mardi 28 décembre 2021

Classique - Les travailleurs de la mer de Victor Hugo


Certains classiques sont à redécouvrir. Et parfois, le fond et la forme s’accordent. Ainsi les éditions Omnibus proposent une édition luxueuse du roman de Victor Hugo, « Les travailleurs de la mer ». Écrit durant l’exil de l’écrivain à Guernesey, c’est le roman le plus méconnu de Victor Hugo. 

C’est aussi pourtant un des plus riches et des plus mystérieux : une œuvre grandiose et lyrique. Introduite par le réaliste et poétique « L’archipel de la Manche » qui présente les paysages, la vie et les mœurs des îles anglo-normandes, cette édition est également enrichie des plus beaux poèmes marins de l’auteur, de ses propres illustrations et d’une préface de Claude Aziza ainsi que d’un dictionnaire de l’exil hugolien

« Les travailleurs de la mer », Victor Hugo, Omnibus, 39 €


De choses et d’autres - Interdit de rire !

Le culte de la personnalité atteint des sommets en Corée du Nord. Un pays où la population n’a que peu l’occasion de rigoler un bon coup. Et si un petit plaisantin tente de détendre l’atmosphère en racontant la dernière blague qui circule au Sud, gare à lui. Les autorités ont décidé tout simplement d’interdire à quiconque de rire et même de sourire durant 11 jours depuis le 17 décembre.

Cette date correspond au dixième anniversaire de la mort de Kim Jong-il, ancien président et par ailleurs papa du dictateur actuel, Kim Jong-un. Si la police vous surprend un sourire aux lèvres, c’est direct la prison. Et rares sont ceux qui en sortent. En voilà au moins une dictature qui est efficace et intransigeante. Ce n’est pas comme notre simili « dictature » dénoncée à tout bout de champ par les antivax, antipass et autres antitout aigris.

Ils se plaignent d’être privés de leurs libertés fondamentales. En clair d’aller au bistrot, au restaurant ou au cinéma car ils ne veulent pas se faire vacciner.

De toute manière ils ne sont jamais contents et passent leur temps à manifester et protester. Franchement, s’ils veulent véritablement savoir ce que c’est qu’une dictature, je leur offrirais bien un petit séjour au pays des sourires proscrits. Même si, vu leur mentalité, ils adoreraient l’ambiance.

Même s'ils ne risqueraient pas grand-chose car s’ils sont tous diplômés en immunologie (titre obtenu sur le net) et experts en variants (ils ont même appris que le grec n’avait pas le même alphabet que nous), ils n’ont toujours pas découvert le gène de l’humour. Alors ce n’est pas demain la veille qu’ils se retrouveront en prison pour un sourire.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 20 décembre 2021

lundi 27 décembre 2021

Série Télé - « Perdus dans l’espace » et dans le temps


Attendez vous à un choc en découvrant les premières images de la saison 3 de Perdus dans l’espace diffusée sur Netflix. Ceux qui ont suivi les aventures de cette famille naufragée sur une planète, aux prises avec des robots destructeurs et sans espoir de retour sur terre, ont sans doute craqué pour le gamin de la famille Robinson, le jeune Will (Maxell Jenkins). Mais entre le tournage des premiers épisodes en 2017 et les derniers de la trilogie, plus de quatre ans ont radicalement modifié le physique du jeune comédien. Il a gagné 50 centimètres et a perdu son air poupin si craquant. 

Bref, c’est un adolescent très torturé et les scénaristes ont intégré cette variable. Will, avec ses frères et sœurs et une ribambelle d’enfants, sont sur une planète assez hostile. Il leur faut du titane pour réparer leur vaisseau et repartir vers Alpha du Centaure. Un métal rare difficile à trouver. De l’autre côté de la galaxie, les parents, Maureen et John (Molly Parker et Toby Stephens) cherchent un nouveau moteur alien pour, eux aussi, rejoindre Alpha du Centaure. 

Durant les huit épisodes, l’intrigue est double, les moments palpitants alternant entre le camp des enfants et la planète en ruines des parents. Mais comme c’est la fin de la saga, on se doute que la réunion sera enfin au programme de cette famille exemplaire et particulièrement résiliente.


De choses et d’autres - Une panoplie de Miss pour tous les auteurs

Certains ministres semblent cultiver la volonté de braquer ceux et celles dont ils ont la responsabilité. Castaner, en son temps, était détesté par les policiers ; Blanquer n’a toujours pas trouvé la façon de parler aux enseignants, mais la palme revient à Roselyne Bachelot, à la Culture. Elle a, une fois de plus, fâché les auteurs et autrices, au détour d’une petite phrase, à propos de l’élection de Miss France.

Elle a souligné qu’il y avait du mieux dans cette élection, notamment en ce qui concerne la rémunération des candidates. Elle est comme ça, la ministre de la Culture, elle se félicite quand quelqu’un gagne correctement sa vie, même si ce n’est que la représentation, dénuée de toute œuvre créatrice.

Alors, forcément, du côté des auteurs, qui bataillent avec Roselyne Bachelot, depuis près de deux ans, pour réformer leur statut et leur permettre de vivre de leurs créations, cette remarque est mal passée. Mais, ils ne se sont pas mis en grève (difficile, quand on a un statut d’indépendant), ni lancé dans une manifestation dans la rue (pas le temps ; écrire un roman, ça prend du temps).

Non, ils ont simplement suggéré aux adhérents de la Ligue des auteurs professionnels, pour faire avancer leur cause, d’acheter une panoplie de miss.

Qui sait, à la prochaine négociation au ministère de la Culture, si toute la délégation arrive en maillot avec écharpe, la ministre va les regarder avec intérêt et, enfin, accéder à leurs revendications.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 18 décembre 2021

dimanche 26 décembre 2021

DVD - L’honneur du lieutenant Onoda

Attendez vous à un choc visuel et narratif en découvrant de film de guerre signé Arthur Hariri. Un réalisateur français qui ose un sujet à mille lieues des productions souvent sans surprise de ses confrères. Onoda, c’est le nom de ce soldat japonais isolé sur une île aux Philippines qui est resté caché dans la jungle trente années après la fin des hostilités. Le lieutenant Onoda était devenu une légende, un exemple pour tout un peuple qui reste fier de son armée et de son code d’honneur

Un sujet austère a priori, mais la virtuosité d’Arthur Hariri transforme ce huis clos forestier en immense film dans lequel on se surprend à être complètement immergé. Non seulement on comprend les sentiments du lieutenant Onoda, mais on l’envie presque de sa détermination à toute épreuve. Durant près de trois heures (2 h 45 exactement), on va découvrir comment un officier est parvenu à maintenir quelques-uns de ses soldats dans une discipline de fer, malgré l’isolement, la faim et l’absence totale d’information. 

Onoda désirait être pilote. Mais il a le vertige. Alors on lui propose une mission suicide contre un porte-avions américains. Il renoncera au dernier moment. L’état-major, au lieu de le blâmer, le recrute et va faire de cet instinct de survie vie supérieur un atout. Il sera chargé d’organiser la résistance, la guérilla, dans une île stratégique des Philippines. Avec l’interdiction absolue de mourir. Il va accomplir sa mission au-delà de toutes les espérances. 

Sorti l’été dernier, Onoda n’a pas rencontré son public. Sa sortie en coffret DVD et blu-ray (Le Pacte) devrait lui donner une seconde chance. L’occasion aussi de découvrir en bonus des reportages sur la création de Onoda : l’image, le scénario, la musique et des conversations avec les comédiens ainsi que les premières œuvres du réalisateur, un moyen-métrage La Main sur la gueule (207) et un court-métrage, Peine Perdue (2013). 

De choses et d’autres - Influenceurs sans influence

Si vous demandez à un panel de jeunes ce qu’ils espèrent faire comme métier, une fois adulte, pour un président de la république, deux pompiers et trois astronautes, vous aurez des dizaines qui se voient en « influenceurs ». Un drôle de boulot, sans doute aussi hypothétique que footballeur professionnel.

Apparu, il y a cinq ou six ans, le statut d’influenceur est la version moderne et numérique de l’homme-sandwich. On se filme en train de vanter une marque, un produit. Et la marque ou le produit vous paye au prorata du nombre de vos abonnés, de votre audience. Certains gagnent des millions, juste en se montrant en train de manger une pizza ou marcher en chaussures de sport.

Pourtant, des clients déçus remettent en cause le pouvoir d’influence de ces nouveaux maîtres des réseaux sociaux. Une entreprise de vêtements a, par exemple, dépensé plus de 150 000 euros en parrainage, auprès de nombreux influenceurs. Une somme qui n’a permis que des ventes infimes. Bref, une perte nette, de 400 000 euros, pour la jeune société, obligée de solder tout son stock, à prix coûtant.

Un seul influenceur (un certain Michou, à ne pas confondre avec l’homme en bleu, récemment décédé) a touché 45 000 euros. Il a simplement réalisé une « story » pour dire tout le bien qu’il pensait des vêtements qu’il a reçus gratuitement. Un avis qui n’a pas déclenché les milliers de commandes espérées. À peine 4 600 euros, directement imputables à son « influence ».

Dix fois moins que ce qu’il a touché.

Finalement, je ne sais pas si le métier d’influenceur va faire longtemps rêver la jeunesse connectée.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 17 décembre 2021

samedi 25 décembre 2021

DVD - Pil s’invite à Noël


DVD
. Voilà le cadeau idéal pour les petits  et les grands en cette période de fêtes de fin d’année. Le film «Pil» produit pat les Toulousains de TAT, sort en DVD et blu-ray (M6 Vidéo). Pil, la jeune héroïne, est une orpheline qui vit dans la rue. Avec ses fouines apprivoisées, elle se nourrit de chapardages, au nez et à la barbe de Crobar, le garde qui tente vainement de l’attraper. Pil, coiffée à la punk, se déplaçant de toit en toit, va, par un concours de circonstances, presque devenir une princesse. 

Mais l’habit ne fait pas le moine et la fausse noble continue à courir pieds nus. Elle va tenter de sauver le futur roi, transformé en « chat-poule ».  L’animation, de très haut niveau, permet de profiter pleinement de cette histoire  enlevée, pleine de bagarres, de monstres étranges et de gags. Un excellent divertissement pour les petits et les grands

De choses et d’autres - De qui peut-on rêver de nos jours ?

Dans la série « Tous les sondages ne sont pas politiques », découvrons qu’un site de comparateur de matelas (oui, ça existe !), a commandé une étude sur le contenu des rêves des Français.

J’imagine la joie des sondeurs qui, pour une fois, n’ont pas été obligés de prononcer 18 fois les 20 noms des candidats à la présidentielle, mais de demander si votre dernier rêve était sexuel. Et si oui, avec qui faisiez-vous des galipettes ?

Résultat, ils sont très nombreux à avoir déjà folâtré durant leurs nuits de sommeil. Les hommes sont les plus enclins à passer à l’acte au repos, 78 % contre 61 % pour vous mesdames. Et, paradoxalement, ce n’est pas avec le conjoint régulier, mais plutôt avec un ami ou amie, voire un ou une collègue de travail.

Le vieux fantasme de la star qui vous attend alanguie dans le lit en prend un sacré coup. Visiblement, Marcel de la compta, celui qui paye un café à Maryse du service client à la pause de 10 heures, est plus présent dans les rêves de cette dernière que Pierre Niney ou Vincent Lacoste. Si Marcel le savait, il passerait à la vitesse supérieure. Même si, lui, en réalité, rêve plus souvent de Monica Bellucci que de Maryse… Mais, un sondage donne des tendances, pas la vérité incarnée.

Et, finalement, les sondeurs ont dû, là aussi, dérouler la liste des candidats à la présidentielle puisqu’une question portait sur qui serait le pire cauchemar des Français à l’Elysée, en 2022 ? Et encore une fois, c’est celui dont le nom débute par une lettre qui pourrait être associée au sommeil qui l’emporte largement. Faites de beaux rêves, avec qui vous voulez, et ZZZ bonne ZZZ nuit ZZZ !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 16 décembre 2021

vendredi 24 décembre 2021

BD - Le pouvoir des enfants


Les lecteurs fidèles de la série Seuls de Vehlmann et Gazzotti vont enfin connaître le dénouement du troisième cycle de cette BD entre aventure et fantastique. Un album où tous les protagonistes vont se retrouver, Dodji, Leïla, Terry et Yvan. Par contre Camille est toujours sous l’emprise du Mal. 


Le nouveau dans ce tome, c’est que comme on s’en doutait, chaque enfant a un pouvoir particulier. C’est le moment de découvrir lequel. Et de l’utiliser à bon escient. Il est aussi beaucoup question de bien et de mal dans ce 13e chapitre. Normalement, chacun doit choisir entre le noir et le banc. Mais les héros de Seuls seraient encore dans l’incertitude, ce qui explique ce surnom d’Ames tigrées qui donne son nom à l’album. Mais ce n’est pas la fin de la série, un 4e cycle est déjà annoncé. 

« Seuls » (tome 13), Dupuis, 12,50 €

De choses et d’autres - Amour, église et amitié

Démissionné par le pape François, Monseigneur Aupetit, ancien archevêque de Paris vient de porter plainte contre Paris Match. L’hebdomadaire, photos à l’appui, l’avait soupçonné d’entretenir une relation amoureuse avec une théologienne belge. Mais ce n’était que de l’amitié selon le responsable de l’Église catholique. Rien de plus. Et surtout pas sexuel.

D’ailleurs la femme en question, qui a 24 ans de moins que lui, est une vierge consacrée. En clair, elle s’est mariée avec Dieu. Monseigneur Aupetit serait dès lors l’amant qui aurait cocufié Dieu ? Je ne pense pas que cela soit dans les attributions des archevêques.

Cette séquence me rappelle le feuilleton des années 80, Les oiseaux se cachent pour mourir, où un bel évêque craquait pour une Australienne. Du romantisme torride qui finissait très mal.

Moins glamour cet autre scandale qui ébranle l’église espagnole. Le plus jeune évêque de la péninsule vient lui aussi de démissionner. Dans ce cas précis il reconnaît les faits car il s’est carrément marié en cachette. Monseigneur Xavier Novell i Goma, évêque émérite de Solsona, s’est marié civilement avec Silvia Caballol y Clemente le 22 novembre dans la ville de Suria, dans la province de Barcelone.

Là où l’histoire devient plus croquignolesque c’est quand on apprend que la mariée était romancière. Pas de la grande littérature, au contraire, elle est connue pour signer des romans « érotico-satanistes » dont « L’enfer dans la luxure de Gabriel » publié en 2017. On attend avec impatience l’autobiographie de son couple : « Les évêques se cachent pour jouir. »

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 décembre 2021