lundi 12 août 2024

Cinéma - Un problème d’invitée dans le “Dîner à l’anglaise”

Une jolie maison à Londres, deux couples aisés, amis depuis l’université, un dîner et une invitée surprise, Jessica. Une comédie grinçante et caustique signée Matt Winn. 


L’humour anglais, comme la Royauté, a encore de belles années devant lui. Pour s’en persuader, il suffit d’aller voir le film de Matt Winn dont le titre original, The Trouble With Jessica, est moins typique que le Dîner à l’anglaise retenu par le distributeur français, mais plus représentatif de l’ambiance générale. Car plus on progresse dans le film, plus les problèmes s’accumulent.

Cela donne des sortes de chapitres dans le film, scènes brillamment maîtrisées par des comédiens au diapason. On passe donc du problème avec les amis au problème avec les forces de l’ordre jusqu’au définitif problème de la culpabilité.

Sarah (Shirley Henderson) et Tom (Alan Tudyk) sont inquiets. Ils tentent de finaliser la vente de leur superbe maison londonienne. Tom, architecte, a besoin de cet argent pour terminer son grand projet. Sinon c’est la banqueroute, hypothèse qui met Sarah dans un état d’anxiété absolu. Pour la dernière fois, donc, ils vont recevoir dans cette maison leurs meilleurs amis, Beth (Olivia Williams) et Richard (Rufus Sewell). Mais ces derniers amènent avec eux Jessica (Indira Varma).

Une journaliste, célibataire, très délurée, qui rencontre enfin le succès avec son premier roman. Le succès mais pas l’apaisement intérieur car entre la poire et le dessert, elle va se pendre dans le jardin de Sarah. En découvrant le corps, cette dernière panique : jamais l’acheteur potentiel ne déboursera un million de livres pour une maison où une femme s’est suicidée. Dès lors, elle va tenter de persuader son mari et ses amis qu’il faut déplacer le corps, ramener Jessica chez elle pour ne pas faire capoter l’opération immobilière.

Le film de Watt Winn débute comme une satire sociale très classique d’un milieu aisé britannique. Critique qui va aller en s’amplifiant et virer au thriller quand le spectateur découvre que Sarah, parfaite femme au foyer, est prête à tout pour conserver son train de vie, ses signes extérieurs de réussite. Les autres ont un peu plus de difficultés à avaler le suicide et ses conséquences.

Notamment Richard, avocat, sachant parfaitement ce qu’il risque s’il participe à l’opération.

Mais il a quelques casseroles et des secrets inavouables qui vont permettre à Sarah d’imposer son scénario de l’horreur. Pour compliquer le tout, interviennent deux policiers aussi typiques que suspicieux, une voisine curieuse, l’acheteur de la maison et un… clafoutis qui aura au final une grande importance. Une comédie sur la vanité, le mensonge et le paraître.

Tout ça à cause de Jessica. Oui, un véritable problème pour ses amis.

Film de Matt Winn avec Rufus Sewell, Shirley Henderson, Olivia Williams, Alan Tudyk, Indira Varma

Cinéma - La filiation retrouvée de “Dos madres”


Dans ses notes d’intention, le réalisateur Victor Iriarte explique que Dos madres est « un film d’aventures, un road-movie, c’est un thriller, un film noir, une enquête policière. C’est un mélodrame. C’est un film qui devient un autre film. » On trouve effectivement un peu de tout ça dans cette histoire, mais cela reste avant tout une réalisation libre, déstructurée, à la limite parfois de l’expérimentation.

Pour son premier projet de long-métrage, après de nombreux courts, le cinéaste n’a pas choisi la facilité. Il faut d’ailleurs faire un petit effort pour entrer dans l’histoire. Un récit écrit par Vera (Lola Dueñas). Cette sténotypiste de tribunal cherche depuis des années son bébé volé.

En Espagne, à l’époque du franquisme, des centaines de milliers de bébés de mères célibataires ont été enlevés dès leur naissance et confiés à des familles en mal d’enfant. À force de patience et d’abnégation, Vera a retrouvé Egoz (Manuel Egozkue). Il a été élevé par Cora (Anna Torrent). Plus qu’une vengeance contre l’institution - le fil rouge du film - Dos madres est avant tout les retrouvailles de trois êtres qui semblaient se connaître, s’apprécier. Les deux mères se comprennent malgré le passif. Une relation apaisée qui doit beaucoup à Egoz, lui aussi déchiré par son histoire mais qui ne veut pas faire de choix.

Les trois comédiens portent cette réalisation, chacun dans son style. Joie sereine pour Lola Dueñas, fatalisme rédempteur pour Anna Torrent, amour infini pour Manuel Egozkue. Un trio marquant pour une histoire particulière, sur un fait de société qui continue à faire grand bruit de l’autre côté des Pyrénées.


Film espagnol de Víctor Iriarte avec Lola Dueñas, Ana Torrent, Manuel Egozkue.

dimanche 11 août 2024

En vidéo - “14 jours pour aller mieux”


On se moque trop souvent des stages de bien-être. À juste titre tant les animateurs se contentent d’enfiler des perles tout en encaissant des sommes substantielles. Le film 14 jours pour aller mieux commence par démolir le système, puis le cautionne.

Comment le réalisateur, Édouard Pluvieux et le principal interprète, Maxime Gasteuil font ce grand écart ? À cause d’un scénario un peu trop gentil. Pourtant cela débute très bien, avec beaucoup de causticité. Le cadre surmené face à la clairvoyante profiteuse (Zabou Breitman), la bagarre du début est savoureuse.

La sortie du film en vidéo (avec scènes coupées et making of en bonus) chez Wild Side devrait satisfaire les fans de l’humoriste et les adeptes de la namasté attitude.
 

Nouvelles - Israël aujourd’hui


Pour parler de la situation actuelle en Israël, on pourrait se contenter de la litanie des chiffres : nombre d’otages civils toujours aux mains du Hamas, nombre de civils palestiniens morts dans les frappes de Tsahal. Mais la situation est beaucoup plus complexe.

Notamment à l’intérieur du pays, littéralement divisé, complètement déchiré. On prend la mesure de l’abîme en découvrant les 12 nouvelles signées Shmuel T. Meyer et composant le recueil baptisé Tribus. Des scènes de la vie quotidienne d’un pays, d’une nation, qui semble avoir vu tous ses grands rêves humanistes détruits par des décennies de guerre et d’affrontements.

Du chauffeur ou juge militaires au simple épicier en passant par les intellectuels, passés par les kibboutz révolutionnaires, tous ne comprennent pas comment on en est arrivé là. Certains n’ont qu’une envie : quitter cette région, vivre dans un pays « normal ».

Une vision peu optimiste de la l’avenir que l’on peut résumer par cette impression d’un des protagonistes, atteint d’un cancer en phase terminale : « Il aurait aimé s’effondrer dans l’oubli d’un Alzheimer égoïste et heureux, qui effacerait toutes tentatives de compréhension du monde. »

« Tribus » de Shmuel T. Meyer, Gallimard, 176 pages, 19 €

samedi 10 août 2024

Chronique - Gérard Guégan se souvient


Ce recueil de souvenirs de Gérard Guégan, intitulé Le Chant des livres, est un véritable voyage dans le temps et la littérature du XXe siècle. Jeune Marseillais « monté » à Paris pour devenir journaliste à l’Humanité, ce militant du parti communiste a longtemps lu et pensé conformément à la ligne voulue par la direction.

C’est en découvrant d’autres écrivains qu’il s’affranchit, quitte le journal et le PCF pour devenir écrivain et éditeur. Il raconte dans ce livre constitué de petites pastilles étincelantes quelques moments de sa vie intellectuelle. Comme sa rencontre avec Jean Giono à Manosque. Guégan est adolescent mais va fumer avec le vieil écrivain. Ce dernier fume la pipe, Guégan sa « P4, la cigarette des pauvres, en recrachant la fumée sur un massif de lavande. »

On croise aussi dans ces lignes des auteurs oubliés comme Armand Robin ou Rolo Diez et quelques stars de la littérature, de Bukowsky à Jean Paulhan. Et puis il parle aussi de quelques monstres sacrés qu’il admire. Roger Nimier, Hemingway, Rimbaud. 100 pages qui donnent envie d’en découvrir des milliers d’autres…

« Le Chant des livres » de Gérard Guégan, Grasset, 100 pages, 16 €

vendredi 9 août 2024

Nouvelles - La femme et la meute


Louise Mey, révélation des Vendanges Littéraires de Rivesaltes l’an dernier, aime raconter la noirceur de la vie quotidienne. Dans cette nouvelle, elle imagine Geneviève, une femme handicapée. Sourde et aveugle. Le monde, elle le vit au bout de ses mains.

Pour communiquer. Les odeurs aussi lui permettent de se repérer, d’apprécier cette vie que tout être normalement constitué considérerait invivable. Seule dans sa maison, elle n’a pour compagnon qu’un chien. Quand il meurt, elle ne veut pas le remplacer. Quand une meute de chiens (ou de loups ?) passe dans les parages, elle sent cette femme aux vibrations différentes. Et décide de s’installer dans le vaste parc, de cohabiter avec celle qui sent leur présence.

Ce texte, court, incisif, lumineux, est une ode à la nature. On a envie de se joindre à Geneviève pour se baigner dans un étang, se rouler dans l’herbe, se pelotonner contre un chien chaud et rassurant. Mais dans le monde de Louise Mey, il y a des hommes, autoritaires, violents. La nouvelle prend un virage radical. Comme si toute la haine de notre monde devenu fou se déchaînait contre Geneviève.

« La femme aux mains qui parlent », Louise Mey, Au Diable Vauvert 80 pages, 12 €

jeudi 8 août 2024

Cinéma - Apprendre à connaître “Les gens d’à côté”

Comment parler du malaise dans la police avec beaucoup d’humanité ? André Téchiné casse les codes et offre un joli rôle à Isabelle Huppert. 


Policier, métier dangereux. Mais pas toujours comme on le croit. La principale cause de la mort des policiers en France reste le suicide. André Téchiné, cinéaste du social, toujours à l’écoute de la société, développe ce thème dans son nouveau film, Les gens d’à côté, tourné dans les Pyrénées-Orientales, notamment à Perpignan et Argelès-sur-Mer.

Soutenu par Occitanie Films, la structure régionale qui aide les équipes ayant choisi l’Occitanie pour planter ses caméras, ce film débute par une manifestation de policiers devant le Castillet, monument emblématique de Perpignan. Armés de mégaphones, les syndicalistes énumèrent les noms des policiers décédés. Des collègues, le visage recouvert d’un masque blanc, viennent s’allonger sur le macadam.

Parmi les protestataires, Lucie (Isabelle Huppert). Cette fonctionnaire sort d’une longue dépression. Son compagnon, policier lui aussi, a mis fin à ses jours. Depuis, elle survit dans un pavillon impersonnel dans ces lotissements qui ne font pas le charme de la région mais contribuent à sa dynamique démographique.

Amitié contre mensonges

Lucie, très seule, remarque l’arrivée de nouveaux voisins ; une petite famille. Julia (Hafsia Herzi), Yann (Nahuel Perez Biscayart) et leur fille Rose (Romane Meunier). Lucie vient de reprendre le travail malgré les réticences de sa direction, se lie d’amitié, et se rend disponible pour garder ou aider la petite Rose.

Julia est institutrice alors que Yann est artiste peintre (les tableaux montrés dans le film sont de Laurent Bonneau, auteur de BD installé dans le département, qui donne une belle profondeur au personnage). Lucie, toujours un peu curieuse, sans avoir rien révélé de sa propre vie, découvre que Yann est assigné à résidence. Condamné pour avoir participé à des manifestations contre les violences policières. Car les flics, il les déteste.


Un dilemme flagrant pour Lucie quand son beau-frère, affecté aux renseignements généraux, lui demande de surveiller l’activiste. Elle refuse, premier acte de rébellion pour une femme qui sait pourtant combien la détestation de la police par les citoyens est forte. Et sans doute la cause indirecte de nombreux suicides parmi ses collègues…

Le film, sorte de chronique de la vie de province entre voisins charmants, dérive vers un huis clos étouffant où suspicion et mensonges risquent de faire voler en éclat une amitié naissante. André Téchiné, sur un sujet brûlant et clivant, parvient à faire triompher vérité et intelligence. Sans prendre position, ni abîmer ses personnages, fragiles et touchants.

Film d’André Téchiné avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Nahuel Perez Biscayart

 

mercredi 7 août 2024

Cinéma - Toujours aussi “moche”, de moins en moins “méchant”


Beaucoup de Minions, un Gru de plus en plus sympathique, sa petite famille craquante et un nouveau méchant aussi horrible que prétentieux : petits et grands retrouvent tous les ingrédients qui ont fait le succès de la franchise « Moi, moche, méchant » depuis 14 ans.

Le quatrième opus de la série (à laquelle il faut rajouter deux Minions), change radicalement la donne. Gru a fait son grand coming out : finalement, il n’est pas méchant, mais au contraire très gentil, amoureux de Lucy et excellent père pour les trois terreurs que sont Margo, Édith et Agnès. Il a même mis sa science au service de l’Agence chargée de mettre en prison les méchants.

Le film s’ouvre sur la capture de Maxime le Mal, un ancien élève, comme Gru, de l’école du Mal. Mais quand ce dernier s’évade et jure de se venger en enlevant le fils de Gru et Lucy, rien ne va plus dans la famille, obligée de se cacher en endossant des identités d’emprunt. Nouveaux prénoms pour les filles, Lucy devient coiffeuse et Gru vendeur de panneaux voltaïques.

Le scénariste a eu fort à faire pour équilibrer les rôles des différents personnages. Excellente trouvaille avec Junior, bébé tyrannique, toujours en train de martyriser son père, complètement gaga. Lucy a un énorme potentiel comique et les filles apportent ce côté famille essentiel dans de telles productions.

Reste le meilleur, un méchant ridicule (classique) et des Minions déchaînés. Ces derniers vont mettre le bazar à l’Agence, tenter de protéger Gru et sa famille et finalement réussir à mettre hors d’état de nuire Maxime le Mal. Mais pas sans dégâts collatéraux dont quelques fous rires irrésistibles. Les petits apprécieront, les grands retomberont en enfance et ceux qui n’aiment pas devraient d’urgence entamer une séance de psychothérapie.

Film d’animation de Patrick Delage et Chris Renaud.


 

mardi 6 août 2024

Autobiographie - « L’enfant de la Matrie » ou la jeunesse d’un petit Audois

Journaliste, chroniqueur, écrivain : Bernard Revel retombe en enfance avec cette autobiographie se déroulant en grande partie dans l’Aude avant et après la Seconde Guerre mondiale. 

La France a toujours été un carrefour européen. Un pays multiple et métissé, façonné par les apports incessants de populations diverses et variées. Ce n’est pas Bernard Revel qui pourra dire le contraire. Français né en 1948 dans la campagne audoise, il est un pur produit de ces vagues migratoires ayant offert une chance à cette nation de sans cesse se régénérer, se bonifier. En écrivant son autobiographie, il s’est en réalité attaqué à l’histoire plus générale du pays, de la région, obligé de commencer son récit en Espagne et en Italie.

Son grand-père est arrivé de la région de Valence. Ouvrier agricole débarqué dans les Corbières, il a fondé une famille sur place. Sa fille, Isabelle, Bébelle, deviendra la mère de Bernard. Le père de Bernard Revel est d’origine italienne. Il a suivi son père, parti presque à l’aventure en France, fuyant le régime trop autoritaire de Mussolini. Après une longue errance entre Alpes et Toulouse, Noe, un des trois fils, se marie avec Isabelle.

Avant de découvrir les premières années du très jeune Bernard, ces souvenirs reviennent longuement sur l’installation des deux familles. Des étrangers en France. Longtemps ignorés, voire ostracisés et finalement bien intégrés. On découvre le quotidien de ces hommes et femmes, d’une extrême pauvreté, quasi esclaves des propriétaires terriens. La vie dans des bicoques insalubres, les déménagements au petit matin pour une meilleure place. Une errance pas toujours désirée, mais jamais redoutée. Comme si la misère allait de pair avec l’optimisme. Et on a parfois l’impression d’entendre ce grand-père, heureux dans son jardin, chantant Valencia.

Quand Bernard vient au monde, son père est boulanger. Il ne vit pas très loin de sa mère et de son frère, installés à la Matrie, ce refuge campagnard, comme hors du temps. Le petit Bernard se rêve en cowboy, lit ses premières BD, admire son oncle Eden. D’une plume trempée dans la nostalgie et la simplicité, l’ancien journaliste et éditorialiste de L’Indépendant nous convie dans un voyage temporel qui parlera à tous ceux qui ont connu une vie simple dans la région.

La dernière partie du récit, plus personnelle, donne quelques clés pour comprendre sa démarche. Car il n’est jamais évident de raconter ses proches. Et surtout de garder une certaine distance : « Les morts ne continuent pas à vivre en moi comme on se plaît parfois à le dire pour supporter leur disparition. Tant que tu penses à eux, ils ne sont pas tout à fait morts, entend-on. Foutaises. Les morts on leur donne une vie comme un enfant donne une vie à son ours en peluche. » Mais il reconnaît aussi toute l’importance de ses deux grands-pères, l’Espagnol et l’Italien : « C’est à partir d’eux que je me suis construit. Bien ou mal, la question n’est pas là. Je leur dois ce que je suis devenu à travers ce qu’ils ont fait de leurs propres enfants jetés dans la vie trop tôt, comme on jette des chiots à la rivière. […] Ils ont subi presque toujours. »

En filigrane également, on revit grâce à ce récit la vie dans cette Aude rurale, aujourd’hui quasi disparue mais encore très présente dans la mémoire de Bernard Revel et de tous ces survivants du baby-boom. Baby-boom qui sera au centre du second volume de L’enfant de la Matrie, sous-titré L’âge ingrat.

« L’enfant de la Matrie » de Bernard Revel, Balzac Éditeur, 200 pages, 20 €

Thriller - Trois désespérés face aux agissements de « La meute »

Olivier Bal frappe fort avec ce nouveau roman. Là où ça fait mal. Un texte sans concession face à un risque de plus en plus prégnant.

Ils n’ont plus rien à perdre. La vie leur a déjà enlevé ce qu’ils chérissaient le plus. Trois héros pour ce thriller signé Olivier Bal et qui décortique le travail de sape dans la société effectué par les factieux de La meute. Sofia, policière chargée d’enquêtes sensibles autour du terrorisme, doute fortement depuis que son jeune frère a quitté la France pour aller combattre avec l’État islamique.

Darya connaît bien cette Syrie de feu et de sang. Ancienne institutrice, elle a été contrainte de quitter le pays devenu invivable. Dans un camp de migrants à Paris, elle a été impuissante quand son mari a été enlevé puis massacré par la sinistre et très raciste meute.

Enfin Gabriel est lui aussi flic. De terrain. Deux ans qu’il sombre. Depuis que sa fille a été tuée dans la rue. Ces trois désespérés vont se trouver, sans le vouloir, à la croisée des chemins. Trois moins que rien, obligés de collaborer pour survivre et tenter de mettre fin aux agissements de ce groupe suprémaciste capable de tout et surtout du pire pour mettre le pays à feu et à sang.

Ce thriller, au cœur de l’actualité, dénonce les manipulations de l’ultra-droite, avançant cachée, pour faire pencher la balance de l’opinion et des urnes vers son idéal. L’aspect politique est cependant surpassé par la personnalité des trois héros.

Quand ils comprennent qu’ils vont devoir la jouer très perso pour parvenir à leurs fins. Ils se réunissent, vivent ensemble et apprennent à se connaître. « Ils se livraient un peu, au compte-gouttes. Comme s’il leur fallait réapprendre à parler. Tous trois, Sofia allait le comprendre au gré des jours, au-delà de cette enquête, s’étaient peut-être rencontrés dans leurs douleurs, leurs deuils impossibles. Attirés les uns vers les autres comme des aimants déglingués. »

De l’action, des coups de théâtre, des actes de bravoure, pas mal de morts et un rebondissement final : La meute est un roman passionnant. Mais pas très rassurant.

« La meute » d’Olivier Bal, XO Éditions, 478 pages, 21,90 €