mercredi 7 décembre 2016

De choses et d'autres : célébrité, précarité

Difficile de rester en haut de l’affiche après des années de célébrité. Les exemples sont nombreux, de personnalités qui tentent en vain un comeback. La « valeur commerciale » - en particulier celle des chanteurs - se délite souvent et se transforme en succès éphémère. Les cimetières virtuels regorgent de vedettes pas encore mortes mais que les magazines dédaignent royalement. Même pas l’aumône d’une brève ne leur est accordée. Tant et si bien qu’on en oublie presque leur existence.
Avec stupeur, j’ai à nouveau entendu parler de Mireille Mathieu ce week-end. Pas à l’occasion de la sortie de son nouvel album ou de sa tournée d’adieu. Simplement, elle faisait partie de l’assistance de fidèles présents pour la consécration de la cathédrale orthodoxe russe. De fait, sa présence constituait l’élément phare de la cérémonie religieuse, Poutine se sent en effet quelque peu indésirable en France. La carrière internationale de la chanteuse d’Avignon se limite en gros à la Russie, il est donc logique qu’elle renvoie l’ascenseur à ses plus fidèles admirateurs.
Par contre, pas trace de Gérard Depardieu dans les travées. Ni de François Fillon, pourtant très porté sur les rendez-vous dominicaux religieux. Mais rassurez-vous, leur tour viendra, au moment où il ne leur restera que ce genre d’événement pour exister. La vie est ainsi faite : les stars d’aujourd’hui deviendront les oubliés de demain. 

mardi 6 décembre 2016

Livres de poche : trois intégrales pour vous faire frémir


folio,doa,jérome camut,malhorne,livre de poche,thilliez,pocket
Cette première intégrale, signée DOA, contient « Citoyens clandestins » et « Le serpent aux mille coupures ». Le premier polar est un effrayant compte à rebours sur fond de virus. Le second se déroule à Moissac, paisible bourgade viticole du Quercy, trois criminels sud-américains sont tués. Règlement de comptes ou drame du hasard, le mauvais endroit au mauvais moment ?
➤ « Le cycle clandestin », Folio Policier, 13,50 €

folio,doa,jérome camut,malhorne,livre de poche,thilliez,pocket
Les quatre tomes du cycle « Malhorne » de Jérôme Camut pour la première fois réunis en un volume. Une somme de près de 2000 pages, une plongée dans un univers dense et captivant, véritable quête initiatique à travers l’Histoire, les cultures et les religions du monde entier. Le premier cycle de Jérôme Camut, co-auteur des séries « Les Voies de l’ombre » et « W3 » avec Nathalie Hug.
➤ « Malhorne », Le Livre de Poche, 22,90 €

folio,doa,jérome camut,malhorne,livre de poche,thilliez,pocket
Ce recueil de deux romans signés Franck Thilliez, parmi les premiers de sa carrière, est idéal pour découvrir ce roi du thriller à la française. « La forêt des Ombres » est une histoire d’écrivain maudit. « L’anneau de Moebius » raconte la première enquête de Victor Marchal, flic face au monde des déviants sexuels et des monstres de la nature. Redoutablement passionnant et efficace.
➤ « La forêt des Ombres » et « L’anneau de Moebius », Pocket, 10 €

De choses et d'autres : 2016, hécatombe politique

L’année 2016 restera certainement dans les annales comme celle qui compte le plus de « morts politiques ». A l’étranger comme en France.
Quand François Hollande annonce son renoncement à se représenter à la présidence de la République, il ne fait que suivre le mouvement. Tout a commencé quand David Cameron a donné sa démission de Premier ministre après la victoire du Brexit. Persuadé de l’emporter, il avait mis son poste en balance. Perdu. De la même façon, Matteo Renzi, en voulant réformer son pays, s’est heurté à un mur infranchissable. Obligé de rentrer dans le rang.
Hillary Clinton, donnée victorieuse par les sondages, a finalement perdu (malgré une large avance en voix) face au populiste Trump. Carrière terminée, elle peut se transformer en gentille grand-mère très disponible. Nicolas Sarkozy, persuadé que son histoire d’amour avec la France pouvait recommencer, devra se contenter de Carla. Le rejet est total, irrémédiable. Juppé aussi a été victime des sondages. La victoire qui lui était promise, est finalement revenue à l’étonnant François Fillon, le seul qui pour l’instant doit apprécier 2016.
Le prochain sur la liste pourrait bien être Manuel Valls. En démissionnant de Matignon pour endosser le simple costume de candidat à la primaire de la gauche, il prend le risque de se retrouver totalement démuni en janvier et d’être la première victime… de 2017. 

lundi 5 décembre 2016

BD : La force des premiers Américains, de véritables "Rebels"


rebels,urban comics,brian wood,mutti,amérique
La victoire de Trump à la présidentielle US est un signe du patriotisme fort de bon nombre d’Américains. Rebels, série écrite par Brian Wood et dessinée (entre autres) par Andrea Mutti, raconte comment de simples colons, paysans et chasseurs, ont décidé de se dresser face aux exigences de l’empire britannique. On suit ici Seth Abott, forestier membre des Green Mountain Boys, qui va harceler les tuniques rouges du roi Georges jusqu’à leur départ. Un gros récit de plus de 270 pages décrivant avec réalisme l’existence de ces hommes et femmes qui ont souvent payé de leur vie une certaine idée de la liberté.
➤ « Rebels », Urban Comics, 22,50 € 

dimanche 4 décembre 2016

BD : Batailles en musique


funérailles,maudoux,anjama,freaks' squeele
Il est des dessinateurs qui ne font pas trop de bruit malgré un talent qui leur permettrait de clouer le bec à 95% des illustrateurs de la place. Florent Maudoux, efficace et rapide, a de plus développé son propre monde et n’en dévie pas. «Freaks’ Squeele» ne lui suffisant plus, il s’est lancé, toujours pour le Label 619, dans le récit de l’enfance de Funérailles. On retrouve dans ce troisième tome le jeune médecin occupé à creuser des tranchées pour y ensevelir tous les soldats morts. Il finira par rejoindre Pretorius, son frère, le futur grand guerrier. Son arme : un violon. Il affrontera les meilleurs tueurs de Psamathée de la Mantis et sa légende débutera. Très guerrier, ce cycle achevé, Florent Maudoux promet à ses lecteurs une suite shojo, soit plus spécialement destinée au public féminin.
➤ «Freaks’ Squeele Funérailles» (tome 3), Ankama, 14,90 €


Littérature : Histoire à ne pas jeter aux orties

alice,orties,bonnie,feix,grasset

Un roman sur la puissance des mots. « Alice et les orties » de Julie Bonnie porte sur ces histoires qui nous permettent d’aller mieux. La narratrice, Alice, mariée, mère de deux enfants, décide de raconter une histoire pour ensuite la brûler. La mise en pratique d’une vieille légende. Seule dans sa maison, volets fermés, elle cherche les mots. Un exercice délicat « Je n’ai pas écrit une ligne. Ce ne sera pas si facile de se débarrasser de l’histoire, finalement. (…) Je ne comprends pas. La seule phrase qui m’obsède »
Entre conte féerique et introspection, ce court roman est richement illustré des dessins de Robin Feix, par ailleurs bassiste du groupe Louise Attaque.  
➤ « Alice et les orties », Julie Bonnie, Grasset, 14,90 €

samedi 3 décembre 2016

BD : Enfants seuls dans les limbes


seuls,limbes,gazzotti,vehlmann,dupuis
Série phénomène de ces dix dernières années, « Seuls » garde en haleine ses lecteurs grâce à une déferlante de péripéties. L’idée de départ de Fabien Vehlmann, le scénariste, est de placer cinq enfants seuls dans une ville déserte. Succès aidant, il a creusé l’idée, trouvé des explications et multiplié les situations désespérées. Deux cycles plus tard, «La machine à démourir», 10e titre de la série, lance un nouvel arc narratif. On retrouve tous les héros dans les limbes car morts presque au même moment. Séparés, ils ont des parcours très différents. On suit plus particulièrement Kelly, le plus jeune et naïf. Accompagné du Maître des couteaux, il trouve refuge dans un salon du jouet. Un vrai bonheur pour lui, mais rapidement il se retrouve avec une nouvelle ennemie et risque de perdre son dernier ami. Gazzotti au dessin fait toujours des miracles, entre horreur et pays des joujoux. Les fans pourront retrouver leurs héros, en chair et en os, le 8 février prochain, pour l’adaptation cinématographique de cet univers unique.
➤ « Seuls » (tome 10), Dupuis, 10,60 €


De choses et d'autres : les cartes insolites de la France bizarre

atlas,france,cartes,livre de poche,insolite
Si vous conservez une âme d’enfant fasciné par le vaste monde, ce petit « Atlas de la France incroyable » (Le Livre de Poche) est pour vous. Olivier Marchon a collecté des centaines de données et les a retranscrites sous forme de graphiques. Au total, il propose « 50 cartes tordantes et véridiques » à votre curiosité. Une partie historique nous apprend entre autre qu’à la Révolution, nombre de communes ont changé de nom. La ville de Bordeaux par exemple s’est appelée durant quelques années « Commune Franklin », Bayonne récupérant le nom de « Jean-Jacques Rousseau ». Marseille, pour des révolutionnaires en manque d’imagination, a été rebaptisée « Ville-sans-Nom ». Vous saurez où il faut claquer deux, trois ou quatre bises, si l’on dit pain au chocolat ou chocolatine voire comment nommer une serpillière (gueille en Aquitaine, torchon en Belgique). Sans surprise, le département de l’Hérault (merci le Cap d’Agde) compte le plus de lieux voués à l’échangisme. Enfin, si vous recherchez des visites hors des sentiers battus, la région est fort bien lotie avec les musées du préservatif (dans le Gers, à... Condom), du corbillard (Tarn-et-Garonne) et de la torture (Carcassonne). 


vendredi 2 décembre 2016

DVD : Aux racines de l’antisémitisme avec "Ils sont partout" d'Yvan Attal

Paranoïaque Yvan Attal ? Pas plus que tous les Juifs selon lui. Il l’explique à son psychanalyste (Tobie Nathan) dans les séquences lien rouge entre les différents sketches censés se pencher sur les grands préjugés sur les Juifs. C’est la partie la plus sérieuse, comme un documentaire, où il met beaucoup de lui, non sans un humour quand il explique que c’est sa femme qui est obsédée par les Juifs, plus que lui par l’antisémitisme mais qui pourtant ne parle que de ça à son thérapeute.

Le premier sketch porte sur la légende selon laquelle les Juifs sont partout. Il y a comme des airs de ressemblance avec la réalité quand on découvre la présidente d’un parti d’extrême-droite (Valérie Bonneton) danser avec un ancien SS dans un bal à Vienne en Autriche. Problème récurrent des films à sketches, certains sont moins forts que d’autres.


Passons donc sur la thématique « Les Juifs sont riches », un peu trop caricatural pour savourer le dialogue d’anthologie entre deux talmudistes (Gégory Gadebois et Denis Podalydès) sur une question toute simple portant sur deux ramoneurs, l’un propre, l’autre sale. Brillant, comme l’humour juif (qui reste le meilleur du monde, n’en dé- plaise à certains) et la force de la réflexion quand on doute. Et puis dans ce film, forcé- ment pessimiste (les derniers événements sont malheureusement là pour confirmer cette vision de l’avenir), il y a une perle. En se demandant si les Juifs n’en font pas trop avec le Shoah, Yvan Attal et Emilie Frèche, la co-scénariste, offrent un rôle en or à Poppeck. Au final, le film est d’une grande sagesse, disant les choses simplement, démontant par l’humour ou l’absurde ces clichés ridicules. Mais au combien destructeurs depuis des siècles...
Dans les bonus du DVD, deux scènes coupées. Plus exactement deux scènes en entier. Yvan Attal explique en préambule avoir préféré les édulcorer, notamment en France, tant le sujet est encore sensible. 
➤ « Ils sont partout », Wild Side Vidéo, 14,99 € le DVD

De choses et d'autres : La vie derrière la mort

dejà vu, , solidarité
J’avoue, je me suis fait prendre. Me baladant sur le site Allociné pour me renseigner sur les sorties, je repère un film prometteur. Son titre, « Déjà-vu 2 », laisse entendre qu’on a affaire à une suite. La photo mise en avant montre la course folle dans les bois d’une jeune fille terrorisée, deux couteaux plantés dans le torse, un hachoir enfoncé dans l’épaule. Du gore second degré comme j’aime.
La fiche technique précise qu’il s’agit d’une production australienne de la société Don Dorgan avec en vedette les jeunes et pulpeuses Azalée Vidance et Estelle Effoné. Le pitch est basique, voire simplet. Je ne résiste pas à la tentation et lance la bande-annonce. Pas de surprise sur les scènes.
Sauf que le commentaire off du personnage principal féminin déstabilise. « Vous savez tous que je vais mourir. Pourquoi ? Parce que dans ce genre de film, lorsqu’on a le malheur d’être une fille qui n’a pas froid aux yeux, on meurt. » La suite le prouve : elle se fait massacrer par le méchant, toujours avec ce commentaire clinique « Pas un moment vous n’aurez peur et ma mort sera totalement inutile. » Il faut attendre 2’ 15” d’images sanglantes avant de comprendre. Le générique défile et la jeune fille continue ses explications « sauf que comme vous je suis donneuse d’organes présumée et que je sauverai peut-être la vie de quelqu’un ».
Le don d’organes (Don Dorgan...) vient de signer la meilleure pub déguisée de l’année.