mercredi 2 novembre 2016

De choses et d'autres : Petites et grosses bébêtes


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Alerte animaux en danger ! Un récent rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) met en lumière la disparition depuis 40 ans de plus de la moitié du vivant de la planète. La situation serait particulièrement dramatique pour les vertébrés. Bien évidemment, ne cherchez pas loin la cause de cette extinction de masse. Elle est forcément due à la prolifération de l’homme.
Une prise de conscience rapide de la situation semble malheureusement inutile. Le mal est fait. Inexorablement des centaines d’espèces vont disparaître. Pas les plus visibles, bien au contraire. Car si on réintroduit, en France par exemple, lynx, loup et ours, au même moment de rares batraciens, petits oiseaux ou autres reptiles sont très menacés. De plus certains animaux ont le don de nous énerver ou nous effrayer. Ces grenouilles ou crapauds qu’on ne voit jamais mais qui font un raffut de tous les diables soir et matin. Ou ces salamandres, lentes, visqueuses, définitivement repoussantes, même pour les moins superstitieux. Je n’évoquerai par les serpents, rien que d’écrire le mot tous mes poils se hérissent tant je suis orphiophobe.
Et ne croyez pas que pour sauver les animaux il suffit de devenir végétarien. La culture du soja ces dernières années est responsable de la disparition de milliers d’hectares de zones sauvages transformées en terres agricoles et donc d’encore plus de vertébrés. 

mardi 1 novembre 2016

BD : L’horreur sous toutes ses coutures

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Halloween oblige, le mois d’octobre est propice aux sorties d’albums jouant sur la peur des lecteurs. Les éditions Glénat ont fait le pari de lancer une collection dédiée à cet univers particulier. « Flesh Bones » fleure bon l’hommage à la série B. Ces albums copieux (plus de 120 pages) aux couvertures souples et en noir et blanc sur un papier volontairement granuleux sont de bonnes parenthèses frisson dans notre quotidien manquant parfois cruellement d’exceptionnel. Trois titres viennent de sortir dont le sexy « Blood Red Lake » de Bec (scénario) et Arlem (Dessin). Quatre étudiants (deux geeks et deux filles canons) vont fêter la fin des études sur un lac perdu dans la montagne. En route ils croisent la route d’un tueur psychopathe. Du sexe, de la violence, encore du sexe, un peu de fantastique, la recette est simple et marche à la perfection.
➤ « Blood Red Lake », collection Flesh Bones, Glénat, 14,95 € 

Polar : Mal aux poings


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Un boxeur au visage cassé et une luciole fêlée se rencontrent par hasard. Une nuit d’amour dans le noir et le début d’une grande histoire d’amour. Mais dans ce premier roman de Benoît Philippon, le bonheur est aux abonnés absents. Roy, diminutif de Raymond, n’a jamais été verni. Les drames ont marqué son enfance. Devenu adulte il se sert plus de ses poings que de son intelligence pour obtenir ce qu’il veut. Alors quand Guillemette fond dans ses bras, il ne sait pas comment faire et la protège, au risque de se retrouver avec toutes la flicaille du pays aux trousses.
Une écriture entre poésie et réalisme brut donne une ambiance unique à ce polar qui prouve que les auteurs français peuvent encore se mesurer avec les grands Américains. 
➤ « Cabossé », Benoît Philippon, Série Noire, 18 €

De choses et d'autres : les pirates à fond de cale

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Abordage raté pour les Pirates islandais. Ce parti politique entre extrême gauche et anarchisme espérait entrer au gouvernement, les sondages avant les élections leur donnant plus de 20% des suffrages. Mais à l’issue du dépouillement, ils plafonnent à 14%. Terminés les rêves de pouvoir. Même si contrairement à tous leurs adversaires, c’est l’inverse qu’ils recherchent. Ces pirates d’un nouveau genre rêvent de discrétion. Davantage d’anonymat sur internet et des décisions prises par l’ensemble du peuple étaient leurs deux crédo. Au final les Islandais ont préféré accorder leur confiance à un vieux parti politique centriste, dirigé par le ministre des Finances dont le nom figurait en bonne place dans les listings des Panama Papers (scandale du blanchiment d’argent dans des paradis fiscaux).
L’échec des Pirates apparaît comme entièrement la faute des jeunes. Selon les sondages, une très grande majorité des moins de 30 ans les soutiennent. Mais ils ne sont pas allés voter. Comme si les élections étaient un concept dépassé, d’un autre âge. Voilà tout le paradoxe de ce parti d’un nouveau genre: tellement opposé au vieux système qu’il ne peut utiliser les mêmes armes pour y mettre fin…
La démocratie a bien des avantages mais manque cruellement de surprise. Trop souvent c’est le moins anxiogène qui l’emporte. Si les Pirates s’appelaient Bisounours, leur drapeau flotterait déjà au mât du pouvoir.

lundi 31 octobre 2016

"De choses et d'autres": pas de bonbons pour Halloween

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Désolé les enfants, inutile de venir sonner chez moi ce soir, je ne vous donnerai pas de bonbons. Pas en réaction de rejet à la mode américaine d’Halloween, mercantile et envahissante. Non, juste pour vous protéger d’un grand danger qui vous guette.
L’association Agir pour l’environnement a réalisé une étude sur les sucreries les plus courantes en France. Résultat elles contiennent toutes du colorant E171. Un nom de code pour désigner des nanoparticules de dioxyde de titane. De minuscules choses au grand pouvoir de nuisance. Selon les commanditaires de l’étude, ces nanoparticules «sont susceptibles de se glisser à travers les barrières physiologiques du corps humain, comme le cerveau, les intestins ou les reins.» Elles s’y accumulent et peuvent à longue échéance provoquer des «dysfonctionnements de l’ADN» voire «la mort des cellules».
Ces conclusions sont cependant à prendre au conditionnel car les instances européennes considèrent toujours que l’E171 ne représente aucun danger pour les consommateurs.
Mais alors, qui croire au final? Dans le doute, je m’abstiens. Pas d’en manger (faites ce que je dis,...), mais simplement, comme expliqué en préambule, d’en offrir aux enfants à Halloween. Je ne voudrais pas, dans 20 ans, être attaqué en justice par d’anciens gamins devenus légumes ou à moitié-zombies en raison d’un abus de dioxyde de titane. 

Humour, polar et SF : toutes les émotions en poche


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À la veille d’un concours de sauce barbecue, Stanley Chipotle, célèbre cuisinier de la télévision, est assassiné à coups de hachoir dans un quartier louche de Trenton, sous les yeux de Lula. Qui de mieux que Stéphanie Plum pour se lancer sur la piste des tueurs avant que Lula ne se retrouve à son tour dans leurs filets ? Aventure inédite de la détective imaginée par Janet Evanovich.
➤ « Retour à la quinze départ », Pocket, 6,95 €

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En pleine ascension du glacier Vatnajökull, deux jeunes randonneurs sont brutalement précipités au fond d’une crevasse. Juste avant de disparaître, l’un d’eux parvient à contacter sa sœur Kristin. Il n’y a pas encore la noirceur et le pessimisme des romans suivants d’Arnaldur Indridason, mais on retrouve quand même son style, essentiellement dans la description du grand méchant, un certain Ratoff.
➤ « Opération Napoléon », Points, 8,10 €

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En 2009, lan McDonald a rassemblé, sous le titre « La petite déesse », les sept nouvelles et courts romans qu’il avait écrits sur cette Inde du futur imaginée dans « Le fleuve des dieux ». On y découvre un souscontinent où les hommes sont quatre fois plus nombreux que les femmes, où se côtoient des gens d’une extrême pauvreté et des stars virtuelles, tous confrontés à des menaces d’un genre nouveau.
➤ « La petite déesse », Folio SF, 8,20 €

Roman : Le libraire et la mer

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Les relations mère-fils sont décidément dans l’air du temps. Françoise Bourdin se penche ici sur la vie de Matthieu, libraire passionné du Havre, qui néglige sa vie familiale. Un divorce après et l’adolescence de sa fille vécue en pointillé, il retrouve un certain équilibre, croit-il, auprès de Tess et de sa fille Angélique. Personne, encore moins lui-même, ne comprend donc pourquoi il s’écroule soudain. Matthieur décide alors de mener son introspection dans la belle villa rachetée en viager à son vieil ami César, trop tôt disparu. Ecriture fluide, personnages attachants malgré quelques aspects caricaturaux et l’atmosphère d’une ville reconstruite sur les ruines d’après-guerre parfaitement retranscrite, la mayonnaise prend. Goûtez-y.
F. H.
➤ «Face à la mer» par Françoise Bourdin, Belfond, 21,50 €

dimanche 30 octobre 2016

Roman : Sang, sexe et volupté dans «Trois gouttes de sang grenat » d'Hélène Legrais

Cinquante nuances de grenat, voilà le titre qu’Hélène Legrais aurait pu donner à son dernier opus très chaud.

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Dans ses remerciements en fin d’ouvrage, l’écrivaine catalane ajoute «un dernier mot pour mon fils Hadrien : j’espère que certaines scènes écrites par ta mère ne vont pas te choquer ! » Et en effet, elle prend un virage serré par rapport à ses précédents opus. Si l’action se déroule toujours à Perpignan et ses environs, on est très loin du classique roman de terroir avec ce héros, complexe, tourmenté, incapable depuis trois ans de consommer son mariage arrangé avec la pourtant charmante Suzanne. Fin des années 1880, rue de l’Argenterie, le joaillier Auguste Laborde fils prend la relève d’un père inspiré. Il n’est pas dupe : il manque du génie paternel et réussit à faire vivoter l’affaire sur sa réputation. Méprisé par son épouse, ignoré par sa sœur, brimé par sa mère, Auguste cherche l’ombre. Dans ce but, il achète une petite maison rue de l’Anguille. Et sa vie bascule.
■ Nuances sanglantes du grenat
hélène legrais,grenat,perpignan,calmann-levyLa porte en bois d’un réduit donne sur l’immeuble voisin, une maison close. Par l’interstice des planches, Auguste devenu voyeur compulsif, ressent des émotions charnelles inconnues devant le défilé des prostituées. Jusqu’au jour où il est témoin du meurtre de l’une d’elles. Il n’aura alors de cesse de démasquer le meurtrier dont il n’a vu que les mains. Hélène Legrais a visiblement décidé de pimenter son récit. Elle transforme son héros en bête de sexe, parsème le roman de passages débridés. Preuve en est avec de nombreux succès de librairies ces dernières années, voilà un créneau qui rapporte.
On se laisse happer par l’intrigue, on apprécie un livre bien documenté, historiquement irréprochable, on regrette néanmoins l’énumération inutile et trop fréquente des nombreuses rues de Perpignan (Google Street permet aujourd’hui même aux Esquimaux de le visualiser d’un clic). Mais comme le prouve Hélène Legrais, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Et on apprécie cette nouvelle facette d’une écrivaine autrefois un peu trop lisse.
Fabienne Huart
➤ «Trois gouttes de sang grenat », Hélène Legrais, Calmann- Lévy, 19,90 €

De choses et d'autres : La Loove, mode d'emploi


Web-série comique produite par France 4, « La Loove » se décline désormais en guide pratique. Un petit livre à l’humour ravageur ré- pondant au doux titre de « L’art du bien-être dans ton cœur (et partout ailleurs) » (Jungle, 6 €). L’intérêt de l’ouvrage réside bien entendu dans le « partout ailleurs » qui se situe résolument dans le slip des célibataires à qui les conseils d’Amélie Etasse et Clément Vallos s’adressent. On se délectera ainsi des conseils du Dr Clito sur un sujet aussi essentiel que « Comment réagir face à un homme qui refuse de mettre un préservatif » (allez direct à la fin : « Cet abruti ne mérite même pas de te toucher ») ou un test, façon « Questions pour un champion » sur les MST « Ne te fie pas à mon nom de papillon trop mignon : Je suis… Le Papillomavirus ». Totalement libéré, ce livre à ne pas mettre entre toutes les mains, est idéal pour se remettre d’une rupture amoureuse car il explique « en quoi le célibat c’est cool et la déprime c’est sympa ».

samedi 29 octobre 2016

BD : "Sept héros" oubliés

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Tous les super-héros n’ont pas la même volonté de sauver le monde. L’idée de base de cet album écrit par Mathieu Salvia et dessiné par Philippe Briones tient dans ce constat. Hector, vieillard discret, vit caché. Cela fait des années qu’il a abandonné toute velléité de voler. Car comme Superman, il peut voler. Il se cache mais est finalement retrouvé par un organisme d’état qui veut étudier ces super-héros, vieillissants mais qui pourraient encore être utiles. Hector se retrouve avec une femme invisible, un homme caoutchouc ou une passe-muraille. Ils sont six à chercher à s’enfuir. Le septième, comme toujours dans les histoires de superhéros, a choisi le côté sombre. La bataille finale est dantesque.
➤ « 7 héros », Delcourt, 15,50 €