lundi 13 juillet 2020

BD - Frissons garantis

 

 

   

Les auteurs italiens ont depuis toujours excellé dans la terreur. On pense aux films avec les fameux Giallo mais aussi aux BD comme Martin Mystère. Normal donc que Giovanna Furio (scénario) et Gianluca Gugliotta (dessin) proposent cet album intitulé Cœurs gelés dans la collection Flesh & Bones de chez Glénat.

En noir et blanc, sur 140 pages, on découvre le combat d’Adam Bridge, psychiatre londonien, contre une entité asexuée, la Mort blanche, désireuse de se venger du célèbre occultiste Alceister Crowley. Le monstre va littéralement avaler les enfants de la descendance de Crowley. Les amateurs se délecteront de ces scènes gore, de la profondeur du scénario et des passages muets permettant à Gugliotta de magnifier son trait.

« Cœurs gelés », Glénat, 9,99 € 

dimanche 12 juillet 2020

Espéraza dans l'Aude : ces gros dinos si fascinants



 Jean Le Loeuf a mis pour la première fois les pieds dans l’Aude en 1989. Jeune étudiant chercheur en paléontologie à Jussieu à Paris, il ne se doutait pas que sa thèse de doctorat portant sur les vertébrés de la fin du crétacé en Europe allait bousculer sa vie, qu’il allait découvrir une nouvelle espèce de dinosaures et créer le musée des dinosaures qui 30 ans plus tard est toujours un des fleurons touristiques de la Haute-Vallée de l’Aude. Un enseignant avait trouvé un os de dinosaure dans une ancienne vigne à Bellevue, situé sur la commune de Campagne dur Aude. « Je suis arrivé pour y faire quelques fouilles. Le premier jour on a utilisé un tractopelle pour atteindre une certaine profondeur. Au bout de deux heures on a renvoyé l’engin à son propriétaire. J’ai trouvé 20 os de dinosaures en une semaine, soit la quantité que j’espérait trouver durant toute ma carrière… »

Jean Le Loeuf repart à Paris lesté de ces vestiges. Mais la place manque à l’université. Ainsi est né l’idée d’un musée des dinosaures couplé à un laboratoire de recherches. Rapidement le projet est lancé et en 1992, Jean Le Loeuf soutient sa thèse et deux mois plus tard devient directeur du tout nouveau musée des dinosaures d’Espéraza. Chance, c’est à cette époque que sort Jurassic Park au cinéma. Les dinos sont à la mode, le musée est rapidement trop petit. Une extension est ouverte en 2006. Jean Le Loeuf n’a pas perdu soin temps sur le terrain. Il a creusé à Bellevue et c’est une véritable mine qui s’offre à ses recherches. Et surtout, il découvre que les os sont « inédits ». Quelques années plus tard il a l’honneur de le baptiser ampelosaurus, le dinosaure des vignes. Une belle bête de 18 mètres de long et de 15 tonnes. 

Depuis 2016, en plus d’un squelette reconstitué et d’une statue criante de vérité réalisée par Claude Moreno, il est la vedette animée de la salle des dinosaures de l’Aude. Mais cet herbivore placide n’a rien à voir avec l’autre star du musée des dinosaures. Car si des os et un long cou c’est sympa, des griffes et des dents acérées dans la gueule du plus grand des dinosaures carnivores, c’est mieux. Une aile entière est dédiée au fameux T-Rex ou tyrannosaure et à son découvreur, Barnum Brown. 

Un effet saisissant

Ouverte en 2011, elle est entièrement réalisée par l’équipe du § M/usée des dinosaures qui a soigné la reconstitution des la vie de Brown, de son radeau qui lui permettait d’aller dans des endroits inaccessibles des rivières canadiennes à son bureau. Mais le clou de la visite reste l’animatronic d’un T-Rex, offerte par de généreux donateurs au musée. L’effet est saisissant car s’il est immobile quand le visiteur arrive près de son enclos, un capteur de mouvement lance le mécanique. La gueules s’ouvre, et un cri redoutable retentit dans tout le musée. Le visiteur, s’il a un peu d’imagination, a véritablement l’impression d’être retourné 66 millions d’années en arrière. Mais attention, comme dans les films de Spielberg, ces animaux éliminés de la surface de la Terre après la chute d’une météorite, ne voit pas dans le visiteur qu’une source de protéines. Ainsi était le quotidien des vertébrés de la fin du crétacé en Europe…

En pratique

Le musée des dinosaures d’Espéraza, Dinosauria, est ouvert tous les jours en été de 10 h à 19 h. Prix : adultes : 9 €, enfants (5-12 ans), étudiants, adultes handicapés : 6,50 €, billet famille : 27 € pour 2 adultes et 2 enfants (gratuit pour les moins de 5 ans). Tel : 04 68 74 26 88

Les dinosaures faisaient-ils des bulles avec leurs oreilles ? 

 Liés dinosaures ont toujours fait rêver les artistes. Romanciers, peintres et bien évidemment bande dessinée. Il est vrai que ces grosses bestioles ont tout pour amener du suspense dans une histoire, de l’action dans un récit tout en donnant l’occasion aux dessinateurs de laisser libre cours à leur imagination. 






Depuis l’an dernier, Dososauria propose en plus des expositions permanentes, une expo temporaire sur les dinosaures dans la bande dessinée. « Bulles de dinos » est un très complet florilège de leur représentation dans le 9e art. Jean Le Loeuf, aidé par quelques passionnés, a cherché dans les archives pour débusquer les premières représentations de dinosaures dans des récits illustrés. La plus ancienne planche est signée Robida et daterait de 1890. Il y décrit par le menu « une partie de chasse à l’époque tertiaire ». 
Les chasseurs, se transforment en gibier quand ils croisent ces monstres aux dents tranchantes. La première partie de l’expo montre les créations jusqu’en 1928. Nombre de dinosaures avaient des oreilles, preuve que la liberté créative peut faire parfois d’incroyables erreurs aux artistes… On peut surtout admirer l’agrandissement d’un dessin de Gus Bofa étonnamment moderne et paru dans le journal de Poilus La Baïonnette en 1918. Après 1928 et jusqu’en 1947, les dinosaures sont prétexte à des aventures très mouvementées. Zig et Puce, d’Alain Saint-Ogan, rencontrent un diplodocus en 1936. Dans les années 40, un artiste russe signant Mengden, multiplie les histoires comme « L’île de l’épouvante ». Mengden qui associe systématiquement gros dinosaures et jeune fille largement dévêtue et en détresse. 
Un thème très courant, au point que Bulles de dinos propose un panneau intitulé « Eros et dinos ».  Après guerre, tout héros de bande dessinée se doit à un moment de sa carrière de croiser la route des dinosaures. Certains régulièrement comme le téméraire Bob Morane dessiné par Vance ou Coria. Ou les héroïnes de Leloup et Walthéry, Yoko Tsuno et Natacha. Cette dernière dans son 18e album va en rencontrer des dizaines. Adèle Blanc-Sec aussi croise des squelettes de dinosaures ainsi que le célèbre ptérodactyle du premier album.

Dans les BD très récentes, Jean Le Loeuf a particulièrement apprécié l’adaptation du Monde Perdu par Christophe Bec, Negalyod de Vincent Perriot et la série humoristique de Bloz et Cazenove sur les dinosaures qui propose même dans un des recueils une planche sur l’ampelosaurus. 

Maurice Raptor, l’ancêtre



A l’entrée du musée, ne manquez pas Maurice Raptor. Installé à une table de café, il croque (sur papier avec un crayon), un autre dinosaure. Maurice est le premier dinosaure sculpté par Claude Roméro. Il était de l’ouverture en 1992, a passé quelques années dans un placard pour finir élégamment habillé dans le hall.

Menton carré ?

Quand Jean Le Loeuf a découvert l’ampelosaurus, il a rapidement été question d’en fabriquer un animatronic. En se basant sur des cousins, il a indiqué à l’artiste que la bête avait un menton carré. Jusqu’à l’an dernier. En réalité son museau est plutôt allongé. Voilà comment l’ampélosaure, après quelques dizaines d’années de célébrité a succombé à la chirurgie esthétique…

Œufs durs ou mollets ? 

Jamais les chercheurs n’ont retrouvé d’œuf de T-Rex. Un mystère qui semble sur le point d’être élucidé. La semaine dernière, des paléontologues ont déterminé avec certitude que certains dinosaures pondaient des œufs sans coquille. Ou exactement qu’elle était molle, comme les lézards. Ce n’est qu’une hypothèse. Mais elle devient de plus en plus plausible. Si le T-Rex devenu adulte semblait invulnérable avec ses dents et sa carapace, il n’en allait pas de même pour les bébés avant leur éclosion. 





samedi 11 juillet 2020

BD - Plus marrante sera la chute

 


Comment faire rire en trois cases ? Trois dessins, quatre dialogues et au final le lecteur sourit, rit, s’esclaffe, s’indigne parfois. Ils sont rares les bons gagmans. L’abbé, nouveau venu dans cette catégorie assez particulière de la bande dessinée place la barre très haut. Son premier recueil de strips parus dans Fluide Glacial est presque un manuel à montrer à tous les apprentis comiques. 

Pas de personnages récurrents, juste des personnages qu’il maltraite. Des anormaux, horribles, parfois dégoûtants. Mais c’est dans cet excès que l’auteur brille le plus. Comme ces trois gamins déguisés pour Halloween reproduits ci-contre. 

Contrairement aux apparences, le premier n’est pas déguisé en fantôme mais en… tampon hygiénique. Chute gore mais excellente.
 

« 3 cases pour 1 chute », Fluide Glacial, 9,90 €

vendredi 10 juillet 2020

Beaux livres - Un « pavé » lumineux



Michel Hérold a coordonné la publication de cette somme sur les vitraux du Midi de la France. Un beau livre entrant de plus dans « la publication exhaustive des vitraux antérieurs à la Révolution encore conservés, ou documentés en France ». 

Un pavé de plusieurs kilos pas forcément réservé aux passionnés. Car localement on découvre les richesses anciennes et récentes de cet art si particulier du vitrail. S’il n’y a que 5 pages sur les Pyrénées-Orientales (essentiellement les vitraux retrouvés du Palais des rois de Majorque), l’Aude est la section la plus copieuse avec pas moins de 40 pages sur les trésors de Carcassonne et Narbonne. 

Un livre qui permet aussi de découvrir des vitraux plus récents, comme la fresque du grand escalier du Palais consulaire de Perpignan ou les vitraux de la maison dite des trois nourrices à Narbonne. 

« Les vitraux du Midi de la France », Presses universitaires de Rennes, 400 pages, 45 € 

jeudi 9 juillet 2020

BD - Anita Conti, pionnière maritime

Anita Conti, considérée comme une sommité de l’océanographie mondiale, inaugure la collection Pionnières. Sa vie mouvementée, passée souvent sur des navires voguant sur toutes les mers du monde, est racontée par Luca Blengino et Nathaniel Legendre au scénario et Katia Ranalli au dessin. 



De son premier contact avec la mer au début du siècle, en vacances en Normandie au perfectionnement de l’aquaculture aux Pays-Bas dans les années 70 on découvre une femme qui a toujours considéré que sa place était sur les bateaux, au milieu des marins, même si des siècles de tradition le lui interdisaient. En ce sens, elle était une véritable pionnière.

« Anita Conti », Soleil, 14,95 €

mercredi 8 juillet 2020

Cinéma - “L’envolée” familiale

Film anglais d’Eva Riley avec Frankie Box, Alfie Deegan, Sharlene Whyte



L’Angleterre de nos jours offre une multitude de scénarios possibles sur une jeunesse en plein désarroi. Eva Riley, dans L’envolée, premier film tout en douceur et nuances, permet au spectateur de s’immerger dans le quotidien de Leigh (Frankie Box). Cette adolescente de 14 ans, vit seule avec son père. Durant les grandes vacances, dans une Angleterre étonnamment ensoleillée et chaude, elle se prépare pour une importante compétition de gymnastique. Leigh a besoin de 50 livres pour l’inscription. Son père ne peut pas lui donner. Le lendemain, elle découvre avec stupeur un jeune garçon à peine plus âgé qu’elle dans l’entrée de la maison familiale. C’est Joe (Alfie Deegan), son demi-frère.

Une fois passée cette révélation, le film suit quelques méandres  laborieux qui alourdissent la critique sociale. Joe, petit voleur de moto, entraîne sa sœur dans ses trafics. La jeune sportive, lassée de se faire moquer par ses collègues de club, plus mûres, plus aguicheuses, découvre un autre milieu. Son courage (ou son inconscience ?) la transforme en parfaite exécutrice des basses œuvres. 

 Ken Loach serait allé vers un quotidien encore plus noir, sans espoir et plein de désillusion. Mais Eva Riley, jeune et sans doute encore pleine d’espoir, a préféré voir dans cette relation entre un frère et une sœur qui ignoraient leur existence il y a encore 5 jours, une façon de glorifier l’esprit de famille. 

Car ces deux, en se découvrant, se persuadent qu’ils sont bien frères et sœurs, prêts à tout pour s’épauler, s’aider. Une superbe complicité, joliment filmée dans la campagne anglaise ou au cours d’un entraînement de Leigh aussi dynamique qu’émouvant. Un film social anglais qui respire l’optimisme, voilà la bonne surprise de cet été 2020.

Série télé - Homecoming, manipulations américaines sur Amazon Prime



Mise en ligne en 2018 sur la plateforme de streaming d’Amazon, Homecoming était présenté comme la première série avec Julia Roberts en tête d’affiche. En réalité, c’était surtout la nouvelle création de Sam Esmail, le créateur Mr Robot. 10 épisodes de 30 minutes et une sombre histoire de manipulation mentale de soldats américains, de retour au pays après des périodes où ils ont pété les plombs. Julia Roberts y interprétait une psychologue chargée de les remettre sur le droit chemin. Elle nouait une relation particulière avec Walter Cruz (Stephan James), un des marines convalescent. 

A la fin de la première saison, les créateurs auraient pu en rester là. D’autant que le rôle de Julia Roberts était terminé. Mais une saison 2 a débarqué (7 épisodes de 30 minutes) fin mai et relancé l’intrigue. 

Avec cette fois une jeune femme amnésique, jouée par Janelle Monaé. Recherche d’identité et de la vérité sont au menu de cette seconde saison aussi brillante que la première, avec l’attrait de la nouveauté en moins.

Essai - Découvrir Barcelone dans le texte



Quelle est la meilleure façon de découvrir Barcelone ? Prendre le train et partir à l’aventure ? Planifier son séjour avec étapes incontournables (rambla, Sagrada…). À moins qu’on ne puisse visiter la capitale catalane juste en restant dans son canapé (transat, c’est l’été), le nez plongé dans des bouquins se déroulant dans la ville-monde.  Car Barcelone est « l’héroïne » de quantité de romans. 

C’est cette singularité qui a poussé David Clusellas i Codina, journaliste et écrivain, d’écrire cet essai, « promenade littéraire dans la ville moderne, cosmopolite, tolérante » et par ailleurs « cité chargée d’histoire, au cœur battant de toutes les innovations, artistiques, urbanistiques ou politiques. » 

En se référant à quatre romans il dresse le portrait d’une ville diverse et multiple. Un essai qui donne une furieuse envie de partir passer une semaine au Sud, avec les romans analysés, notamment ceux de Mathias Enard et Grégoire Polet, regard français sur une exception culturelle si loin… si proche.

« Lire Barcelone », Trabucaire, 12 €

mardi 7 juillet 2020

BD - Gags avec des plumes

 


Vivant à Coursan pas très loin des grands étangs du littoral, Jean-Luc Garréra n’a pas à aller très loin pour trouver l’inspiration de sa série humoristique la plus récente  sur les oiseaux. Dessinés par Sirvent, ces gags permettent de sourire mais aussi d’apprendre pas mal de choses sur ces drôles de bestioles à plumes. 

Savez-vous par exemple que l’oiseau considéré le plus dangereux du monde n’est pas un aigle mais casoar à casque. Il a une griffe acérée comme un poignard. 

Et comme il pèse pas loin de 70 kg... Plus proche de nous, Garréra a détourné l’histoire des flamants roses aux pattes prises dans le gel. Un album idéal pour la détente et qui nous permet de rire en s’amusant. 

« Les oiseaux en BD », Bamboo, 10,95 € 

lundi 6 juillet 2020

Roman - 2069, année roborérotique



Si en 1969, Gainsbourg avait fait scandale, le recueil de nouvelles futuristes de Josselin Bordat baptisé « 2069 » passe comme une lettre à la poste. Ou comme papa dans maman pour rester dans le ton des 12 histoires. L’auteur a imaginé les pratiques sexuelles du futur. Il y a beaucoup de virtuel, quelques robots et un peu d’amour. Mais vraiment pas beaucoup. 

Sa vision d’ensemble des relations humaines est un peu pessimiste. La meilleure nouvelle est sans doute la nuit agitée d’un dealer dans une Rome retenant son souffle avant l’annonce du nom du nouveau pape. Jusqu’à l’apparition de la fumée au-dessus du Vatican, rose au final…

 Une autre nouvelle se déroule dans la région. Un journaliste vient en reportage à Béziers, devenu un port après la montée des eaux de la Méditerranée. Il veut partir en expédition dans la Montagne noire, redevenue sauvage, cachette d’une communauté menée d’une main de fer par une certaine G. Effrayant.

« 2069 » de Josselin Bordat, Anne Carrière, 17 €