jeudi 5 mai 2022

De choses et d’autres - Pour un profil nouveau à Matignon

Toujours pas de piste sérieuse au successeur de Jean Castex à Matignon. Ce qui devait aller vite devient de plus en plus compliqué. Pas de fumée blanche mais de plus en plus de noms sont livrés en pâture. Comme autant de leurres pour finalement sortir du chapeau un personnage totalement nouveau.

Il semble cependant que dans cet embrouillamini gouvernemental, une femme devrait s’imposer. « Où sont les femmes ? » se demandait Patrick Juvet. Pas encore à Matignon, mais presque ! Avant de connaître l’élue, on peut en éliminer quelques-unes.

Dans ce qu’il reste du PS, Ségolène Royal a grillé ses dernières cartouches en appelant, avant le premier tour, au vote utile à gauche en faveur de Mélenchon. Elle n’ira pas à Matignon mais pourrait décrocher un beau ministère si la NUPES l’emporte au 3e tour.

Dans les rangs de la majorité actuelle, Coralie Dubost, députée de l’Hérault, est devenue en quatre jours la pestiférée préférée. Elle ne peut carrément pas se représenter en juin. Mais même si le scandale des frais détournés n’avait pas éclaté, elle n’aurait pu, au mieux, que récolter un secrétariat d’État à l’Habillement, son principal domaine de compétence.

Pas évident donc de trouver une femme politique française qui allie expérience gouvernementale et charisme. À moins d’élargir les recherches hors des frontières. Un nom devrait obtenir l’unanimité. Avantage, elle est disponible tout de suite et parfaitement connue de tous les Français. Problème, elle pourrait faire de l’ombre au jeune président. Mais tout bien considéré, nommer Angela Merkel à Matignon me semble une excellente solution.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 3 mai 2022

mercredi 4 mai 2022

De choses et d’autres - Viagra au garde à vous

Drôle de scandale dans l’armée brésilienne. L’opposition au président Bolsonaro a dénoncé un achat étonnant. Étonnant car pas véritablement utile dans le rôle dévolu normalement aux militaires. En pleine crise sanitaire, alors que les vaccins contre le Covid-19 sont de plus en plus rares pour ceux qui désireraient se protéger, l’état-major a passé la commande de dizaine de milliers de comprimés de… viagra.

Dans un premier temps, les députés de gauche ont parlé de 35 000 cachets de la petite pilule bleue miracle. Mais le président brésilien, toujours présent pour relancer les polémiques, a précisé qu’en fait la commande portait sur environ 50 000 comprimés. Il a également jugé cette quantité insignifiante, « vu qu’elle concerne les trois armées et que (ces médicaments) sont surtout utilisés par des militaires à la retraite ».

Finalement, face à l’ampleur du scandale, l’armée a trouvé une autre explication à cette commande. Car le viagra, s’il est essentiellement prescrit pour combattre les troubles de l’érection (c’est un des effets secondaires de la principale molécule le composant, effet secondaire mais pas toujours indésirable), est avant tout destiné à guérir et soulager les malades souffrant d’hypertension artérielle et de maladie rhumatologique.

Or, c’est bien connu, un général, quand il n’est plus en exercice, a de grandes difficultés à rester longtemps au garde à vous à cause de son hypertension et de ses rhumatismes…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 26 avril 2022

mardi 3 mai 2022

De choses et d’autres - L’année des « R »

Comme pour les animaux de race, il semblerait que les noms des partis politiques obéissent à des règles strictes en ce qui concerne leurs initiales. Il est clair que le « R » est la lettre de 2022. Tout a commencé par le fameux Remontada d’Arnaud Montebourg. Une belle idée qui est malheureusement Retombée encore plus vite qu’elle n’est Remontée.

Ensuite c’est Zemmour et son Reconquête qui a joué le jeu de la lettre R. Il s’est Ramassé une bonne Raclée. Et puis surprise du chef, jeudi, en dévoilant l’accord entre le parti présidentiel, le Modem et Horizons, La République en Marche annonce changer de nom. Ce sera désormais Renaissance. Encore un R. Même si après réflexion le mot Reset aurait été plus adapté. Mais un nom anglais pour un parti français, ça ne le fait pas.

Donc OK pour Renaissance. Mais me vient une question à l’esprit : comment va-t-on appeler les militants de cette nouvelle formation politique. Avant, on parlait des Marcheurs, devra-t-on dire à présent les Ressuscités ? Ou les Re-Nouveaux-Nés ? Ou plus simplement les Renés ?

Le débat n’est pas tranché, mais on fait confiance au cabinet de conseil qui a probablement trouvé le nom du parti pour demander une substantielle rallonge afin de résoudre cette énigme.

Par contre la gauche, toujours sous la coupe des Insoumis, n’a pas voulu respecter la règle de 2022 et a décidé de se renommer Nupes. Il était pourtant simple de rester dans les clous en nommant la coalition « Rassemblement de l’Union populaire, écologiste et sociale ». Enfin, si le R correspond à 2022, le N était donc de rigueur en... 2018. Toujours en retard d’une guerre ces gauchistes !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 7 mai 2022

lundi 2 mai 2022

De choses et d’autres - Pénuries à tous les étages

La guerre en Ukraine n’en finit pas de provoquer des pénuries. Après l’huile de tournesol, bientôt la farine (et donc le pain et les pâtes), on apprend au détour d’un mail que le verre va manquer. Le courrier précise que « la pénurie de bouteilles en verre touche le secteur du vin. » Conséquence : « Va-t-on voir apparaître des canettes dans le secteur viticole ? »

L’info est donc destinée à promouvoir ce contenant pour le vin. Désolé, mais ça ne passera pas par la France ! S’il n’y a plus de verre, mieux vaut encore remettre en circulation les amphores. Autre problème en vue : le manque de gaz néon. Essentiel dans les phares des voitures.

Résultat, alors que les semi-conducteurs recommencent à être disponibles après le trou dû au Covid, il n’y a plus de luminaires pour terminer les autos sur les chaînes de montage… Notre société d’abondance va se transformer en société du manque.

Et même le plus haut niveau de l’État est concerné. Le président de la République voit ses plans bousculés par une pénurie fulgurante de… Premier ministre. Jean Castex vient de signer un nouveau CDD jusqu’au 13 mai.

Il n’y a qu’un secteur qui ne connaît pas la crise : celui des candidats aux législatives. Si la gauche, pour une fois, va limiter l’avalanche des noms, ailleurs c’est la foire à l’empoigne. Il y aura deux candidats d’extrême-droite par circonscription (Reconquête de Zemmour et RN de Le Pen), et même dans la majorité sortante des doublons sont à craindre en raison de la brouille entre Édouard Philippe et le président. Sans compter les parachutages périlleux comme celui de Manuel Valls à la place d’un député En Marche qui ne veut pas abandonner son poste. Il n’est pas venu le jour où la France sera frappée par une pénurie d’ambitieux avides de pouvoir.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 5 mai 2022

dimanche 1 mai 2022

De choses et d’autres - Les résistants du masque

En allant faire trois courses hier midi, j’ai constaté que le port du masque, là où ce n’est plus obligatoire, est tombé aux oubliettes. La guerre contre le Covid n’est pas tout à fait terminée, mais les gestes barrière semblent eux bel et bien morts et enterrés.

Pourtant il existe une partie de la population qui refuse obstinément de tomber le masque. Pas chez les plus fragiles qui espéreraient ainsi se protéger, ni les hypocondriaques, persuadés qu’ils risquent d’attraper le virus (et toutes les autres maladies possibles et imaginables) sans protection. Non, ceux qui ont le plus de difficulté à abandonner leur masque, ce sont des adolescents.

Une amie prof dans un lycée a constaté que dans ses classes, une petite poignée d’élèves reste masquée. Généralement des filles, qui ont aussi de grandes franges qui cachent leur front. Pour les identifier, il ne reste que deux yeux. En analysant rapidement la personnalité des « masquées », elle a compris que cet ustensile était une bénédiction pour ces filles qui ne supportent pas leur image.

Le masque leur permet de se cacher. Des amis et des profs. Elles n’ont pas à supporter le jugement des autres, persuadées qu’il sera négatif.

Par contre, les rares garçons qui conservent leur masque, c’est essentiellement car ils souffrent d’une éruption d’acné fort préjudiciable à leur chance de se faire remarquer de Cindy, la jolie brune à droite au second rang.

Enfin, il existe encore une petite proportion d’adultes récalcitrants à l’abandon du masque. Mais là aussi rien à voir avec une quelconque prévention médicale : juste car il camoufle idéalement leur haleine de chacal.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 4 mai 2022

samedi 30 avril 2022

Essai - Une reine adorée

Alors que jeudi à l’occasion de l’anniversaire de la reine Elizabeth II (96 ans !) des tirs de canons ont retenti depuis la Tour de Londres et Hyde Park, nombre de Français se demandent encore ce que les Britanniques trouvent à cette vieille dame discrète. 

C’est Louise Ekland, journaliste et animatrice télé et radio, originaire de Liverpool, qui a pris sa plus belle plume pour tenter d’élucider ce phénomène quasi métaphysique.  « J’ai décidé de vous expliquer, avec un humour tout britannique, pourquoi nous, les Anglais, aimons tant notre Queen, » explique-t-elle dans ce livre léger, pas trop sérieux mais bourré d’anecdotes de révélations et de témoignages. 

« God save my Queen » de Louise Ekland, Editions du Rocher, 17,90 €

Fantasy - Au Vieux Royaume


Les amateurs français de fantasy apprécient le Vieux Royaume, le monde imaginé par Jean-Philippe Jaworski. Dans « Le sentiment de fer », on retrouve cinq nouvelles se déroulant dans cet univers alors que la guerre des Grands Vassaux fait rage. Dans le premier texte, on suit le mercenaire et tueur Cuervo Moera, chargé de voler un précieux livre. De la pure action, entre espionnage et joutes de cape et d’épée. On croise aussi des elfes, un meunier devenu détrousseur de cadavres doté d’un incroyable aplomb lors de son procès ou d’une colonne de guerriers nains ou de gnomes perdus dans une cité perdue maudite. 

« Le sentiment de fer » de Jean-Philippe Jaworski, Folio SF, 7,60 €


vendredi 29 avril 2022

Roman - Lluis Llach en son royaume

Chanteur, militant politique pour l’indépendance de la Catalogne, élu… Lluis Llach multiplie les casquettes et en a rajouté une récemment sur son long CV : écrivain. Il quitte la Catalogne théâtre de ses précédents romans pour raconter les luttes de pouvoir au sein du royaume imaginaire de Magens. Échec au destin est un thriller médiéval dont l’intrigue pourrait tout à fait être transposée à notre époque.

Dans ce Moyen Âge qui sort très lentement d’une longue période de profond obscurantisme, certains monarques sont partagés entre leur volonté de progrès social et leur soumission à Rome et au Pape, arc-bouté pour maintenir ses prérogatives et avantages. Le roi de Magens, Ebrard, fidèle au pape, pense déjà à sa succession. Son fils aîné, Jan, fier guerrier, sera parfait. Son second fils, Inian, moins porté sur les choses de la guerre, est le préféré de la reine Bal. Un troisième larron va alors entrer en scène : Orenç. C’est le premier fils du roi, un bâtard car il a répudié la mère qui fut brièvement reine. Orenç revient à Magens après avoir suivi des études à Rome. Il a été nommé chanoine de la chapelle royale. Quelques jours après son arrivée, un drame rebat toutes les cartes : la reine Bal est retrouvée morte. Elle a chuté de la fenêtre de sa chambre, en pleine nuit. Meurtre ou suicide ? Le roi charge Orenç de répondre à la question. Exactement, il lui ordonne de prouver qu’elle a été assassinée car si le suicide est accrédité, elle sera excommuniée et de ce fait ses fils Jan et Inian perdront leur titre de Prince et tout espoir, un jour, de régner sur Magens. 

Une fois ce préambule mis en place, Lluis Llach laisse son imagination voguer au gré des événements et conspirations. Car à Magens, rares sont ceux qui n’ont pas quelque chose à cacher. Pour en apprendre un peu plus, rien de tel que la confession. Orenç va utiliser cette arme pour progresser dans son enquête. L’Église a « transformé la confession publique en confession privée sans en mesurer les avantages. Tout simplement parce que si la confession publique lui permettait juste de prononcer des pénitences, la confession privée, elle, lui donne un pouvoir de contrôle… qualité on ne peut plus fondamentale et intéressante. » Orenç va beaucoup en apprendre sur les complots du passé et ceux du futur. Et comme il est lui aussi un prince, il pourrait monter sur le trône un jour. 

Le roman de Lluis Llach, brillant, passionnant, plonge le lecteur dans ce Moyen Âge où les grands doivent aussi faire avec les petits. Car finalement, à Magens, Orenç comprendra rapidement que la meilleure arme pour résoudre l’énigme  reste la belle et aguichante Brilhéta, la servante de la reine, celle qui l’a découverte morte et qui sait tout des secrets de la cour. Et comme elle a une forte attirance pour le jeune curé, leur action conjointe a un côté fusionnel qui apporte un peu plus de piquant au roman.

« Échec au destin » de Lluis Llach (traduit du catalan par Serge Mestre), Actes Sud, 22,50 €

BD - Dessins au fil du fleuve


Certains dessinateurs de BD aiment les festivals. Pas Angoulême, mais les endroits insolites, chargés de sens. Comme le Mapa Buku Festi qui se déroule sur une semaine le long du fleuve Maroni en Guyane française. Une dizaine d’auteurs sont partis à l’aventure et ont raconté ce qu’ils ont vu ou appris de cette région reculée de la France, aux confins du département français, entre Brésil et Suriname. 


Près de 200 pages où alternent petite histoires (Aude Mermilliod, Joub, Thierry Martin), simples carnets (Tripp, Lepage) ou planches plus explicatives (Joub, Nicoby). Une plongée dans l’enfer vert qui en réalité est de toutes les couleurs comme les superbes planches d’Éric Sagot.

« Maroni, les gens du fleuve », Futuropolis, 23 €


jeudi 28 avril 2022

BD - Fureur imagée


La fantasy c’est de la poésie. Avec des tripes et des monstres… Furioso, écrit par Pelaez et dessiné par Laval Ng, est en réalité l’adaptation d’un poème italien écrit par L’Arioste en 1516. Dans la BD, on suit le retour d’entre les morts de Garalt. 

Chevauchant son cheval-aigle, il sauve Angélique et va tenter de retrouver la femme qu’il aime : la guerrière Bradamante. Entre-temps, il participe à un tournoi (tripes…) et doit éviter la vengeance de Roland, celui qui l’a déjà tué une première fois. Un album ambitieux qui dénote par ses dessins bourrés de détails.

« Furioso » (tome 1), Bamboo Drakoo, 14,50 €