lundi 14 mars 2016

BD : Humour juif et familial

asaf hanuka, israel, tel aviv, steinkis
Son trait réaliste et précis, toujours composé avec force et vigueur, donne une vision exacte de son quotidien : Asaf Hanuka nous plonge au cœur de la vie d'un dessinateur israélien vivant à Tel Aviv. Dessinateur mais également mari d'une épouse aussi active que lui et père de deux enfants qu'il tente, tant bien que mal, de protéger de la violence permanente de cette nation en perpétuelle guerre depuis sa création. Cette centaine de planches, entre désespoir, humour juif et tendresse familiale, raconte les nuits dans les abris quand les roquettes tombent, les questions sans fin de la petite dernière ou les tâches ménagères, parfois partagées, souvent délaissées par ce grand gamin en perpétuel doute. Asaf Hanuka, loin d'avoir une position définitive et arrêtée sur ce qui se passe dans cette région du monde, est en permanence partagé entre son envie de vivre en paix et la nécessité de se protéger, d'anticiper ces attentats.
asaf hanuka, israel, tel aviv, steinkis
Il raconte notamment la psychose qui s'est installée depuis quelques mois partout dans le pays après les attaques au couteau. Et sa dernière planche sera une référence au 13 novembre. Ou comment la BD, avec finesse et intelligence, replace ces événements dans un contexte international encore plus angoissant.
« K.O. À Tel Aviv » (tome 3), Steinkis, 18 euros

dimanche 13 mars 2016

Thriller : Le faux coupable découvre le bonheur

Dominique, chômeur résigné et héros de ce roman d'Élodie Geffray, préfère la prison à l'indifférence.
silence, peine, geffray, belfondLe désespoir pousse certains à faire de leur vie un véritable cauchemar. Dominique est l'exemple de ces hommes ou femmes, timides et mal dans leur peau, broyés par un système où seuls les forts en gueule parviennent à émerger. Ce paisible Parisien a toujours vécu dans l'ombre. Sans faire de vague, discret, invisible. Un travail lui permettait un minimum de reconnaissance sociale. Quand il se retrouve au chômage, crise économique aidant, il tombe vite dans une spirale infernale. Sans ressources, il est de plus en plus exclu, ostracisé. Son grand défaut, dans la novlangue de Pôle Emploi : il n'est pas assez « proactif ». Encore faut-il qu'il comprenne ce que cela veut dire. Élodie Geffray, dont c'est le premier roman, décrit longuement dans les premiers chapitres la non-vie de ce quinquagénaire mis prématurément sur la touche. Il est au bord du suicide quand il est abordé par un certain Ivan, homme à tout faire d'un ministre de la République. Il lui propose un drôle de marché, un peu comme dans l'histoire de Faust. Si Dominique endosse la responsabilité d'un meurtre, il pourra faire durant trois mois ce qu'il a toujours rêvé de réaliser.
Le fils du ministre
Ensuite ce sera une dizaine d'années derrière les barreaux et un joli pactole à la sortie pour finir ses jours en toute tranquillité. Acculé, désespéré, Dominique accepte car « rien n'avait plus de sens pour lui et la prison était déjà son quotidien. Comment appeler autrement les barreaux que sont la solitude, la pauvreté et la timidité lorsque la société vous a mis au rebut ? » Son rêve : passer ces trois mois dans une ferme loin de tout. Découvrir la vie simple à la campagne. Avec Ivan pour escorte et chaperon, il prend ses quartiers dans une exploitation de province tenue par Martine. Il va découvrir le silence, le réveil matinal pour traire les brebis, la confection des fromages, le travail de la terre dans un potager, le plaisir de cuisiner ses propres légumes. Aussi la compréhension de Martine, gentille paysanne, elle aussi fracassée par la vie mais qui a envie de retenter sa chance.
Le roman, sous des airs de parenthèse bucolique, est un vrai thriller. Il y a bien un meurtre. Une jeune fille massacrée par Nicolas, le fils du ministre. Ivan a fait disparaître le corps. Le temps de mieux connaître Dominique, le faux coupable qui sera donné en pâture à la presse. Mais un commissaire enquête, soupçonne rapidement le jeune Nicolas. Ivan, à la manœuvre, va tenter de désamorcer le scandale. Il y parviendra. Seul problème, Dominique, de plus en plus heureux dans cette ferme auprès d'une Martine tombée sous le charme de sa simplicité, ne veut plus endosser le rôle du coupable. S'il s'est libéré de sa prison personnelle, ce n'est pas pour en rejoindre une autre. Mais peut-on reprendre sa signature après avoir signé un pacte avec le diable ? Élodie Geffray signe un polar malin et original dans lequel elle a soigné, en profondeur, toutes les personnalités des divers protagonistes.
« Et le silence sera ta peine » d'Élodie Geffray. Belfond. 18 euros

samedi 12 mars 2016

BD : Orphelins manipulés

orphelins, glénat
Déjà publiée en Italie sous forme de fascicules mensuels, la série de SF 'Orphelins', écrite par Mammucari et Recchioni est publiée à un rythme intensif dans la collection 'comics' de chez Glénat. Déjà le troisième tome intitulé 'Le revenant'. Si les deux créateurs sont toujours aux manettes, ils ont délégué dessin et couleurs à des auteurs se coulant dans le style de l'épisode pilote. Le principe est toujours le même. Une première partie raconte le recrutement d'orphelins par l'armée pour les transformer en soldats d'élite. Le gouvernement planétaire en a besoin car les deux tiers de la population viennent d'être décimés par une attaque extra-terrestre. Ces enfants sont des cobayes parfaits car perdus et sans famille. Des amitiés se nouent au fil des épreuves. Des inimitiés aussi. La seconde partie de l'album se déroule sur la planète des aliens agressifs. Les enfants sont devenus des soldats impitoyables, prêts à tout pour détruire les ennemis, ceux qui ont tué leurs familles. Mais au gré des batailles contre ces sortes d'insectes en cristal, des anomalies sont relevées par certains membres des commandos. Et de bons soldats obéissants, certains vont se transformer en sceptiques, persuadés d'avoir été manipulés. Passionnant et beaucoup plus dense que ce que la trame initiale laissait envisager, 'Orphelins' se poursuit avec un album tous les deux mois.
"Orphelins" (tome 3), Glénat, 14,95 euros

vendredi 11 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Très cher nu

Erin Andrews pèse aujourd'hui 55 millions de dollars. Non, la journaliste américaine de Fox Sports, n'a pas coché les six bons chiffres du loto. Mais c'est tout comme, après avoir gagné son procès contre un hôtel et un paparazzi improvisé. 55 millions de dollars, soit les indemnités accordées par le juge.
Cette jolie blonde, qui en 2008 travaillait pour la chaîne de sport ESPN, est filmée évoluant nue dans sa chambre. Le voyeur soudoie un employé de l'hôtel où la jeune femme réside, obtient le numéro de sa chambre et demande à emménager dans la chambre juste à côté. Le réceptionniste accepte sans poser de question. Du balcon, le vidéaste d'occasion réalise un petit film de cinq minutes qu'il diffuse sur internet dans la foulée.
A l'issue d'une longue bataille judiciaire où la journaliste attaque le "cinéaste" mais aussi l'hôtel, elle touche le jackpot. Pas évident que le voyeur n'ait les moyens de payer l'amende, par contre la grande chaîne d'hôtel déboursera la moitié de la somme, soit près de 28 millions de dollars. Une nuitée fort peu rentable.
Décidément, mieux vaut éviter de descendre dans certains hôtels aux USA. Chacun se souvient des "indélicatesses" de Dominique Strauss-Kahn. L'affaire a également été portée devant la justice, un arrangement financier a cependant permis d'éviter le procès. Dans les deux cas, on ne peut que déplorer l'attitude de ces hommes sans scrupule.

Cinéma : De l'inconfort d'être raisonnable

mol,damiens,mars,macaigne
François Damiens risque de sombrer dans la folie dans "Des nouvelles de la planète Mars", un film de Dominik Moll sur notre société contemporaine aseptisée à l'extrême.


Les nuits de Philippe Mars (François Damiens) sont plus belles que ses journées. Cet informaticien, qui code 10 heures par jour, la nuit venue, rêve qu'il est astronaute. Il flotte dans l'espace, voit sa ville illuminée la nuit, se rapproche de l'immeuble impersonnel où il habite. Il est sur le point de se voir en train de dormir, le top en matière de rêve guidé quand son téléphone sonne. C'est sa femme qui à 5 heures du matin, vient lui déposer les affaires de leurs deux enfants, Sarah et Grégoire. Séparés, ils ont gardé de bons rapports. Pratique pour l'ancienne épouse qui peut ainsi mener sa carrière de journaliste en toute tranquillité. Dans son entreprise, Philippe est l'élément compétent sur qui on peut toujours s'appuyer. De plus il ne dit jamais non. Quand son boss lui demande d'aller superviser un projet qui fait du surplace, il rechigne mais accepte finalement. Comme toujours.
Oreille coupée
Phillipe va devoir "chaperonner" Jérôme (Vincent Macaigne), très compétent mais légèrement asocial. Totalement l'inverse de lui. Jérôme fait tout dans l'excès, au travail comme dans sa vie privée. Résultat il se sent martyrisé et déprécié. Comme souvent dans les grandes sociétés, le terreau fertile des psychoses de Jérôme se transforme en violent burn-out. Il lance un hachoir à viande sur le boss. Ce dernier l'évite. Pas l'oreille de Philippe. Après une opération de "raccommodage" au cours de laquelle il croit discuter avec ses parents morts depuis un an, Philippe est de nouveau réveillé en pleine nuit. Cette fois c'est Jérôme qui, après s'être échappé de l'asile psychiatrique, lui demande de l'héberger pour une nuit. Tout le film repose sur la personnalité si raisonnable de Philippe. Il tente de dire non mais au final se fait toujours avoir. Soit par faiblesse, soit par le fait accompli. Quand sa sœur lui demande de garder durant une semaine son petit chien, il est ferme : pas question. Alors elle part, résignée, mais laisse l'animal dans l'entrée, persuadée que Philippe, trop bon trop con, s'en occupera malgré tout. Et c'est ce qu'il fait. Jusqu'à sa rencontre avec Chloé (Veerle Baetens, déjà vue dans "Alabama Monroe"), presque petite amie de Jérôme, phobique mais qui n'a pas sa langue dans la poche. Une comparaison va faire prendre conscience à Philippe de l'enfermement dans lequel il se maintient volontairement en refusant tout excès ou dérogation à la norme. Le film devient alors une sorte de brûlot révolutionnaire light et Philippe découvre la vie. Tout simplement.
_____________________
François Damiens, tant de chemin parcouru
mol,damiens,mars,macaigneQu'il semble loin le temps des caméras cachées de François l'Embrouille. Pourtant si François Damiens a percé en France, c'est avant tout dans ce genre très compliqué des caméras invisibles. Belge plein de toupet, il a frôlé le pire dans ses "performances" où il devenait souvent odieux et dégueulasse. Après avoir piégé ses compatriotes, il s'exporte en France pour Canal +. Il décide également, de piéger quelques célébrités. Une sorte de carte de visite qui a rapidement mis la puce à l'oreille de certains réalisateurs. Mais au début, on ne lui demande de ne faire que du François l'Embrouille. Il multiplie les personnages caricaturaux, râleurs et désagréables. Le sommet sera sans doute son interprétation de paysan-photographe de charme dans "Dikkenek", film belge culte où il se fait "carjacker" en plein Bruxelles. Mais Damiens a un fort potentiel dramatique. Sous ses airs de méchant grognon se cache un véritable comédien. Il sort des sentiers battus dans "L'arnacoeur" en jouant le copain de Romain Duris. Plus récemment il devient émouvant dans "Les Cow-boys", film sur un père qui fait tout pour tenter de sauver sa fille partie faire le djihad. C'est ce François Damiens que Dominik Moll a souhaité. Papa un peu dépassé, employé modèle, citoyen exemplaire, il ne sait pas dire non. Un grand naïf très sympathique. Jérôme (Vincent Macaigne) a failli couper l'oreille de Philippe (François Damiens) avec un hachoir, en plein open space.

jeudi 10 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Frères et sœurs Wachowski

de-choses-et-d-autres-freres-et-soeurs-wachowski_705106_modifie.jpg
L'affaire est complexe et me laisse perplexe. Un peu comme leur film le plus célèbre, Matrix. Les frères Larry et Andy Wachowski sont devenus les sœurs Lana et Lilly Wachowski.
Dans la famille Wachowski, il y avait deux frères et deux sœurs. Les frères, passionnés de bande dessinée, étudient le cinéma et ont rapidement révolutionné l'univers de la science-fiction avec Matrix. Une histoire emberlificotée, à plusieurs niveaux, où l'on croit vivre dans une réalité qui n'est que virtuelle. Réalité, apparence, rejet... Des thèmes qui aujourd'hui prennent une autre signification avec ce double coming-out transgenre.
Lana, la première, annonce officiellement son changement de sexe en 2012, après un processus de près de dix ans. Lilly décide de franchir le pas le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, face à l'imminente publication d'articles caricaturaux dans des tabloïds. Dans un communiqué accompagné d'une photo, elle explique : "Ma réalité, c'est que j'ai fait une transition et que je continuerai à le faire toute ma vie, à travers l'infini qui existe entre le masculin et le féminin, à l'image de l'infini entre les binaires zéro et un." Complexe...
Le parcours est long et parfois dangereux. Lors d'un de ses rares discours, Lana a avoué avoir envisagé, enfant, de se suicider à cause de ses sentiments de confusion sur l'identité. Espérons que leur démarche permettra aux milliers de transgenres qui n'arrivent pas à se faire reconnaître, de mieux vivre leur différence.

DVD : Une "Dernière leçon" à fort potentiel émotif

chatelet, bonnaire, pouzadoux, mort, suicide, dernière leçon, wildsidePréparez les mouchoirs. Impossible de rester insensible à cette histoire de fin de vie racontée avec pudeur et sensibilité par Pascale Pouzadoux.
À la base "La dernière leçon" est un livre témoignage écrit par Noëlle Chatelet. La romancière y raconte les derniers jours de sa mère. Une femme forte qui a décidé d'en finir avant qu'il ne soit trop tard. Le problème du choix de la mort dans la dignité est au centre du livre et du film, qui adapte assez fidèlement l'œuvre originale. Il est vrai que Noëlle Chatelet a régulièrement séjourné sur le tournage (on le voit dans la making of proposé en bonus du DVD) et conseillé les acteurs. Les actrices surtout, Sandrine Bonnaire joue le rôle de Diane, la fille, Marthe Villalonga celle de Madeleine, la mère. Le film débute par un constat d'échec. Madeleine, au volant de sa vieille Renault 5, panique dans la circulation urbaine. Incapable de passer les vitesses. Comme paralysée. De retour chez elle, elle prend un carnet et note "Conduire" et le raye rageusement. Ce journal minimaliste liste les actions qu'elle n'est plus en état de réaliser.
À 92 ans, cette féministe convaincu, ancienne sage-femme, est aussi et surtout une tête de mule. Pas question pour elle de finir impotente dans une maison de retraite. Lors de son repas d'anniversaire, en présence de ses deux enfants, Pierre et Diane, et de ses petits-fils, elle donne, solennellement, la date prochaine de son décès. Dans deux mois. Dès lors ses enfants seront partagés. Si Diane envisage petit à petit cette fin inéluctable, comprend sa mère et ses arguments, Pierre refuse cette hypothèse.
Contrairement au livre, les deux avis sont apportés sur ce problème de société. On peut être pour ou contre le droit de mourir dans la dignité. Diane, malgré son chagrin immense, son impression d'être le soldat qui appuie sur la gâchette dans le peloton d'exécution, va laisser le libre choix à sa mère. Un formidable acte de tolérance porté par une Sandrine Bonnaire exceptionnelle. Avec justesse, elle joue cette prise de conscience, cette évolution face à un problème inéluctable.
Marthe Villalonga interprète une femme amoureuse de la vie mais usée par cette dernière. Un beau film, à voir en famille pour en parler tant qu'il est temps.
"La dernière leçon", Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD

mercredi 9 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : YouTube, tuyau d'argent

youtube, kev adams, cyprien, norman, mickey
Pauvre Kev Adams, à peine arrivé au sommet, déjà oublié. Le champion du box-office français en 2015 ("Les Profs 2", "Aladin") chute brutalement dans le classement des personnalités préférées des Français de 7 à 14 ans. En tête l'an dernier de ce "Top 50" proposé par Le Journal de Mickey, il redescend en 3e position, terrassé par les stars de YouTube. Cyprien et Norman, jeunes humoristes riches de millions d'abonnés sur la plateforme vidéo, font une entrée très remarquée, propulsés illico à la première et seconde place.
Pour ceux qui en doutent, voilà la preuve que les jeunes sont de grands consommateurs d'images. À la télévision bien évidemment mais de plus en plus sur leur ordinateur ou smartphone. Où la facilité d'accès prime sur la qualité. Car il faut bien l'avouer, en dehors de tout clivage générationnel, Cyprien et Norman ne se posent pas en génies de l'humour et de la transgression.
Par contre, ils semblent avoir compris comment faire fructifier cette célébrité naissante. La très officielle Direction générale de la répression des fraudes vient de lancer une enquête au sujet de publicités cachées dans des clips. Selon le site des Inrocks, une dizaine de vidéastes ont perçu entre 20 000 et 100 000 euros pour chanter les louanges d'une marque de voiture. À cause de cette publicité dissimulée, leur amende pourrait atteindre le montant encaissé. La publicité pour des marques n'est pas interdite. Encore faut-il dûment signer un contrat. Et payer les taxes et impôts afférents.
La valeur (de l'argent) n'attend pas le nombre des années.

BD : Mickey, l'éternel inspirateur

disney,mickey,cosey,glénat
Qui n'a pas rêvé, enfant, en lisant des histoires de Mickey dans le journal éponyme ? Ou en vibrant devant ses dessins animés ? Le personnage, imaginé par Walt Disney, a rapidement été confié à de multiples dessinateurs pour une présence massive dans les innombrables revues portant son nom. Des 'exécutants' rarement identifiés car il n'y a qu'une seule signature, celle de Disney. Pour la première fois, le personnage va vivre des aventures sous les plumes et pinceaux de créateurs aux parcours riches et personnels. Entre l'hommage et la réinterprétation du mythe, deux premiers albums viennent de sortir. D'un côté Trondheim et Kéramidas, de l'autre Cosey. L'auteur suisse de Jonathan a particulièrement réussi son coup dans l'exercice imposé. L'histoire se déroule au cours des années 20 aux USA. Mickey vivote en écrivant les scénarios de films comiques où les vedettes sont des animaux. Mais son producteur veut de la tragédie, de l'amour, du Shakespeare. Dans un train, en pleine nuit, une mystérieuse femme s'assoit à côté de lui. Coup de foudre ? L'album intitulé 'Une mystérieuse mélodie' est sous titré 'Comment Mickey rencontra Minnie' ne laisse que peu de suspense sur la fin. Le trait de Cosey, rond et épais, permet avec une incroyable économie de moyens de faire passer une foule d'émotions et d'attitudes. L'histoire a la douceur ety la simplicité de l'Amérique de ces années où personne ne craignait l'avenir. Un petit bijou qui saura plaire aux amateurs de Disney comme à ceux qui considèrent, à juste titre, Cosey comme un grand dessinateur trop souvent cantonné dans un certain style.
'Une mystérieuse mélodie', Glénat, 17 euros

mardi 8 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Des bidons d'excuses

Ainsi donc, Myriam El Khomri n'en était pas à son coup d'essai. Samedi soir, dans le talk-show de Laurent Ruquier, la chroniqueuse Léa Salamé ironise sur le coup de fatigue de la ministre du Travail. Comme par hasard le jour où elle devait participer, tôt le matin, à une interview sur France 2.
Or il y a un mois, Léa Salamé révèle que Myriam El Khomri a aussi prétexté un malaise pour se décommander au dernier moment. Cela explique peut-être le son de cloche différent entre le cabinet de la ministre et l'Élysée. Le premier parle de malaise et d'hospitalisation alors que le second note un "accident domestique" sans conséquence. Ces deux séquences rapprochées me font penser à mes excuses bidons péniblement imaginées pour éviter un contrôle de maths ou des cours d'éducation physique.
Mme El Khomri, comme moi à l'époque, semble préférer éviter l'obstacle. Pas envie d'aller s'expliquer sur un texte qu'elle ne cautionne peut-être pas complètement ? Pas de problème. Carte magique "Malaise". Déjà utilisée ? Relance avec l'atout "Accident domestique". À ce rythme elle risque de vite épuiser son matelas d'excuses. Il reste au choix "oreillons de la petite dernière", "angine blanche du cadet", "décès d'une grand-tante" voire, en dernière extrémité la peu glorieuse mais toujours efficace "gastro foudroyante"...
Mais attention, elle ne tiendra jamais cette cadence effrénée jusqu'au 24 mars, date de la présentation en conseil des ministres de la loi Travail. La dernière excuse, pas bidon cette fois, qu'il lui restera sera la démission pure et simple.