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vendredi 20 septembre 2024

Un poche - « Je vais bien » de Régis Franc


Pour raconter sa famille, Régis Franc, dessinateur, cinéaste, peintre et écrivain, avoue sans détour : « Je me suis arraché le cœur. » Il a débuté par raconter la vie de son père, puis a rajouté des chapitres sur sa mère et sa sœur. Cela donne « Je vais bien », un livre de 140 pages édité au format poche chez Pocket et disponible depuis la fin du mois d’août, en pleine rentrée littéraire.

Il décrit la vie simple d’une famille de Lézignan-Corbières, souvent frappée par le malheur. Un texte émouvant, où il refait vivre les fantômes de son passé, comme pour clore définitivement la partie lézignanaise de son existence.
« Je vais bien », Pocket, 144 pages, 7,30 €

mardi 6 août 2024

Autobiographie - « L’enfant de la Matrie » ou la jeunesse d’un petit Audois

Journaliste, chroniqueur, écrivain : Bernard Revel retombe en enfance avec cette autobiographie se déroulant en grande partie dans l’Aude avant et après la Seconde Guerre mondiale. 

La France a toujours été un carrefour européen. Un pays multiple et métissé, façonné par les apports incessants de populations diverses et variées. Ce n’est pas Bernard Revel qui pourra dire le contraire. Français né en 1948 dans la campagne audoise, il est un pur produit de ces vagues migratoires ayant offert une chance à cette nation de sans cesse se régénérer, se bonifier. En écrivant son autobiographie, il s’est en réalité attaqué à l’histoire plus générale du pays, de la région, obligé de commencer son récit en Espagne et en Italie.

Son grand-père est arrivé de la région de Valence. Ouvrier agricole débarqué dans les Corbières, il a fondé une famille sur place. Sa fille, Isabelle, Bébelle, deviendra la mère de Bernard. Le père de Bernard Revel est d’origine italienne. Il a suivi son père, parti presque à l’aventure en France, fuyant le régime trop autoritaire de Mussolini. Après une longue errance entre Alpes et Toulouse, Noe, un des trois fils, se marie avec Isabelle.

Avant de découvrir les premières années du très jeune Bernard, ces souvenirs reviennent longuement sur l’installation des deux familles. Des étrangers en France. Longtemps ignorés, voire ostracisés et finalement bien intégrés. On découvre le quotidien de ces hommes et femmes, d’une extrême pauvreté, quasi esclaves des propriétaires terriens. La vie dans des bicoques insalubres, les déménagements au petit matin pour une meilleure place. Une errance pas toujours désirée, mais jamais redoutée. Comme si la misère allait de pair avec l’optimisme. Et on a parfois l’impression d’entendre ce grand-père, heureux dans son jardin, chantant Valencia.

Quand Bernard vient au monde, son père est boulanger. Il ne vit pas très loin de sa mère et de son frère, installés à la Matrie, ce refuge campagnard, comme hors du temps. Le petit Bernard se rêve en cowboy, lit ses premières BD, admire son oncle Eden. D’une plume trempée dans la nostalgie et la simplicité, l’ancien journaliste et éditorialiste de L’Indépendant nous convie dans un voyage temporel qui parlera à tous ceux qui ont connu une vie simple dans la région.

La dernière partie du récit, plus personnelle, donne quelques clés pour comprendre sa démarche. Car il n’est jamais évident de raconter ses proches. Et surtout de garder une certaine distance : « Les morts ne continuent pas à vivre en moi comme on se plaît parfois à le dire pour supporter leur disparition. Tant que tu penses à eux, ils ne sont pas tout à fait morts, entend-on. Foutaises. Les morts on leur donne une vie comme un enfant donne une vie à son ours en peluche. » Mais il reconnaît aussi toute l’importance de ses deux grands-pères, l’Espagnol et l’Italien : « C’est à partir d’eux que je me suis construit. Bien ou mal, la question n’est pas là. Je leur dois ce que je suis devenu à travers ce qu’ils ont fait de leurs propres enfants jetés dans la vie trop tôt, comme on jette des chiots à la rivière. […] Ils ont subi presque toujours. »

En filigrane également, on revit grâce à ce récit la vie dans cette Aude rurale, aujourd’hui quasi disparue mais encore très présente dans la mémoire de Bernard Revel et de tous ces survivants du baby-boom. Baby-boom qui sera au centre du second volume de L’enfant de la Matrie, sous-titré L’âge ingrat.

« L’enfant de la Matrie » de Bernard Revel, Balzac Éditeur, 200 pages, 20 €