mercredi 12 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Banane Chanel

La mode réserve bien des surprises. Dans les derniers modèles présentés par Chanel, je tombe sur une étonnante création de Karl Lagerfeld. Pas dans la coupe, tout à fait classique, mais dans l'utilisation des accessoires.
Allez savoir pourquoi, il affuble le mannequin de coudières et de genouillères. Comme si l'assurance avait imposé ces protections à des salariées dont l'activité est risquée. Chuter est si vite arrivé sur un podium. Surtout quand on doit marcher vite, sans regarder ses pieds et en tortillant du croupion.

Mais la découverte la plus incroyable reste le sac banane autour de la taille de ces gravures de mode. Le bon vieux sac banane, si ringard quand il est porté par le touriste lambda ; particulièrement ridicule quand il accentue le rebondi d'une silhouette ventripotente...
Même griffé Chanel, un sac banane reste cet objet pratique mais étonnamment laid. Maintenant, il se peut que cette tentative de Lagerfeld de dédiaboliser le symbole absolu de la beaufitude trouve un écho favorable auprès des hordes de femmes prêtes à tout pour être dans le coup. Mais si cet été la banane devient le « it-bag », vous me verrez encore moins que d'habitude en bord de mer.

mardi 11 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - François Hollande à San Français-sco

Demain,
François Hollande clôture sa visite officielle aux USA par une escale à San Francisco. Il y rencontrera des représentants de l'importante communauté française installée près de la Silicon Valley. Des entrepreneurs dans les nouvelles technologies, souvent obligés de s'expatrier pour se trouver au plus près des innovations et des décideurs. Ne pensez pas que cette communauté ne compte que des techniciens surdiplômés et fortunés. La conquête de l'Ouest est ouverte à tous. Il suffit d'un peu de talent, de pas mal de volonté et de bonnes idées.
Exemple avec Laurel. Cette dessinatrice de BD originaire de Metz, aurait tout à fait pu vivre de ses albums et illustrations dans la presse jeunesse. Sa rencontre avec Adrien a changé sa vie. Il l'aime, elle l'aime. Mais là n'est pas le sujet, même si Laurel doit sa notoriété à son blog largement autobiographique. Le jeune informaticien cogite sur la conception d'un nouveau jeu vidéo. Laurel se charge d'en dessiner l'univers. Une première version remporte un joli succès. Limité. Le couple décide alors de faire le grand saut. Depuis près d'un an ils ont créé une société près de San Francisco et travaillent d'arrache-pied sur de nouvelles créations. L'idée, le talent, la volonté : la trilogie magique pour réussir aux USA. Je ne sais pas si Laurel et Adrien feront partie des Français conviés à rencontrer le président Hollande, mais ils le mériteraient.
D'autant que Laurel, sur son blog (bloglaurel.com) compare la vie en France et aux USA. Pour l'instant, à part le système de couverture santé, les States mènent largement...

BD - Collision de genres dans la vie du Chevalier d'Eon


L'étonnante existence du chevalier d'Eon n'est que très rarement enseignée en cours d'Histoire. Excepté, peut-être, dans la région de Tonnerre dont il est originaire. Agnès Maupré, après avoir réinventé la vie de Milady, le personnage d'Alexandre Dumas, romance celle de ce noble français, espion et confident de Louis XV. La particularité d'Eon c'est qu'aujourd'hui encore on s'interroge sur son véritable sexe. Homme parfois déguisé en femme ou femme ayant tenté de sortir de sa condition en se déguisant en homme ?
 Agnès Maupré choisit son camp. Eon a même de solides et volumineux attributs maniés avec dextérité par la Tzarine de Russie. Le premier travestissement a lieu dans un bal masqué. Remarquée par le roi, Léa de Beaumont (l'identité féminine du chevalier) est envoyée en Russie pour renouer les liens diplomatiques avec la puissance de l'Est. Le premier tome raconte ce long périple du chevalier, déguisé en femme, obligé de subir les assauts de soudards. Il accomplira sa tâche avec efficacité. En couleurs directes lumineuses, cette nouvelle série d'Agnès Maupré prouve toute la virtuosité d'une dessinatrice au service de ses personnages.

« Le chevalier d'Eon » (tome 1), Ankama, 15,90 €


lundi 10 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Patinage ennemi

Sans vouloir marcher sur les plate-bandes de mon confrère Fabrice Voné (envoyé spécial de l'Indépendant à Sotchi, il nous fait vivre les compétitions mais également les coulisses des Jeux olympiques en pages Sports), j'ai laissé ma télé allumée samedi pour regarder les premières épreuves.
Passée la déception de la 6e place de Martin Fourcade (espérons qu'il fera mieux aujourd'hui) et en attendant la prestation de la jeune Perrine Laffont, voilà-t-y pas que le service public diffuse du patinage artistique avec l'inénarrable Nelson Monfort aux commentaires. Au panthéon des sports qui m'insupportent le plus, le patinage artistique remporte le premier prix haut la main devant le foot et le curling.
Je ne mets pas en doute les performances physiques des participants, simplement depuis toujours dans mon entourage, j'ai constaté que cette discipline ne plaît qu'aux personnes âgées. Et inconsciemment je me persuade que si je dois trouver un quelconque intérêt aux pirouettes, axels et autres vrilles, sourires - figés par le froid, sans doute - accrochés aux lèvres aussi solidement que les patins aux pieds, alors, malheur à moi, j'aurai basculé dans cette vieillesse ennemie.
Samedi, j'ai rapidement été rassuré. Je suis toujours « jeune » car je n'ai pas tenu longtemps. J'ai vite zappé sur le rugby à XV. Un bon match rugueux entre l'Écosse et l'Angleterre, avec hymne national à la cornemuse et coup de canon en préambule. Dans le public de Murrayfield aussi il y avait quelques jupettes (appelées localement kilts). Bizarrement, elles me font plus d'effet que celles des patineuses de Sotchi.

BD - Collision temporelle à la Porte de Brazenac


Seul dans son château désert, le baron Pierre de Brazenac est malade. Et désargenté. En cette fin du 16e siècle, dans cette province loin de tout, il a encore des privilèges, mais il sent bien que c'est la fin. Il l'explique à un visiteur, en route vers la capitale. Quelques jours plus tard, il assiste à un événement extraordinaire : son cheval disparaît, comme avalé par un monde invisible. L'animal réapparaitra le lendemain. Intrigué, le baron va retrouver de la vigueur pour dénouer cette énigme. Il trouvera l'endroit exact ou on disparaît. En fait passé la porte, on est dans une autre dimension temporelle, loin dans le futur. Le noble ne le comprend pas immédiatement. 
C'est sa rencontre, de l'autre côté, avec une jeune infirmière qui lui ouvrira les yeux. 
Léo et Rodolphe signent un scénario palpitant, aux multiples rebondissements. Quand passé et avenir se télescopent, cela fait des étincelles. Voire de grands incendies. Une matière en or pour Patrick Pion, le dessinateur de cet album dans lequel il alterne scènes en costumes et passages contemporains avec vélo, auto et avion de chasse.

« La porte de Brazenac », Dargaud, 15,99 €


dimanche 9 février 2014

BD - Dégueux mais marrants les héros de Garréra et Ghorbani

Pour trouver de nouvelles idées, certains auteurs s'inspirent de leur quotidien ou de leurs proches. Par exemple Cauvin a créé les Femmes en Blanc suite à un séjour à l'hôpital et les Psys après quelques séances chez un spécialiste. Je ne veux pas savoir comment Jean-Luc Garréra, le scénariste, a eu l'idée des Dégueux. Contentons-nous de rire à ces gags un peu extrêmes dessinés par Ghorbani qui ne fait pas dans la dentelle côté caricature. Les Dégueux ce sont des adolescents peu soucieux de leur hygiène. Krass collectionne les crottes de nez et les croutes, Pustula est Miss acné depuis 5 ans, Pudubec a une haleine de chacal et Proutty Woman des flatulences plus toxiques que tout l'arsenal chimique syrien. Il ne faut pas être dégoûté pour savourer ces gags à base de morve, vomi et autres sécrétions extraites de pustules bien mûres. Félicitation d'ailleurs à la fabrication de l'album qui réalise une couverture en relief. Exactement, ce sont les boutons de Krass et Spot qui ressortent sous les doigts des lecteurs. Effet garanti ! Une idée de gadget pour le prochain tome : un sac à vomi, sûrement très utile pour les plus sensibles.

« Les Dégueux » (Tome 1), Jungle, 9,95 €


samedi 8 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le sang d'un saint

Les voies du Seigneur sont impénétrables. Celles des voleurs aussi. Il y a quelques jours, émoi chez les paroissiens de la petite chapelle de San Piero della lenca dans les Abruzzes. L'édifice, isolé, est retrouvé vide. Des malotrus ont dérobé une croix et un ostensoir.
Un larcin qui n'aurait pas mobilisé nombre de carabiniers s'il n'y avait pas également eu dans le butin un reliquaire de la plus haute importance. Les mécréants, ignorants de surcroît, jettent à la poubelle ce qu'ils prennent pour un bête chiffon. En fait, ce bout de tissu sale est imbibé du sang de Jean-Paul II. Rapidement les voleurs incultes sont retrouvés et la relique, bien qu'abîmée, remise en état. Aucune précision n'a filtré sur les dégâts occasionnés. Le pire de tout aurait été que les voleurs lavent le tissu. Avec un de ces produits spécialisé pour enlever les taches tenaces.  
Questions : le sang d'un saint (d'un futur saint exactement, la cérémonie de canonisation n'a lieu que le 27 avril 2014, dimanche de la divine Miséricorde) résiste-t-il à ces produits ? Si oui, peut-on parler d'un nouveau miracle ? Si non, faut-il accorder plus d'importance à un détachant liquide qu'à un saint ? Dans notre société consumériste, va-t-on voir apparaître une nouvelle lessive en concurrence directe avec le Saint-Marc ? La mère Denis est-elle la réincarnation de la Sainte Vierge et Mr Propre celle de Jésus ?
 Mais surtout, et cela mettra un point final à ces interrogations métaphysiques : quel est le sagouin qui a récupéré ce linge imbibé de sang et l'a conservé tel quel sans prendre la peine de le laver ?

vendredi 7 février 2014

BD - Le Scrameustache en orbite


Arriver au 42e tome d'une série de BD est un exploit en soi. Par contre, il est des suites qui ressemblent plus à de l'acharnement thérapeutique qu'autre chose. Ma tristesse est grande de constater que la magie du Scrameustache n'agit plus. Suis-je devenu trop vieux ? Pas assez naïf. Voire trop moderne ?
Cette BD de science-fiction créée par Gos dans les pages de Spirou a cultivé l'imaginaire de plusieurs générations d'enfants et d'adolescents. Aujourd'hui elle semble n'être que l'ombre d'elle même. Gos est toujours aux manettes, aidé de son fils Walt. Mais c'est trop gentil, de plus en plus mal dessiné et aux scénarios insipides. « Le géant d'Imenoca » en est l'exemple parfait. L'intrigue ne semble être qu'un prétexte à faire intervenir les nouveaux personnages, notamment le frère et la sœur de Khéna. Ce dernier s'efface progressivement au détriment de Bérengère. Pas l'ombre d'un Galaxien ni du moindre Kromok. Juste le retour du Grand télépathe, le mini-homme de l'Œuf astral.
Bref c'est plat, sans aucun relief. Le pire : cela ne remue même pas agréablement nos souvenirs d'enfance. Dupuis avait cessé les dégâts. Glénat tente de relever le flambeau. Mais cela semble peine perdu...

« Le Scrameustache » (tome 42), Glénat, 9,99 €


DE CHOSES ET D'AUTRES - Ma nécrologie avant l'heure grâce à Facebook

Pour ses dix ans, Facebook propose quelques nouveautés à ses millions d'abonnés. Le réseau social frappe fort aux USA avec « Paper », une application pour smartphone. Elle permet de raccorder les articles en provenance de grands sites d'informations avec les statuts de vos amis et connaissances. Le mélange du privé et du grand public, toute l'originalité de Facebook depuis une décennie. Notons quand même l'ironie du nom choisi. Paper, soit papier ou journal en anglais. Or, si l'on réfléchit un tant soit peu, les journaux en papier, à cause notamment de ces nouvelles trouvailles technologiques, semblent voués à l'oubli. A moins que Facebook ne veuille carrément s'approprier le mot sur le long terme.

En France, les dix ans de Facebook sont fêtés plus modestement. Notamment avec l'apparition d'un petit logiciel de vidéo qui transforme l'historique de votre profil en vidéo d'une minute. Comme un reflet de vos activités depuis votre inscription, de la première image de profil, aux statuts les plus populaires ou les photos partagées. Avec une musique de fond douce, un peu planante. Vous avez la possibilité de partager cette vidéo et beaucoup de mes « amis » l'ont fait.
Un malaise m'assaille car j'ai parfois l'impression de visionner une sorte de nécrologie préparée à l'avance. Heureusement quelques petits malins ont détourné le principe. La vidéo de Rob Ford, maire controversé de Toronto (alcoolique, drogué et violent...) contient des photos édifiantes. Photos sans nul doute postées à son insu.

jeudi 6 février 2014

BD - Un curé à la Mondaine

Le duo composé de Zidrou et Jordi Lafebre, déjà auteur de l'histoire émouvante de Lydie, récidive dans une histoire encore plus ambitieuse et réussie se déroulant à la fin des années 30. Aimé Clouzeau, jeune policier parisien (originaire du Sud de la France), demande sa mutation à la brigade des mœurs. Lassé des crimes, il espère plus de sérénité dans la surveillance des maisons closes et prostituées qui battent le pavé de la capitale. Il va découvrir tout un monde de perversions. Il est vrai qu'Aimé vit toujours chez sa mère. Il a un blocage avec les choses du sexe. La faute à son père. Prêtre, il a « fauté », a cédé au péché de chair. Aimé en est le résultat. Obligé de quitter les ordres et sa région, le prêtre défroqué est devenu fou, se prenant pour le diable. 
La BD de Zidrou raconte les débuts d'Aimé dans son service, les longues planques pour surprendre les « invertis » et autres exhibitionnistes en flagrant délit. Il découvre aussi des hommes et des femmes à l'aise avec leurs corps et leurs désirs. Mais celui qui aurait aimé être chef indien a des restes d'éducation religieuse rigoureuse. Paradoxe pour ce fils de curé chargé d'écumer les bordels...

« La Mondaine » (tome 1), Dargaud, 14,99 €