leur tournée les conduits en Alaska. Dans les étendues gelées les deux compères sont accueillis par le juge Dunbar. Ils arrivent en pleine révolte des "Cœurs de bête" des indiens qui se cachent sous des peaux d'ours et mangeraient leurs victimes humaines. Le Glouton, chef des sauvages, est pourtant beaucoup plus éduqué que la moyenne des pionniers. Lowatt rencontre également en Alaska la belle Miss Norton. Elle venait voir son frère, mais il est mort, mangé par les cœurs de bêtes. Dans une ambiance angoissante où la peur est derrière chaque arbre, Lowatt se doute que la vérité est plus complexe.

Cet album de David B. et Blain est un petit bijou, certainement le meilleur de la jeune collection Poisson Pilote. 

"Les ogres", Dargaud, 59 F 

BD - Jeannette Pointu au pays des pixels

L'intrépide Jeannette Pointu se frotte à l'univers des jeux vidéo. Contactée par la multinationale Giga Méga Star, elle a pour mission de tester la nouvelle génération des jeux vidéo. Exit l'écran. Le joueur, grâce à une combinaison et des salles adaptées, participe avec tout son corps. Agréable quand Jeannette se trouve sur une plage de sable chaud. Beaucoup moins quand elle se fait attaquer par des monstres volants.

Cela se compliquera encore plus dans un jeu de bataille spatiale. Un terroriste a détourné le logiciel et la guerre virtuelle devient très réelle.

Wasterlain féminise de plus en plus son héroïne au minois de plus en plus craquant. Elle n'en perd cependant pas son caractère bien trempé, fonceuse et peu émotive. Elle reviendra de son escapade virtuelle avec une charmante bestiole, un choupitchou ressemblant comme deux gouttes d'eau à un pokémon, qui devrait devenir la mascotte de la série. 

"Jeannette Pointu" (tome 15), Dupuis, 49,90 F


(Chronique parue en août 2000 dans la page livres de Centre Presse Aveyron