samedi 7 janvier 2023

BD - Livre fourre-tout


Sylvain Mazas aime déménager. Français, il vit en Allemagne et tente régulièrement des pays comme nous des restaurants. Il le raconte dans ses livres, mélange de roman graphique, de BD et de tableaux pleins de chiffres. Ce graphiste a le chic pour aborder des sujets très compliqués avec des termes et des dessins très simples.

Dans le 3e tome de ses aventures, il revient sur son installation en Grèce, son travail avec les réfugiés, comment il compte « réduire les inégalités entre les riches et les pauvres » et aussi rembourser sa femme.

« Ce livre devrait me permettre… » (tome 3), Delcourt, 10,50 €

vendredi 6 janvier 2023

BD - Chasseur du futur

Dans ce futur assez éloigné, les villes sont séparées en deux. Derrière les murailles, les très riches, à l’extérieur les pauvres. Akira, gamin des rues, espère devenir riche en devenant chasseur de reliques, ces objets qui datent de l’ancien monde.

Il va pouvoir compter sur Alpha, une superbe blonde pulpeuse, elle-même vestige du passé puisqu’elle n’est que l’image d’une intelligence artificielle. 

Basé sur le roman de Nahuse, ce manga de Kirihito Ayamura offre son lot de combats et de trouvailles futuristes. .

« Rebuild the world » (tome 1), Vega Dupuis, 8 €

jeudi 5 janvier 2023

BD - À la Bastille ! Avec des enfants

À Paris en 1789, le peuple a faim. Les ouvriers sont sans le sou, les artisans presque ruinés. Quant aux enfants des rues, ils se débrouillent comme ils peuvent. 

Cette nouvelle série de Bordas raconte comment Michel, fils d’un tailleur, va rejoindre une bande de petits voleurs qui vivent cachés sur les toits de la capitale.

Durant ce printemps de révolte, il se retrouve seul après que son père a été arrêté car un peu trop révolutionnaire. Du coup, Michel n’a plus qu’un but : aller libérer son père, emprisonné à la… Bastille.

« Les enfants perchés de la Révolution » (tome 1), 11,95 €

mercredi 4 janvier 2023

BD - Monstre personnel

Le concept est assez étonnant au début. Dans ce monde en tout point identique au nôtre, chaque humain naît avec un monstre associé. Il ne sort de son œuf qu’à la puberté. Une sorte d’avatar qui semble être le reflet de notre personnalité. Éloïse, jeune collégienne, n’a pas encore son monstre.

Quand il arrive, pas de chance, c’est un mauvais monstre. Il est doté de pouvoirs magiques et est beaucoup plus autonome que les normaux. Enzo Berkati raconte dans sa première BD le changement de vie de la jeune héroïne solitaire. Touchant.

« Mauvais monstre » (tome 1), Glénat, 15,50 €

mardi 3 janvier 2023

Littérature - L’amie perdue de vue et « Le secret de Sybil »

Un peu avant l’adolescence, Laurence Cossé a eu une amie absolue. De celle avec qui on partage tout, on se comprend toujours, un double intellectuel.

Laurence et Sybil étaient inséparables de 10 à 14 ans. Et puis à la faveur d’un changement d’établissement scolaire, les liens se sont distendus puis rompus. Des années plus tard, Laurence Cossé a cherché à comprendre ce qui était arrivé à Sybil et le raconte dans Le secret de Sybil, roman témoignage sur la vie en France à la fin des années 60. C’est ce que l’on retiendra essentiellement de ce texte fort et édifiant.

Ainsi, Laurence Cossé souligne qu’« une fille de ma génération portait en elle, à vie, la conviction d’être par nature moindre, et dépendante, à jamais. Une petite fille des années 60 se savait par définition une demi-portion, un accessoire, tout au plus une future femme, c’est-à-dire, en attendant, rien : rien avant d’être engrossée, unique compétence à laquelle elle pouvait prétendre, si l’on peut dire puisqu’elle n’y parviendrait jamais seule. »

Finalement les deux jeunes filles deviendront des mères de famille. Mais jamais elles ne se retrouveront et la complicité disparaîtra définitivement avec la mort prématurée de Sybil, emportant dans sa tombe ce secret si compliqué à porter.

« Le secret de Sybil » de Laurence Cossé, Gallimard, 16 €

lundi 2 janvier 2023

Littérature - « La poésie des marchés » et ses haïkus d’open-space chez Albin Michel

Certains métiers sont plus abscons que d’autres pour le grand public. Analyste de marché par exemple. Comment définir le travail de Lucie, l’héroïne du premier roman d’Anne-Laure Delaye, La poésie des marchés ? Une fois le roman terminé vous n’aurez pas plus de réponse, mais vous aurez souvent rigolé aux trouvailles de ces employés d’open-space pas très sérieux.

Lucie par exemple doit anticiper les variations du coût de l’électricité. Elle rédige des mémos qu’elle communique à des traders chargés de spéculer. Elle a longtemps essayé de comprendre le marché, puis s’est contentée de décider au hasard, ou en fonction de haïkus qu’elle compose à la cantine. ?

Voire en se fiant à un varan qu’elle héberge dans un local de la société, avec un artiste SDF et ses toiles réalisées à partir de graphiques.

Un roman hilarant et pourtant ancré dans le réel. Pour preuve, avec un collègue, Lucie se demande si la guerre va bien éclater en Ukraine. « Nous avons papoté quelques minutes en attendant l’ouverture des marchés. Benjamin regrettait de devoir annuler un voyage en transsibérien qu’il avait prévu depuis quelques temps. ‘Mais si la guerre éclate vraiment, on risque d’avoir un beau bonus sur le gaz. Je ferai un voyage deux fois plus long l’année d’après’.» Quand la fiction a le goût amer de la réalité.

« La poésie des marchés » d’Anne-Laure Delaye, Albin Michel, 19,90 €

dimanche 1 janvier 2023

Littérature : Sororité destructrice dans "Fille en colère sur un banc de pierre" de Véronique Ovaldé

Sur une île volcanique de Méditerranée au large de la Sicile, la famille Salvatore ne passe pas inaperçue. Le père, un taiseux taciturne, passionné d’opéra, s’est marié à une fille du cru, Sylvia, et lui a fait quatre filles. C’est le destin de ces quatre sœurs qui sert de trame au roman de Véronique Ovaldé. La Fille en colère sur un banc de pierre qui donne son titre au livre c’est Aïda. Aïda la pestiférée, celle qui a quitté l’île pour vivre à Palerme. Cela fait 15 ans qu’elle n’a plus de nouvelles de la famille.

Quand elle reçoit un appel de sa sœur Violetta, elle se doute que c’est pour une mauvaise nouvelle. Le père, le Vieux, sa seigneurie comme elles ont l’habitude de le surnommer, vient de mourir. Aïda décide d’aller aux obsèques malgré le lourd passif entre elle et ses sœurs.

Ce roman puissant de Véronique Ovaldé, donne l’occasion au lecteur de plonger au cœur d’une famille compliquée. Voire totalement éclatée. Pourtant à la base il y a tout pour être heureux. La romancière le reconnaît quand elle écrit : « Je pourrais écrire quelque chose comme : elles étaient quatre sœurs inséparables promises à la plus belle des vies. Il y avait Violetta la reine, Gilda la pragmatique, Aïda la préférée et Mimi le colibri. » Elles ont deux ans d’écart et tout s’écroule un soir de carnaval. Malgré l’interdiction du père, en pleine nuit, Aïda, 8 ans, va participer aux festivités. Mimi, qui dort dans la même chambre, va avec elle. Dans la foule, elles découvrent un monde joyeux, débridé. Se perdent de vue. Aïda rentrera à la maison. Pas Mimi.

Que s’est-il passé le soir fatidique ?

La disparition de la petite dernière, celle qui avait tant de fois bravé la mort (chute du premier étage, début de noyade, guêpe dans la gorge…) brise le père. Il estime Aïda responsable. Ne lui adresse plus la parole. Les deux grandes sœurs aussi changent d’attitude et deviennent méchantes avec elle. Ce qui explique sa fuite vers Palerme. L’amour déserte la famille Salvatore. Les filles ont peur : « Leurs parents étaient piégés dans la géométrie invariable des couples - elle craignait que son mari ne finisse violent, il craignait que son épouse ne finisse par devenir folle. » En revenant sur l’île, Aïda se demande si elle va comprendre ce qui s’est passé ce soir fatidique. Qu’est-il arrivé à Mimi ? Est-elle encore en vie comme le croit, l’espère, la mère ?

Le roman, en plus de raconter l’évolution des trois sœurs restantes, leurs parcours de vie si différents, a parfois des airs d’enquête policière. Et aussi de comédie romantique. Avec en toile de fond cette sororité destructrice. Car l’absence de la petite sœur plane telle un vautour sur les trois sœurs restées en vie.

« Fille en colère sur un banc de pierre » de Véronique Ovaldé, Flammarion, 21 €

samedi 31 décembre 2022

Série télé en DVD et Blu-ray - Le début du phénomène HPI


Morgane est femme de ménage. Mais attention, cette rousse aux yeux bleus est aussi une femme HPI comme « haut potentiel intellectuel ». Légèrement inadaptée à la vie en société, son intelligence supérieure ne lui permet que difficilement de s’en sortir avec ses trois gosses, ses deux ex et ses cinq crédits. 

Sa vie change quand la police repère ses facultés exceptionnelles. Elle troque la serpillière pour un rôle de consultante. HPI est la série phénomène de ces deux dernières années. La première saison a explosé les audiences. La seconde a encore fait mieux. Les huit épisodes ont trusté les huit records de l’année (hors foot…). Le capitaine Marleau a trouvé à qui parler. Un succès qui doit beaucoup à l’abattage phénoménal d’Audrey Fleurot. Celle qui a longtemps été abonnée aux petits seconds rôles est devenue un pilier de la fiction française. 

Pour faire plaisir à des proches ou simplement pour revoir les 16 épisodes, craquez pour ce beau coffret paru chez UGC reprenant les deux premières saisons. (Prix conseillé : 29,99 €) 

vendredi 30 décembre 2022

BD - L’énigme Roland Barthes

Mais qui a tué Roland Barthes ? Et surtout qui lui a dérobé la formule secrète de la septième fonction du langage ? Le roman de Laurent Binet se transforme en une BD savante dans cette adaptation par Xavier Bétaucourt et Olivier Perret. 

Les auteurs (qui se mettent en scène), racontent donc l’enquête du commissaire Bayard, flic à l’ancienne, aidé par Simon Herzog, jeune sémiologue spécialiste des travaux de Barthes. 

Entre érudition et humour, on croise au fil des pages Michel Foucault, Philippe Sollers, BHL, Giscard et même Mitterrand juste avant son élection. 

« La septième fonction du langage », Steinkis, 23 €

DVD et Blu-ray - "Fall", pas pour les cinéphiles qui ont le vertige

Certains thrillers jouent clairement sur nos peurs primaires. L’enfermement, le feu… Fall de Scott Mann, sorti directement en VOD et sous forme de DVD et blu-ray (Wild Side Vidéo), est le film à déconseiller si vous êtes sujet au vertige. À moins de vouloir vous faire peur. Très peur. Au point d’en être malade selon les retours de certains spectateurs. Becky (Grace Fulton) déprime. Passionnée d’escalade, elle est traumatisée depuis la mort de son mari en pleine ascension. 

Sa meilleure amie, Hunter (Virginia Gardner) fait tout pour la sortir du marasme. Et lui redonner l’envie de vivre des sensations fortes. Elle parvient finalement à la convaincre de reprendre un peu de hauteur. En fait beaucoup puisqu’elles vont grimper au sommet d’une tour de communication désaffectée. Hauteur totale : 600 mètres. Et beaucoup de rouille… 

Quand vous serez tout en haut, bloqué, plus personne ne vous entendra hurler. Effets spéciaux impeccables pour un film au suspense hautement crédible.