dimanche 13 mars 2022

De choses et d’autres - Un petit bock avant l’isoloir ?

Tous les sondages sont bons à prendre (et à commenter) avant la présidentielle. Ifop vient de publier une étude intitulée Beertest. Une seule question posée aux sondés (1 507 personnes, par internet) : « Parmi ces personnalités, avec qui aimeriez-vous boire une bière ? »

Rien sur les programmes, les idées ou le bilan, juste savoir parmi les 12 candidats officiels, lequel serait le plus habilité à boire un bock avec ses futurs administrés. Le résultat est radicalement différent des sondages classiques : il y a une grande différence entre mettre un bulletin dans une urne et s’accouder au comptoir et siroter une bière en refaisant le monde.

Jean Lassalle se retrouve en tête du Beertest avec 39 % de sondés partants pour aller au bistrot avec lui. Il obtient même la majorité absolue (53 %) chez les hommes. Il est suivi par Emmanuel Macron (37 %, mais en chute de 7 points par rapport au Beertest de 2016) et Marine Le Pen (31 %).

Bonne dernière, Anne Hidalgo. Mais vu le prix des bières à Paris, c’est tout à fait compréhensible.

La domination de Jean Lassalle est logique, car aller dans un bar avec le Béarnais, c’est l’assurance d’une bonne rigolade qui risque de terminer à point d’heure, avec 4 grammes et un paquito d’anthologie. Par contre, je m’étonne que Valérie Pécresse ne recueille que 21 % des suffrages. Vu sa fortune personnelle colossale, elle peut payer des dizaines de tournées sans écorner son budget.

Étonnement aussi pour le petit score de Jadot : 20 %. Ce n’est sûrement pas le meilleur pour faire rire l’auditoire avec la dernière blague tendance, mais il doit connaître d’excellentes bières artisanales et bios qui compenseront avantageusement sa sinistrose.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 18 mars 2022

samedi 12 mars 2022

BD - Âmes damnées

Serge Le Tendre n’en a pas terminé d’imaginer des histoires fantastiques. Le créateur de La Quête de l’Oiseau du Temps lance une nouvelle série, cette fois chez Drakoo. Il a confié l’illustration des aventures d’Olivia et de sa fille Mercy à Patrick Boutin-Gagné. 

A Shaalem, aux USA à la fin du XIXe siècle, une jeune veuve doit subir les assauts de villageois persuadés que c’est une sorcière. Ils n’ont pas tout à fait tort, même si le véritable danger est ailleurs. Une histoire complète mais qui devrait avoir une suite tant elle est réussie. 

« Le sarcophage des âmes », Bamboo Drakoo, 14,50 €

BD - Le retour de Gaston Lagaffe annoncé au festival d'Angoulême

Le célèbre employé des éditions Dupuis, imaginé par Franquin pour animer les pages du journal Spirou, va vivre de nouvelles gaffes sous la plume de Delaf. Le nouvel album est annoncé pour le 19 octobre prochain. Les éditions Dupuis annoncent un tirage supérieur à un million d'exemplaires. 


C'est le pire employé de rédaction de la planète. Le plus marrant et attachant aussi. Gaston Lagaffe, grand escogriffe, fainéant, poète et tire-au-flanc, a longtemps été un succès de librairie. Ses gags, ou gaffes plus exactement, ont animé les pages de l'hebdomadaire Spirou durant des décennies. La dernière planche était parue en 1992. Franquin, dépressif, ne trouvait plus la force pour faire rire les petits et grands lecteurs. Il préférait dessiner des monstres dans les marges du journal ou imaginer des "Idées noires", plus adultes, pour Fluide Glacial.

À la mort du grand dessinateur belge, on pensait que Gaston, comme Tintin de Hergé, avait achevé sa carrière. Mais ce jeudi 17 mars, au premier jour du festival de la Bande dessinée d'Angoulême, les éditions Dupuis ont officiellement annoncé le retour du célèbre gaffeur. Les nouvelles histoires comiques de Gaston Lagaffe ont été confiées à Delaf, un dessinateur canadien bien connu chez Dupuis puisqu'il est le coauteur, avec Dubuc, des Nombrils, série comique racontant la vie de trois jeunes filles dans un lycée.  

Si le prochain album est annoncé en octobre (le 19 exactement sous le titre "Le retour de Lagaffe"), on pourra avoir une première idée de cette reprise dès le mercredi 6 avril puisque Gaston fera un  come-back dans les pages du journal Spirou, chaque mercredi, "là où Gaston fit ses premiers pas (bleus) il y a très exactement soixante-cinq ans", souligne l'éditeur dans un communiqué.

vendredi 11 mars 2022

De choses et d’autres - Le ralliement qui va tout changer (ou pas...)

Il aura fallu attendre d’être à un mois de l’échéance pour que la campagne de la présidentielle s’anime un peu, voire bascule, selon certains observateurs bien informés. Il ne reste plus que quatre semaines pour faire campagne et face à l’indécision de nombre d’électeurs, tout ralliement est bon à prendre.

Surtout, quand il s’agit d’une personnalité qui pèse dans le paysage politique français. Un nom de plus dans ses soutiens et l’ordre du premier tour peut être chamboulé. Celui qui, depuis de longues semaines mobilise les Français, le samedi, dans les rues, pour protester contre « la dictature sanitaire » a jeté son dévolu sur Nicolas Dupont-Aignan. Une aubaine pour le troisième candidat d’extrême-droite (il se dit souverainiste, mais son programme ressemble beaucoup à celui de Zemmour) qui a obtenu ses 500 parrainages, mais manque de visibilité. Chose réparée avec l’arrivée dans sa campagne de… Florian Philippot, le chantre des anti passe sanitaire.

Je serais Marine Le Pen, je tremblerais sur mes 17 % annoncés dans les derniers sondages, face à ce redoutable duo qui devrait terminer… sous les 2 %.

C’est le problème avec les ralliements : on nee sait jamais s’ils sont sincères et véritablement utiles. Car, qui dit ralliement, dit forcément un peu reniement, voire traîtrise. À ce jeu, seuls deux candidats ont trouvé des arguments pour faire bouger les lignes (si l’on oublie l’épiphénomène Philippot) : Zemmour (qui vient de récupérer un sénateur des Républicains) et surtout le président Macron qui devrait mettre tout le monde d’accord avec l’arrivée, dans ses soutiens, d’un ancien président de la République. Et non, ce ne devrait pas être François Hollande.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 17 mars 2022

BD - Le Paris violent de « L’enfer pour aube »


À Paris, au début du XXe siècle, les Apaches font la loi dans les faubourgs de la capitale. Mais le progrès les repousse de plus en plus loin du centre ville. Dans le cadre de travaux tous azimuts du tout nouveau métro, un homme masqué sème la terreur en assassinant des bourgeois. 

L’inspecteur Gosselin va tenter de comprendre ce qui se cache derrière cette série de meurtres cruels qui s’apparentent plus à une vengeance qu’à de simples crapuleries. Un scénario documenté et plein de références signé Pelaez et dessiné par un Tiburce Oger très inspiré.

« L’enfer pour aube » (tome 1), Soleil, 15,95 €

jeudi 10 mars 2022

BD - Ours magiques dans « Les songes du roi Griffu »


Voici la première partie de la légende d’Owein, un « gamin de village mal dégrossi ». Dans ce pays légendaire nordique, il survit avec sa sœur. Mais quand cette dernière est enlevée par un ours, il décide d’intégrer l’armée et de consacrer son temps à sa recherche. 

Owein qui deviendra un héros après avoir sauvé son souverain des griffes d’un de ces ours magiques, monstre pouvant se transformer en homme. Une très belle histoire fantastique imaginée par Cyrielle Blaire et dessinée, simplement mais avec efficacité, par Laïlis Colombié.

« Les songes du roi Griffu » (tome 1), Delcourt, 15,95 €

De choses et d’autres - Le quasi-candidat

Il faudra bien qu’il se décide avant la fin de la semaine. Le bruit des bottes à l’Est ne doit pas empêcher le doux murmure de la démocratie en Occident. Car si certains envahissent, d’autres élisent. En France, dans deux mois, les citoyens devront désigner le futur président de la République.

Or, pour l’instant, le président sortant, Emmanuel Macron, n’est toujours pas candidat. Il a déjà les parrainages d’élus, devait même organiser un meeting ce week-end, mais son agenda international bouscule un calendrier déjà mis à mal par la crise sanitaire.

Pourtant, il faudra bien qu’il annonce à ses concitoyens que tout en s’activant pour trouver une solution au conflit russo-ukrainien, il continue d’assurer ses prérogatives régaliennes de protection de la Nation. Mais pour les prolonger de cinq ans, il devra en passer par les urnes. Et donc dire clairement qu’il postule à sa propre succession. L’heure est grave. D’accord. Mais après l’heure, c’est trop tard…

Paradoxalement, cette annonce compliquée à finaliser reste très anecdotique. Les derniers sondages montrent que le président sortant, déjà largement en tête, accroît son avance sur les autres candidats, notamment les deux représentants de l’extrême droite empêtrés dans leur soutien à Poutine. Si cela continue sur ce rythme, sans être candidat ni avoir fait le moindre meeting, le candidat En Marche va l’emporter le 10 avril, soit dès le premier tour.

Et si vous voulez me donner raison ou me faire mentir, n’oubliez pas de vous inscrire sur les listes électorales. Ce mercredi 2 mars est le dernier jour (par internet) pour que votre voix compte.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 2 mars 2022

mercredi 9 mars 2022

BD - Légendes des fonds japonais


Exceptionnel roman graphique de 230 pages que ce Dérives d’Alexis Bacci. Un journaliste japonais se rend dans la baie d’Ago pour faire un reportage sur les dernières amas, des plongeuses traditionnelles. 


Il va rencontrer des femmes indépendantes, libres et fières de leur métier pourtant si difficile. Il va surtout entendre des légendes sur certaines d’entre elles. 

Car pour oser aller chercher des trésors au fond de l’océan, il faut parfois faire alliance avec des monstres légendaires. Une BD instructive et très poétique.

« Dérives », Glénat, 29 €

De choses et d’autres - Pendant ce temps…

Alors que le monde entier est suspendu aux décisions de Vladimir Poutine, craignant que sa folie belliqueuse plonge la planète dans une impasse mortelle, d’autres continuent de se préoccuper prioritairement de choses plus futiles, moins « essentielles » pour reprendre un terme popularisé lors de la crise sanitaire du coronavirus (qui au passage est devenue tout à fait anecdotique en moins de 48 heures).

Pendant ce temps donc, dans l’émission de Laurent Ruquier, un débat entre Jean Lassalle et Hélène Thouy a porté sur l’utilité de la chasse. Le candidat de la ruralité a souligné qu’« heureusement que les chasseurs sont là, sinon les sangliers rentreraient dans les cuisines. » Pour la candidate du parti animaliste, « Les chasseurs ne sont pas la solution, ils sont le problème. » En voilà encore deux, comme Poutine et Zelensky, qu’on n’est pas près de mettre d’accord.

Pendant ce temps également, la fédération internationale de judo a frappé un grand coup en faveur de la paix : elle a décidé de retirer ses titres de président honoraire et d’ambassadeur de la Fédération à Vladimir Poutine, célèbre ceinture noire. Le président russe n’est pas encore ippon, mais il a (un peu) tremblé sur ses appuis.

Pendant ce temps enfin, la diffusion dans les cinémas ce dimanche 6 mars à 16 heures de l’opéra Le Lac des Cygnes a été reportée. Un ballet interprété en direct par… la troupe du Bolchoï depuis Moscou. Même la danse est victime de la nouvelle guerre froide.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le 1er mars 2022

mardi 8 mars 2022

Polar - L’hôtel de la mort sûre

Il y a pléthore de personnages dans L’oiseau qui avait le vertige, roman policier très foisonnant de François Cérésa. Mais ne vous attachez pas trop à eux car au fil des chapitres, le cheptel va rapidement décroître. On meurt beaucoup à l’Hôtel des flots, établissement de luxe qui propose remise en forme, thalasso et spa à des clients richissimes. Avec tranquillité et discrétion assurées car l’établissement est construit sur un éperon rocheux dans une baie normande encore sauvage.

Le lecteur découvre l’étrange faune qui compose la clientèle et le personnel de cet établissement par l’intermédiaire d’Émir Karlovic. Cet ancien, militaire d’élite, reconverti dans le privé, n’est pas venu sur place pour le plaisir. Il est en mission. Son nouveau travail ? Tueur à gages. On découvre pourtant rapidement que tout en étant habitué à refroidir ses congénères avec son énorme Eagle, Émir semble le plus sain d’esprit de la troupe. Il y a dans le lot un médecin à la retraite d’extrême-droite et raciste, un couple de jeunes publicitaires qui parlent un franglais rempli de noms de marques, des antiquaires homosexuels très prétentieux, un vieil écrivain célèbre et sa jeune épouse qui cache efficacement certaines de ses compétences ou un couple de garagistes affublé d’un grand garçon autiste obsédé sexuel. 

Du côté du personnel, en plus du couple Desmoulins, les riches hôteliers qui ont investi les 15 millions gagnés au loto, il y a plusieurs masseuses et kinés, accortes et très conciliantes avec la clientèle, quel que soit son sexe ou ses goûts. L’une d’elles, la rousse, Jessica, est retrouvée assassinée et torturée juste après l’arrivée d’Émir. Clients et employés se retrouvent consignés et écopent du statut de suspect. L’enquête, menée par un policier encore plus délirant que les suspects, va aller de rebondissements en coups de théâtre avec pluie de cadavres.

François Cérésa, pour sa première incursion dans ce genre si exigeant du polar, signe un petit bijou, rempli d’argot, de références littéraires et de scènes croquignolesques. Il semble avoir pris beaucoup de plaisir à brosser ces caricatures. Encore plus à faire parler ses créatures imaginaires toutes plus borderline les unes que les autres. Émir, contrarié dans son travail (il a quelqu’un à zigouiller dans le lot, ne l’oublions pas), va être réquisitionné par le commandant Robès, ce flic peu sympathique et très psychorigide : « Un grand type à la chemise blanche trop grande pour lui, boutonnée lundi avec mardi, les manches roulées au-dessus du coude. La trentaine. Les cheveux noirs coupés en brosse. Les joues creuses d’un homme qui ne fume pas, ne boit pas, ne mange pas, ne rit pas. » Pas commode le commandant Robès. Et il devra beaucoup prendre sur lui quand le confinement (l’action se déroule en mars 2020) est imposé et qu’il va devoir vivre quelques jours avec cette équipe de suspects  dont certains vont attraper le Covid et d’autres des balles perdues dans un final digne du Grand Guignol.

« L’oiseau qui avait le vertige » de François Cérésa, L’Archipel, 18 €