samedi 9 novembre 2024

En vidéo, “Breathe”


Sorti en DVD chez M6 Vidéo, Breathe, film de science-fiction n’a pas eu les honneurs du grand écran. Juste une sortie il y a quelques mois sur Prime Vidéo. Réalisé par Stefon Bristol, il fait partie de ces œuvres au budget serré qui misent tout sur la tension de l’intrigue.

Dans un futur proche, l’oxygène a quasi disparu de l’atmosphère. Ne survivent que quelques groupes de scientifiques. Maya et Zora sont recluses dans un bunker. Elles ont un générateur à oxygène qui attire les importuns. Mère et fille devront défendre chèrement cette machine qui leur permet de continuer d’avoir un avenir.

Un film un peu trop manichéen. Si la performance de Mila Jovovich est bonne sans plus, Sam Worthington, en méchant complètement frappadingue, fait forte impression.

vendredi 8 novembre 2024

Thriller - Place à la terreur dans les bois avec Maria Grund

Sanna et Eir, policières sur une île suédoise, sont de nouveau sur la sellette. Un homme, nu, poignardé, est retrouvé dans une ferme en ruines au cœur des bois. 



L’image d’une Suède tranquille et prospère, où il fait bon vivre, est sérieusement écornée dans les romans policiers des écrivains du cru. Maria Grund, nouvelle venue dans le milieu, n’échappe pas à la règle. Son premier titre, La fille-renard, abordait de front le problème de la maltraitance des enfants et de la pédophilie.

Dans la suite, Le diable danse encore, la police locale doit faire face à une multitude de problèmes, dont, entre autres, celui des SDF squattant sur des radeaux qu’ils amarrent dans des zones désertes, de la montée des groupes violents d’extrême-droite et du trafic de drogue gangrenant la jeunesse.

On retrouve aussi les différents personnages du premier tome, notamment Sanna Berling et Eir Pedersen, policières. La première, marquée après un affrontement avec Jack, tueur en série terrifiant, tente de se reconstruire dans le poste de police d’un petit village. La seconde poursuit sa carrière à la criminelle et a même rencontré l’amour. Tout change quand Sana, en suivant dans les bois un groupe d’adolescentes rebelles en vélomoteur, tombe sur le cadavre d’un homme dans les ruines d’une ferme. Il est nu, poignardé, le corps recouvert d’ecchymoses. Le roman raconte avec brio toute l’enquête, les progressions, les fausses pistes, jusqu’à la scène finale. Mais l’essentiel est dans le développement de la vie et de la psychologie des deux héroïnes. Sanna craint le retour de Jack. Elle reçoit des appels anonymes et entend parfois du bruit dans son appartement.

Cela devient vite effrayant, même pour le lecteur : « Sanna s’immobilise, et les images des victimes de Jack lui reviennent en masse. Elles avaient toutes la poitrine tailladée à coups de couteau. Tout à coup elle sent un courant d’air lui caresser la nuque. Elle tourne rapidement la tête pour regarder par-dessus son épaule, mais il n’y a personne. C’est juste cette satanée impression d’être observée qui lui joue encore des tours. »

Sanna et Eir, deux femmes aux abois, malmenées par leur créatrice. Car la Suède, définitivement, n’est plus un pays où il fait bon vivre…


« Le diable danse encore », Maria Grund, Robert Laffont - La Bête noire, 456 pages, 22 €

jeudi 7 novembre 2024

Polar - « Le premier renne », âme de la toundra

Découverte de terres rares, élevage de rennes et attaques de loups : trois facteurs qui risquent de mettre le feu à la région où patrouillent Klemet et Nina, membres de la police des rennes. 


On pourrait penser que dans la toundra, au cœur de ce grand nord, terres froides entre Suède, Norvège et Finlande, la nature a encore tous ses droits. En lisant le nouveau polar d’Olivier Truc, journaliste français vivant à Stockholm, on comprend que là-bas aussi l’environnement est en grand danger.

On retrouve avec un réel plaisir ses deux héros récurrents de la police des rennes : Nina Nansen et Klemet Nango. Le second est à moitié Sami, cette ethnie qui peuple la toundra depuis des siècles et des siècles. Une société en harmonie avec l’énergie vitale du lieu : les rennes. Ces mammifères vivent en harmonie avec leurs éleveurs, broutant le lichen, circulant librement de prairie en pâturage en été.

Un mode de vie qui perdure. Mais pour combien de temps encore ? C’est l’interrogation, l’inquiétude, qui reste en filigrane de ce texte. Les nomades éleveurs ont d’abord dû céder du terrain quand du fer a été découvert à Kiruna en Suède. Une mine toujours en exploitation, qui charrie des milliers de tonnes de minerai vers la côte, en train. Convois qui traversent les chemins de transhumance des troupeaux de rennes.

Nina et Klemet sont sollicités quand un train tue plusieurs dizaines de bêtes arrêtées sur les voies. Les éleveurs sont furieux. Le lendemain une bombe fait exploser le chemin de fer. La tension est forte. D’autant que l’été est là, avec un ensoleillement dépassant les 23 heures, et beaucoup de travail pour les éleveurs qui doivent marquer les faons. Une pratique ancestrale.

Chaque famille Sami a une marque propre, faite sur les oreilles des jeunes animaux. On découvre cette pratique avec Anja, fille d’éleveur, une rebelle. « Jamais Anja n’avait marqué un faon avec tant de difficulté. […] Elle reposa un instant sa main droite qui tenait le petit couteau à la lame effilée. […] Le cœur du faon battait, résonnait dans son propre crâne. Elle prit à nouveau la fine oreille entre ses doigts, retins sa respiration, l’œil démesuré du faon figé sur elle, trancha la pointe de biais. Pour sa marque, il fallait encore cinq coups de couteau. » Le texte d’Olivier Truc nous permet de plonger dans ce mode de vie si particulier ; ancestral tout en étant moderne, les jeunes Sami utilisant des drones pour localiser et guider les rennes de la toundra vers la zone de marquage.

Anja est au centre de l’intrigue. Spoliée de ses droits, elle veut avoir sa place dans le groupement d’éleveurs, le sameby. Mais en secret, elle a une autre utilité : c’est elle, tireuse d’élite, qui est chargée d’éliminer les loups et autres gloutons, prédateurs des rennes.

L’occasion pour l’auteur de faire se rencontrer Anja et un vieux berger français, Joseph, ayant perdu son troupeau dans les Alpes. Il veut se venger. Se rend à Kiruna pour se faire un loup. Anja va le guider, passer un marché avec lui, tout en expliquant, « J’en ai abattu trois des loups. Et quelques gloutons aussi. C’est pas pour ça que je me sens mieux. Ça Fait longtemps que j’ai compris que c’est pas ça qui m’apaiserait. » Cette plongée littéraire dans la nature sauvage est contrebalancée par les manœuvres des hommes, les ambitieux, investisseurs qui rêvent de gagner beaucoup d’argent.

Des gisements de terres rares ont été découverts. Le nouveau pétrole de la transition écologique. Mais encore une fois, cela risque se faire au détriment des rennes et des Samis.

« Le premier renne », Olivier Truc, Métailié, 528 pages, 22 €

mercredi 6 novembre 2024

Thriller - Le sang coule après « Le murmure des hakapiks »

Nouveau roman dépaysant de Roxanne Bouchard, toujours dans les incroyables paysages de la Gaspésie au Canada francophone. Avec des loups de mer et beaucoup de sang.


Certains auteurs ne sont pas tendres avec leurs personnages. Roxanne Bouchard, romancière québécoise fait partie des pires dans le genre. Ses deux héros récurrents, Simone Lord et Joaquin Moralès, se retrouvent dans des situations très compliquées dans Le murmurer des hakapiks.

Simone est seule sur un chalutier en compagnie de chasseurs de loups de mer et occasionnellement passeurs de drogue. Joaquin est lui aussi bloqué sur un navire, un bateau de croisière alors qu’il voudrait avant tout partir secourir sa collègue. Le lecteur, tremble surtout pour Simone, acculée par des hommes déterminés à la violer avant de la tuer. Un récit glaçant, comme ces contrées quand le vent nordet se met à souffler et transforme la mer en banquise.

Un polar très sombre, avec beaucoup de morceaux de Canada authentiques comme ces haka piks du titre, « de longs bâtons de bois munis de crochets. Contrairement aux tirs de carabines, dont la détonation est bruyante, l’élan de l’hakapik est discret. L’arme fend l’air dans un chuchotement et la masse métallique s’abat sur la bête. Un murmure, et le loup meurt, dans la froide quiétude de la banquise. » L’intrigue utilise cette chasse aux loups gris et cette technique particulière, qui a fait beaucoup couler d’encre quand Brigitte Bardot a dénoncé ces massacres.

Aujourd’hui encore les protecteurs des animaux s’opposent à cette chasse. mis le roman est tout en nuance, car la population de loups ne cesse de croître. Et leur chasse est autorisée. Mais très contrôlée, raison pour laquelle Simone se retrouve embarquée avec les chasseurs, recouverts de sang après avoir tué et dépecé une centaine d’animaux. Âmes sensibles s’abstenir.

« Le murmure des hakapiks », Roxanne Bouchard, L’Aube, 264 pages, 19,90 €

mardi 5 novembre 2024

BD - Chats bavards


Naturellement, les chats sont impertinents et moqueurs. Alors imaginez s’ils avaient le pouvoir de parler ! Justement, dans la série Parole de chat, écrite par Noël Chanat et dessinée par BidyBop, une bande de fieffés félins ne se prive pas de répondre aux humains qui ont la prétention de vivre avec eux.


Le jeune Jean-Aymar et son grand-père Victor se considèrent comme des maîtres des animaux, mais les chats, en réalité, n’y voient que des esclaves. Ce gros album, dessiné dans un style entre manga et BD animalière réaliste, est l’occasion de profiter de quelques bons mots sortis des gueules de ces matous matois.

Comme cette réflexion : « Les êtres humains sont très forts pour se gâcher la vie, on appelle ça la rature humaine » ou quand Jean-Aymar n’ose pas déclarer sa flamme à la jolie Ophélie, un chat lui fait remarquer que « avant de copuler, il faut d’abord lui sentir la croupe. »

« Parole de chat » (tome 2), Delcourt, 72 pages 15,95 €

lundi 4 novembre 2024

BD - Avant le génie


Pour sa première BD, Jeff Victor, connu pour son travail dans le monde de l’animation, revisite le mythe d’Aladin, des lampes magiques et des génies. Un roman graphique destiné aux plus jeunes (à partir de 7 ans), pour espérer avoir un jour un héraut doux et gentil comme le héros.

Avery vit seul avec son papa dans une station service perdue dans le désert américain. Un jour, il trouve une vieille lampe à pétrole. Il la nettoie et en sort Gribblet, sorte de petit chat au pelage rouge, qui parle et vole. Comme un génie. Mais il n’est que le héraut, celui qui va annoncer au chanceux qu’il vient de gagner trois vœux.


Le gentil Gribblet va ensuite expliquer à Avery que cette lampe a longtemps hébergée un génie femme. Tombée amoureuse du papa d’Avery, elle a donné naissance au petit garçon puis été condamnée à être emprisonnée au pays des génies. Avery, à moitié génie, va donc tenter d’aller la délivrer avec l’aide du malicieux Gribblet.

Dessinée dans un style très cartoon, cette histoire de famille séparée et de métissage vaut surtout pour les illustrations de Jeff Victor. On a réellement l’impression d’être immergé dans un film d’animation de très grande qualité.

« Fais un vœu », Jungle, 152 pages, 14,95 €

dimanche 3 novembre 2024

BD - Intrépide Kabocha


De tous les animaux domestiques, le chat est de loin le plus indépendant. Le plus craquant aussi. Daisuke Igarashi, mangaka japonais, le confirme dans ce petit album intitulé Le petit monde de Kabocha.

Alors qu’il vivait en ville, le dessinateur entend des miaulements. Un tout petit chaton sur le parking. Il se dit trois fois qu’il est hors de question de l’adopter. Et deux pages plus tard, il lui donne le biberon…


C’est une femelle, elle deviendra Kabocha et ses aventures sont racontées avec finesse et poésie par son maître. Le grand changement pour le duo aura été le déménagement à la campagne. Kabocha, qui a toujours vécu en appartement, sans rencontrer d’autres animaux, se retrouve dans un vaste monde, avec jardins, champs, toits et quantité de voisins.

Des chats agressifs, mais aussi des bestioles faciles à chasser. Papillons, libellules, souris… Kabocha aime ramener des offrandes à son maître. Et quand elle se retrouve bloquée sur le toit, ses longs cris de détresse angoissent Daisuke qui, toujours, cède et va la récupérer, même si elle peut parfaitement descendre seule.

Une BD rafraichissante, avec alternance de planches en couleurs (superbes aquarelles) et dessins à la plume d’une grande précision.

« Le petit monde de Kabocha », Le Renard doré – École des loisirs, 128 pages, 11,90 €

samedi 2 novembre 2024

Une BD locale : Nil novi sub sole


Il y a trente ans, Patrick Loste, peintre reconnu du Pays Catalan, a gribouillé quelques dessins de bestioles diverses et amusantes dotées de la parole. Une œuvre de jeunesse, acide et mordante, où il dénonçait avec une belle ironie le prêt-à-penser, le conformisme et l’hypocrisie.


Planches redécouvertes et publiées dans un album en noir et blanc faisant penser à du Copi mâtiné de Reiser. Des chiens, quelques volailles, des cochons des cerfs et même des lézards pour aborder sans détour, la drogue, la jeunesse, le sexe ou la politique.

Une jolie surprise qui, paradoxalement, n’a pas pris une ride, preuve que notre monde tourne en rond depuis trop longtemps.
« Nil novi sub sole » (Rien de nouveau sous le soleil), Patrick Loste, Edicions Paraules, 80 pages, 20 €

vendredi 1 novembre 2024

Un discours : Pour les générations futures avec Simone Veil


Face au tapage médiatique autour de l’embrasement du Proche-Orient de ces derniers mois, on regrette que certaines voix ne puissent plus s’exprimer.

Simone Veil aurait été un phare dans la tempête. On peut cependant imaginer sa position en découvrant ce texte datant de 2005. Elle a prononcé un discours et répondu aux questions des élèves de l’École Normale Supérieure. Un texte inédit où elle parle de la déportation, de résilience, de Droits de l’Homme.

Et surtout de l’espoir qu’elle place dans ces jeunes gens, la quatrième génération après la Shoah.
« Pour les générations futures », Simone Veil, Albin Michel, 156 pages, 17,90 €

jeudi 31 octobre 2024

Un carnet : Blachette déconnectée


Célèbre illustratrice originaire de Perpignan, Blachette est suivie par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux. Elle sort pourtant ce carnet pour donner envie à ses abonnés de se déconnecter, de passer « En mode avion », titre de cette belle initiative.


Dans les premières pages, elle explique les directives : « Éloigne-toi de tout écran dès que tu ouvres ce carnet. Si tu suis les instructions, tu déconnecteras le temps d’un instant ! ». Vous serez invité ainsi à dessiner, raconter des petites histoires mais aussi vous dévoiler, tenter de « se redécouvrir ».

A tester en cette période où tout va trop vite…
« En mode avion », Blachette, First Éditions, 16,95 €