lundi 18 mai 2015

Cinéma - Entraide féminine en Iran

L’une est taxi pour payer ses dettes, l’autre veut éviter un mariage forcé. « Une femme iranienne » présente deux visions opposées de la réalité de ce pays islamique.


Le cinéma donne l'occasion de voyager simplement. Et sans les risques de l'avion. Un mois après le remarquable « Taxi Téhéran », offrez-vous un nouveau périple dans Téhéran, ses rues, sa circulation intense et sa population écartelée entre volonté d'émancipation et respect des règles religieuses strictes.



« Une femme iranienne » de Negar Azarbayjani débute comme le film de Jafar Panahi : dans un taxi avec un gros plan sur le chauffeur. Mais cette fois, une femme est au volant. Rana (Ghazal Shakeri) est contrainte de conduire clandestinement la voiture de son mari pour rembourser ses dettes. Lui se retrouve en prison. Toujours à cause de cet argent si difficile à gagner. Rana, très religieuse, stricte, cache cette réalité à sa belle-famille. Son travail officiel, dans la couture, est plus politiquement correct. Mais il ne suffit pas. Rana rode la nuit et transporte hommes et femmes dans les quartiers de Téhéran les plus éloignés de son domicile.
L'autre personnage principal du film est interprété par Shayesteh Irani. Adineh est jeune, riche et désespérée. Elle attend un passeport avec impatience pour fuir son pays natal. L'échéance approche inexorablement. Son père a décidé de la marier la semaine prochaine avec son cousin. Un mariage forcé synonyme de perte de liberté.

Amitié naissante
Autant Rana est classique, dévouée à son mari, bonne mère et respectueuse des préceptes de l'Islam, autant Adineh rue dans les brancards. Tête rasée, elle délaisse le foulard classique pour une sorte de capuche bonnet. Elle fume et n'hésite pas à aller dans les toilettes des hommes pour ne pas attendre chez les femmes. Et quand deux machos la draguent, après les insultes, elle n'hésite pas à se battre. C'est dans ces conditions un peu extrêmes que les deux héroïnes se rencontrent. Rana accepte de prendre Adineh dans son taxi clandestin. Et la jeune fugueuse propose à la mère de famille de la conduire loin dans une ville de province, le temps de laisser passer la date du mariage. Une forte somme à la clé; la solution inespérée aux problèmes financiers de Rana. Toute la force du film réside dans la découverte mutuelle des univers des deux Iraniennes si différentes. 
Pour Rana, se marier est la solution aux problèmes. Pour Adineh, vivre à l'étranger lui permettra de vivre exactement comme elle veut. La réalisatrice, là où on s'attend à une simple photographie de la condition féminine en Iran, va beaucoup plus loin. Ce n'est pas tant des femmes qu'elle parle que de la différence entre les femmes et les hommes. Simples auxiliaires du mari tout puissant, les femmes n'ont pas la possibilité de vivre par elles mêmes. En dehors de ces cas extrêmes. Rana y est obligée car son mari est en prison. Adineh car elle cache un lourd secret lui empêchant à jamais d'être heureuse dans ce milieu.
Tout en subtilité, ce long-métrage gagne en émotion quand la situation d'Adineh se complique et que Rana, s'étant découverte une véritable amie, va devoir réviser son jugement sur les interdits imposés aux femmes.

dimanche 17 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Naufrage républicain

Le retour en politique de Nicolas Sarkozy évoque une émission de téléréalité en manque de scénaristes inspirés. Sans doute pour se rapprocher de la fameuse « France d'en bas », ses conseillers le persuadent de répondre sur Twitter aux questions des internautes. Pour faire jeune, connecté, à l'écoute...

L'opération de communication autour de la création du nouveau parti « Les Républicains » se solde par une bonne tranche de rigolade. Des milliers de participants et une grande majorité de détracteurs. Sarcastiques voire méchants, beaucoup l'interrogent sur Bygmalion, l'argent, Kadhafi, les mises en examen et autres affaires judiciaires en cours. L'exercice s'annonce périlleux. Alors l'ancien président tranche. Il esquive les sujets qui fâchent et se concentre sur le sérieux, le concret, ce qui engage l'avenir de la France.
Enfin pas toujours, car il ressort également de ces échanges que Nicolas Sarkozy apprécie la série télé « Homeland », qu'il travaille à améliorer son revers au tennis et qu'il se tâte quant à sa participation à l'émission de Cyril Hanouna. Essentiel aussi : entre chien et chat, son choix est simple, il a les deux à la maison (émoticones de matou et toutou à l'appui)... pathétique.
Mais pas autant que l'intervention d'un certain @Sarko_Junior (Louis Sarkozy, son fils...) « Je peux avoir une plus grande télévision pour ma chambre ? » Sarko père de marchander : « Je suis prêt à échanger une plus grande TV contre la suppression de ton addiction à ton ordi. » Réponse retwittée des milliers de fois et moquée tout autant. 

samedi 16 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'archipel des gourdes

Rien de tel qu'un petit scandale pour relancer une carrière chancelante. Nabilla, reine des gourdes, manquait de consistance. Un coup de couteau et un mois de prison plus tard, la bimbo nunuche prend du galon tendance racaille. Après le scandale, son avocat annonce sa mise en retrait de la vie people.

Chassez le naturel, il revient au galop. Non seulement elle se remet en couple avec l'homme qu'elle a tenté de trucider, mais elle annonce la prochaine publication d'un livre-événement. Comme le fait perfidement remarquer un Twittos, « Nabilla va sortir un livre qui fera du bruit. Un disque, quoi... »
Sans rire, il me tarde de découvrir ce témoignage poignant (le cas de le dire) sur la triste condition des femmes en prison. En comparaison, L'archipel du Goulag de Soljenitsyne ou Le condamné à mort de Jean Genet passeront pour pipi de chat. Amnesty International va gagner une fervente militante de la défense des droits de l'Homme. Mais à quoi peut bien ressembler un livre de Nabilla ?
J'imagine déjà le chapitre où elle explique sa douloureuse rééducation de la marche... sans talon. « Tombée quatre fois en arrière aujourd'hui. Marre d'être naine. » Le plus dur, l'obligation de dormir la nuit. « Trop crevée. Pire qu'un jetlag entre Los Angeles et Monaco. » Je cauchemarde presque face au succès assuré du bouquin. Les Français, après s'être précipités sur les secrets d'alcôve distillés par Valérie Trierweiler, dévoreront avidement le « livre » de Nabilla dont la qualité littéraire atteindra certainement les sommets de sa distinction naturelle.

vendredi 15 mai 2015

Essai - Lebowski, dieu des Achievers

Chef-d’œuvre des frères Coen, « The Big Lebowski » ressort au cinéma et est au centre d’un passionnant livre hommage.


Si, quand un ami vous exaspère avec ses bavardages intempestifs, au lieu de simplement lui dire “Tais-toi” vous lui hurlez “Ferme ta putain de gueule, Donny”, si vous buvez une moyenne de six “sodas à l’avoine” par jour et si vous apportez une importance démesurée à un tapis, pas de doute vous avez des chances de faire partie des Achievers. Ce n’est pas une maladie (bien que...) mais simplement la constatation que le film “The Big Lebowski” des frères Coen vous a marqué plus que de raison. Vous pourriez intégrer l'armée de fans qui se nomment ainsi depuis une quinzaine d’années.


Sorti à la fin des années 90, cette histoire d’homonymie foireuse avec Jeff Bridges dans le rôle du “Dude”, est devenue un véritable film culte. Les fans se comptent par milliers et se retrouvent chaque année au cours d’un mémorable “Lebowski Fest”. Les créateurs de cet happening cinématographique ont décliné leur folie sous forme d’un livre, « Je suis un Lebowski, tu es un Lebowski ». On y trouve tout sur le film, des portraits de ceux qui ont inspiré les réalisateurs aux lieux de tournage et quizz pour spécialiste. En plus d’une préface de Jeff Bridges, les autres acteurs ont accepté des interviews, de John Goodman, inoubliable interprète de Walter, l’ancien marine philosophe expert en leurre composé de slip sales en passant par John Turturo, devenu Jésus Quintana dans le film, joueur de bowling au costume et postures inimitables.

Presque une religion
Mais le succès du film doit avant tout à la personnalité du Dude. Comme s’il était normal de s’identifier à un looser absolu, carburant au White Russian (la recette du cocktail est en page 253 du bouquin), capable de faire ses courses en peignoir et de prendre son bain en compagnie d’une marmotte en peluche. Le Dude, nonchalant, incapable de violence, grande gueule, charmeur, fainéant et aussi gaffeur impénitent. Pris pour un autre Lebowski, des petites frappes le martyrisent. Il va donc demander réparation, entre deux parties de bowling avec Walter et Donny et son autre “activité” préférée, siroter des cocktails, avachi dans son canapé. Certains Achievers ont carrément transformé tout cela en religion. Au grand désespoir des frères Coen, amusés mais assez peu impliqués malgré le succès.
Chance, “The Big Lebowski” ressort cette semaine au Castillet à Perpignan. Allez le voir avant de lire le livre. Ou l’inverse. Ça marche aussi.

« Je suis un Lebowski, tu es un Lebowski », Séguier, 21 euros.


jeudi 14 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Esthétisation de la mort

Le monde de l'art contemporain pleure Chris Burden, décédé à Los Angeles à 69 ans. Américain originaire de Boston, sa cote explose dès 1971 lors de sa performance intitulée « Shoot ». Un idée toute simple, mais risquée. La caméra vidéo, l'arme et l'artiste dans la ligne de mire qui se fait tirer dessus. Pan ! C'est de l'art.

Dans le même genre, il se transforme en Christ des temps modernes lors de sa crucifixion sur une voiture. Avec de vrais clous, évidemment. L'âge aidant, il abandonne ces pratiques extrêmes pour des œuvres monumentales. La plus connue est installée au musée du LACMA de Los Angeles, 202 lampadaires gris des années 20 et 30 de l'âge d'or d'Hollywood, tous de tailles différentes, forment « Urban Light ». Cette forêt lumineuse remporte un tel succès qu'elle devient l'un des rendez-vous privilégié des Californiens.
Si la performance « Shoot » avait mal tourné, la renommée Chris Burden serait retombée comme un soufflé (aux pruneaux). Mais sa mort aurait été l'apothéose de son parcours créatif. Reste à savoir si la vidéo aurait conservé son statut de performance ou endossé celui de pièce à conviction dans une affaire criminelle ?
Question création morbide, le président de Corée du Nord surpasse Burden. La semaine dernière, Kim Jong-un pique une colère froide. Lors d'une parade militaire, son ministre de la Défense, au lieu de s'enthousiasmer, ose une sieste réparatrice. Cinq jours plus tard, le-dit ministre se transforme en chair à canon. Au sens propre : exécuté en public... à la batterie antiaérienne. Burden aurait certainement apprécié la vidéo de cette mise à mort. 

mercredi 13 mai 2015

DVD - Le Texas crépusculaire de "Cold in July"

Un citoyen ordinaire et deux vétérans de Corée dans “Cold in July”, polar tiré d'un roman de Joe R. Lansdale.

Trois stars pour un film aux trois ambiances. Ce polar de Jim Mickle a le gros avantage d’alterner les situations. Un début thriller, une suite comédie comique et un final explosif et sanglant. Un seul DVD mais quasiment trois films différents.
Richard Dane (Michael C. Hall, inoubliable Dexter à la télévision) est réveillé par l’intrusion d’un cambrioleur dans son salon. Marié un enfant, il descend au rez-de-chaussée avec le revolver légué par son père. Panique. Tir. Le voleur est abattu.
Richard devient un héros ordinaire dans ce Texas de la fin des années 80. Problème, le cambrioleur avait un père (Sam Shepard). Il vient de sortir de prison et se met à terroriser la famille de Richard. Ce sont les 20 premières minutes thriller, avec angoisse et terreur. Certains réalisateurs auraient tiré sur la ficelle jusqu’à plus soif. Mickle, passé par le cinéma d’horreur, est plus subtil. Il parvient à conclure la première partie sur une note d’espoir.

Mais la conscience de Richard lui joue des tours. Il se renseigne sur le cambrioleur et découvre qu’il ne correspond pas du tout au portrait de l’homme qu’il a abattu. L’affaire se complique. Pour tenter de démêler l’écheveau il fait appel à un détective privé (Don Johnson). L’ancien acteur de “Deux flics a Miami” joue à merveille sur son image de Texan pur et dur. Jamais pris de court, désamorçant toutes les situations compliquées par des réparties savoureuses, il est le ressort comique du film. Cela donne une demi-heure de franche rigolade. Mais cela ne dure pas. La suite est extrêmement violente et sanglante. Michael C. Hall se retrouve dans son élément avec une scène rouge sang digne de la série qui l’a fait connaître au monde entier. Enlevé, tonique, sans temps mort, “Cold in July” est un excellent divertissement réservé quand même aux plus âgés. La simple interdiction aux moins de 12 ans aurait sans problème pu être repoussé jusqu’à 16 ans.
Les bonus, communs aux deux éditions (DVD et blu-ray), offrent près de 20 minutes de scènes coupées qui, effectivement, n’apportent pas grand-chose au développement de l’intrigue.


« Cold in july », Wild Side, 19,99 euros



mardi 12 mai 2015

BD - Maternité expliquée par Juliette Merris

Le problème des femmes, selon de nombreux hommes, c'est leur envie de bébé. Comme si les galipettes devaient forcément se terminer par 9 mois d'abstinence forcée. Oui dans chaque femme il y a une mère en puissance. Juliette Merris, jeune graphiste, a voulu partager sur un blog sa quête de maternité. Après le net, jeveuxunbébé.com se prolonge dans cet album souple de plus de 120 pages. De la décision à la fabrication, le première partie alterne crises de rire et de désespoir. Car souvent les médecins doivent intervenir pour aider une grossesse compliquée. 
Juliette alterne le point de vue de la future maman et du futur papa. Elle est souvent incisive pour ce dernier, rarement suffisamment impliqué. Et puis le miracle a lieu. Le bébé est là. Les ennuis aussi. Sans le moindre tabou, l'auteur raconte tout, de la conception à la délivrance en passant par les premières couches et ces immense joies quand bébé sourit, pleure ou dort paisiblement. Attention, cette BD donne envie de faire des bébés !

« Je veux un bébé tout de suite ! », Hugo Desinge, 12,95 €


lundi 11 mai 2015

BD - Drôles de copines


Les femmes ont beaucoup fait pour faire avancer l'Humanité. Mais il ne faut pas non plus trop les mettre sur un piédestal. Comme les hommes, elles sont parfois futiles et terre-à-terre. Le gags en une planche constituant le troisième recueil de la série « Mes Cop's » en est l'exemple parfait. Jessica, le personnage principal, est entourée d'une bande de filles (de grandes adolescentes) qui se passionnent plus pour la dernière mode, les nouvelles applis pour leur smartphones et les cancans de people qu'à la bonne marche du monde. 
Peut-être un peu caricatural, mais il faut bien reconnaître qu'elles sont aussi comme ça. Cazenove au scénario fait souvent mouche comme cette idée de cadeau d'anniversaire pour une Jessica aux anges : le droit d'essayer TOUS les vêtements d'une boutique dans le vent. Essayer, pas acheter... 
Ce genre de série pèche souvent au niveau dessin. Ce n'est pas le cas grâce à l'implication de Philippe Fenech. Il prend visiblement beaucoup de plaisir à dessiner ces filles un peu fofolles, elles n'en sont que plus sympathiques.

« Mes Cop's » (tome 3), Bamboo, 10,60 €

dimanche 10 mai 2015

Livre - L'entité meurtrière d'un certain Jérôme Fansten

Jérôme Fansten est deux. Le romancier raconte comment il cherche à tuer ses pères avec son frère fantôme, issu comme lui d'un viol collectif.

Roman inclassable avec de véritables moments de réalité vraie, le « Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins » est un tour de force dans le petit monde de la littérature française, tendance autofiction. Jérôme Fansten est scénariste de cinéma. Cela fait mieux qu'écrivain dans les soirées bobos. Même si les scénaristes sont les moins importants des créateurs dans le long et couteux processus de fabrication d'un long-métrage.
Il profite à plusieurs titres de cette soirée organisée par une grosse société de production française. Premièrement il boit et mange à l'œil. Mais ça, c'est l'apanage de 90 % des participants. Ensuite il trouve des clients pour fourguer de la cocaïne, sa principale source de revenus. Écrire des scénarios cela ne nourrit pas son homme. Encore moins des romans... Dernier intérêt de sa présence voyante dans ce cocktail mortellement ennuyeux : il se forge un alibi du tonnerre. Qu'il compte renforcer en séduisant une jolie blonde (ou brune, ou rousse, ou chauve... aucune importance) et passer le reste de la nuit dans son lit.
Jérôme Fansten a besoin d'un alibi car au même moment il est en train de saboter l'installation électrique de la villa d'un certain Pelletier, homme politique d'extrême-droite. Quand Pelletier entendra du bruit dans le hall et allumera la lumière, cela provoquera une superbe explosion qui le projettera à plusieurs dizaines de mètres de son habitation. Un meurtre parfait maquillé en bête accident. Et comme Jérôme Fansten était au même moment en train de roucouler avec une certaine L., il ne peut pas être inquiété.

Le vrai du faux
Le romancier, en empruntant les codes de l'autofiction, interpelle le lecteur. Pas de doute, il a réellement couché avec L. De même, ses dialogues sur la situation du cinéma avec des collègues ou ses considérations de romancier incompris avec son éditeur, Stéphen Carrière, semblent vrais à 100 %. Mais alors pourquoi s'accuse-t-il d'un meurtre ? Et comment le croire quand il explique qu'en fait, Jérôme Fansten est deux ?
L'idée géniale du roman est là. Sa mère, tombée enceinte après un viol collectif (Fansten aime le glauque), a accouché de jumeaux chez elle, seule. Elle a décidé de ne déclarer à l'état-civil qu'il seul enfant. Depuis 30 ans, Jérôme Fansten est une entité composée de deux frères qui vivent au grand jour à tour de rôle. Cela permet à l'entité de tomber amoureux de L. tout en tuant Pelletier, un des participants au viol collectif et potentiel père de l'entité...

« Atrophie du sens moral »
Cela semble compliqué mais le roman est limpide. Notamment car l'auteur est d'une grande clairvoyance sur les ressorts de la dramaturgie des histoires inventées. Comme il le fait remarquer, alors que la police criminelle enquête sur la mort de Pelletier, « Le crime le plus débile devient parfait s'il n'a pas de suites. Le crime le plus élaboré est une barbarie merdeuse si l'assassin se fait choper. » Jérôme Fansten cherche donc ses pères. Pour les éliminer. Comme une vengeance posthume pour les souffrances endurées par la mère et l'entité. On en déduit que ce romancier est un beau salaud. Erreur : « De nos jours, l'atrophie du sens moral est plus ou moins compensée par un profond conformisme, associé à une grande capacité de dissimulation. J'ai l'intuition que ces traits de caractère, quoi qu'on en dise, expliquent la société. Toutes les sociétés. » Et s'il y avait plus d'entités Jérôme Fansten que l'on croit dans notre entourage ?

« Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins » de Jérôme Fansten, Anne Carrière, 21 euros

BD - Maria Sibylla Merian, la pionnière de l'entomologie

Avant même que les instances internationales ne décident arbitrairement d'une journée mondiale de la femme, certaines ont bousculé les certitudes machistes du sexe fort. Maria Sibylla Merian est une pionnière. Cette scientifique a consacré une grande partie de son existence à l'étude des insectes. Elle est même considérée comme la fondatrice de l'entomologie allemande. Yannick Lelardoux retrace cette existence peu connue en France. Au cœur de ce 17e siècle peu enclin à l'émancipation des femmes, Maria rentre dans le moule. Mariée, elle a deux filles et se contente de travaux ménagers et de peinture. Mais son caractère la pousse à refuser les violences de son mari, une exception à l'époque. Elle le quitte et se réfugie dans une congrégation religieuse à la limite de la secte. 
Un long préambule pour expliquer au lecteur ce qui a forgé le caractère bien trempé de cette mère intransigeante. C'est aux Pays-Bas qu'elle va s'affirmer. Seule avec sa cadette, elle va convaincre des marchands à financer un voyage au Surinam, en pleine forêt amazonienne, pour trouver un insecte qui pourrait remplacer le ver à soie
Une BD passionnée et instructive qui intègre la très bonne collection « Grands destins de femmes » des éditions Naïve.

« Maria Sibylla Merian », Naïve Livres, 18 €