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dimanche 12 mai 2024

Romans historiques - Camille Flammarion et l’aliéniste

 Ces deux polars historiques de Roland Portiche et Jean-Luc Bizien se déroulent à la fin du XIXe siècle. D’un côté l’astronome Camille Flammarion, de l‘autre l’aliéniste Simon Bloomberg. Et quelques spirites ! 

Le roman écrit par Roland Portiche avec Camille Flammarion, l’astronome, pour héros se déroule en 1895. Celui signé Jean-Luc Bizien relate des faits de l’année 1888. Moins de dix ans d’écart entre deux polars historiques qui laissent une jolie place au fantastique et notamment à cette pratique très en vogue à la fin du XIXe siècle, le spiritisme.

Dans L’astronome et les spectres, première enquête extraordinaire de Camille Flammarion, ce scientifique qui a véritablement existé et remporté un succès immense en publiant des ouvrages de vulgarisation, va partir à l’aventure, en compagnie de Jules Verne, en Guyane française, pas loin du bagne où vient d’être enfermé le capitaine Dreyfus. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, affrontant des esprits qui prennent la forme de spectres, le romancier raconte le quotidien du héros. Marié à Sylvie depuis des décennies, il vit essentiellement dans sa maison de campagne, là où il a fait installer une immense lunette pour admirer les astres. Il vient de recruter la jeune et téméraire Gabrielle comme secrétaire. Et en fait également sa nouvelle maîtresse malgré les 35 ans d’écart.

C’est dans son antre à Juvisy dans la banlieue parisienne qu’il organise des séances de spiritisme. Il y a déjà parlé avec Galilée ou Victor Hugo décédé quelques années auparavant. C’est au cours d’une de ces séances que l’esprit de Gabrielle est enlevé par les mystérieux spectres. C’est pour la libérer que Camille Flammarion va monter cette expédition vers la Guyane française. Le roman, de parisien et très ancré dans la réalité historique, prend un tour plus aventureux et fantasque.

Dans la forêt impénétrable, Camille et ses amis vont croiser le chemin des « démons », créatures de plus de trois mètres : « Une silhouette apparut dans l’oculaire. Sa forme était humaine, mais son visage évoquait une bête sauvage. » L’archéologue de l’expédition devine le portrait craché « d’un ancien dieu assyrien, Pazuzu. Il était redouté de tous à cause de son pouvoir malfaisant et destructeur. » Une partie fantastique brillante et digne des grands feuilletons de l’époque.

Disciple de Freud

À l’opposé, Simon Bloomberg est un pragmatique. Aliéniste à Paris en 1888, il veut soigner les déments en les comprenant. Il expérimente les premières intuitions d’un jeune étudiant autrichien qui deviendra célèbre : Freud. Un roman déjà publié en 2009 (directement en poche chez 10/18) mais qui ressort car deux autres titres sont annoncés. Le personnage principal est beaucoup plus torturé que Camille Flammarion. L’épouse de Bloomberg a disparu. C’est elle qui s’adonnait au spiritisme. Au point de perdre la raison.

Pour le volet purement policier du roman, l’auteur utilise un duo de flics très réussi : Desnoyers, vieux de la vieille un peu fatigué et son adjoint, Mesnard, adepte de la recherche d’indices et des déductions tirées de l’examen des scènes de crime.

En rajoutant une touche de romantisme (une jeune et jolie Anglaise embauchée par Bloomberg pour devenir la gouvernante de sa demeure extraordinaire), on obtient un roman qui aurait lui aussi passionné les foules s’il avait été publié sous forme de feuilleton dans les journaux de l’époque.

« L’astronome et les spectres » de Roland Portiche, Flammarion, 384 pages, 21 €

« La chambre mortuaire » de Jean-Luc Bizien, L’Archipel, 304 pages, 21 €

mardi 8 mars 2022

Polar - L’hôtel de la mort sûre

Il y a pléthore de personnages dans L’oiseau qui avait le vertige, roman policier très foisonnant de François Cérésa. Mais ne vous attachez pas trop à eux car au fil des chapitres, le cheptel va rapidement décroître. On meurt beaucoup à l’Hôtel des flots, établissement de luxe qui propose remise en forme, thalasso et spa à des clients richissimes. Avec tranquillité et discrétion assurées car l’établissement est construit sur un éperon rocheux dans une baie normande encore sauvage.

Le lecteur découvre l’étrange faune qui compose la clientèle et le personnel de cet établissement par l’intermédiaire d’Émir Karlovic. Cet ancien, militaire d’élite, reconverti dans le privé, n’est pas venu sur place pour le plaisir. Il est en mission. Son nouveau travail ? Tueur à gages. On découvre pourtant rapidement que tout en étant habitué à refroidir ses congénères avec son énorme Eagle, Émir semble le plus sain d’esprit de la troupe. Il y a dans le lot un médecin à la retraite d’extrême-droite et raciste, un couple de jeunes publicitaires qui parlent un franglais rempli de noms de marques, des antiquaires homosexuels très prétentieux, un vieil écrivain célèbre et sa jeune épouse qui cache efficacement certaines de ses compétences ou un couple de garagistes affublé d’un grand garçon autiste obsédé sexuel. 

Du côté du personnel, en plus du couple Desmoulins, les riches hôteliers qui ont investi les 15 millions gagnés au loto, il y a plusieurs masseuses et kinés, accortes et très conciliantes avec la clientèle, quel que soit son sexe ou ses goûts. L’une d’elles, la rousse, Jessica, est retrouvée assassinée et torturée juste après l’arrivée d’Émir. Clients et employés se retrouvent consignés et écopent du statut de suspect. L’enquête, menée par un policier encore plus délirant que les suspects, va aller de rebondissements en coups de théâtre avec pluie de cadavres.

François Cérésa, pour sa première incursion dans ce genre si exigeant du polar, signe un petit bijou, rempli d’argot, de références littéraires et de scènes croquignolesques. Il semble avoir pris beaucoup de plaisir à brosser ces caricatures. Encore plus à faire parler ses créatures imaginaires toutes plus borderline les unes que les autres. Émir, contrarié dans son travail (il a quelqu’un à zigouiller dans le lot, ne l’oublions pas), va être réquisitionné par le commandant Robès, ce flic peu sympathique et très psychorigide : « Un grand type à la chemise blanche trop grande pour lui, boutonnée lundi avec mardi, les manches roulées au-dessus du coude. La trentaine. Les cheveux noirs coupés en brosse. Les joues creuses d’un homme qui ne fume pas, ne boit pas, ne mange pas, ne rit pas. » Pas commode le commandant Robès. Et il devra beaucoup prendre sur lui quand le confinement (l’action se déroule en mars 2020) est imposé et qu’il va devoir vivre quelques jours avec cette équipe de suspects  dont certains vont attraper le Covid et d’autres des balles perdues dans un final digne du Grand Guignol.

« L’oiseau qui avait le vertige » de François Cérésa, L’Archipel, 18 €

lundi 22 mai 2017

Livres de poche : trois balades au cœur des villes américaines



Quatre fillettes mystérieusement disparues, quatre poupées en porcelaine, sosies des enfants, envoyées à leurs parents un mois plus tard. À Crystal Lake, petite ville paisible sous le coup d’un hiver glacial, non loin de Chicago, Joe Lasko est prêt à tout pour retrouver sa fille de quatre ans, Lieserl. Il engage son amour de jeunesse devenue détective privée pour mener leur propre enquête mais, aidés de la célèbre profileuse Hanah Baxter et son inséparable pendule, ils sont loin d’imaginer l’ampleur des secrets liés à ces disparitions. Ce thriller de Sonja Delzongle surfe entre frisson et fantastique. Le nouveau titre de cet auteur française, « Récidive », toujours avec Hannah Baxter en vedette, vient de paraître chez Denoël.
➤ « Quand la neige danse », Folio Policier, 8,20 €


Eté 1915, New Jersey. Constance Kopp est devenue l’une des premières femmes shérifs adjoints du pays. La terreur des voyous et des scélérats, avec arme et menottes… mais toujours sans insigne. L’époque, la loi et l’opinion publique résistent encore à sa nomination. Au point que le shérif se voit contraint de la déchoir provisoirement de ses fonctions. La voilà reléguée gardienne de prison, trépignant dans l’ennui routinier de la cage à poules en attendant que les critiques se tassent. Jusqu’à ce qu’un étrange Allemand, confié à sa garde, ne prenne la poudre d’escampette. Et que Constance ne se lance dans une chasse à l’homme, bien décidée à retrouver son prisonnier enfui et son honneur perdu.
➤ « La femme à l’insigne », inédit, 10/18, 8,40 €


Pendergast est contacté par Percival Lake, un sculpteur à qui on a volé une collection de vins rares. En compagnie de Constance Greene, Pendergast se rend à Exmouth, petit village de pêcheurs situé au nord de Salem, dans le Massachusetts. En examinant la cave pillée, Pendergast découvre, derrière les rayonnages, une niche secrète ayant abrité un corps. Le vol des précieux flacons ne serait donc qu’un leurre destiné à masquer la disparition du squelette. Quelques meurtres plus tard, le héros imaginé par Preston et Child se trouve face à des sabbats d’adorateurs de Lucifer et du démon Morax… Les amateurs des enquêtes de Pendergast peuvent retrouver leur héros préféré dans « Noir Sanctuaire » qui vient de paraître à l’Archipel.
➤ « Mortel sabbat », J’ai Lu, 8 €