Peu importe le résultat du référendum organisé par le PS sur l'unité de la gauche aux régionales, il restera sujet à caution. Normal, quelques rigolos, malgré leur acceptation de la charte, ont utilisé plusieurs noms pour voter, et même pour certains, usurpé l'identité de quelques politiques connus. On ne plaisante pas avec son patronyme. Même les pseudos des artistes deviennent parfois sujet à caution.
Le dessinateur de presse Terreur Graphique (Fluide Glacial, Libération), comme la majorité de ses collègues, s'inscrit sur Facebook. Mais le réseau social, depuis quelques mois, tente de débusquer les surnoms improbables. Terreur Graphique entre parfaitement dans le cadre. Surtout, suite à son incapacité de fournir une pièce d'identité à ce nom, Facebook suspend son compte. Pour continuer à "exister" sur le net, le dessinateur se présente désormais sous son vrai nom : Georges Boissier. Beaucoup moins vendeur !
La même aventure est arrivée à un Anglais appelé "Something Long and Complicated", soit "Quelque chose de long et Compliqué". Sauf que dans ce cas précis il s'agit de son véritable état civil. À l'issue d'une longue bataille juridique, il obtient de l'administration londonienne un changement officiel de patronyme. Oublié le trop banal William Wood, place à l'unique et atypique Something Long and Complicated. Photocopie de carte d'identité et de permis de conduire à l'appui, il parvient à faire réactiver son compte Facebook. Lui qui voulait changer de nom pour se faire remarquer, doit carrément jubiler.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mardi 20 octobre 2015
BD- Goossens est grand
Très belle voiture de course sur la couverture du nouvel album de Goossens. Dommage que la perspective du bolide aux courbes parfaites soit gâchée par un cowboy moustachu et poilu des mollets, en slip qui plus est, lascivement allongé sur le capot. Voilà tout le problème de Daniel Goossens, dessinateur de génie, au talent incommensurable mais qui ne peut jamais se contenter du beau. Il lui faut toujours enlaidir ses enluminures avec quelques tronches de dégénérés à gros nez. Pareil pour ses scénarios. Absurdes, forcément absurdes. Hilarants aussi. Toujours. Que fait donc ce cowboy en couverture. Il est le héros d'une des histoires composant cet album intitulé « Combats ». Gus fait partie d'une multinationale spécialisée dans la vente des femmes nues. Mais la conjoncture est mauvaise. Les ventes sont en baisse. Un stagiaire a l'idée du siècle : offrir un gadget avec la femmes nue. Une mécanique, sur roue avec un moteur. Une « vouature » ? Gus s'insurge : « glisser une voiture sous une femme nue pour la vendre, c'est dégradant. La femme nue n'a pas besoin de ça. Elle doit se vendre par elle-même, par ses propres qualités. » Toute ressemblance avec un salon de l'auto... On croise aussi dans ces pages Dieu, tellement énervé par le bazar qui règne à l'entrée du Paradis qu'il préfère aller s'en jeter un au bar du coin. Son fils, Jésus, revient. En technocrate imbattable en droit des sociétés. Et puis il y a aussi les personnages récurrent de l'univers de Goossens : Georges et Louis romanciers. Louis lassé de sa vie un peu trop plan plan. Il prend des cours de couture pour devenir... maître du monde. Si après ces exemples vous ne comprenez pas que Goossens est grand, arrêtez de lire de la BD en dehors du prochain Largo Winch...
« Combats », Fluide Glacial, 14 euros
lundi 19 octobre 2015
BANDE DESSINEE : Corto Maltese, l'aventurier perpétuel
Figure singulière de la bande dessinée, Corto Maltese, créé par Hugo Pratt en 1967, revient en librairie dans une aventure inédite. Retour sur le parcours du plus romantique des aventuriers de papier.
Afrique, Asie Pacifique, Europe, Amériques... Les pages de garde des nouvelles éditions des aventures de Corto Maltese donnent une bonne idée de la bougeotte du héros imaginé par Hugo Pratt et dont un album inédit vient relancer la carrière. Le marin d'origine maltaise, anarchiste et romantique, ne craint pas de partir à la découverte d'horizons inconnus. Comme son créateur, l'Italien Hugo Pratt, longtemps installé en Argentine, qui a connu le succès en France et finit ses jours en Suisse il y a tout juste 20 ans. Vingt années durant lesquelles ses bandes dessinées ont régulièrement été rééditées, tant les aventures de Corto Maltese que ses productions antérieures comme Ann de la Jungle ou Sergent Kirk. Mais Corto tient une place à part dans sa carrière. Plus qu'un personnage, Pratt estimait qu'il avait "créé un mythe". De sa jeunesse en Mandchourie en 1901 à sa mort (ou disparition, son créateur n'a jamais été clair sur ce point précis) en Espagne après son engagement dans les Brigades Internationales dans les années 30. Un parcours fulgurant rempli de 'trous', bien pratiques pour les repreneurs de la série. Corto c'est un physique de jeune premier, impassible, imperturbable, charmeur. Casquette de marin vissé sur le crâne, longues rouflaquettes et boucle dans l'oreille gauche, il est reconnaissable aussi à son grand cardan, cependant plus élégant que les pantalons de golf de Tintin. Sa première aventure, en 1967, le montre d'entrée en mauvaise posture, dérivant dans l'Océan Pacifique attaché sur une croix. Une histoire de pirates, un peu comme le Sandokan exhumé des archives de Pratt.
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Afrique, Asie Pacifique, Europe, Amériques... Les pages de garde des nouvelles éditions des aventures de Corto Maltese donnent une bonne idée de la bougeotte du héros imaginé par Hugo Pratt et dont un album inédit vient relancer la carrière. Le marin d'origine maltaise, anarchiste et romantique, ne craint pas de partir à la découverte d'horizons inconnus. Comme son créateur, l'Italien Hugo Pratt, longtemps installé en Argentine, qui a connu le succès en France et finit ses jours en Suisse il y a tout juste 20 ans. Vingt années durant lesquelles ses bandes dessinées ont régulièrement été rééditées, tant les aventures de Corto Maltese que ses productions antérieures comme Ann de la Jungle ou Sergent Kirk. Mais Corto tient une place à part dans sa carrière. Plus qu'un personnage, Pratt estimait qu'il avait "créé un mythe". De sa jeunesse en Mandchourie en 1901 à sa mort (ou disparition, son créateur n'a jamais été clair sur ce point précis) en Espagne après son engagement dans les Brigades Internationales dans les années 30. Un parcours fulgurant rempli de 'trous', bien pratiques pour les repreneurs de la série. Corto c'est un physique de jeune premier, impassible, imperturbable, charmeur. Casquette de marin vissé sur le crâne, longues rouflaquettes et boucle dans l'oreille gauche, il est reconnaissable aussi à son grand cardan, cependant plus élégant que les pantalons de golf de Tintin. Sa première aventure, en 1967, le montre d'entrée en mauvaise posture, dérivant dans l'Océan Pacifique attaché sur une croix. Une histoire de pirates, un peu comme le Sandokan exhumé des archives de Pratt.
De la littérature
Toute la différence est dans la personnalité du héros. Il semble passer à travers ces événements, comme ballotté et rarement concerné par ces luttes triviales. Peu bavard, renfermé, il s'en tire toujours alors que ses ennemis le croient fini. Par la suite il changera de décor, de la Sibérie (avec Raspoutine, personnage secondaire essentiel de la saga) à Venise, ville chère au cœur de Pratt en passant par l'Amazonie ou la Corne de l'Afrique. Mieux que les reportages du National géographic car doublés de documentaires historiques. En France, Corto Maltese a débuté sa carrière dans... Pif Gadget. L'hebdomadaire communiste commande des histoires complètes de 10 ou 20 pages au créateur italien. Le marin dénote entre Rahan et le Docteur Justice et ne trouve pas véritablement son public chez les jeunes. Pratt en ce sens est le véritable pionnier de la bande dessinée dite adulte. Le personnage deviendra par la suite un pilier du magazine (A Suivre) publié par les éditions Casterman, ouvrant la voie à Tardi, Forest ou Comes dans la reconnaissance du noir et blanc. C'est Pratt aussi qui a donné ses lettres de noblesses à ce que l'on appelle parfois pompeusement de 'roman graphique' même si dans son cas il s'agit véritablement d'une œuvre où l'écrit, les dialogues notamment, très théâtraux parfois, ont une importance primordiale. Corto a fait rêver des générations d'aventuriers en salon, parcourant le monde dans le sillage de ce marin capable de s'acclimater à toutes les situations._______________
Un retour 'Sous le soleil de minuit'
Quand les ayants droit de l'œuvre d'Hugo Pratt décident de donner une suite aux aventures du marin maltais, la principale difficulté réside dans le choix des repreneurs. Refaire du Lucky Luke ou du Blake et Mortimer est à la portée de tout dessinateur un peu doué, se fondre dans le style de Pratt beaucoup moins aisé. Entre esquisse et ligne claire allégée, aux décors minimalistes et personnages typés, le trait de Pratt est immédiatement identifiable. Mais est-il imitable ? Oui en grande partie peut-on affirmer désormais après avoir lu 'Sous le soleil de minuit', 13e titre de la série. Ruben Pellejero, dessinateur catalan, remarqué pour sa série Dieter Lumpen et ses histoires complètes avec Denis Lapière dans la collection Aire Libre (Un peu de fumée bleue ou L'impertinence d'un été) a su acclimater ses plumes et pinceaux à la magie graphique de Pratt. Cela donne des cases d'une simplicité et d'une force redoutables. D'autant que l'aventure se déroulant en grande partie dans le grand nord canadien, les étendues blanches et verticales sont légion pour planter l'ambiance désertique typique de l'univers de Corto.
Un bon dessin c'est essentiel, mais toute la particularité de l'univers de Corto passe aussi et surtout par les scénarios denses, bourrés de personnages et de rebondissements. Casterman a là aussi cherché ce qui se fait de mieux, toujours en Espagne. Juan Diaz Canales, créateur de Blacksad, a accepté dans la minute la proposition. Il avoue être passionné par cet univers et avoir "développé au fil des ans une relation très forte avec les personnages. Reprendre Corton c'est pour moi comme travailler avec un vieil ami." Une connaissance qui saute aux yeux dans la nouveauté. L'action se déroule en 1915. Si l'Europe est plongée dans la guerre, Corto, aux USA, est missionné par son ami Jack London pour remettre à une 'amie' une lettre. Il doit pour cela rejoindre une ville minière perdue dans le grand nord canadien. Un long périple au cours duquel il croise des rebelles irlandais, des Indiens révolutionnaires (avec procès bâclés et exécutions par guillotine), des gardes montés à la justice expéditive, un ours blanc et même un espion allemand. Sans oublier quelques jolies jeunes femmes, déterminées même si elles ont tout à apprendre du maniement des fusils. 'Corto Maltese' (tome 13), Casterman, 16 euros (il existe une édition en noir et blanc, d'un format plus grand, 25 euros).
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Rééditions : Pratt est toujours là
Corto Maltese demeure une figure charismatique, romanesque, au look sophistiqué : c'est une icône masculine. Son individualisme revendiqué, son célibat assumé, ses actions désintéressées, son mode de vie nomade, son sens de la dérision, son élégance et son charme l'imposent comme une incarnation idéale du trentenaire contemporain." Cette description très juste du héros d'Hugo Pratt est de Benoît Mouchart, directeur éditorial des éditions Casterman. Il poursuit en constatant que les lecteurs peuvent parfaitement s'identifier à ce personnage qui traverse les décennies. Logique donc que la maison d'édition décide de redonner vie au héros mystérieux. Sans cependant oublier d'exploiter le fond. Les aventures de Corto Maltese ce sont des centaines de planches, découpées en une douzaine d'albums. Si les originaux ont des cotes très appréciables (plus de 150 euros pour l'édition de 1975 de "La Balladede la mer salée"), ce sont des BD que l'on trouve sans aucune difficulté dans toutes les librairies. Et pour marquer l'arrivée de la nouveauté de Diaz Canales et Pellejero, Casterman a repris l'ensemble de la série dans une nouvelle présentation plus classique avec couverture cartonnée. Les trois premiers tomes, sortis en juin, ont été suivis de trois autres fin août. En même temps que "Sous le soleil de minuit", est sorti "La jeunesse", "Fable de Venise" et "La maison dorée de Samarkand". Les collectionneurs devront attendre le 18 novembre pour compléter la série avec les trois derniers volumes. Les histoires de Hugo Pratt sont également disponibles (pour certaines) dans des éditions de poche à petit prix. Folio a profité de la vague pour remettre en, vente "Fable de Venise" et "Les éthiopiques", deux chef-d'oeuvres absolus au tout petit prix de 7,65 euros. Folio également a réédité le seul roman écrit par Hugo Pratt à la fin de sa carrière. Simplement intitulé "Corto Maltese", il s'agit d'une nouvelle version de la "Ballade" mais sous forme d'un roman. Tempêtes, mers du sud, pirates : on retrouve tout l'univers de Pratt mais avec une musique différente, encore plus littéraire que dans ses BD. Non seulement Corto Maltese est de retour, mais il est omniprésent. Eternel aventurier sans cesse sur le départ, Corto ne demande qu'à vous faire rêver. Longtemps. Partout.
BD - Espion mignon
Certains héros sont
immortels. Ceux qui ont cru enterrer Hubert Bonisseur de la Bath sous
les décombres de la guerre froide en sont pour leur argent. Hubert,
plus connu sous son nom de code de OSS 117, après le succès des
romans de Jean Bruce, est revenu par grand écran interposé et son
interprétation ironique de Jean Dujardin. Il revient une seconde
fois, presque au premier degré cette fois, dans des aventures
écrites par Gihef et dessinées par Rinaldi. Dans « Tequila
Molotov pour OSS 117 », Hubert s'infiltre dans l'ambassade
russe de Mexico pour découvrir qui se cache derrière les
bandelettes portées par un mystérieux transfuge. Plaque tournante
vers Cuba, le Mexique grouille d'agents troubles. OSS 117 aura fort à
faire face à la belle et totalement nymphomane Anna Kousakova, au
perfide Piotr Pogossian et au musculeux Chimichanga, catcheur
mexicain au masque terrifiant. L'agent américain aux ascendances
françaises pourra cependant bénéficier de la complicité de Pilar
Tomez-Rojaz, aspirante espionne, bonne Mexicaine dans tous les sens
du terme. On retrouve dans cette BD distrayante tous les ingrédients
des romans : action, bagarre, humour et un soupçon d'érotisme.
Vintage, mais très réussi.
« OSS 117 »
(tome 1), Soleil, 11,95 €
dimanche 18 octobre 2015
BD : L'autre Amérique du "Capitaine Perdu" de Jacques Terpant
Durant de longues années,
l'Amérique du Nord a parlé français. Du moins les colons étaient
d'origine française. Du Canada, les coureurs des bois ont conquis
tout le centre du continent en descendant le Mississippi. Mais les
Anglais ont remporté la guerre de sept ans et en 1763 le roi de
France cède ses colonies aux tuniques rouges. Jacques Terpant dans
« Capitaine perdu », raconte comment les derniers soldats
à la fleur de lys ont été abandonnés aux nouveaux maîtres de la
contrée. Mais l'auteur met surtout en lumière la différence de
traitement des autochtones par les deux pays colonisateurs. Là où
les Français prônent l'intégration, multipliant les mariages
mixtes et la bonne entente avec les tribus indiennes, les Anglais
mènent une politique de terre brûlée, tuant et exterminant.
Conséquence, quand les soldats français se retirent, plusieurs
tribus indiennes récupèrent le drapeau français et poursuivent la
guerre contre les envahisseurs. Si la BD (aux couleurs directes
sublimes) raconte avec lyrisme cette résistance et fidélité sans
faille, un cahier historique en fin d'album permet de mieux
comprendre le contexte de l'époque.
« Capitaine
Perdu » (tome 1), Glénat, 14,50 €
DE CHOSES ET D'AUTRES : Démarchage à table
Hier matin, au troisième coup de fil de téléprospecteurs décidés à nous vendre dans l'ordre, une mutuelle, des meubles et des panneaux solaires, mon épouse et moi jetons l'éponge.
Nous partons déjeuner à la terrasse d'une petite brasserie ouverte depuis quelques mois. Bondée, bruyante et les tables aussi rapprochées qu'à Paris. Nous ne pouvons nous empêcher d'entendre des bribes de la conversation de nos voisins. Des histoires de bureau d'étude, de contrats, de voitures et de prêts. Discussions professionnelles.
De professionnalisme, le serveur en manque désespérément. Seul, il semble un peu débordé. Lassée d'attendre la carafe d'eau, ma tendre moitié est obligée de l'interpeller très fort. Elle s'en excuse auprès de notre voisin de table, au téléphone (qui venait d'ailleurs de lui lancer un regard contrit). "Désolée, le serveur est un peu sourd". "Entre autres... » répond-il, un sourire en coin. Finalement le reste du repas se déroule sans heurt, le plat principal (des queues de lotte à la provençale) se révèle même délicieux.
Au moment de régler l'addition, notre voisin nous demande tout de go si nous sommes d'ici. Et si nous sommes propriétaires. L'acquiescement poli de mon épouse scelle notre sort. "Je suis commercial pour une entreprise de pose de panneaux solaires. Vous serez étonnée par les économies réalisées. Voici ma carte, mais laissez-moi vos coordonnées, je vous recontacterai." Et voilà comment, persuadés d'échapper aux importuns téléphoniques, on se retrouve à leur donner directement notre numéro après avoir presque mangé en leur compagnie.
Pauvres de nous.
Nous partons déjeuner à la terrasse d'une petite brasserie ouverte depuis quelques mois. Bondée, bruyante et les tables aussi rapprochées qu'à Paris. Nous ne pouvons nous empêcher d'entendre des bribes de la conversation de nos voisins. Des histoires de bureau d'étude, de contrats, de voitures et de prêts. Discussions professionnelles.
De professionnalisme, le serveur en manque désespérément. Seul, il semble un peu débordé. Lassée d'attendre la carafe d'eau, ma tendre moitié est obligée de l'interpeller très fort. Elle s'en excuse auprès de notre voisin de table, au téléphone (qui venait d'ailleurs de lui lancer un regard contrit). "Désolée, le serveur est un peu sourd". "Entre autres... » répond-il, un sourire en coin. Finalement le reste du repas se déroule sans heurt, le plat principal (des queues de lotte à la provençale) se révèle même délicieux.
Au moment de régler l'addition, notre voisin nous demande tout de go si nous sommes d'ici. Et si nous sommes propriétaires. L'acquiescement poli de mon épouse scelle notre sort. "Je suis commercial pour une entreprise de pose de panneaux solaires. Vous serez étonnée par les économies réalisées. Voici ma carte, mais laissez-moi vos coordonnées, je vous recontacterai." Et voilà comment, persuadés d'échapper aux importuns téléphoniques, on se retrouve à leur donner directement notre numéro après avoir presque mangé en leur compagnie.
Pauvres de nous.
samedi 17 octobre 2015
BD - Vacances en famille
Il est des histoires qui
donnent du baume au cœur. Des récits simples comme le bonheur,
celui des jours normaux et de la vie quotidienne. Trop souvent on ne
se rend pas compte de cette joie de vivre, cette plénitude, cet
équilibre. En refermant l'album de Zidrou et Lafèbre, on n'a plus
d'excuses. Obligé de se souvenir des belles choses de son passé, de
profiter du présent et d'envisager le futur avec sérénité. La
faute à cette petite famille belge qui, en août 1973, est sur
départ. Mado, la mère, a tout préparé. La 4L est pleine comme un
œuf. Les quatre enfants, de l'ado au bébé, patientent dans
l'entrée. Problème Pierre, le conducteur, n'est pas encore prêt.
Il doit mettre les dernières touches de couleurs à sa bande
dessinée. Cela fait trois jours qu'il travaille d'arrache-pied,
courbé sur sa planche à dessin. Quand enfin il livre ses planches,
c'est parti pour un mois de vacances au Sud de la France. Pique-nique
au bord des routes et camping sauvage. Que du bonheur. Si l'on oublie
que Pierre et Mado comptent divorcer à la rentrée... Entre
nostalgie et réflexion sur l'amour qui fane comme les plus belles
fleurs, cette histoire arrachera quelques larmes aux plus sensibles.
« Les beaux
étés » (tome 1), Dargaud, 13,99 €
Livre : Lettres de Marcel Pagnol
Recueil
de lettres adressées à des collègues et amis, ce livre coordonné
par son petit-fils Nicolas permet de cerner l’extraordinaire
professionnalisme de Marcel Pagnol. S’il débute au théâtre, très
vite il se tourne vers le cinéma et invente le statut de
scénariste-réalisateur-producteur. Une seule casquette pour être
absolument maître de ses œuvres. Par contre il ne peut pas se
passer de comédiens. Alors il choisit les meilleurs et leur offre
des rôles de légende. De Fernandel à Raimu, il a permis à ces
Provençaux de conquérir toute la France. Mais pas sans difficultés
quand on découvre les rapports parfois houleux du réalisateur avec
ces stars de l’époque. La première partie, la plus passionnante
aussi, retrace les longues années de collaboration entre Pagnol et
Raimu. Les deux hommes s’apprécient, mais leurs caractères
entiers brouillent parfois les cartes. Les fâcheries sont
récurrentes. Violentes parfois. Même les huissiers sont
intervenus... Pourtant on retient surtout l’indéfectible amitié
des deux hommes..
“J’ai
écrit le rôle de ta vie”, Robert Laffont, 21 euros.
DE CHOSES ET D'AUTRES : Hoquets de rire avec la version papier du Bilboquet Magazine

Plus c'est gros, plus on y croit. Certains sites internet, pour augmenter leur audience, mettent en avant des informations insolites et étonnantes. L'internaute de base, toujours à l'affût de nouvelles sensations, se laisse attraper par des titres racoleurs pour ne pas dire mensongers. Un boulevard pour les amateurs de pastiches. C'est ainsi que Bilboquet Magazine a vu le jour en 2012.
Des milliers de clics plus tard, les "ancêtres" vont pouvoir eux aussi se bidonner sans être obligés de taquiner le "mulot". Un livre, en papier, avec couverture en couleurs (illustrée par Vuillemin), doté d'une mise en page aussi criarde que bariolée digne des magazines people de la grande époque. En plus des articles réellement étayés comme "437 crises d'épilepsie lors du dernier défilé Desigual" ou "Le voleur des deuxièmes chaussettes enfin sous les verrous", quelques rubriques spécifiques dont ces tests pratiques sur les couverts en plastique ou le matelas à champagne (version luxe du matelas à eau).
Mais mon histoire préférée reste celle du "hipster qui s'étouffe à mort en boutonnant sa chemise jusqu'en haut". J'en ris encore !
"Bilboquet Magazine", Hugo Desinge, 14,95 euros
vendredi 16 octobre 2015
Cinéma : Famille et pierre, des valeurs sûres

Depuis le succès phénoménal de 'La famille Bélier', le cinéma français semble de plus en plus intéressé par ces histoires de liens complexes entre les géniteurs et leur descendance. Ce n'est pas nouveau, mais ce qui paraissait désuet il y a peu encore, revient à la mode pour ne pas dire tendance. Jean-Paul Rappeneau (Le Sauvage, Tout feu tout flamme), à plus de 80 ans, signe un nouveau film dans cette veine. On y parle d'héritage (une belle maison convoitée par un promoteur et des politiques), d'amour caché, d'incompréhension entre deux frères et de père trop absent.
Jolie distribution
Pour planter ce décor un tantinet compliqué, le cinéaste a élaboré un casting très hétéroclite entre vieilles gloires (André Dussolier, Nicole Garcia), nouveaux talents (Marine Vacth) et comédiens incontournables du moment (Mathieu Amalric, Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquedec et Karin Viard). D'excellents solistes qu'il fallait parfaitement coordonner pour que l'ensemble soit enlevé et convaincant. Même si parfois on éprouve une impression de 'trop prévisible', le tout forme une comédie qui se laisse gentiment regarder. Jérôme (Mathieu Amalric), vit à Shanghai. Il a coupé tout lien avec sa famille : sa mère et son frère. A l'occasion d'un voyage d'affaires à Londres, il fait un crochet à Paris. Leur présente sa fiancée chinoise et demande si leur maison d'enfance dans une petite ville de province a été aménagée depuis la vente. Il découvre effaré que la vente est bloquée depuis des années pour une histoire de préemption embrouillée de la mairie. Il file sur place et tente de dénouer les nœuds de l'affaire. Une plongée dans le passé qui lui fera ressortir les sombres souvenirs de son père, froid et austère, mais aussi rencontrer Louise (Marine Vacth), la fille de la seconde épouse de son père. Presque sa demi-sœur.
Une maison, deux familles
Elle aussi a longtemps vécu dans cette maison désormais sous scellés dans l'attente du résultat du procès. Louise, impétueuse, révoltée, persuadée que sa mère a été spoliée au moment de l'héritage. Pas mariée, sans testament, elle a été mise à la porte comme une malpropre par la femme légitime, partie depuis longtemps de son côté. Jérôme, exilé en Asie, n'a pas été informé de toutes ces péripéties. Il a au contraire voulu ne rien avoir à faire dans ces histoires d'héritage en renonçant à sa part. Une maison, deux familles aux intérêts différents : la tension va crescendo jusqu'au dénouement avec son retournement de dernière minute un peu téléphoné. Heureusement, l'amour... Jean-Paul Rappeneau, grand cinéaste français, a pourtant peu tourné. Il a peaufiné 'Belles Familles' des années avant de débuter le tournage. Il expliquait récemment qu'il voulait signer "un film 'mélan-comique'", mélange de comédie et de ton plus grave. Une volonté aussi de parler de la province et des souvenirs d'enfance. La France qu'il décrit semble un peu datée, avec notables sirupeux (André Dussolier en maire, Jean-Marie Winling en notaire) mais aussi en pleine mutation avec Jérôme, investisseur en Chine ou Grégoire (Gilles Lellouche), le fils de prolo devenu promoteur. Et puis le film se termine un peu comme un des grands films de Claude Lelouch. Comme un sentiment de travail bien accompli, de plénitude.
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