lundi 25 décembre 2023

Cinéma - “Rebel Moon” sur Netflix, du grand spectacle… mais déjà vu


Les anciens se souviennent sans doute de la publicité pour la boisson Canada Dry. Rebel Moon, nouveau film de Zack Snyder disponible depuis le week-end dernier sur Netflix, est le Canada Dry de Star Wars. Le réalisateur ne s’est pas embarrassé à chercher l’inspiration. Il s’est simplement lancé dans la mise en valeur d’effets spéciaux remarquables, de combats spatiaux spectaculaires et de bagarres homériques.

Pour ce qui est de l’histoire, c’est un décalque, à peine modifié, de l’intrigue de la Guerre des Étoiles mâtinée d’un peu des Sept mercenaires.

Alors on en prend effectivement plein la vue, mais nos neurones ne peuvent s’empêcher de répéter en boucle : « ça me rappelle quelque chose… ». Dommage, la réalisation est grandiose, mais il manque cette nouveauté qui permet à un film de rester dans toutes les mémoires.

Saluons cependant la performance de Sofia Boutella, actrice franco-algérienne de plus en plus en vogue à Hollywood.


 Un film de Zack Snyder avec Sofia Boutella, Charlie Hunnam, Ed Skrein

BD - Ecole magique sur « L’île du Crâne »

La collection Jungle Pépites continue de proposer des adaptations en BD de romans jeunesse de qualité. Avec L’île du Crâne, c’est au monde imaginé par Anthony Horowitz que les jeunes lecteurs auront accès en images.

Maxe L’Hermenier se charge des textes, Clément Lefèvre des dessins. Bien avant Harry Potter, un auteur anglais a imaginé une école qui ne recevait en son sein que de jeunes sorciers aux pouvoirs balbutiants. David Eliot est un élève difficile. Une nouvelle fois exclu, il fait le désespoir de ses parents. À moins que Groosham Grange sur l’île du Crâne n’arrive à le canaliser.

Le jeune garçon va découvrir que ce lieu a tout du cauchemar éveillé. Isolé, sinistre : les professeurs sont inquiétants et les autres élèves hautains. De plus, la nuit, il se passe de drôles de choses. Avec deux amis arrivés avec lui le même jour, il va tenter de s’évader. Mais est-ce bien raisonnable d’essayer d’échapper à son destin ?
Une très jolie BD avec des dessins modernes tout en couleurs directes numérisées. De plus David a suffisamment de personnalité pour que les jeunes lecteurs s’identifient à lui. Et à son pouvoir.

« L’île du Crâne » (tome 1), Jungle, 72 pages, 16,95 €

dimanche 24 décembre 2023

Des beaux livres en cadeaux : toujours une bonne occasion pour faire plaisir

 Offrir un livre pour les fêtes de fin d’année c’est l’assurance de satisfaire membres de la famille ou amis. Vous trouverez dans cette page nos idées de lecture, mais n’hésitez pas à demander conseil aux libraires ou de simplement feuilleter un ouvrage et écouter votre cœur.

Cinéma. Ciné illimité pour rire de films sérieux


Peut-on rire des films sérieux ? Oui, deux fois oui si l’on en croit l’équipe de L’arrière cuisine, collectif d’auteurs qui sévit depuis quelques années sur le net et qui a converti quelques-unes de ses meilleures trouvailles en livre hilarant.

Ciné Illimité ce sont des fiches sur 224 films, passés à la moulinette, avec anecdotes, points forts et points faibles. Tous les styles sont analysés, du chef-d’œuvre absolu (Apocalypse Now) au film de genre (Massacre à la tronçonneuse) en passant par la chose filmique innommable (Cinéman).

Des analyses subtiles qui vous parleront si vous avez vu le film. Ainsi, parmi les points forts de Mulholland Drive de David Lynch cette constatation : « Tout fan de Cyril Hanouna qui regarde ce film a une chance sur deux de faire un AVC avant la fin. »

Dans un autre genre, un des points faibles de Shining de Stanley Kubrick : « Quand on voit la gueule de l’hôtel et son emplacement, on se demande qui y vient en vacances, même en été. »

« Ciné Illimité », Marabout, 288 pages, 32 €

Légendes. Mieux comprendre les Esprits du Nord


Les mythologies nordiques s’affranchissent de la froidure. Runes, dieux et autres légendes ont tendance à entrer dans le quotidien de tout occidental un peu curieux des différentes croyances et pratiques religieuses ou magiques. Si vous vous demandez encore qui est Freya, dans quel cas il faut fabriquer un taufr ou comment prier les vaettir en pratique, ce gros livre de Sentulia est pour vous.

L’autrice, « spécialisée en mythologie scandinave, en fabrication de grimoires et de reliures, mais également en magie nordique », explique point par point les grandes lignes de ce vaste sujet. Vous apprendrez ainsi que Freya, déesse de l’amour (charnel et sentimental) est une divinité très sollicitée par les Humains.

Et pour les vaettir, n’oubliez pas au final le blot, un bol d’alcool versé au pied d’un arbre…

« Esprits du Nord », Secrets d’étoiles, 272 pages, 27 €

Science-fiction. Les noires prévisions de Christophe Bec dans ses Inexistences


Auteur de la région (né en Aveyron, longtemps installé à Albi), Christophe Bec a débuté comme simple dessinateur avant de se consacrer essentiellement à des scénarios de thrillers ou de séries de science-fiction. Avec Inexistences, grand et gros albums, il revient au dessin tout en creusant d’autres pistes puisqu’il mélange roman, peintures et BD dans cette histoire pour le moins pessimiste.

Dans un futur à peine noirci, les derniers Humains tentent de survivre dans un monde désolé. Le froid, la roche, les ruines sont omniprésentes dans ce monde halluciné où la violence semble la dernière loi en vigueur.

Comme une prédiction de ce visionnaire talentueux de ce qui attend les générations futures, malgré la COP 28 et les voitures électriques…

« Inexistences », Soleil, 152 pages, 29,95 €

Science-fiction. Le texte original du roman "Une princesse de Mars"


Si Elon Musk rêve d’aller sur Mars, c’est peut-être en raison de ce roman d’Edgar Rice Burroughs paru aux USA en 1912. Une princesse de Mars est la première des aventures de John Carter. Le premier roman de science-fiction aussi, celui qui a en grande partie codifié le space opéra et la fantasy.

On retrouve ce texte fondateur dans une superbe édition à la couverture rigide, aux aplats dorés et à la composition large et aérée. Un superbe écrin pour plonger avec délectation dans cette aventure improbable et parfois un peu datée dans son virilisme où un aventurier américain est confronté au peuple martien, des géants dirigés par une princesse d’une rare beauté, Dejah Thoris.

« Une princesse de Mars » d’Edgar Rice Burroughs, Hoëbeke, 352 pages, 28 €

Classique. Don Quichotte de la Manche revisité graphiquement par les frères Brizzi


Paul et Gaëtan Brizzi, frères jumeaux, après une jolie carrière dans le cinéma d’animation, ont consacré leur talent graphique à adapter des grands textes de la littérature mondiale. Après Céline et Vian, ils se sont attaqués à l’Enfer de Dante l’an dernier et en cette fin 2023 ils proposent leur vision d’un roman moins sombre : Don quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes.

Essentiellement en noir et blanc avec cependant quelques passages en quadrichromie (crayons de couleur pastel du plus bel effet), l’album de 200 pages offre une vision très personnelle de cette ode à la folie dans l’Espagne médiévale.

Une redécouverte tant la version des Brizzi est originale et époustouflante de virtuosité.

« Don Quichotte de la Manche » adapté par Paul et Gaétan Brizzi, Daniel Maghen, 200 pages, 29 €
 

Comics. Hitman, méchant tueur et héros attachant


Présenté comme « le chaînon manquant entre Preacher et The Boys », la série Hitman écrite par Garth Ennis et dessinée par John McCrea a longtemps fait figure de comics le plus violent et insolent du marché.

Le héros, un tueur à gages, est mordu par un extraterrestre. Au lieu de mourir dans d’atroces souffrances, il développe des superpouvoirs comme la télépathie ou la vision à rayons X. Il deviendra Hitman et accepte dès lors des contrats sur le dos des super vilains. Dans le premier tome de cette intégrale, il croise souvent la route de Batman (qui cherche toujours à l’arrêter, ça reste un tueur…), le Joker et quantité de créatures qui adorent les humains. Surtout au petit-déjeuner.

C’est irrévérencieux (on retrouve l’esprit Boys) et dessiné dans une noirceur de bon aloi.

« Hitman » (tome 1), Urban Comics, 576 pages, 39 €

Nature. Orcas, au royaume des orques


Une petite baignade dans les eaux froides de la Norvège au nord du cercle polaire arctique, ça vous tente ? Ce qui paraît particulièrement improbable devient possible avec la magie des beaux livres. Le photographe animalier Stéphane Grazotto, après avoir suivi une famille de cachalots, a décidé de braquer ses objectifs sur les orques.

Ces mammifères marins majestueux ont pour habitude de se réunir chaque hiver dans la zone pour se goinfrer de harengs. Les poissons s’amassent par millions dans les eaux sombres et mystérieuses d’un fjord. Les orques les suivent et en profitent pour se faire un festin. La magie de la nature capturée par le photographe qui a plongé au plus près de ces redoutables prédateurs.

Un livre à l’italienne pour une jeune maison d’édition, Axoloti, qui entend sensibiliser à l’environnement par l’art et la science.

« Orcas », Éditions Axoloti, 160 pages, 29,90 €

Jeux. Résoudrez-vous Les énigmes de Sherlock Holmes ?


Si vous vous sentez l’âme et la perspicacité d’un Sherlock Holmes, ce livre d’énigmes est pour vous. Nicole Masson et Yann Caudal ont imaginé 150 énigmes et jeux divertissants qui mettront à rude épreuve vos petites cellules grises (Hercule Poirot aussi était un redoutable détective).

Dans les lieux emblématiques de Londres, face à son ennemi de toujours Moriarty, ; Holmes devra décrypter des messages codés, repérer des suspects ou découvrir qui est coupable dans ces jeux où quelques indices, s’ils sont savamment analysés, permettent de trouver la solution.

Sur le même principe, résolvez aussi les énigmes proposées à la sagacité de Lady W., jeune femme futée de la cour d’Angleterre au XIXe siècle.

« Les énigmes de Sherlock Holmes », Mango Éditions, 208 pages, 15,95 €

Un album jeunesse - Pauline voyage

Pas spécialement contente la jeune Pauline. Pourtant elle est passagère sur un paquebot pour une croisière dans le grand Nord à admirer ours blanc et baleines. En compagnie de la reine de Belgique, Fabiola et de son fils, Baudouin.

Mais Pauline, ce qu’elle voulait, c’est voyager avec son père. Alors elle va lui écrire tous les jours, racontant les péripéties de cette croisière.

Écrit par Marie Desplechin avec de grandes illustrations de François Roca, cet album nous apprend que le persil est parfait contre le mal de mer, que Pauline aimerait se marier avec le mousse et qu’elle sauve une cantatrice des griffes d’un ours affamé. Adorable !

« Pauline voyage », l’École des Loisirs, 48 pages, 19 €

samedi 23 décembre 2023

Un classique - Histoire d’Arthur Gordon Pym par Edgar Allan Poe


Inventeur, pour certains, du roman policier ou fantastique, Edgar Allan Poe avait d’autres cordes à son arc. Notamment le récit d’aventure. L’Histoire d’Arthur Gordon Pym, réédité sous forme d’un joli ouvrage à couverture rigide, raconte le périple d’un jeune homme à travers les mers du monde entier.

Un texte bourré de péripéties, dans une nouvelle traduction, plus fidèle au texte d’origine que celle proposée à l’époque par Charles Baudelaire. Un roman complété par une longue nouvelle, inédite en France, Journal de Julius Rodman. Un autre voyage dans des régions américaines inexplorées. La description des régions sauvages est renversante.

« Histoire d’Arthur Gordon Pym » d’Edgar Allan Poe, Phébus, 352 pages, 26 €

vendredi 22 décembre 2023

Polar - La mer, lit de « La mariée de corail »

En plus de découvrir la rude vie des marins-pêcheurs canadiens, ce roman policier de Roxanne Bouchard offre une exploration poétique et naturaliste de la Gaspésie, région située à l’est de Montréal. 


Le froid s’accorde parfaitement avec le roman policier. Les polars nordiques (Suède, Norvège, Danemark) ont conquis la France, puis l’Islande a imposé sa noirceur. Toujours plus à l’Ouest, découvrez les enquêtes de Joaquin Morales, policier québécois sorti de la plume de Roxanne Bouchard et déjà croisé dans son premier roman, Nous étions le sel de la mer.

Morales est toujours en poste à Caplan, au sud de la Gaspésie. La belle Catherine a mis les voiles. Le voilà seul à se demander si son mariage avec Sarah peut être sauvé.

La routine est bousculée quand il est envoyé en renfort à Gaspé pour devenir l’enquêteur principal chargé de la disparition d’Angel Roberts. Cette femme, marin-pêcheur à la barre d’un homardier, a disparu la nuit du 10e anniversaire de son mariage. Signe particulier : elle avait revêtu sa robe de mariée. Le bateau est retrouvé au large, moteur arrêté, vide. La mariée a-t-elle été enlevée ? Ou plus probablement est-elle tombée à l’eau. Une course contre la montre s’engage car en cette fin septembre, l’eau est froide. Mortelle.

Secrète Gaspésie

Le début du roman se consacre à ces recherches et l’arrivée de l’enquêteur Morales, passablement perturbé. Car en plus de la disparition de sa maîtresse, il a dû abandonner à Caplan son ami Cyrille, pêcheur, mourant d’un cancer en phase terminale. Sans compter sur l’arrivée inopinée de son fils aîné, Stéphane, ivre mort, cuisinier à Montréal mais lui aussi en bisbille avec sa blonde.

Il a donc l’esprit ailleurs quand il rencontre les agents qui vont le seconder. Et là aussi, Roxanne Bouchard propose des personnages hauts en couleur. Lefèbvre, agent tire-au-flanc, qui détester aller sur le terrain préférant de loin le désordre de son bureau. Simone, membre de la police de la pêche, experte de ce milieu très fermé, cassante, limite arrogante avec Morales, ce policier venu de la ville aux origines.. mexicaines. Rajoutez au cocktail la famille de la disparue, une aubergiste trop joyeuse et une prof de yoga trop belle et vous avez tout pour concocter un roman policier haletant.

Reste le décor, le plus important dans l’œuvre de Roxanne Bouchard, cette Gaspésie, reculée, sauvage, hermétique. Morales tente de comprendre le territoire et ses habitants. Difficilement car « la Gaspésie le défie par sa lenteur, mais aussi par la douloureuse expérience de l’intimité. Ici il faut avoir une compréhension intime des gens pour résoudre une affaire. En ville, tout est cru, plus dur : on tue avec violence pour de la drogue, de l’argent. Les criminels qui assassinent des inconnus parlent d’exécution, de vengeance, et crachent sur leurs victimes. Ici, les meurtriers souffrent tellement de leur méfait que la prison devient un châtiment juste, presque apaisant. » Les hommes, la nature, la mer. Plonger dans un roman de Roxanne Bouchard c’est partir en voyage dans des contrées inconnues, rudes mais avant tout poétiques.

Avec Joaquin Morales on se découvre l’envie de courir sur les falaises avec la mer pour seul horizon, de sentir ces embruns, voir ces fous de Bassan plonger ou explorer des forêts noires et secrètes. Par contre, vu la rudesse du métier, on a moins envie d’aller attraper du homard ou des crevettes au large. Pourtant c’est sans doute là que se trouve la solution à l’énigmatique disparition.

« La mariée de corail » de Roxanne Bouchard, L’Aube noire, 448 pages, 21,90 €

 

jeudi 21 décembre 2023

En vidéo, “Yannick”, star des planches


Si son prochain film s’attaque au mythe Dali (sortie le 7 février), Quentin Dupieux s’intéresse au théâtre dans Yannick qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez Diaphana.

Un film court, percutant, révélant l’immense talent de Raphaël Quenard. Dans un théâtre parisien, le public rit mollement au jeu de Pio Marmaï et Blanche Gardin. Un spectateur ose s’indigner de la piètre qualité en échange de places relativement chères.

C’est Yannick (Raphaël Quenard), veilleur de nuit de province, monté à Paris passer du bon temps. Mécontent, il va littéralement prendre en otages comédiens et spectateurs.

Une comédie douce-amère remettant en cause abruptement la perception de l’art par le public et sa fabrication par des comédiens trop routiniers.


mercredi 20 décembre 2023

Cinéma - “Les colons” n’ont pas de pitié pour les « sauvages »

Film de Felipe Gálvez Haberle avec Sam Spruell, Mark Stanley, Camilo Arancibia, Benjamin Westfall


Le Chili, immense pays qui se cherche encore, n’a pas attendu Pinochet pour faire de la violence et la force ses principaux outils pour tenir sa population. Le film de Felipe Galvez Haberle, Les colons, raconte comment les gros propriétaires terriens ont décidé d’exterminer les Indiens pour permettre l’élevage intensif. Terre de Feu, début du XXe siècle. Quelques hommes travaillent comme des forçats. Ils posent des clôtures dans ces prairies infinies.

Bientôt, moutons et bovins vont occuper l’espace. Le problème ce sont les Indiens. Ils se moquent des clôtures. Et les animaux, même domestiques, restent des proies pour ces chasseurs-cueilleurs. Le problème peut être résolu par quelques mercenaires sans foi ni loi. 

Parmi eux le lieutenant MacLennan (Mark Stanley), ancien soldat anglais, Bill (Benjamin Westfall) un cow-boy américain et un métis, Segundo (Camilo Arancibia), choisi par le premier car il connaît le pays et tire bien au fusil. Un trio dépareillé, jamais d’accord, mais qui n’a qu’un objectif : faire place nette. Ils chevauchent les grands espaces, traversent vallées, cols et vastes plaines, pour traquer ces Indiens. Et les abattre. Comme des animaux nuisibles. 

Un film étouffant, malgré les décors naturels purs et gigantesques, car la sauvagerie n’est pas là où notre civilisation occidentale l’a placée. Les colons sont des prédateurs, jamais rassasiés, toujours affamés de sang frais. Seul Segundo a des scrupules, se pose des questions. Mais il est lui aussi asservi par la véritable sauvagerie du lieutenant. Il va laisser faire, complice passif d’un génocide qui ne semble avouer son véritable nom qu’aujourd’hui, un siècle après les faits. Ainsi va l’Histoire du Chili, comme de ses voisins américains.   


Une sélection de quelques beaux livres à offrir pour les fêtes de fin d'année

Il est venu le temps des cadeaux. Offrir un livre c’est l’assurance de faire plaisir. Et cela marche aussi pour soi car il n’est pas interdit de se gâter en cette fin d’année. . Une première sélection de beaux livres pour tous les goûts, de la littérature (régionale ou policière) aux histoires pour les plus petits en passant par la BD ou le cinéma de genre.

BD - Donjon Bonus


Ce grand et bel album passionnera tous les fans de l’univers de Donjon mais aussi ceux qui s’intéressent à la fabrique de cette série unique en son genre. Comment Lewis Trondheim et Joann Sfar se sont rencontrés ? Qui a eu l’idée du Donjon ? Pourquoi un kyste aux fesses est-il important ?



Les réponses à ces questions sont apportées avec la reproduction des premières pages de scénario et découpages de Sfar, augmentées des recherches graphiques de Trondheim. Une collaboration à distance qui passe également par de nombreux courriers.

« Donjon Bonus », Delcourt, 160 pages, 39,95 €

Région - Mots et merveilles d’Occitanie


Inutile d’expliquer que l’Occitanie est une des plus belles régions de France. Un petit chauvinisme renforcé avec la publication, sous la coordination de Jean-Paul Azam, de cette anthologie littéraire illustrée. On retrouve des passages de romans ou récits portant sur les plus beaux lieux.

Alors savourez les mots de Claude Simon sur tramway de Perpignan ou Michel Roquebert décrivant les citadelles du vertige, autre nom des châteaux cathares.

« Mots et merveilles d’Occitanie », Le papillon rouge éditeur, 29,90 €

Enfants - Tout Zuza


Les petites aventures de Zuza et de son crocodile sont parues entre 1998 et 2010. L’École des Loisirs propose l’ensemble de ces petits contes du quotidien écrits et dessinés par Anaïs Vaugelade dans un gros volume de 244 pages.

Zuza, une petite fille, y raconte comment elle dîne, prend son bain ou part en voyage. Toujours avec son gros crocodile, doudou encombrant mais si gentil. Douze histoires au total, destinées à être racontées aux enfants à partir de 3 ans.

« Tout Zuza », L’École des Loisirs, 19 €

Saveurs - Tour de France des fruits et légumes


Noémie Vialard et Stéphane Houlbert, passionnés de cuisine, ont fait le tour de France des fruits et légumes remarquables. Car chaque région ou ville a sa spécialité. Les très connus comme le piment d’Espelette, les plus discrets comme l’aubergine de Valence.

Dans ce panier aux saveurs authentiques, quatre concernent nos départements : les célèbres cerises de Céret et haricot de Castelnaudary et les plus méconnus, mais tout aussi délicieux, oignon de Citou et céleri branche vert d’Elne.

« Tour de France des fruits et légumes », Delachaux et Niestlé, 256 pages, 32,90 €

Monographie - William Vance


Dessinateur talentueux, William Vance a longtemps été un de ces artisans de l’ombre, illustrant ses histoires dans un style réaliste solide et efficace. Tout a changé avec le succès de la série XIII. En plus de tirages astronomiques, ses originaux sont devenus très recherchés.

Mais qui est cet auteur belge décédé en 2018 ? Réponse dans cette monographie basée sur une série d’entretiens avec Patrick Gaumer. Le dessinateur parle de sa formation académique, de ses séries préférées mais aussi de ses scénaristes, de Greg (Bruno Brazil) à Jean Van Hamme (XIII).

« Monographie William Vance », Dargaud, 408 pages, 45 €

Cinéma - Zombies


Ils ont acquis une célébrité mondiale. Les Zombies sont devenus des incontournables du cinéma d’horreur et aussi des BD et des séries télé depuis The Walking Dead. Un mot d’origine haïtienne, décortiqué par Claude Gaillard et Guillaume le Disez dans ce superbe livre.

Le phénomène est exploré très largement, un chapitre abordant même les zombies en France avec le premier film de ce genre si particulier, Les raisins de la mort, tourné sur le Larzac en 1977 par Jean Rollin.

« Zombies », Glénat, 352 pages, 35 €

Un manga - The Commonbread


Premier manga de Mujiha, The Commonbread associe science-fiction, monde apocalyptique et… nourriture. Sur cette Terre (à moins que cela ne soit une autre planète…) ravagée par une catastrophe oubliée, les rares habitants survivent grâce au Commonbread.

Un aliment fourni par l’Église, seule nourriture autorisée par le clergé. Le lecteur découvre ce monde de ruines avec Haruka, jeune femme intrépide, une fouilleuse. Elle arpente les bâtiments délabrés à la recherche des vestiges du passé. Dans le premier tome, elle découvre un boîtier contenant une intelligence artificielle. Haruka qui cherche désespérément un aliment qu’elle n’a goûté qu’une seule fois : du curry.

« The Commonbread » (série complète en quatre volumes), Véga Dupuis, 8,35 €

 

Cinéma - “Migration”, folle épopée d’une famille de canards

Un réalisateur français, Benjamin Renner, à la tête d’un dessin animé américain. C’est rare et particulièrement réussi. Partez sans hésiter à l’aventure avec cette famille de canards colvert. 


L’animation « made in France » est sans doute le meilleur atout du cinéma français à l’exportation. Les récentes réussites des Occitans de TAT ou de Miraculous en sont les démonstrations parfaites. Logiquement, les Américains d’Illumination (Les Minions), ont donc demandé à Benjamin Renner de superviser leur grosse production de fin d’année, Migration. Le cinéaste français s’est fait connaître en signant Ernest et Célestine, jolie histoire poétique. Le challenge était plus relevé pour Migration, film réalisé en 3D et destiné au monde entier.

L’histoire, signée Mike White, parle de famille, d’aventure et de solidarité. C’est l’automne dans la région du petit étang où vit cette famille de canard, les Colvert. Le père, Mack (Pio Marmaï), est le prototype du casanier absolu. Pour vivre heureux (et sans danger), le mieux est de vivre caché, toujours au même endroit, à proximité de ce tranquille petit étang.

Cap sur la Jamaïque 

La mère, Pam (Laure Calamy), aimerait changer d’air, montrer aux enfants, Dax et Gwen, le vaste monde. Quand un groupe de canards migrateurs fait escale à l’étang, l’envie de partir est très forte. Finalement, le père accepte de tenter l’aventure direction la Jamaïque. Mais ce beau parleur, un peu trop sûr de lui, s’égare rapidement et doit faire escale dans la grande ville de New York.

Pour retrouver le bon chemin, il devra demander conseil à un perroquet prisonnier chez un chef cuisinier spécialiste du… canard à l’orange. Mack, de pleutre, va devenir téméraire, notamment grâce à sa femme qui, elle, a du courage à revendre. Le parcours vers le sud sera mouvementé, plein d’embûches, de surprises et de rencontres.

Remarquable au niveau animation, Migration offre surtout aux spectateurs un scénario solide et fluide. Tout s’enchaîne, sans temps morts ni chansons presque inutiles comme l’autre sortie du moment chez Disney. Les deux séquences musicales sont parfaitement justifiées et apportent du sens au rapprochement entre les deux parents canards qui s’étaient un peu perdus de vue.

Les personnages secondaires (une matrone pigeonne, le perroquet neurasthénique ou les canards naïfs promis aux couteaux du chef cuisinier) apportent la diversité dans la distribution des rôles. Sans oublier Gwen, la petite sœur, craquante quand elle demande avec insistance quelque chose à son oncle, le placide Dan qui a la voix de Danny de Vito dans la version originale.

Film d’animation de Benjamin Renner et Guylo Homsy avec les voix de Pio Marmaï et Laure Calamy