mardi 21 juillet 2020

Roman - Trois sœurs et un mystère



Tikka, la narratrice, se souvient de cet été 1992. En Australie, à la limite du bush, elle côtoyait souvent les sœurs Van Apfel. Hannah, l’aînée, Cordelia, la fantasque surnommée Cordie et la petite Ruth. Un été devenu dramatique quand elles ont disparu toutes les trois. 

Seul le corps de la plus jeune a été retrouvé coincé entre deux rochers dans la rivière. Vingt ans plus tard, Tikka, devenue trentenaire, doit revenir sur les lieux du drame. Mais jamais elle n’a oublié les sœurs. « Au fil des années, j’avais vu tellement de Cordie que c’était devenu un tic. D’apercevoir sa nuque. De la repérer dans une foule. Dans la queue à la caisse d’un supermarché. » 

Ce roman de Felicity McLean, en plus de raconter l’Australie, permet au lecteur de comprendre les mystères de l’adolescence, son enthousiasme, ses aberrations. 

« Les sœurs Van Apfel ont disparu », Felicity McLean, Presses de la Cité

lundi 20 juillet 2020

BD - Le guide des vacances ratées

Si vous êtes en vacances dans la région avec des amis et que le séjour ne se déroule pas exactement comme vous l’aviez rêvé, précipitez-vous sur ce petit livre de dessins humoristiques signé Astrid Cornet. Non seulement vous allez rire, mais en plus cela vous permettra de relativiser car les situations décrites par la dessinatrice sont certainement plus gratinées que les quelques petites contrariétés de votre quotidien. 

On apprend ainsi que dans une bande, il y a toujours un ami radin qui pinaille sur le moindre centime, une instagrammeuse qui passe son temps à faire des grimaces sur les selfies qu’elle poste au rythme d’un toutes les heures ou, la pire, la « fouteuse de merde », toujours à l’affût pour faire exploser le couples, culpabiliser les introvertis et enfoncer les dépressifs. 

Avec elles, les vacances sont obligatoirement ratées. Astrid Cornet vous aura prévenu.


« Vacances entre amis », Marabulles, 10 €

dimanche 19 juillet 2020

Cinéma en plein air dans le Conflent : la nuit, les écrans s’illuminent

Quand le confinement généralisé de la France est décidé en mars, les membres du conseil d’administration des Ciné-Rencontres de Prades sont à mille lieues d’imaginer que le 61e festival va passer à la trappe. « Une fois la sidération passée, se souvient Alain Apvrille, coordinateur de la manifestation, nous avons organisé des téléconférences tous les jeudis soir. Nous n’avons jamais envisagé l’annulation pure et simple du rendez-vous du cinéma en Conflent. » D’autant que le programme du Festival est déjà bien avancé. 

Faya Braz, champion du monde de beatbox par équipes.


Les invités vedette de 2020 ont confirmé dès octobre dernier leur présence. Les frères Dardenne, Jean-Pierre et Luc, feraient le déplacement de la Belgique vers les montagnes catalanes pour parler de leur cinéma si caractéristique. Et puis les dates retenues semblent très éloignées en cette fin mars. Le 17 juillet, date théorique de l’ouverture du festival, les optimistes sont persuadés que tout sera oublié. Mais au fil des semaines, le confinement dure, le virus résiste et le déconfinement ne permettra pas de retrouver une vie normale. « Très vite, des membres du conseil ont émis l’envie de transformer le festival en plusieurs séances en plein air dans tout le Conflent. Nous voulions que l’offre cinéma continue cet été dans la région » argumente Alain Apvrille. Fin mai, l’idée de présenter des dizaines de films au Lido est abandonnée. À la place toute l’équipe se met à travailler sur Toiles aux étoiles. Il faut trouver les lieux, les films, les structures et aussi apporter un petit plus pour certaines projections. 

Sept dates sont arrêtées avec une plus importante, le vendredi 24 juillet, consacrée à la musique hip-hop. Au Stade Padrixe, avant la projection sur l’écran géant d’un documentaire sur le Beatbox, deux intervenants animeront une scène ouverte. 


Quid de 2021… 

Grâce aux connaissances dans le milieu de la musique de Laurent Lafran, vice-président de l’association, Imhotep, architecte musical du groupe marseillais IAM sera présent pour donner des conseils aux jeunes et mixer quelques morceaux. Il sera accompagné de Faya Braz, phénomène dans le milieu du beatbox (déclinaison du hip-hop où l’interprète fait musique et rythme uniquement avec sa bouche). 

D’autres soirées, plus classiques sont organisées à Villefranche-de-Conflent ou Vinça, au prieuré de Marcevol le film Microcosmos sera l’occasion de redécouvrir les insectes du Conflent et

seuls les cinéphiles les plus sportifs pourront voir le documentaire Everest Green en plein air au refuge des Cortalets. 

En quelques mois, l’équipe de Ciné-Rencontres a effacé tout le travail effectué précédemment pour réinventer une offre cinéma totalement nouvelle. Un sacré pari en passe d’être gagné. Et à la rentrée, il sera temps de penser au prochain festival. Normal celui-là, en espérant que 2021 soit moins catastrophique que 2020, annus horribilis de triste mémoire. 


Souvenirs : 60 ans de films passionnants et d’invités de prestige

 

Si le Coronavirus n’avait pas bousculé toutes les manifestations culturelles de la planète, le 61e festival de Prades aurait dû recevoir en juillet les frères Dardenne. Pour la première fois depuis la création de la manifestation, l’année sera blanche. L’occasion de se retourner sur ces 60 ans, résumé parfait de ce qui se fait en cinéma de qualité. 

Dès la première année, en 1959, Prades accueille un jeune cinéaste qui présente son premier long-métrage. Les 400 coups triomphent. François Truffaut se souviendra longtemps de cet accueil enthousiaste du public conflentois. 25 ans plus tard il sera au centre d’une rétrospective de son œuvre. Il avait donné son accord pour être présent, demandant à être logé à Molitg-les-Bains. Mais quelques jours avant le début du festival, il débute un nouveau traitement l’obligeant à un repos complet. En octobre, la maladie l’emporte. 

Le réalisateur le plus assidu est certainement Robert Guédiguian. Le réalisateur marseillais a d’ailleurs intégré l comité de pilotage du festival, tout comme sa compagne Ariane Ascaride. Dans les années 60, quelques vedettes ont fait le voyage jusqu’à Prades. Mais le festival se concentre essentiellement sur les films. Des rétrospectives savantes (Sacha Guitry en 1965, Orson Welles en 1966, Murnau en 1972) ou des nouveautés très attendues. 

La mode des invités célèbres, avec rencontres conviviales dans la salle ou dans les jardins de l’Hostalrich reprend  de plus belle en 1979 avec la venue de Roman Polanski. Cette année-là, les festivaliers croisent également  Bernadette Laffont, André Dussolier et un Fabrice Lucchini méconnaissable dans Perceval le Gallois d’Eric Rohmer. Mais contrairement à Cannes ou d’autres festivals moins anciens, Prades veut encore et toujours donner la priorité aux réalisateurs invités. 

Ce sera Jean-Pierre Mocky en 2004, Bernardo Bertolucci en 1981, Werner Herzog en 2013 ou Cédric Kahn l’an dernier. Sans oublier des rétrospectives toujours aussi complètes de Andrzej Wajda en 1983, Woody Allen en 1985, Stanley Kubrick en 1986 ou Wim Wenders en 1988.

 Des histoires, des rencontres et des anecdotes que l’on peut retrouver dans le beau livre édité pour les 50 ans du festival qui a bénéficié l’an dernier d’un suppément sur la décennie suivante. 

samedi 18 juillet 2020

« Hit the road », une BD qui fleure bon les USA




Dobbs, le scénariste de cet album de BD intitulé Hit the road ne cache pas son admiration pour une certaine mythologie des USA. Il avoue que cette histoire « est un hommage aux grands réalisateurs » comme Samuel Fuller ou les frères Coen. 

Pour retrouver cette Amérique du Nevada, il a confié le dessin à Kahled. Né au Maroc, vivant à Angoulême, il a pourtant Reno, les bagnoles, le désert et les malfrats dans son pinceau comme s’il les avait dessinés toute sa vie.


 Comme une série B bien violente, on suit un ex taulard désirant de se venger d’un gang dirigé par une vielle femme. Il trouvera au passage de l’aide auprès de la petite-fille de cette dernière, décidée elle aussi de solder un passé qui lui pèse. 

Du pur divertissement.


« Hit the road », Glénat Comix Buro, 14,95 €

vendredi 17 juillet 2020

Thriller - De terribles aveux après « Sept mensonges »

 


Premier roman d’Elizabeth Kay, Sept mensonges est une redoutable machine littéraire. Éditrice à Londres, la romancière transforme cette histoire d’amitiés morbide en véritable descente aux enfers. Progressive, avec sept stations, sept mensonges qui transforment une femme normale en monstre absolu d’égoïsme. Sept parties qui sont représentées matériellement par des onglets comme sur un écran d’ordinateur, rendant la progression du lecteur de plus en plus angoissante. 

Le début du roman se présente comme une longue confession. Jane, jeune Londonienne moderne, s’adresse à quelqu’un et lui avoue ses fautes, ses errances, ses mensonges. Jane amie depuis 20 ans de Marnie. Un duo qui va exploser à l’âge adulte. Jane se mariera, Marnie aura un enfant. Les colocataires vont se séparer mais rien ne sera comme avant. 

Un thriller bouleversant en raison de l’angoisse crescendo jusqu’au retournement de situation de la dernière partie.

« Sept mensonges », Elizabeth Kay, Robert Laffont, 21 €

jeudi 16 juillet 2020

BD - Mars, planète des Dieux


À force de maltraiter la Terre, cela va mal finir. Dans un futur proche, face à l’épuisement de la planète bleue, une élite a rejoint Mars pour un nouveau départ. 

C’était il y a très longtemps. Plusieurs générations après, il ne reste de ce grand départ qu’un culte chez les survivants. Car sur Terre, la vie a repris ses droits. Décors postapocalyptiques, secte sanguinaire et au milieu un homme qui tente de retrouver le savoir des anciens. 

Ce roman graphique de Mobidic pose un regard inquiet sur l’avenir de l’Humanité. Même sans technologie, les hommes cherchent encore à s’entre-tuer. Souvent au nom de Dieux imaginaires. Une BD qui ne donne pas envie d’allumer son smartphone.

 Au contraire, après sa lecture, on a tendance à se renseigner sur le survivalisme. Car cette fiction nous pend au bout du nez…

« Le culte de Mars », Delcourt, 18,95 €

mercredi 15 juillet 2020

Cinéma - La danse macabre d’Été 85

 Alex (Félix Lefebvre) et David (Benjamin Voisin), un amour évident dès la première rencontre.  Photo Jean-Claude Moireau

Qui aurait cru que François Ozon réalise un film d’amour de vacances ? Le réalisateur de drames psychologiques souvent torturés (Une nouvelle amie, L’amant double) précise dans le dossier de presse du film Été 85 qu’il a assumé « les codes d’un teen movie. J’ai filmé une romance entre garçons de façon très classique et sans ironie, pour rendre cette histoire d’amour universelle. » Mais cela reste du Ozon malgré tout. Et d’entrée, le narrateur parle de cadavre et de la mort d’une façon plus générale. Amour et mort, la vie quoi… 

Au Tréport, station balnéaire populaire de Normandie, en ce début d’été 85, les jeunes hommes et filles veulent oublier l’année scolaire. Même s’ils sont encore en pleine orientation. Alex (Félix Lefebvre), fils de docker, a des talents littéraires. Son professeur de français (Romain Duris) va tout faire pour qu’il continue afin de décrocher ce Bac A qui lui tend les bras.  Ses parents, préféreraient qu’il trouve un travail. Nous sommes au début des années 80, le chômage de masse pointe son nez, l’inquiétude des «pauvres» est palpable. 

David le sauveur 

Avant de décider, Alex emprunte un petit bateau à un ami et va en mer. Un orage gronde, la coque de noix chavire. Panique sous les embruns. Heureusement, David (Benjamin Voisin) arrive, fendant les flots à la barre de son voilier baptisé Calypso, et le sauve. La suite, c’est effectivement une belle histoire d’amour que François Ozon raconte dans le détail, mais avec pudeur. David, fils d’une commerçante (Valeria Bruni Tedeschi), a un an de plus qu’Alex. Lui, contre son gré, a arrêté les études pour reprendre la boutique créée par son père décédé brutalement un an plus tôt. Les deux jeunes adultes passent la soirée ensemble. Ciné, virée à moto, boîte de nuit. Tout ce qu’il faut pour faire fonctionner la fabrique aux souvenirs. Le spectateur de plus de 50 ans apprécie. François Ozon, lui, se fait plaisir. Il a reconstitué le décor et l’ambiance de ses 17 ans. 


Pressé de choisir son avenir, Alex coupe la poire en deux. Il continue ses études, mais cet été il va travailler. Chez David. Durant six semaines, c’est le bonheur le plus complet pour ce couple lumineux et rayonnant. Cependant cette bluette entre deux jolis garçons ne suffit pas pour retenir l’attention des spectateurs. Le film de François Ozon a parlé de cadavre. Qui est mort ? Dans quelles circonstances ? Pas Alex en tout cas, puisqu’il est dans peau du narrateur et que le film débute par son procès. 

Loin donc d’être un simple film à l’eau de rose, Été 85 nous parle aussi de promesse, d’engagement et de folie. Pas la folie dévastatrice mais celle consciente, qui nous permet, parfois, de dépasser les limites et de se sentir un peu plus vivant que le reste de nos connaissances. Alex, au cours de cet été 85, avait vraiment besoin de se sentir vivant, quitte à réaliser la pire folie que même ses romanciers préférés n’auraient pas osé imaginer. Un film qui aurait certainement brillé au dernier festival de Cannes si un certain coronavirus n’avait pas confisqué le tapis rouge.

Film français de François Ozon avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge


Polar - Triste jeunesse chinoise

 



La Chine fascine. La Chine fait peur. La Chine, et plus spécialement la jeunesse de Péjkin est au centre de Beijing Blues, roman policier de Charlotte Cahné. Elle a passé deux années là-bas, au contact des hommes et femmes que l’on retrouve dans cette œuvre de fiction, pour mieux raconter le quotidien de son héros, Hadrien.

Lui ne sait rien de cette ville tentaculaire. Junkie, par ailleurs artiste peintre et détective privé à ses heures perdues, il vient passer deux mois dans un atelier pour tenter de se remettre à la peinture. C’est Eva, une ancienne amie qui lui a trouvé ce bon plan. Mais le lendemain de son arrivée, Eva est arrêtée, suspectée de complicité de meurtre. Hadrien, aidé par une journaliste française, va tout faire pour l’innocenter. Au prix d’une descente dans les enfers de la jeunesse pékinoise, là où il est si difficile d’être authentique.

Un polar au héros dérangeant et d’une efficacité redoutable.

« Beijing Blues », Le Masque, 9,10 € 

Streaming - Charlize Théron, l’immortelle


Adaptée d’une BD très engagée sur le féminisme, The Old Guard débarque sur Netflix. La critique est féroce, malgré le gros budget et la présence de Charlize Theron. Pourtant, le même long-métrage serait sorti en salles ce 14 juillet et tout le monde l’aurait encensé comme le sauveur d’un été calamiteux d’après-confinement. 

On comprend aussi en creux que le défaut reproché à ce film d’action portant sur des guerriers immortels devenues les proies d’un labo pharmaceutique, est d’être réalisé par une femme. Noire en plus. C’en est un peu trop pour tous les petits-bourgeois blancs et faussement progressistes qui se délectent des blockbusters américains dopés à la testostérone. Si en plus on précise que l’autre héroïne (KiKi Layne) est elle aussi noire et que deux des guerriers sont gays, tout devient clair.

 The Old Guard est tout ce que rejette l’Amérique de Trump et l’intelligentsia française du 7e art. Au final, ça vaut plus qu’un James Bond. Mais Bond est blanc et hétéro... 

mardi 14 juillet 2020

BD - Rafales contre Rafales



14-Juillet oblige, plongez dans les exploits de l’armée française. Avec Centaures, série écrite par Heurzet et dessinée par Loutte, le Charles de Gaulle est envoyé dans l’océan Indien. Il doit aider à l’évacuation des ressortissants français de l’archipel des Amandines, en plein coup d’État. De la politique-fiction très plausible, avec groupe de mercenaires capables de piloter les deux Rafales de l’armée de l’air de cette petite république insulaire.

Cela donne des combats entre Rafale dans le ciel des tropiques. Les amateurs de BD aéronautiques (très nombreux depuis Buck Danny ou les Chevaliers du Ciel) se régaleront. Les autres risquent de ne pas très apprécier le jargon martial et technique.




« Centaures » (tome 2), Le Lombard, 12,45 €