samedi 20 septembre 2014

DVD : Le droit au bonheur

Une famille idéale américaine fait trop rêver des laissés pour compte dans “Replicas”.
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Vous ne savez pas ce que c’est que d’élever votre enfant dans une voiture. » Bobby (James d’Arcy) n’a pas l’air très conciliant en disant cela à Mark (Joshua Close).

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Les deux hommes ont eu une soirée pour se jauger, se détester. L’affrontement entre ces deux pères de famille que tout oppose est au centre de ce thriller canadien qui sort directement en DVD. Mark, avocat, va passer quelques jours dans sa maison de campagne perdue dans la montagne. Il est accompagné de sa femme Mary (Selma Blair) et de son gamin de 8 ans. Leur humeur est morose. Ils viennent de perdre leur petite fille dans un accident. Dans cette maison isolée, le silence règne en maître. Jusqu’à l’arrivée des voisins, Bobby, sa femme et son enfant. Un trio un peu gauche et envahissant. Ils s’incrustent, s’invitent à dîner et s’extasient devant le luxe de la maison. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? L’ambiance, de pesante, va devenir angoissante avant de basculer dans l’horreur.


Imaginé par Joshua Cole, le scénario de ce film est mis en images par Jeremy Power Regimbal. Ces deux amis ont beaucoup investi dans cette production qui ne révolutionne pas le genre mais est d’une redoutable efficacité. Il fait saluer les performances des acteurs, notamment James d’Arcy, totalement fêlé et Selma Blair, parfaite en mère au cœur brisé mais qui s’accroche à ce qui lui reste de famille.
Tourné en 16 jours dans une grande maison aussi belle que terrifiante, ce film dérangeant, sans être à proprement parlé une œuvre d’auteur, s’aventure sur le terrain politique en soulignant l’énorme écart de revenus entre un couple bourgeois et une famille de laissés pour compte. Et en bonne production américaine, la morale l’emporte un peu trop facilement...


Replicas”, Wild Side Video, 14,99 euros.

Cinéma : “Pride” ou l’union des opprimés

Quand une association de gays et lesbiennes se mobilise pour des mineurs en grève, le résultat est émouvant.

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L’Angleterre durant les années 80 a vécu bien des drames avec l’accession au pouvoir de Margaret Thatcher. La fameuse dame de fer, en plus de laisser mourir les grévistes de la faim de l’IRA, a mené une véritable guerre contre les syndicats ouvriers. Exemple avec la grève des mineurs qui a duré plus d’une année. La solidarité a joué à fond, mais rapidement les familles, sans revenus, sont acculées. Les policiers de leur côté multiplient les arrestations et provocations. Dans ce contexte, quelques militants londoniens de la cause homosexuelle décident de collecter des fonds pour aider les mineurs.

Gallois compréhensifs
Problème : quand ils contactent les syndicats, ces derniers ne veulent pas de cet argent. Les clichés ont la vie dure dans les milieux populaires. En désespoir de cause, le groupe d’ami propose les fonds à un petit village gallois. Sur un malentendu, le comité de soutien aux mineurs accepte. Une grande aventure débute, avec beaucoup d’obstacles et une grande fierté à l’arrivée.



Réalisé par Matthew Warchus, ce film est un petit bijou de comédie sociale anglaise. Il prend le temps de planter le décor. D’abord dans la communauté gay en donnant du corps aux militants, de Jonathan (Dominic West) à Mark (Ben Schnetzer) excellent en idéaliste de la lutte des opprimés en passant par Joe (George Mackay), jeune gay qui vit dans le secret, famille intolérante oblige. Et puis il passe aux mineurs, du leader syndical (Paddy Considine) à Sian (Jessica Gunning), la femme de l’ombre.
Entre les bars gays du Londres à la pointe de la libération sexuelle et la salle des fêtes du petit village gallois, le gouffre est immense. Pourtant, à force d’ouverture d’esprit, de discussion et d’épreuves, les deux communautés vont se comprendre, s’apprécier. Ce ne sera pas sans heurts ni crise, mais même si au final les mines au Pays de Galles ne sont plus qu’un lointain souvenir, il restera dans les mémoires cette union des opprimés qui a beaucoup fait pour l’avancée des droits civiques au Royaume-Uni. Un choc des cultures sur une terre bouillonnante toujours prête à s’enflammer. Une incontestable réussite qui va bien au-delà des simples problèmes de lutte syndicale ou de tolérance.

vendredi 19 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Incivilités officielles

Nous vivons dans un pays soi-disant civilisé. Or nous sommes envahis d'incivilités. . Rien de plus énervant que de subir ces petites choses qui ne fonctionnent pas. Heureux propriétaire de deux chiens, je les sors tous les jours, les poches remplies de sacs plastiques. Depuis six mois, un distributeur de sacs à crottes est installé dans la rue principale de mon village. Belle initiative. Six mois qu'il est en fonction. Six mois que je passe presque quotidiennement devant et constate, effaré, son vide sidéral et systématique. Matin, midi et soir... Quelle utilité d'installer un distributeur s'il n'est jamais approvisionné ? L'intention est bonne, le suivi calamiteux. Dans cette même rue principale, plusieurs jardinières donnent des couleurs au centre ville. Un système d'arrosage automatique est implanté dans les pots. Le réglage en reste visiblement à revoir. Le pot se remplit, déborde, l'eau se répand sur le trottoir et finit aux égouts. Non seulement les fleurs meurent par noyade, mais en plus les trois-quart de l'eau utilisée ne sert strictement à rien si ce n'est à produire à quelques endroits des algues du plus bel effet. Un gaspillage qui horripile mon épouse, elle qui récupère l'eau de la vaisselle pour nettoyer la terrasse.

Entre les flaques et les crottes, mieux vaut ouvrir l'œil quand on marche sur les trottoires de mon village. Heureusement il est toujours très bien éclairé. La nuit. Le jour aussi. Parfois, les lampadaires restent allumés malgré un beau soleil. Encore un mystère de l'automatisation à outrance de certaines tâches, pourtant si simples à gérer au quotidien...
Chronique "De choses et d'autres" parue vendredi 19 septembre en dernière page de l'Indépendant

jeudi 18 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Voyage, voyage

« La France est malade » selon Emmanuel Macron, jeune ministre de l'Économie. Malade de ses privilèges surtout. En pleine grève Air France, souvenons-nous de la bombe lâchée il y a un an par les syndicats de la compagnie aérienne : Carla Bruni voyage à l'oeil. Un trajet aller-retour Parisn - New York, certainement pas en classe touriste puisque le billet atteint la somme astronomique de 8295 euros. Rien d'anormal, le service communication d'Air France explique : « il est de tradition que les anciens présidents de la République et leur famille puissent bénéficier des facilités de transport dans la classe de réservation la plus élevée ». Le fait que Carla Bruni soit riche à millions ne semble pas jouer... Nicolas Sarkozy a lui aussi le droit de voyager sur Air France sans bourse délier. Un privilège dont il n'abuse pas. Point par modestie ou volonté d' épargner à l'État de casquer pour son billet. Non, quand il participe à une conférence richement payée programmée à l'autre bout du monde, il préfère utiliser des jets privés. Les juges l'ont récemment découvert alors qu'ils enquêtaient sur une société de Stéphane Courbit. Cet ami de longue date (présent le soir du Fouquet's) se charge des déplacements de l'ancien président. Entre copains, cela se fait. Un peu comme du co-voiturage pour nantis, à 100 000 euros la virée... Oui la France est malade. Malade de ces hommes et femmes qui vivent en dehors des contingences matérielles. Ils n'ont plus aucun contact avec la réalité, incapables de vivre normalement, portés par une unique obsession, le pouvoir et l'entourage du pouvoir. 
Chronique "De choses et d'autres" parue jeudi 18 septembre en dernière page de l'Indépendant. 

DE CHOSES ET D'AUTRES : La bombe Netflix

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Annoncé à grand renfort de superlatifs, Netflix débarque en France. Ce service internet ambitionne le titre de "bible des amateurs de séries".
Pour moins de 10 euros par mois, vous avez accès à des milliers d'heures de fiction. "Même principe que CanalPlay qui existe depuis des années !", me souffle un petit lutin malicieux. Soit, mais CanalPlay est Français. Netflix, Américain. La différence, la voilà. Auréolé de son clinquant et de son odeur de neuf, Netflix donne l'impression de se connecter en direct sur les télévisions américaines. Le petit lutin revient : "Mais tu sais, sur OCS (le bouquet de chaînes d'Orange), la plupart des séries de HBO sont diffusées en France un jour seulement après les States." Tu n'es qu'un rabat-joie. Netflix est le nec plus ultra de la télé du futur.
D'ailleurs, je vais de ce pas y souscrire. En plus le premier mois est gratuit ! "Si c'est gratuit, pourquoi tu dois donner tes coordonnées bancaires ?", me titille encore le petit lutin. Là je l'empoigne, l'enroule de cellophane, le scotche à la table de dissection et tel Dexter (toutes les saisons sont disponibles sur Netflix), le découpe en morceaux.
En réalité, la seule et bonne raison de s'abonner à Netflix réside dans son moteur de suggestion intelligent. En fonction de vos choix, Netflix affine vos goûts et vous propose des programmes similaires. "Alors ils connaissent tout de nos préférences et veulent contrôler notre culture. C'est pire que Big Brother ce machin !", hurle le lutin. En morceaux mais bien vivant, transformé par magie en ver de terre. Commence à m'énerver celui-là...
En bonus, le générique de Dexter ! 

BD : Triste Afrique sous le pinceau de Ptiluc

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L'Afrique a longtemps fait rêver les aventuriers. Terre vierge, ils y ont trouvé un terrain de jeu idéal. Aujourd'hui, le continent tente toujours de se relever de cette maltraitance chronique. Ptiluc, quand il ne dessine pas des histoires de rats, voyage au guidon de sa moto. Il a donc lui aussi sillonné les pistes africaines des années durant. Mais en observateur attentif qui n'entend pas imposer des changements. Dans cet album composé d'une dizaine d'histoires courtes, il raconte le périple imaginaire d'un trio de volontaires humanitaires. Il transportent dans leur 4X4 des caisses de vaccins. Il n'est pas question de malaria ou d'Ebola. Simplement de la grippe, les restes des pays occidentaux. Ça ne sert à rien si ce n'est à se donner bonne conscience. Sur place, ils profitent honteusement du système mais tombent aussi sur des malandrins pas si bêtes : ils ont dix ans, une kalachnikov entre les mains, un tube de colle à rustine dans les narines et une conception de la mort assez simpliste. Il faut tout le talent de Ptiluc pour faire rire le lecteur de ces injustices. Du mercenaire serbe au religieux libidineux en passant par la star américaine en mal de publicité, ce sont tous les fossoyeurs de l'Afrique qui en prennent pour leur grade.

« Jeux sans frontières », Paquet, 10,50 €

mercredi 17 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Interdit de se bécoter dans les rues en Califormie...

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« Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics, en s'foutant pas mal du r'gard oblique des passants honnêtes ». Une actrice américaine noire, Daniele Watts, vient de faire bien involontairement un remake de la chanson de Brassens.
Exactement, elle a « montré de l'affection » à son petit ami. Un Blanc, tatoué. Non pas sur un banc (public), mais dans sa voiture (privée). Le baiser n'est donc pas du goût d'un « passant honnête », lequel s'empresse de téléphoner à la police pour dénoncer ce qu'il croit être du racolage sur la voie publique. Illico presto, la police de ce quartier chic intervient. Deux flics intraitables. Daniele Watts, récemment vue dans « Django Unchained » de Quentin Tarantino, se retrouve menottée et conduite au poste. Il n'a fallu aux policiers que quelques minutes pour vérifier l'innocence des tourtereaux, mais le mal était fait. Tout un symbole.
Donc, en 2014, aux USA, pays démocratique dont le président élu est Noir, lorsqu'une jeune Noire embrasse un Blanc dans la rue, il se trouve de « bons citoyens » pour prévenir les policiers. Et ces derniers n'imaginent pas un instant qu'il puisse s'agir là d'un simple moment tendre entre amoureux.
Daniele Watts a vivement dénoncé cette arrestation arbitraire sur les réseaux sociaux. La photo et courte vidéo (prises par son ami) où on la voit menottée et en larmes a fait le tour du web. Les States cultivent les paradoxes : une Noire embrasse un Blanc dans la rue, suspect ! Des Noires en bikini se trémoussent sur des clips de rappeurs, rien de plus normal...

BD : Mars en chambre

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La France, 5e puissance économique mondiale comme l'a récemment rappelé le président de la République, veut frapper un grand coup dans le concert des nations. Pour relever le pays (et les courbes des sondages), l'état se lance dans l'exploration spatiale. Attention Mars, nous voilà ! Sous formes de strips, Fabcaro et Fabrice Erre racontent cette épopée vertigineuse. Mais quand on rogne sur tous les budgets, il ne faut pas s'étonner après que cela ne marche pas comme désiré. D'abord l'équipe d'astronautes. André, José et Jean-Michel sont loin du trio glamour qui pourrait faire rêver les foules. Complètement ignares, ils savent à peine répondre au téléphone et basculer un interrupteur de On à Off leur demande dix minutes de réflexion. De toute manière, la fusée ne décolle pas... Mais face à l'attente du public, le président décide de lancer la plus grande escroquerie scientifique de l'histoire de l'humanité. Les Américains ont fait pareil pour leur voyage sur la Lune. Et en plus Armstrong était dopé, dixit un général français bien informé. Irrévérencieux et hilarant, cette conquête spatiale en chambre est le grand éclat de rire BD de la rentrée.

« Mars », Fluide Glacial, 15 €

mardi 16 septembre 2014

BD : Pucelle visionnaire


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Symbole d'un certain nationalisme français et de l'abnégation rekigieuse, Jeanne d'Arc n'est connue sous ce nom que depuis peu de temps. Du temps de ses exploits dans la guerre de 100 ans, elle était simplement « Jeanne la Pucelle ». Dans ce Moyen Age où famine et pillage frappaient le peuple, l'émergence de cette petite gardienne de cochons a frappé les esprits. La véritable histoire de Jeanne est racontée par Fabrice Hadjadj, philosophe et spécialiste des religions. Après sa révélation, elle se lance dans les batailles après avoir persuadé Charles le gentil dauphin. Cheveux courts, armure rutilante, elle sait galvaniser ses troupes, leur donner une foi qui en plus déroute les adversaires. Elle vole de succès en succès jusqu'au couronnement de Charles. C'est à ce moment que tout change. Devenu roi, il abandonne le mystique pour la politique. Jeanne est trahie, capturée, emprisonnée. La fin sera contée dans le troisième tome d'une série dessinée par Jean-François Cellier. Il alterne planche aux minuscules cases truffées de dialogues aux dessins pleine page. Une façon originale et efficace pour mettre en opposition les bassesses de la noblesse et la bravoure de cette incroyable pucelle.

« Jeanne la pucelle » (tome 2), Soleil, 13,95 €

Pucelle visionnaire

DE CHOSES ET D'AUTRES : Ondes agressives entre Bourdin et Canteloup

canteloup, bourdin, europe 1, rmc, radio, polémique, fnCanteloup un peu relou, Bourdin lâche les chiens. L'humoriste d'Europe 1 a pris l'habitude d'envoyer des piques au présentateur de la matinale de RMC. L'imitateur assimile celui-ci à un soutien déguisé du Front national et l'accuse de ne donner la parole qu'à des caricatures de Français mécontents. Rien de bien méchant, mais Jean-Jacques Bourdin vient du Sud, du Gard exactement.
canteloup, bourdin, europe 1, rmc, radio, polémique, fnMercredi en direct à l'antenne, il a un peu craqué. Et de menacer Canteloup : "J'irai l'attraper au collet et lui dire ce que je pense. Car je ne pense pas que ça soit un homme... » Une centaine d'années plus tôt, ces menaces physiques se seraient réglées en duel. Sur le pré, point de quartier. En l'occurrence Canteloup ne peut tirer qu'une seule arme de sa manche : son humour.
Alors le lendemain il en remet une couche et consacre près de la moitié de sa "Revue de presque" à l'événement. Il a beau jeu car la veille, pour couronner le tout, RMC était victime d'une panne générale d'électricité. En plein milieu de la matinale, coupant la chique à un Bourdin qui d'ordinaire ne s'en laisse pas conter, notamment par les politiques à la langue de bois. Canteloup lui fait donc dire : "Déjà qu'on n'est pas des lumières à RMC, si en plus on nous coupe le courant... »
Telle est la situation ce week-end. La suite (car Canteloup et ses auteurs lâchent rarement leurs têtes de Turc) nous l'entendrons ce matin à 8 h 45 sur Europe 1.
À moins que, comme le rappeur Rohff après son différend avec Booba, Bourdin ne fasse une descente dans la station concurrente avec ses hommes de main (Moscato et Brunet) et ne tabasse le stagiaire de l'accueil.