Paul, jeune peintre, manque d’assurance. Il est persuadé que ses toiles ne valent pas grand-chose. Une certitude qui vole en éclat du jour au lendemain. Il se découvre heureux et inspiré. D’où vient ce changement ? Qui l’a transformé ? Du bout des doigts, roman graphique de Cyril Bonin (Bamboo Grand Angle, 18,90 €), nous fait découvrir les tourments d’un créateur en galère.
Si Paul devient du jour au lendemain doué et productif, c’est la faute de sa coiffeuse. Mathilde a de l’or au bout des doigts. Exactement elle a un don, celui de rendre heureux l’homme ou la femme qu’elle coiffe. Dans le cas de Paul, elle fait office de muse, lui permettant de retrouver confiance et imagination. Grâce à elle, il va exposer dans une grande galerie et son travail va emballer les acheteurs.
Cette BD est aussi une jolie histoire d’amour, mais pas sans tourments. Car Paul, quand Mathilde lui avoue son don, se sent comme manipulé. Et en bon intellectuel torturé de se demander si ses toiles sont bien de lui ou issues de l’influence de Mathilde. Une jolie réflexion sur l’art et l’inspiration par un auteur de BD complet sachant sans cesse se renouveler.
Nous ne sommes que de passage. Sur Terre et encore plus dans les maisons qui ont la gentillesse de nous protéger, de façonner nos souvenirs, de nous accompagner dans nos bons et mauvais moments. L’or et le sel (160 pages, Le Dilettante, 16 €) de Pascale Pujol est un roman choral.
Cinq femmes se penchent sur le passé d’une belle maison, presque un château, sur le point de changer de propriétaire. A tour de rôle, elles dressent le portrait de la bâtisse. Il y a la fille de l’ancienne propriétaire, sa belle-fille, sa petite-fille, la femme de ménage et la notaire chargée de la vente. Il y a les souvenirs partagés, les regrets et surtout es trois jours au cours desquels il faut vider les lieux. « Des pièces deviennent nues d’un coup, des objets disparaissent et avec eux s’estompe peu à peu l’âme des lieux, » constate Carole. On croise aussi un chat, fantôme du domaine, un puits dans la cour et un panier en osier.
Ce très joli texte de Pascale Pujol (qui a des attaches dans les Pyrénées-Orientales, elle a été pigiste à l’Indépendant), devient carrément mystique dans sa dernière partie quand on comprend enfin la signification ancestrale du titre du roman.
Passionné de nature et de randonnée, Ugo Latriche a mis son expérience au service des lecteurs dans ce guide des Pyrénées-Orientales. Un livre pratique paru chez TDO éditions où vous trouverez de nombreuses balades de tous les niveaux et le récit de son périple sur les frontières du département, 500 km de long pour 14 000 mètres de dénivelé effectués à pied, à VTT et en paddle.
Après deux participations au programme vedette de TF1, Koh-Lanta, Ugo Latriche continue sur sa lancée d'aventurier en multipliant les projets au long cours. Il vient de publier chez TDO Editions, un livre pratique intitulé Le grand tour des Pyrénées-Orientales. Sportif accompli, adorant les défis, Ugo a décidé, après avoir exploré les coins les plus perdus de la planète Terre, de mieux connaître le département où il s'est installé depuis quelques années. Il a donc littéralement mis au point un tour du Pays catalan suivant ses limites administratives, de la côte à l'Est en passant par les Pyrénées à l'ouest, les Albères et le Vallespir au sud et les Corbières au nord. Un parcours de 500 kilomètres pour un dénivelé de 14000 mètres. Pas à la portée de tout le monde.
Il a passé une petite quinzaine de jours à réaliser cet exploit et son journal rédigé au quotidien occupe la première moitié du bouquin. Sans fard, il raconte son enthousiasme pour les paysages traversés : "Cette partie est très belle sur le fil de la crête. Les vues sur le Canigo et la baie de Rosas sont à couper le souffle," raconte-t-il sur le trajet entre Coustouges et Maureillas. Le final est grandiose selon lui : "Je marche dans le sable après dix jours dans les montagnes... Les sensations sont géniales, à l'image de ce département si particulier où la montagne plonge dans la mer."
Il note également quand c'est moins génial. Amusement quand il "manque de se faire faucher par une laie et ses marcassins", à la limite de l'abandon quand il se retrouve égaré à la limite de l'Ariège : "Je serpente entre des blocs et des pierriers, je manque de me casser une jambe. Je me perds à plusieurs reprises et me retrouve dans le lit d'un ruisseau, sans vraiment savoir où je suis. La végétation recouvre des trous : autant de pièges pour se tordre la jambe." Mais il en faut plus pour dissuader l'aventurier de mener à bien son projet.
La seconde partie du livre est un guide plus classique avec 30 randonnées pour découvrir toutes les facettes du département. Classées par difficultés, elles sont abordables par tout le monde (Le lac de Villeneuve-de-la Raho), à très difficiles sur des cols pyrénéens à la limite de l'escalade. Et Ugo profite de son expérience (et de son humour) pour dédramatiser des situations. Il vous donne ainsi des conseils si par malchance vous croisez le chemin... d'un ours des Pyrénées.
La longue période du premier confinement a été un choc pour beaucoup mais aussi une opportunité de faire un bilan de sa vie. Le nouveau roman de Marie-Claire Baco-Baesa, autrice locale, utilise cette période pour dresser le portrait une femme amoureuse.
En pays d’étangs (150 pages, Balzac Éditeur, 18 €) se déroule entre Banyuls-sur-Mer et l’étang de Bages-Sigean. Alors qu’avec sa famille (un mari et deux grands adolescents), Anne se retrouve à télétravailler, elle décide de profiter de ce répit pour mettre au propre ses études sur les pêcheurs d’anguilles. Chercheuse au laboratoire océanographique d’Arago, elle a passé il y a quelques années de longs moments avec les derniers pêcheurs d’anguilles. Notamment Pierre.
Ce court roman, entre exploration scientifique et questionnement intérieur, est avant tout un cri d’amour. Car paradoxalement, Anne, est tombée follement amoureuse de Pierre. Malgré les différences sociales. Une belle et courte histoire d’amour qu’elle revit par procuration en reprenant ses notes et en se souvenant de tous ces délicieux moments d’égarement. Un style affirmé, simple et évocateur, permet à Marie-Claire Baco-Baesa d’embarquer le lecteur dans ces méandres romantiques au pays des étangs.
Difficile de se mettre à la place des explorateurs français et anglais qui ont sillonné les mers du Sud, il y a quelques siècles. Ils partaient à l’aventure pour de longs mois, voire des années de navigation. Ce gros roman graphique historique écrit par Bollée (devenu, en peu de temps, un spécialiste reconnu de l’Australie) et dessiné par Laura Guglielmo, raconte la rivalité entre deux géographes.
Pour l’Angleterre, Matthew Flinders et pour la France, Nicolas Baudin. Les Horizons amers(150 pages, Robinson, 25 €), se concentre sur le périple du Britannique. Parti à bord de son navire L’Investigator en juillet 1801, il ne retrouve son épouse que dix ans plus tard. Dans ses valises, la carte complète et révisée de cette île continent qu’il a décidé de nommer Australie, en lieu et place de la Terra Australis Incognita.
Flinders qui a durant de longues années été retenu prisonnier sur l’île Maurice par les Français.
Le plus intéressant dans cet album reste la personnalité énigmatique de Baudin, l’explorateur français. Avant tout le monde, il s’est questionné sur les « naturels » et sur le peu de cas fait par les conquérants européens des propriétaires légitimes de cette terre. Il dénonçait cette colonisation forcée, avant même qu’elle n’ait véritablement commencé.
Après avoir exploré les sports extrêmes (le saut en parachute exactement) dans sa première enquête, Agnes Tveit, la journaliste norvégienne imaginée par Randi Fuglehaug, plonge dans le monde du jazz dans Fatal Tempo (450 pages, Albin Michel, 22,90 €).
Agnes est dans la salle de spectacle de la petite ville de Voss pour assister au concert de Marta Tverberg, la star du saxo. Mais en entamant son dernier morceau, la diva s’écroule et meurt sur scène. Les policiers découvriront que l’embout de l’instrument était enduit d’un puissant poison. Agnes est bouleversée, car elle était en train d’écrire la biographie de Marta.
Elle va retrouver ses réflexes d’enquêtrice et tenter de démasquer le meurtrier. Les suspects sont nombreux, des trois membres du groupe, dont deux frères eux aussi originaires de Voss et de la batteuse, belle-fille de Marta. À moins qu’il ne faille chercher du côté des notables qui détestaient cette forte tête, voire son mari. Agnes, elle, en fait jubile car ce meurtre va rendre son livre encore plus intéressant.
Surtout, elle peut renouer avec son ancien amour de jeunesse, Alexander, devenu directeur du festival. Un thriller qui semble linéaire mais qui au final regorge de coups de théâtre.
Les vacances en famille, quels délicieux souvenirs. Sauf si comme les P’tits Diables, personnages de BD imaginés par Dutto, frère et sœurs se haïssent.
Tom et Nina vivent dans ces «Vacances diaboliques» (Soleil, 11,50 €), leur première grande aventure. Un récit complet ponctué de quantité de gags. En compagnie de leur père, de leur mère et du chat Grimmy, les P’tits Diables se réjouissent de ces dix jours de farniente dans une jolie maison au bord de la mer. Mais rapidement le séjour se transforme en cauchemar.
Premier problème : ils doivent dormir dans la même chambre. Mais surtout ils sont rejoint par leur cousin Francis. Un véritable psychopathe, expert pour faire accuser le frère ou la sœur, voire les deux en même temps, des pires bêtises imaginaires.
Tom et Nina devront mettre leurs querelles incessantes en pause pour tenter de surmonter l’obstacle Francis.
Ce récit sur l’amitié, l’adversité, la famille et la manipulation, en plus d’être véritablement bidonnant, donne des clés aux plus jeunes pour supporter des situations compliquées. Les parents y trouveront aussi matière à réflexion sur la vie en famille, forcément un peu différente en vacances.
Les enfants aussi pourront demander aux parents de faire leurs exercices durant les vacances. À la différence près que le traditionnel Cahier de vacances pour adultes, de 17 à 117 ans (128 pages, Chifflet & Cie, 9,95 €) est beaucoup plus cool que les exercices de maths, français ou histoire proposés aux jeunes. En annonçant en couverture « 200 exos rigolos », cette bible de la culture générale (richement illustrée de centaines de dessins de Joan), vous permettra de briller en société ou de constater que, finalement, vous n’êtes plus du tout dans le coup.
Des quiz diversifiés pour connaître votre niveau en rock, rugby ou manga, des tests sur votre mémoire avec par exemple, un jeu pour retrouver les titres de films sortis il y a dix ans. Le plus marrant reste cette dictée inversée. Il vous est proposé de corriger la copie de Jean-Kévin, candidat au brevet des collèges.
Pour avoir vu passer sur le Net quelques véritables dictées de 2023, je trouve que les auteurs ont été très gentils en ne glissant que 25 fautes dans ce court texte. Dans la vraie vie, un élève moyen en aurait certainement fait une bonne cinquantaine. Et vous, combien allez-vous en détecter ?
Excellent connaisseur de la région et surtout de son histoire, Bernard Rieu vient de signer un petit livre didactique sur les tours à signaux des Pyrénées-Orientales aux éditions Trabucaire (150 pages, Editions Trabucaire, 15 €). Dans la collection « Découverte guidée du Pays Catalan », une première partie raconte pourquoi on a construit sur des pics et collines ces tours. Leur utilité au temps des invasions et attaques des pirates mais aussi leur abandon quand la technologie les a rendues obsolètes.
Sentinelles de la région, elles ont souvent subi les outrages du temps. Certaines ont carrément disparu, d’autres ne sont que ruines. Bernard Rieu raconte aussi la passion de ces amoureux du patrimoine qui ont tout fait pour reconstruire certaines tours emblématiques comme celle de la Massane. La seconde partie du livre, richement illustrée de photographies de Michel Castillo, fait l’inventaire exhaustif des tours par secteur géographique.
Particulièrement nombreuses dans les Albères, elles sont plus isolées et difficiles d’accès dans la vallée du Tech et de l’Aspre. Le meilleur exemple étant celle de Batère, isolée mais essentielle dans le maillage permettant de communiquer d’une vallée à l’autre.
Un livre érudit qui donne envie de faire un bout de chemin au grand air et de s’imaginer vivre en ces temps où les téléphones portables n’existaient pas.
Voilà l’ouvrage parfait pour briller lors de vos prochaines vacances au soleil. L’incroyable histoire de la mythologie grecque de Catherine Mory et Philippe Bercovici (320 pages, Les Arènes, 25 €) vous donnera les clés pour devenir un dieu du savoir.
Un ouvrage bourré d’anecdotes particulièrement utiles quand vous vous retrouverez au bar du Macumba en pleine tentative de séduction de Kimberley, 3e dauphine de miss Camping tee-shirt mouillé (sur 3 candidates, mais l’essentiel est de participer !). Imaginez son ravissement quand vous la comparerez à une nymphe en glissant au passage que c’est « une divinité secondaire qui peuple la campagne, les bois et les eaux. » Vous êtes sûr de conclure quand vous rajouterez qu’elle est aussi belle qu’une « cuisse de nymphe émue », variété ancienne de rose.
Par contre évitez d’aborder le cas d’Œdipe. Ces histoires d’inceste ne sont plus du tout tolérées de nos jours. De même, n’en faites pas trop sur le cas de Narcisse, déjà que vous passez pour un gros mytho avec votre air condescendant d’érudit de salon.
Un album de BD à emporter en vacances, vous bronzerez moins bête. Mais attention, ne faites pas comme Icare. Un peu de soleil ça va... Trop, bonjour les dégâts.