Dans la vie, il y a les sujets futiles et les autres, les sérieux, ceux qui taraudent les grands esprits et suscitent des polémiques sans fin. Aujourd'hui je ne vais pas vous parler de la crise grecque ni de la corrélation entre austérité et montée des extrémismes. Non, ce qui me perturbe actuellement est d'une tout autre importance. J'en fais des cauchemars : faut-il oui ou non pincer les gourmands des tomates ?
Tout jardinier en herbe se retrouve un jour face à ce dilemme. Si la majorité des avis conseille de supprimer ces petites repousses, susceptibles d'absorber la force et la sève des futures tomates, quelques voix dissonantes se font entendre. Leur principal argument : les gourmands aussi peuvent se charger de fruits. En les laissant prospérer, on peut doubler sa production.
Alors, qui a raison ? Faut-il laisser la tomate pousser en toute liberté ou la tailler ? N'ayant que peu la main verte, ces hésitations expliquent peut-être mon manque de réussite en matière de culture maraîchère. Au début, je suis vigilant. Pas un gourmand ne dépasse les deux centimètres. En plus j'avoue adorer renifler mes doigts et cette odeur synonyme d'été. Mais souvent j'en oublie un. Et quand je m'en aperçois, c'est trop tard. Résultat, pas de tomates sur le gourmand. Encore moins sur la tige principale.
Ça, pour être envahi de punaises malodorantes je suis bon, mais pour ce qui est des tomates juteuses, je devrai comme chaque année aller en acheter quelques kilos chez une voisine qui, elle, a certainement résolu ce problème métaphysique de gourmands depuis très longtemps.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mercredi 10 juin 2015
DE CHOSES ET D'AUTRES - Ascenseur occupé
Les Japonais pensent à tout. Ou presque. L'archipel, fréquemment sujet à des séismes, se retrouve sans électricité durant des périodes plus ou moins longues. Conséquence : les ascenseurs se retrouvent bloqués avec quelques naufragés à l'intérieur. Les fabricants nippons ont donc l'intention d'équiper les cabines de réserves d'eau potable et de... toilettes portables. Si par malheur le « Big One » frappait le Japon, les estimations font état de 17 000 personnes bloquées dans les 700 000 ascenseurs du pays.
Imaginez. Vous êtes l'un de ces 17 000 malheureux contraints de cohabiter de longues heures dans un espace très restreint. Forcément, à un moment la nature reprendra le dessus, vous serez saisi d'une envie irrépressible de faire pipi. Ou pire (le stress engendre souvent une torsion des boyaux). D'une situation simplement embarrassante, on se retrouve dans une galère cauchemardesque.
Si vous avez la chance d'être l'unique occupant, seuls les secours constateront les dégâts. Mais si un (ou une) inconnu partage votre infortune : « Excusez-moi, mais je ne peux plus me retenir. Ne regardez pas. Et retenez votre respiration un bon quart d'heure... » « Pas très intimes ces toilettes portables. Et je ne trouve pas la chasse. Désolé. »
Le pire : se retenir des heures et craquer une minute avant le retour de l'électricité. Non seulement vous vous retrouvez en train de déféquer devant vos compagnons de galère, mais en plus vous n'avez pas le temps de vous reculotter avant l'ouverture des portes et l'arrivée de sauveteurs (lesquels font immédiatement demi-tour à cause de l'odeur). De quoi ne jamais plus prendre un ascenseur et cauchemarder jusqu'à la fin de son existence.
Imaginez. Vous êtes l'un de ces 17 000 malheureux contraints de cohabiter de longues heures dans un espace très restreint. Forcément, à un moment la nature reprendra le dessus, vous serez saisi d'une envie irrépressible de faire pipi. Ou pire (le stress engendre souvent une torsion des boyaux). D'une situation simplement embarrassante, on se retrouve dans une galère cauchemardesque.
Si vous avez la chance d'être l'unique occupant, seuls les secours constateront les dégâts. Mais si un (ou une) inconnu partage votre infortune : « Excusez-moi, mais je ne peux plus me retenir. Ne regardez pas. Et retenez votre respiration un bon quart d'heure... » « Pas très intimes ces toilettes portables. Et je ne trouve pas la chasse. Désolé. »
Le pire : se retenir des heures et craquer une minute avant le retour de l'électricité. Non seulement vous vous retrouvez en train de déféquer devant vos compagnons de galère, mais en plus vous n'avez pas le temps de vous reculotter avant l'ouverture des portes et l'arrivée de sauveteurs (lesquels font immédiatement demi-tour à cause de l'odeur). De quoi ne jamais plus prendre un ascenseur et cauchemarder jusqu'à la fin de son existence.
mardi 9 juin 2015
Cinéma - Faire sauter le verrou des regrets avec Manglehorn
Al Pacino est remarquable de sincérité dans « Manglehorn », comédie dramatique de David Gordon Green sur les espoirs déçus d'un vieux serrurier solitaire.
Papy Pacino s’est habitué à jouer des rôles de vieillards taciturnes. Le beau jeune homme est loin mais son talent de comédien intact. Il a simplement adapté phrasé, démarche et mimique à son nouveau statut de représentant du 3e âge. Cela n’empêche pas les sentiments. La preuve avec « Manglehorn », film de David Gordon Green, réalisateur du récent « Joe » avec Nicolas Cage. Manglehorn c’est le nom du personnage principal interprété par Al Pacino. Serrurier dans une petite ville des USA, il ouvre sa boutique tous les jours aux aurores, se déplace pour dépanner les distraits ou malchanceux (clefs oubliées à l’intérieur de la voiture, trousseau perdu...)
Chaque vendredi après-midi, il va déposer à la banque la recette de sa semaine. Il choisit son guichet, celui occupé par la belle et douce Dawn (Holly Hunter). Cinq minutes de bavardages pour se tenir au courant de la santé de leurs animaux respectifs. Dawn a un chien, Manglehorn une chatte. Deux solitaires résignés sur le point de tenter de nouveau le grand saut de l’amour.
Amour perdu
Film sur le regret et le temps qui passe, cette comédie dramatique dresse le portrait d’un homme insatisfait. Sans trop en dévoiler sur sa vie, le réalisateur montre les deux facettes de ce serrurier fatigué. Vieux et bourru, il limite au maximum ses relations avec les autres adultes. Il préfère de loin la compagnie de sa chatte et de sa petite-fille Kylie. Papy gâteau, maître attentionné : il ne laisse rien voir de ses profondes blessures intérieures.
Par petites touches, le spectateur découvre le grand drame de cet homme. Jeune, il a rencontré la femme de sa vie. Mais n’a pas su la retenir. Il s’est marié avec une autre. Lui a fait un enfant. Sans jamais oublier l’autre. Presque chaque jour il lui écrit des poèmes pour tenter de renouer avec elle. Depuis des décennies. Pas de réponse. Les lettres reviennent à l’expéditeur sans jamais être ouvertes. Comment vivre avec ce poids ? La force d’Al Pacino s’exprime parfaitement dans cette mélancolie si lourde à porter. On sent Manglehorn en permanence au bord de la rupture. Partagé entre l’envie d’en finir, rongé par des regrets, et celle de faire un grand ménage, de se donner une seconde chance tant qu’il est encore temps.
Une histoire universelle, sur les choix d’une vie et son acceptation.
________________
Du chien fou au papy solitaire
Al Pacino, 75 ans, n’a jamais cessé de tourner ou de jouer la comédie au théâtre. Une vie plus que bien remplie avec des classiques, des moments de bravoure, des répliques cultes et une « gueule » reconnaissable entre toutes. Ce fils d’émigrés italiens a débuté au théâtre. Il ne tourne son premier film qu’en 1969 à près de 30 ans. Rapidement remarqué, il explose littéralement dans « Le Parrain » de Francis Ford Coppola. Il passe haut la main la confrontation avec Marlon Brando. Mais pour toute une génération, son meilleur rôle, le plus marquant et étonnant, reste celui du gangster bloqué dans une banque au cours d’un braquage qui tourne mal. « Un après-midi de chien » de Sidney Lumet est du même tonneau que « Taxi driver » pour De Niro. Après de telles prestations, si on est acteur, on se dit que jamais on ne pourra faire mieux. Si on désire le devenir, c’est le maître étalon à conserver en permanence dans un coin de sa tête. Al Pacino a tourné dans plus de 70 films depuis. Il a abordé tous les registres, avec maestria et bonheur. Même en papy solitaire, rongé par le remords du film « Manglehorn », il reste crédible à 100 %. Chapeau l’artiste.
lundi 8 juin 2015
Polar - Fitz au paradis des nantis
Le héros décalé d'Olivier Gay, quitte l'Hexagone pour sa quatrième aventure. Danger permanent malgré le cadre idyllique : une ile paradisiaque dans l'Océan Indien.
Quand un écrivain tient un bon personnage, il s'y accroche et ne lâche pas l'affaire. Olivier Gay a débuté sa carrière avec un roman policier mettant en scène les déboires de Fitz, un dandy qui passe ses nuits dans les clubs à séduire les femmes et revendre de petites doses de cocaïne. Fitz, fataliste, pleutre, sans foi ni loi. Pas spécialement le héros auquel on aime s'identifier. Et pourtant...
Tout le talent d'Olivier Gay est de rendre sympathique ce prétentieux à qui on aimerait parfois fracasser une bouteille de vodka sur le crâne. Ses histoires de cœur, sa fidélité en amitié, ses gueules de bois lui confèrent un côté gros nounours qu'on désire protéger. Pour cette quatrième aventure, Fitz va délaisser les boites branchées de Paris pour se frotter aux plus grosses fortunes de la planète, sur une île paradisiaque dans l'Océan indien, au cours d'une vente aux enchères d'œuvres d'art rares et hors de prix.
Service à rendre
Mais tout commence par une soirée comme toujours dans la vie de Fitz. Il danse et drague, tout en repérant des clients potentiels. Pas de chance, la jolie nénette sur qui il flashe est en réalité une flic des stups. Heureusement une fusillade dans le club lui permet de prendre la poudre d'escampette. Chez lui, il est accueilli par un message de Bob, son ami hacker. Ils communiquent par ordinateurs interposés. Fitz a une dette envers Bob et ce dernier entend bien se faire rembourser. Il demande à Fitz de se faire passer pour un riche amateur d'art, de participer à la fameuse vente aux enchères et de profiter de son séjour sur l'ile pour poser un mouchard espion sur l'ordinateur du milliardaire organisateur.
Une mission à la OSS 117. Ou tendance San Antonio quand Frédéric Dard le faisait voyager aux quatre coins de la planète. Le roman est bourré d'ironie sur les doutes de Fitz. Il sait que la mission n'est pas sans risque. Comme il ne peut refuser, il décide de se préparer physiquement en demandant à son ami Moussah, colosse officiant comme vigile, de lui apprendre les rudiments du combat. « Pendant des années, je n'avais joué que le rôle de victime. Je m'étais laissé attacher, tabasser, tirer dessus, cogner dans la rue, dans mon appartement, sans jamais pouvoir riposter (…) J'avais envie, pour une fois, de ne pas me montrer aussi faible et ridicule que d'habitude. » Mais en deux jours, impossible de faire des miracles. Verdict de Moussah : « Y a des mecs doués, et des mecs pas doués. Toi, tu es juste irrécupérable. » Donc une fois sur l'île, Fitz va encore en prendre plein la tronche.
Par chance il est toujours aussi intelligent et est accompagné de Jessica, son ex petite-amie par ailleurs commissaire de police rompue, elle, à tous les arts martiaux. Autant roman psychologique que polar, « Trois fourmis en file indienne » fourmille de scènes cocasses, de personnages hauts en couleurs et de coups de théâtre alambiqués, grande spécialité d'Olivier Gay.
« Trois fourmis en file indienne », Olivier Gay, Éditions du Masque, 16 €
dimanche 7 juin 2015
DE CHOSES ET D'AUTRES - Matt ne viendra pas
Catastrophe pour les cœurs d'artichaut des adolescentes pré-pubères : Matt Pokora ne se produira pas à Argelès le 25 juillet. Ainsi qu'à Juan Les Pins et Bayonne, le concert vient d'être annulé.
Bon, perso, ça ne me fait ni chaud ni froid. J'aurais même tendance à me réjouir du non-événement. Sur le site de l'Indep' qui annonce ce regrettable contretemps, Rick émet ce jugement critique : « C'est pas un chanteur, juste un mannequin qui gesticule sur des chansonnettes grotesques. » A moi aussi, le succès de cette gravure de mode sponsorisée par TF1, aux ritournelles dramatiquement débilitantes, m'a toujours paru louche. Et d'espérer que le phénomène (dans tous les sens du terme) soit en phase déclinante. En mon for intérieur, je me persuade que l'annulation ne peut venir que d'une désaffection des réservations.
Ce serait être naïf et croire que la grande entreprise de décervelage de la jeunesse française patiemment fomentée par les médias de masse est sur le point d'échouer. Non, l'explication est tout autre : Matt Pokora ne vient pas à Argelès car la scène de son spectacle est trop grande pour le site. Impossible matériellement de la monter au pied du château de Valmy. Il restera aux fans locales la possibilité de se pâmer d'amour (il paraît que c'est l'effet principal de Matt Pokora auprès de la gent féminine de moins de 14 ans) le 18 juillet à la Fajeolle à Carcassonne.
Quant à moi, je me console en m'abonnant à la page Facebook de « Ceux qui n'aiment pas la musique de Matt Pokora ». Nous ne sommes que 620... Contre plus de deux millions à la page officielle du chanteur.
En bonus vidéo, cette analyse parfaite du dernier clip de Matt Pokora. Habillé pour l'hiver, le jeune homme...
Ce serait être naïf et croire que la grande entreprise de décervelage de la jeunesse française patiemment fomentée par les médias de masse est sur le point d'échouer. Non, l'explication est tout autre : Matt Pokora ne vient pas à Argelès car la scène de son spectacle est trop grande pour le site. Impossible matériellement de la monter au pied du château de Valmy. Il restera aux fans locales la possibilité de se pâmer d'amour (il paraît que c'est l'effet principal de Matt Pokora auprès de la gent féminine de moins de 14 ans) le 18 juillet à la Fajeolle à Carcassonne.
Quant à moi, je me console en m'abonnant à la page Facebook de « Ceux qui n'aiment pas la musique de Matt Pokora ». Nous ne sommes que 620... Contre plus de deux millions à la page officielle du chanteur.
En bonus vidéo, cette analyse parfaite du dernier clip de Matt Pokora. Habillé pour l'hiver, le jeune homme...
samedi 6 juin 2015
BD - Récits parallèles de Tromelin aux moulins de Don Quichotte
Un dessinateur sur les traces d’esclaves naufragés dans l’Océan indien, un marines américain qui se prend pour Don Quichotte : ces deux albums, le premier de Savoia, le second de Lax explorent la voie de la double narration en parallèle.
En 1761, un navire négrier fait naufrage sur un îlot perdu entre Madagascar et La Réunion. Avec les débris de l’épave, les marin français confectionnent un esquif de secours. Mais il est trop petit pour accueillir à son bord tous les naufragés. 80 esclaves sont abandonnés à leur sort sur l’île de Tromelin qui n’a pas encore de nom. Les rares survivants, une poignée de femmes et un bébé, seront secourus quinze ans plus tard par le chevalier de Tromelin. Cette histoire, caractéristique de la façon étaient traités les esclaves originaires de Madagascar, a failli être totalement oubliée. Au début des années 2000, quelques chercheurs ont monté une expédition pour retrouver les traces archéologiques de ces “Esclaves oubliés de Tromelin”. Sylvain Savoia, dessinateur de Marzi, a eu la chance de faire partie de cette mission de quelques semaines. Il raconte en dessin cette plongée dans l’adversité. Tromelin, simple base météo, est une bande de sable peuplée de bernard-l’hermite, de fous et parfois de tortues quand elles viennent pondre sur la plage. Une solitude qu’il décrit minutieusement. Un reportage en parallèle avec l’histoire de ces esclaves, obligés de survivre avec rien. Les deux ambiances alternent avec bonheur, donnant encore plus de relief aux recherches de cette dizaine de scientifiques.
Passé et présent s’imbriquent aussi dans “Un certain Cervantès”, gros roman graphique en noir et blanc signé Lax. Cervantes, Mike de son prénom, est un Américain de base, obligé de s’enrôler dans les marines pour éviter la prison pour culture et consommation de cannabis. En Afghanistan, son blindé saute sur une mine. Une main blessée, il reste de longs mois prisonniers des Talibans. Comme son homonyme, Miguel de Cervantès, capturé par les Arabes en 1571. L’Espagnol, de retour au pays, imagine Don Quichotte. Le soldat américain lui aussi retrouve enfin la terre de ses ancêtres. Une main en moins et une sourde révolte enfouie au plus profond de son être. Lax raconte comment cet écorché vif va complètement dérailler et se prendre pour Don Quichotte. Il va tenter d’aider un clandestin, puis détruire le matériel de propagande d’une société immobilière qui fait son beurre sur les faillites des subprimes. Il ira se cacher dans une réserve indienne avant de s’attaquer à un télévangéliste, symbole de la nouvelle inquisition. Ce long récit (200 pages dessinées au lavis), un peu désenchanté, mais plein d’espoir quand même, non seulement nous apprend beaucoup sur la crise sociale aux USA, mais également sur l’existence mouvementée de ce grand visionnaire que fut Miguel de Cervantès.
“Les esclaves oubliés de Tromelin”, Dupuis, 20,50 euros
“Un certain Cervantes”, Futuropolis, 26 euros
vendredi 5 juin 2015
BD - Les Malraux, aventuriers
André Malraux, immense figure culturelle française, doit beaucoup à sa première épouse, Clara. Née Goldschmidt, la jeune femme d'origine allemande, riche et cultivée, travaille en 1920 comme traductrice de la revue d'avant-garde Action. C'est dans ce cadre qu'elle rencontre André, jeune lettré bourré de talent et ambitieux. Ils s'aiment, se marient mais se promettent de rester indépendants et de divorcer.
André se révèle rapidement très misogyne. En public, il ne supporte pas que sa femme donne son avis ou participe à des discussions intellectuelles. Clara semble étouffer, mais son amour et son admiration sont plus forts. Dans ce roman graphique en noir et blanc, adapté par Virginie Greiner et dessiné par Daphné Collignon, on suit le couple au Cambodge. Ruiné après de mauvais placements, il décide, sous couvert d'une mission archéologique, de dérober des bas-reliefs d'un temple Khmer pour les revendre à de riches collectionneurs américains. Démasqués, les Malraux seront jugés.
Directement tirée des mémoires de Clara, cette histoire montre une femme éprise de liberté mais encore très dépendante d'un homme intelligent à l'attitude encore dramatiquement inégalitaire avec les femmes, notamment la sienne.
« Avant l'heure du tigre », Glénat, 22 €
jeudi 4 juin 2015
BD - Trois femmes à la dérive
Remarquable roman graphique d'une femme sur les femmes, « Comment naissent les araignées » transporte le lecteur dans une Amérique encore marquée par les inégalités sociales et raciales. Pour sa première œuvre en solo, Marion Laurent croque le portrait de trois femmes que le destin va se faire rencontrer. Alice, blonde de 16 ans, trop couvée par sa mère, cherche l'amour. Sa propre personnalité aussi. Isadora est une clocharde alcoolique. Elle se noie dans le gin comme pour oublier ce qu'elle a été autrefois. Billie est Noire. Fervente catholique. Mais amoureuse d'un Blanc, ce que son frère n'accepte pas.
Un drôle de trio, en rupture de ban, dans la même galère à la recherche d'un ailleurs. Dans une voiture d'emprunt, elles partent vers le Sud. Alice pour retrouver l'homme qu'elle croit aimer, Isadora son passé, Billie pour oublier sa famille. Elles vont parler, se comprendre, se disputer, s'aider et retrouver un sens à leurs vies. D'une grande sensibilité, ces trois portraits se complètent avec celui de Dwight, le chevalier servant d'Alice, mystérieux et encore plus marqué par les coups du sort.
« Comment naissent les araignées », Casterman, 23 €
DE CHOSES ET D'AUTRES - Éloge du trou
Présentée comme une « percée scientifique » par le magazine « Sciences et avenir », des chercheurs viennent de résoudre l'énigme de la formation des trous dans les fromages, notamment l'Emmental suisse. C'est vrai ça, d'où viennent-ils ces trous ? Gamin, j'ai d'abord pensé que ces creux étaient rajoutés après la coupe. Juste pour enlever un peu de matière. Plus tard, j'ai compris que ces sphères parfaites se formaient à l'intérieur des grosses meules. Peut-être en les perçant à l'aide de fines pailles et en soufflant une bulle d'air. Explications idiotes pour un mystère complet. Jusqu'à la découverte de la semaine dernière.
En passant une meule au crible durant sa maturation, l'Institut des sciences en denrées alimentaires basé à Berne a mis en évidence l'action de petites particules de foin. Microscopiques, une fois dans le fromage, elles fermentent et dégagent du gaz qui repousse la pâte. Une explication d'autant plus crédible que les producteurs ont constaté que leurs fromages présentaient beaucoup moins de trous depuis que les vaches ne sont plus traites à la main mais par des machines dans des étables mieux isolées. Résultat, on croit acheter du fromage et on se retrouve avec des trous causés par du foin. Sacrée tromperie sur la marchandise.
Reste maintenant aux chercheurs à se pencher sur le fameux paradoxe du fromage à trous, syllogisme imparable et très déstabilisant : « Plus il y a de fromage, plus il y a de trous ; or plus il y a de trous, moins il y a de fromage ; donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage. »
En passant une meule au crible durant sa maturation, l'Institut des sciences en denrées alimentaires basé à Berne a mis en évidence l'action de petites particules de foin. Microscopiques, une fois dans le fromage, elles fermentent et dégagent du gaz qui repousse la pâte. Une explication d'autant plus crédible que les producteurs ont constaté que leurs fromages présentaient beaucoup moins de trous depuis que les vaches ne sont plus traites à la main mais par des machines dans des étables mieux isolées. Résultat, on croit acheter du fromage et on se retrouve avec des trous causés par du foin. Sacrée tromperie sur la marchandise.
Reste maintenant aux chercheurs à se pencher sur le fameux paradoxe du fromage à trous, syllogisme imparable et très déstabilisant : « Plus il y a de fromage, plus il y a de trous ; or plus il y a de trous, moins il y a de fromage ; donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage. »
mercredi 3 juin 2015
BD - Retour en Arménie
Récemment, l'Arménie a célébré le centenaire du début du génocide par la Turquie. De très nombreux chefs d'État, dont François Hollande, étaient présents à Erevan. Pour mieux comprendre cette tragique page de l'histoire européenne, ce reportage dessiné est essentiel. Laure Marchand et Guillaume Perrier sont deux journalistes spécialistes de l'Arménie. Ils ont longtemps vécu à Istanbul et dans cet album dessiné par Thomas Azuélos, ils retracent le voyage de Christian Varoujan Arin, un militant français de la cause arménienne. Installé à Marseille, il n'a jamais osé retourner sur la terre de ses ancêtres.
Ce périple, sur les traces de son passé, donne la parole à ceux qui sont restés en Turquie. Les descendants des hommes et femmes qui ont participé au massacre racontent leur malaise. Varoujan rencontre aussi les petits-fils des rares survivants, obligés de se convertir à l'Islam, en train de redécouvrir leurs origines malgré la chape de plomb que l'état turc veut toujours maintenir sur ces événements. Entre espoir et douleur, un voyage qui ne peut laisser indifférent.
« Le fantôme arménien », Futuropolis, 19 €
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