samedi 25 juillet 2015

Nouvelles - Brèves existences

S'il y a bien quelques animaux dans ce recueil de nouvelles de David James Poissant, il y est surtout question d'histoires de famille, de pères notamment.


Une nouvelle permet aux bons écrivains de délaisser les longueurs nécessaires pour la bonne compréhension d'un roman pour ne se concentrer que sur l'essentiel, l'humain. Exemple parfait avec « Le paradis des animaux » de David James Poissant. Il semble avoir sélectionné deux thèmes récurrents qui lui semblaient importants et les décline sous une dizaine de formes dans autant de nouvelles. 
Il y a donc des animaux au programme. Et des pères. Exactement les relations entre un père et son fils. Si la première thématique semble la plus importante au vu du titre, en fait ce sont les rapports familiaux qui inspirent le plus le jeune auteur américain qui vit en Floride. Ainsi il raconte la rencontre entre un homme et un crocodile dans la maison du père décédé d'un ami. Une lutte presque au corps à corps pour sauver l'animal. Mais en filigrane, le narrateur pense surtout à son fils, jeune adulte qu'il a quasiment renié quand il a découvert son homosexualité. Et en transportant le reptile vers la liberté, il fait un examen de conscience : « J'aurais voulu lui dire : j'aimerais tant te comprendre. J'aurais voulu lui dire : je t'aime. Mais cela, je ne l'ai pas dit. Je ne supportais pas de dire ces mots à mon fils pour la première fois et de ne pas les entendre en retour. »

Autre ambiance dans « Remboursement ». Un jeune couple a un enfant surdoué. Si la mère fait tout pour pousser son fils à briller, le père craint de lui gâcher son enfance. La bascule se fait lors d'une soirée entre parents de surdoués où, pour la première fois ils sont invités. La mère rayonne au milieu de ces gens distingués. Le père se tétanise, s'inquiète pour son fils. Les enfants sont à l'étage. Ils jouent. En théorie. Mu par une sorte de pressentiment, il va voir et découvre son gamin : « Assis sur l'abattant des toilettes, les bras ballants, il était en slip. Une épaisse couche de rouge à lèvres s'étalait sur son visage et deux ovales écarlates encerclaient ses mamelons. Il avait la poitrine et les jambes entourées de longs rubans de papier toilette. » Ainsi sont les surdoués : cruels. Le père décide alors de ne plus considérer son fils comme une personne plus intelligente que la moyenne mais comme l'enfant qu'il est, doué certes, mais qui recherche avant tout amour, tendresse et joies simples.
Il s'agit certainement du plus beau texte, le plus optimiste, contrairement à « Amputée », un amour fugitif entre un divorcé et une mineure (animal : gecko) ou « La fin d'Aaron », folie destructrice d'un esprit paranoïaque (animal : abeilles).
Selon son éditeur, « David James Poissant est depuis quelques années l'une des sensations de la scène littéraire américaine. Ses nouvelles ont été distinguées par de nombreuses récompenses. » Vraiment rien d'étonnant ! 

« Le paradis des animaux », David James Poissant (traduction de Michel Lederer), Albin Michel, 25 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Tourisme agraire


Le tourisme autour de l'agriculture a mis du temps à s'imposer dans certains départements très ruraux. Aujourd'hui le vacancier en mal d'authenticité en a pour son argent. Les plus concernés optent pour le gîte à la ferme. Comme dans un vieux film de Georges Rouquier (« Farrebique », chef-d'œuvre du documentaire), on assiste aux travaux quotidiens des hôtes, de la traite des vaches aux moissons en passant par la collecte des œufs dans la basse-cour. Œufs dégustés le lendemain matin au petit-déjeuner arrosés de lait cru au goût incroyablement différent de celui des grandes surfaces. D'autres formules existent. Un peu plus didactiques et, il faut bien le dire, attrape-touristes. Lors de notre séjour dans ce département verdoyant du centre de la future grande région, nous avons failli visiter les allées du plus grand marché aux bestiaux du coin. Failli seulement. Deux événements nous en ont dissuadés.
La semaine précédente, un bovin s'est échappé de son box, foncé à l'aveuglette et encorné un éleveur qui y a perdu la vie. Le quotidien local a beau préciser que « les touristes naviguent quant à eux dans un espace hautement sécurisé », j'aime trop les animaux pour finir embroché comme un bête matador. L'autre réserve vient de ma femme. Une précédente visite, en ravissantes tennis blanches, s'est mal terminée. Si au début le sol est immaculé, rapidement elle s'est retrouvée à patauger dans de la paille imbibée d'urine et de bouse. Les chaussures n'y ont pas survécu. L'authenticité c'est bien joli, mais uniquement chaussé de bottes en caoutchouc.

vendredi 24 juillet 2015

BD : Débâcle aérienne dans un "Ciel de guerre"


Aviation et seconde guerre mondiale sont les deux intérêts de cette série historique très documentée de Pinard et dessinée par Olivier Dauger dans un style classique irréprochable. Le premier tome raconte comment les aviateurs français ont rongé leur frein durant des mois, au cours de cette drôle de guerre. Mais en juin 40, l'Allemagne lance sa grande offensive terrestre. Des milliers de blindés escortés d'autant d'avions beaucoup plus performants que les appareils tricolores. Une débâcle vécue de l'intérieur par deux pilotes amis, Étienne de Tournemire et André Marceau. 
Une guerre résumée par un cafetier par la formule laconique « Neuf mois de belote et six semaines de course à pieds... » Quand le maréchal Pétain signe l'armistice, les pilotes se déchirent. Certains voudraient continuer le combat. D'autres se rallier au vainqueur de 14-18. Réfugiés en Algérie, nos deux héros doivent alors affronter les avions anglais. Comment alors choisir son camp sans se tromper ? 
La série est prévue en quatre tomes, les deux suivants se déroulant au Moyen Orient et en Afrique du Nord entre juin 41 et novembre 42.

« Ciel de guerre » (tome 2), Paquet, 13,50 €


DE CHOSES ET D'AUTRES - La tour du rêveur

Nichée au fond du vallon, elle émerge des arbres, majestueuse. Une tour surmontée de verdure, dernier vestige d'un château en ruines. Visible depuis la petite route qui mène au hameau homonyme, elle m'a tapé dans l'œil par sa majesté et son faîte de buissons. Je n'ai qu'une envie : la voir de plus près. Il faut deviner, entre ronces et orties (mes mollets garderont quelques jours les traces de la balade), le début du chemin qui mène à sa base. Après l'asphalte brûlant, place à la fraîcheur de la sente qui serpente vers le petit torrent dont on devine le gargouillis tout en bas. Chênes et châtaigniers à la pente et masquent l'édifice. Un mur écroulé, un bout de rempart, me voilà enfin nez à nez avec elle. J'enjambe une ficelle, de celles qui servent à lier les bottes de foin, fais semblant de ne pas voir le panneau « propriété privée » et pénètre dans l'édifice par une ouverture dans la muraille effondrée. Haute de 30 mètres, la tour semble encore très solide. Le rez-de-chaussée donne par deux ouvertures sur le vallon. Vue à pic, calme et repos. Les graffitis sur les murs oscillent entre banale obscénité et déclaration d'amour. Mon imagination va plus loin. Lorsque le château était habité, que des gardes surveillaient les environs à l'affût d'envahisseurs. Je reste là à rêver quelques minutes. Je fais le plein d'images, de sensations, un peu déçu de ne pouvoir monter plus haut. Car si mon esprit est leste à s'envoler dans les siècles passés, mon corps, lui, m'empêche d'escalader ces murs de pierre branlants. La tour gardera une part de mystère. Ce n'est sans doute pas plus mal.

jeudi 23 juillet 2015

BD - Canardo sur les traces de la chair fraîche


Il y a un peu du XIII dans la nouvelle enquête de Canardo, le privé imaginé par Sokal. Une jeune femme est retrouvée inconsciente au bord d'un lac. Elle ne se souvient plus de son identité. Seul indice, un tatouage. La ressemblance ne va pas plus loin. Les histoires de Sokal n'ont rien à voir avec celles de Van Hamme. La jeune femme a été recueillie par une famille de pêcheurs d'anguilles du duché de Belgambourg, caricature criante de vérité du Luxembourg. De l'autre côté du lac, la Wallonie et son chômage endémique. 
Les femmes tentent souvent le tout pour le tour pour rejoindre le duché et y trouver du travail. Les plus belles dans la prostitution, les autres comme simples employées de maison. L'amnésique embauche Canardo pour qu'il découvre son identité. Le tatouage étant placé sur la fesse, notre héros (alcoolique et graveleux) peut donc se rincer l'œil. D'autant qu'elle lui montre également une brûlure de cigarette sur un sein, juste à côté du mamelon. 
Fortement teinté de critique sociale, cette histoire vire vers le serial killer et l'espionnage entre nations. Pascal Regnauld dessine la majeure partie de l'album scénarisé par Sokal et son fils, Hugo.

« Canardo » (tome 23), Casterman, 11,50 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Massacre à la tapette

La campagne, son calme, ses charmes insoupçonnés. La faune variée et omniprésente entre autre. Dans le petit village rural où nous sommes partis en villégiature, mon épouse et moi, si beaucoup d'humains n'y résident plus à l'année, les animaux eux sont légion. Trois chiens bruyants (et méchants) gardent l'entrée du hameau. Quelques ânes quémandent une carotte. Dans une étable, un troupeau de vaches attend la traite. Autour des ruminants, des mouches. Des dizaines, des centaines, des milliers de mouches. Voilà bien une bestiole très loin de l'extinction. A chaque repas, elles se délectent des mets déposés sur la table installée dans la cour du presbytère. Après avoir envisagé de rédiger un traité sur les préférences culinaires de ces insectes (confiture et miel se disputent la première place suivis par melon, charcuterie et sodas, sauf les lights), j'ai pris le taureau par les cornes. Plus exactement je me suis armé d'une tapette et commencé le carnage. Au début, je les ratais toutes. Au troisième repas, je parvenais à décimer 80 % du cheptel en moins de cinq minutes. Mais tel le rocher de Sisyphe, une nouvelle génération spontanée réapparaissait dix minutes plus tard. Un second génocide nous apportait quelques instants de paix, avant une nouvelle attaque de ces kamikazes ailés. De cette semaine de farniente, je ramènerai surtout une dextérité indéniable dans le maniement de la tapette. Et s'il existait un championnat régional de chasseur de mouches, je suis certain d'y faire bonne figure.

mercredi 22 juillet 2015

Cinéma - La jeunesse est-elle diabolique ?

Quand on a la quarantaine, pas d'enfant et des projets au point mort, la rencontre d'un jeune couple dynamique peut être déstabilisante comme dans « While We're Young » de Noah Baumbach.


Le résumé du scénario a des airs de film français : un couple, la quarantaine, en pleine crise, rencontre un jeune couple, libre, cool et plein de projets. Un effet miroir sur les regrets d'une jeunesse perdue. Mais là où un cinéaste de la rive gauche aurait fait une œuvre sombre et mélancolique, Noah Baumbach, réalisateur new-yorkais de 45 ans signe une comédie pertinente, très fine, avec une intrigue bourrée de rebondissements. Le tout avec une distribution de prestige dans le cadre de Big Apple, ville-monde magnifiée.

« While We're Young » parlera aux jeunes. Aux vieux aussi. Vieux dans l'esprit des gens c'est dès que l'on passe la barre des 40 ans. Voire moins. Avoir un enfant vous fait basculer immédiatement dans le camp des anciens. Josh (Ben Stiller) et Cornelia (Naomi Watts) s'aiment depuis des années. Mariés, ils partagent tout. Lui est réalisateur de documentaires. Elle productrice. Tous leurs amis ont maintenant des enfants. Eux n'y arrivent pas. Cornelia s'est résignée. Finalement ils s'en félicitent en constatant combien un bébé est un handicap. On devine cependant qu'il manque quelque chose dans ce couple englué dans la routine.

Jeunes et cools
Le déclic viendra de la rencontre de Jamie (Adam Driver) et Darby (Amanda Seyfried). Admirateur du travail de Josh, il veut lui aussi réaliser des films. Elle fabrique des glaces artisanales. Un couple cool, branché, qui semble vivre comme Josh et Cornelia... il y a 20 ans. Un couple peut-il séduire un autre couple ? La question ne se pose pas longtemps dans cette rencontre. Complètement désabusés, les « vieux » se laissent insuffler une énergie nouvelle par les « jeunes ». Soirées arrosées, week-end de méditation (assaisonné de substances hallucinogènes), sortie dans des fripes, cours de hip-hop : Josh et Cornelia revivent. Et logiquement le cinéaste confirmé propose au débutant de l'aider dans un projet sur les retrouvailles par l'intermédiaire de Facebook. Les relations changent, Jamie parvenant à prendre le dessus sur Josh de plus en plus perdu dans ses certitudes professionnelles.
Si la première partie du film est dans le ton de la comédie, Ben Stiller excellant dans cette métamorphose à base de jeunisme, la suite est beaucoup plus sérieuse et aborde de façon assez cash les nouvelles technologies, le désir d'enfant, l'ambition et le désir de célébrité. Mais le sujet principal reste le décalage entre les générations. Se sentant manipulé par Jamie, Josh se demande « Est-il diabolique ? Non, simplement jeune... » Un parfait résumé de l'ambiance du film qui sera perçu de façon totalement différent s'il on a 25 ou 45 ans...

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Naomi Watts, de l'ingénue à la femme mûre

Dans le rôle de Cornelia, la femme de Ben Stiller, on retrouve une Naomi Watts méconnaissable. L'actrice originaire d'Australie a mis de longues années avant de percer à Hollywood. Quelques petits rôles avant la proposition qui lui permettra d'intégrer le top 10 des stars incontournables. Elle crève l'écran dans le rôle de Betty, la jeune ingénue de « Mulholland Drive », chef d'œuvre de David Lynch. Dans la scène d'amour avec Laura Elena Harring, le film atteint des sommets de sensualité. Naomi Watts, belle et parfaite, fait rêver. Elle tape dans l'œil de Peter Jackson qui lui confie le rôle de la belle dans son remake de King Kong. Mais l'actrice a plusieurs cordes à son arc et multiplie les personnages, des thrillers aux comédies en passant par des drames. Dans le film de Noah Baumbach, Naomi Watts endosse la peau d'une femme de 40 ans, en mal de maternité, amoureuse de son mari mais déçue par son inconstance. Elle apporte au film cette prudence féminine qui empêche souvent aux hommes de réaliser les pires bêtises de leur existence. 

DE CHOSES ET D'AUTRES - Faune locale

Le marché nocturne, en plus de thésauriser les calories pour l'hiver prochain, favorise les rencontres. Soit dans les files d'attente (les glaces au lait cru et bio ont un succès bœuf), soit simplement en mangeant. Les immenses tablées favorisent la convivialité. Nous avons pris place au côté d'un couple de Britanniques venus décompresser le temps d'une soirée. Avec ce délicieux accent des anglophones vivant depuis longtemps en France (la « Birkin's touch ») monsieur, chapeauté de blanc, explique qu'il est artiste. Il vient d'apposer la touche finale à son exposition estivale dans le village. Nous n'avons pas le temps de l'interroger sur son style de prédilection qu'une amie le salue bruyamment. Moins chantant, l'accent pointu est estampillé Paris. La dame, depuis peu à la retraite, passe à présent tout l'été dans sa résidence secondaire. « Depuis quand êtes-vous arrivés ? Quand repartez-vous ? Vous passerez dîner à la maison ?» Les questions sonnent aussi faux qu'un « Excusez-moi » lors d'une bousculade dans le métro parisien. Arrive une Américaine volubile. On devine plus d'authenticité, voire d'intéressement, quand la Parisienne demande si elle s'est enfin décidée à acquérir « quelque chose » dans la région. « Toujours pas. On a préféré l'Andalousie, beaucoup moins chère. On attendra de vendre notre maison de Nashville pour acheter ici... ». Malgré (ou à cause de) l'ambiance, la crise financière mondiale me revient en pleine face à la pensée de ces autres migrants économiques d'un tout autre acabit. 

mardi 21 juillet 2015

DVD - Un film pour comprendre le sexe

Sorti directement en DVD, « If you love me... » de l'Australien Josh Lawson s'apparente au film à sketches avec pour sujet principal le sexe et les fantasmes.


Un petit bijou australien sort en plein été, directement en DVD et blu-ray chez WilSide. Ecrit, réalisé et interprété par Josh Lawson c'est un faux film de sexe. Pas de scènes explicites, mais des sketches qui explorent plusieurs fantasmes. Quatre couples, quatre comportements sexuels bizarres. Si Paul vénère les pieds de Maeve, cette dernière rêve secrètement d'être violée par son compagnon si doux et gentil. Un autre couple, lassé de la routine, demande conseil à un psy. Ce dernier les oriente vers les jeux de rôles : endossez de nouvelles identités pour vous redécouvrir. Si cela marche très bien au début, c'est plus compliqué quand le mari se trouvant si bon envisage de devenir acteur. 

Une femme subit les assauts de son mari régulièrement. A la base ils veulent un enfant. Des copulations quasi médicales manquant de tout charme. L'extase, elle ne l'atteint que si son mari est malheureux. Perte d'un proche, film triste sont ses boosters de libido. Enfin ce bureaucrate n'aime sa femme que quand elle dort. I8l est vrai que le reste du temps, elle le houspille méchamment.

Avec ces situations cocasses, le réalisateur concocte une comédie irrésistibles où l'humour est omniprésent. Le tout dans une réalisation élégante, jamais vulgaire malgré le sujet parfois très osé.
Certes le tout fait un peu bricolé, comme s'il avait découpé et remonté plusieurs courts-métrages. L'interprétation permet de faire passer la pilule, la fin, pleine d'optimisme sur l'Amour avec un grand « A », concluant cette comédie qui devrait permettre à Josh Lawson de conquérir Hollywood, si ce n'est en tant qu'acteur (il joue déjà dans plusieurs séries télé) au moins en tant que scénariste.

Il est triste, elle adore, au point d'atteindre l'orgasme. Le film nous apprend qu'il s'agit de « Dacryphilie, plaisir sexuel à voir quelqu'un pleurer ».

DE CHOSES ET D'AUTRES - Marché ou rêve

Une fois installés dans le presbytère de nos amis de ce hameau rural et verdoyant, se pose rapidement la question de tout vacancier encore dans le rythme d'une année d'activités intenses : on fait quoi maintenant ? Par chance nous sommes arrivés le jour du marché nocturne hebdomadaire d'un gros bourg, distant de deux kilomètres à vol d'oiseau, sept par la route aussi sinueuse que la démarche d'un touriste tombé dans un traquenard rue de la Soif à Canet. Pas le banal marché avec fruits défraîchis et habits des années 70 mais celui dit « de producteurs » où l'on peut déguster le meilleur de la gastronomie locale. Un véritable cauchemar pour ma femme qui ne désespère pas de me faire perdre ma quinzaine de kilos en trop. Entre aligot et truffade, une seule bouchée suffit à combler les besoins en calories et protéines d'une journée de régime. Tout est fait pour transformer la soirée en sommet de la convivialité. De grandes tables sont installées au centre de la place, les stands disposés autour des arcades moyenâgeuses. A trente mètres on sent la douce odeur des saucisses qui grillent. A moins que ce ne soit ces généreuses brochettes de magret de canard. D'autres fumets me titillent les narines : fromage de chèvre, melon à point, jambon sec... Bref, un rêve éveillé pour mon estomac affamé. Glandes salivaires en pleine production, je suis coupé dans mon élan quand le choix du menu tombe. « Bon, on va prendre des assiettes gourmandes : de la salade, du pâté, des rillettes et du cou farci. » « Et deux portions d'aligot... », ça y est, je bave... C'est beau l'amour.