dimanche 19 juillet 2020

Cinéma en plein air dans le Conflent : la nuit, les écrans s’illuminent

Quand le confinement généralisé de la France est décidé en mars, les membres du conseil d’administration des Ciné-Rencontres de Prades sont à mille lieues d’imaginer que le 61e festival va passer à la trappe. « Une fois la sidération passée, se souvient Alain Apvrille, coordinateur de la manifestation, nous avons organisé des téléconférences tous les jeudis soir. Nous n’avons jamais envisagé l’annulation pure et simple du rendez-vous du cinéma en Conflent. » D’autant que le programme du Festival est déjà bien avancé. 

Faya Braz, champion du monde de beatbox par équipes.


Les invités vedette de 2020 ont confirmé dès octobre dernier leur présence. Les frères Dardenne, Jean-Pierre et Luc, feraient le déplacement de la Belgique vers les montagnes catalanes pour parler de leur cinéma si caractéristique. Et puis les dates retenues semblent très éloignées en cette fin mars. Le 17 juillet, date théorique de l’ouverture du festival, les optimistes sont persuadés que tout sera oublié. Mais au fil des semaines, le confinement dure, le virus résiste et le déconfinement ne permettra pas de retrouver une vie normale. « Très vite, des membres du conseil ont émis l’envie de transformer le festival en plusieurs séances en plein air dans tout le Conflent. Nous voulions que l’offre cinéma continue cet été dans la région » argumente Alain Apvrille. Fin mai, l’idée de présenter des dizaines de films au Lido est abandonnée. À la place toute l’équipe se met à travailler sur Toiles aux étoiles. Il faut trouver les lieux, les films, les structures et aussi apporter un petit plus pour certaines projections. 

Sept dates sont arrêtées avec une plus importante, le vendredi 24 juillet, consacrée à la musique hip-hop. Au Stade Padrixe, avant la projection sur l’écran géant d’un documentaire sur le Beatbox, deux intervenants animeront une scène ouverte. 


Quid de 2021… 

Grâce aux connaissances dans le milieu de la musique de Laurent Lafran, vice-président de l’association, Imhotep, architecte musical du groupe marseillais IAM sera présent pour donner des conseils aux jeunes et mixer quelques morceaux. Il sera accompagné de Faya Braz, phénomène dans le milieu du beatbox (déclinaison du hip-hop où l’interprète fait musique et rythme uniquement avec sa bouche). 

D’autres soirées, plus classiques sont organisées à Villefranche-de-Conflent ou Vinça, au prieuré de Marcevol le film Microcosmos sera l’occasion de redécouvrir les insectes du Conflent et

seuls les cinéphiles les plus sportifs pourront voir le documentaire Everest Green en plein air au refuge des Cortalets. 

En quelques mois, l’équipe de Ciné-Rencontres a effacé tout le travail effectué précédemment pour réinventer une offre cinéma totalement nouvelle. Un sacré pari en passe d’être gagné. Et à la rentrée, il sera temps de penser au prochain festival. Normal celui-là, en espérant que 2021 soit moins catastrophique que 2020, annus horribilis de triste mémoire. 


Souvenirs : 60 ans de films passionnants et d’invités de prestige

 

Si le Coronavirus n’avait pas bousculé toutes les manifestations culturelles de la planète, le 61e festival de Prades aurait dû recevoir en juillet les frères Dardenne. Pour la première fois depuis la création de la manifestation, l’année sera blanche. L’occasion de se retourner sur ces 60 ans, résumé parfait de ce qui se fait en cinéma de qualité. 

Dès la première année, en 1959, Prades accueille un jeune cinéaste qui présente son premier long-métrage. Les 400 coups triomphent. François Truffaut se souviendra longtemps de cet accueil enthousiaste du public conflentois. 25 ans plus tard il sera au centre d’une rétrospective de son œuvre. Il avait donné son accord pour être présent, demandant à être logé à Molitg-les-Bains. Mais quelques jours avant le début du festival, il débute un nouveau traitement l’obligeant à un repos complet. En octobre, la maladie l’emporte. 

Le réalisateur le plus assidu est certainement Robert Guédiguian. Le réalisateur marseillais a d’ailleurs intégré l comité de pilotage du festival, tout comme sa compagne Ariane Ascaride. Dans les années 60, quelques vedettes ont fait le voyage jusqu’à Prades. Mais le festival se concentre essentiellement sur les films. Des rétrospectives savantes (Sacha Guitry en 1965, Orson Welles en 1966, Murnau en 1972) ou des nouveautés très attendues. 

La mode des invités célèbres, avec rencontres conviviales dans la salle ou dans les jardins de l’Hostalrich reprend  de plus belle en 1979 avec la venue de Roman Polanski. Cette année-là, les festivaliers croisent également  Bernadette Laffont, André Dussolier et un Fabrice Lucchini méconnaissable dans Perceval le Gallois d’Eric Rohmer. Mais contrairement à Cannes ou d’autres festivals moins anciens, Prades veut encore et toujours donner la priorité aux réalisateurs invités. 

Ce sera Jean-Pierre Mocky en 2004, Bernardo Bertolucci en 1981, Werner Herzog en 2013 ou Cédric Kahn l’an dernier. Sans oublier des rétrospectives toujours aussi complètes de Andrzej Wajda en 1983, Woody Allen en 1985, Stanley Kubrick en 1986 ou Wim Wenders en 1988.

 Des histoires, des rencontres et des anecdotes que l’on peut retrouver dans le beau livre édité pour les 50 ans du festival qui a bénéficié l’an dernier d’un suppément sur la décennie suivante. 

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