mercredi 22 mai 2013

Billet - Achats compulsifs, du plus petit au plus gros

C’est plus fort qu’elles : les femmes ne peuvent pas résister quand elles sont sous l’emprise du démon de l’achat compulsif. Et sur internet rien ne les arrête. Produits de beauté, biens culturels... elles craquent dès que le compte en banque affiche un montant confortable.
Vous êtes sceptique? Prenez Yahoo! Ce géant de l’internet américain a mis à sa tête Marissa Mayer. Intelligente, compétente, mais femme avant tout. Quand elle apprend qu’elle dispose de quelques milliards de dollars sur le compte de la société, elle craque. Et cherche à acheter coûte que coûte une grosse babiole inutile et surestimée. Elle jette son dévolu sur Dailymotion. Mais Arnaud Montebourg, juste pour la contrarier (il sort d’une rupture sentimentale douloureuse), fait capoter l’affaire.
Déprimée, Marissa retrouve le sourire en surfant sur les Tumblr, tous plus hilarants les uns que les autres. Elle dépose un peu plus d’un milliard de dollars sur la table et rachète cette plateforme de blogs. Sa pulsion assouvie, elle ose même l’annoncer en publiant un Gif!

P. S.: Cette chronique, écrite au second degré, ne pourra en aucun cas être utilisée par une avocate sans scrupule engagée par mon épouse dans le cadre d’une procédure de divorce pour cause de misogynie avérée. Le budget du foyer est parfaitement géré par ma tendre moitié. Les seuls achats compulsifs existants sont à mettre à mon crédit (découvert plus exactement...) comme l’achat de l’intégrale de San Antonio chez Bouquins (11 tomes) alors que j’ai déjà la collection complète en poche...

Billet - Mauvais points sur Twitter pour Hollande, créateur de bashing

T
out le monde pratique le Hollande bashing. Une invention de l'ère numérique. Ce terme désigne le fait que l'action du président de la République soit dénigrée en permanence sur les réseaux sociaux. Tant par la presse que les anonymes. Difficile de savoir s'il s'agit d'une impression ou de la réalité. Evident par contre, la cote du « président normal » a sérieusement chuté chez les twittos depuis sa conférence de presse. Paul Larrouturou, journaliste au site internet d'Europe1, ose cette question : « Pourquoi avez-vous choisi de ne pas vous exprimer personnellement sur Twitter ? » François Hollande, sourire en coin, retrouve sa répartie d'antan pour moquer cette interrogation et fait pouffer le gouvernement et les confrères journalistes : « Serait-ce là la preuve de mes mauvais sondages ? Je n'aurais pas twitté comme il convenait ? » Bon, d'accord, il faut savoir détendre l'atmosphère dans ce genre de rendez-vous. Et Twitter est souvent drôle. Mais là on a senti comme un mépris, un profond dédain pour les habitués des réseaux sociaux. Pourtant, Twitter est un outil très utilisé par les services de communication du président. La preuve ? Sur le pupitre de François Hollande figure d'un côté l'adresse Twitter de la présidence (@elysee) et de l'autre le hashtag-référence à l'événement (#ConfPR). Donc si sa sortie contre Twitter amplifie le Hollande bashing, qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même. Et s'il n'a pas saisi le principe de Twitter, il peut toujours mettre @valtrier à contribution. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Les clandestins n'ont rien à perdre

Gabriel et Maria n'ont plus rien à perdre. L'adolescent originaire du Vénézuela, avec sa petite sœur, a fait le grand saut. Il a quitté la misère et les bidonvilles pour le rêve américain. Entassés dans un container, ils ne verront pas la statue de la Liberté. Une opération de la police des frontières met fin aux rêves de renouveau. Gabriel est capturé, Maria blessée. Pourtant l'intervention d'un flic ripou va changer la donne. Il a remarqué la détermination de Gabriel. Il lui propose un marché : la sécurité et la nationalité américaine pour la fillette en échange de sa collaboration. 
Gabriel n'hésite pas une seconde. Maria devient la fille adoptive d'une riche « gringo ». Lui se transforme en garde du corps de ce Ricain magouilleur, bien décidé à s'enrichir en vendant des armes aux cartels sud-américains.
Le scénario de Marazano est dur, réel, crédible... Gabriel irradie l'album de sa présence, de son nihilisme. Ennio Bufi, dessinateur italien de Geronimo Stilton, s'aventure avec énormément d'efficacité dans le réalisme.
« Clandestino » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €

mardi 21 mai 2013

BD - Wendy ou les tribulations d'une espionne en Afrique


Le personnage de l'espionne fatale a encore de beaux jours devant lui. Pour preuve les aventures de Wendy écrites par Duval et dessinées par Quet. La jeune Anglaise vit en Normandie. On est en 1915 et pendant que les soldats s'étripent dans les tranchées, d'autres combats plus feutrés se déroulent dans les rares pays épargnés par la Grande guerre. Première scène très mouvementée au Portugal. Wendy parvient à récupérer des documents secrets sur la trahison d'un officier anglais en Afrique. 
Après un passage en France - histoire pour nous d'admirer la belle en robe de soirée - elle s'embarque pour l'Afrique. La région du Nyassaland exactement, entre Kenya et Mozambique. C'est là, dans cette savane encore peuplée de gibier recherché par les riches gâchettes occidentales, qu'elle va être confrontée à ce qui se fait de mieux en matière d'espionnage et de trahison. 
Une ambiance très coloniale et mystérieuse pour une série qui fait la part belle aux paysages vierges et scènes animalières. Une chasse au léopard inoubliable clôture ce premier tome très prometteur.
« Wendy » (tome 1), Delcourt, 13,95 €

lundi 20 mai 2013

Billet - La question façon UMP

 

L'interactivité est une des forces d'internet. L'internaute, pour tout et n'importe quoi, est mis à contribution. Les sondages se multiplient comme des petits pains. Des pains au chocolat dans le cas de l'UMP. Sur son site, le parti de droite a ouvert une rubrique « Question de la semaine ». Il s'agit d'interroger les Français sur l'action du gouvernement de François Hollande. Une leçon pour tous les apprentis sondeurs qui cherchent à savoir comment orienter des réponses. Cette semaine, l'UMP demande on ne peut plus sérieusement : « En augmentant massivement les impôts, dépenses publiques et cotisations, en étranglant les entreprises, en supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires, François Hollande est-il responsable de l'aggravation de la crise ? » Et en remontant le temps, on découvre que toutes les questions sont de cet acabit.
Résultat, ils sont nombreux à se moquer du parti de Jean-François Copé sur Twitter sous le hashtag #FabriqueUnSondageUMP. Le genre de question qui contient déjà la réponse. « Hollande étant le pire président de l'histoire du monde entier, Sarkozy vous manque-t-il rien qu'un tout petit peu ? » est le faux sondage le plus partagé.

Mais le plus comique dans l'affaire, c'est le résultat du  véritable sondage sur la responsabilité du président dans l'aggravation de la crise. Hier, ils étaient 91 % à répondre... non. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - La jeunesse perdue de Dent d'ours

Avoir 10 ans en 1930 en Silésie. Max, Werner et Hannah sont des camarades inséparables. Malgré les vociférations des nazis, ils profitent de leur jeunesse et de leur passion commune pour l'aviation. Gamin, ils fabriquent des maquettes de planeurs en rêvant un jour de monter dans un modèle plus grand. Adolescents, ils ont enfin la possibilité de concrétiser leur rêve. Mais l'école de pilotage est aux mains des caciques du parti d'Hitler. Si Werner et Hannah sont acceptés, Max est refoulé. Max est Juif. La belle amitié sera brisée par le fanatisme de quelques adultes. Les parents de Max, persécutés, se réfugient aux USA. Quelques années plus tard, Max est enfin devenu pilote. Sur un porte-avions US, il chasse les kamikazes japonais au-dessus du Pacifique. Mais il devra renouer avec son passé européen et se lancer dans une mission périlleuse où ses serments d'amitié seront mis à rude épreuve. Un récit de Yann, parfaitement ciselé pour Henriet, dessinateur d'exception. Il dessine les enfants comme seul MiTacq et sa patrouille des Castors a su le faire. Les avions et combats aériens donnent un côté très Buck Danny à un triptyque promis à un beau succès.
« Dent d'ours » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

dimanche 19 mai 2013

Billet - iTunes fait péter les ventes

Les 45 tours ont vécu. Exit la musique physique, place à la musique dématérialisée. Le Top 50 d'aujourd'hui est tout simplement représenté par les ventes sur
iTunes, la plateforme d'Apple. On peut voir quasiment en direct l'évolution des goûts de la planète entière. Car les classements des ventes de singles sont proposés par pays. Depuis la semaine dernière, le duo (mystérieux et français) Daft Punk caracole en tête. Une remarquable neuvième place aux USA, la première en Angleterre, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Norvège... Mais en France alors ? Daft Punk, dès la sortie de Get Lucky, se place en tête des ventes. Mais depuis trois jours, les rois de la musique électronique se contentent de la seconde position. Un autre phénomène, typique d'une certaine « exception française », fait des ravages dans les oreilles. Numéro 1 des ventes, devant Daft Punk, Pink et toutes les stars américaines : « Et quand il pète il troue son slip » ! Une parodie interprétée par l'humoriste Cartman, entendue sur D8 en mars. Grimé en blond peroxydé, il devient Sébastien Patrick, caricature de l'ancien rugbyman du Sud-Ouest, devenu imitateur et animateur télé. La chanson, aux paroles aussi explicites que le titre, est bien partie pour devenir le tube de l'été, un futur classique des banquets bien arrosés. Et le plus dramatique, c'est que pour écrire cette chronique, j'ai dû l'écouter plusieurs fois. Total, j'ai l'air et la phrase en tête. Impossible de m'en défaire. Et quand il....
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

Roman - Entre les lignes avec Caryl Férey et René Frégni


Comment devenir écrivain ? Deux réponses, une romancée, l'autre tout à fait réelle avec ces livres de René Frégni et Caryl Férey.

Caryl Férey a mis des années avant de connaître la consécration littéraire. Son histoire est un vrai roman. René Frégni a lui aussi transformé la vie d'un écrivain en roman. Mais tout est inventé. Deux trajectoires où réel et imaginaire s'entrecroisent pour au final donner ce que le lecteur attend de tout créateur : du vrai avec du faux, du faux à base de vrai.

« Zulu », le film tiré du livre, sera projeté en clôture du festival de Cannes. Caryl Férey, l'écrivain, se verra certainement convié à monter les marches avec Forest Whitaker et Orlando Bloom, les acteurs principaux de cette coproduction franco-américaine. Une sacrée revanche pour le romancier longtemps abonné au RSA. Cela fera sans doute un chapitre supplémentaire à son récit malicieusement intitulé « Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale ». Une première partie où il raconte ses souvenirs d'enfance, dans cette province glauque, forcément glauque. Une seconde où il détaille, sans complaisance, son parcours du combattant pour devenir un auteur. Les débuts dans la structure créée avec un pote. Petit tirage, première notoriété.

Haka mort-né
Et l'envie d'aller plus loin. Il écrit « Haka », un polar sombre tiré de ses mois d'errance en Nouvelle-Zélande. Le manuscrit est remarqué par un directeur de collection au Seuil. Il passe toutes les barrières jusqu'au comité de lecture. Là, quelqu'un met son veto. Dure loi de la littérature française. Il faut l'unanimité pour passer sur les rotatives. Un seul « non » suffit pour tuer l'espoir. « Ma bombe avait fait long feu. Trois ans de tripaille jetée sur la table et d'espoirs les plus fous pour accoucher d'un pétard mouillé. La nouvelle était cruelle, inattendue. » Énervé, Caryl Férey relance d'autres maisons d'édition. « Haka » trouve une seconde chance chez Baleine. Mais la structure, malgré les milliers de « Poulpe » vendus partout, bat de l'aile. Définitivement maudit, ce polar sera finalement édité mais passera inaperçu.
Finalement les rêves les plus fous de Caryl Férey se sont réalisés. Il est édité chez Gallimard. Dans la prestigieuse Série Noire. Et « Zulu » lui permettra de vendre des milliers de livres. Depuis il est sur un petit nuage, mais ce récit, entre tendresse et amertume, replace ce parcours dans la seule perspective qui compte pour tout apprenti écrivain : la persévérance et le travail.



La somme des refus
Charlie Hasard, le personnage principal de « Sous la ville rouge » de René Frégni rêve lui aussi de devenir écrivain. Passionné de boxe, vivant reclus dans son petit appartement marseillais, il espère le coup de fil de la maison d'édition parisienne. 
Mais il ne reçoit que des lettres types de refus... Charlie s'obstine, relance, réécrit. Il est au bord du suicide quand enfin il reçoit le coup de fil salvateur. Mais comme pour le « Haka », il faut passer le filtre du comité de lecture. Dans ce roman aussi un veto annihile tous les espoirs de Charlie. Mais contrairement à Caryl Férey, le personnage imaginaire n'a pas de seconde chance. Et il décide de dire sa façon de penser à ce tueur de talents. A sa façon, avec ses poings de boxeur. L'écriture de René Frégni, tranchante, aiguisée, dissèque les illusions de son héros. Jusqu'à la folie.
 
« Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale », Caryl Férey, Points inédit, 10 €
« Sous la ville rouge », René Frégni, Gallimard, 11,90 €

samedi 18 mai 2013

BD - Dragons chinois par Taduc et Le Tendre

Taduc
fait partie de ces dessinateurs si doués qu'on ne peut qu'être séduit par ses nombreuses séries. Il a déjà fait ses preuves dans le western avec Chinaman, a étonné en troquant son trait académique pour du « gros nez » dans « Mon pépé est un fantôme » : il va devenir une référence de l'héroic-fantasy avec les aventures de « Griffe blanche ». Cette guerrière chinoise aux cheveux blancs va devoir protéger sa maîtresse des agissements d'envahisseurs. Au passage, elle sauvera Taho-le-Vif, jeune braconnier protecteur de l'œuf d'un dragon royal. Des dragons omniprésents dans cette première partie scénarisée par Serge Le Tendre.
« Griffe Blanche » (tome 1), Dargaud, 13,99 euros

vendredi 17 mai 2013

Billet - Poker et mat

Le groupe Partouche ferme son site de poker en ligne. Plus de doute, la crise économique est grave, la récession partout. Pourtant, il y a quatre ans, quand Nicolas Sarkozy légalise le marché des paris et jeux d'argent en ligne, tout le monde prédit des fortunes aux opérateurs retenus. L'engouement pour le poker bat son plein. Et puis patatras, les gains ne sont pas au rendez-vous. Pire, selon un communiqué repris dans un article du monde.fr, le groupe Partouche fait « le constat que l'activité n'a aucune pérennité à court et même à moyen terme. » Un discours radicalement opposé aux espoirs de 2010 : « Le groupe Partouche mise sur l'essor du poker en ligne pour poursuivre son redressement. »  A la télévision aussi les émissions de poker voient leur audience décliner à vue d'œil. Une mode, une simple mode. La poule aux œufs d'or est devenue stérile. Maintenant il va falloir trouver autre chose pour exciter les joueurs. Soit de moins compliqué. Genre la bataille, qui vient d'être autorisée dans les casinos. Pas la peine de se creuser la tête. Même un gamin de 5 ans peut y jouer et gagner. Soit de plus compliqué. Pourquoi pas des sites d'échecs ? Pour une fois, les plus intelligents auraient enfin une chance de briller. Mais ne rêvons pas. Les échecs ne sont pas un jeu de hasard. Et surtout, les joueurs d'échecs ont suffisamment de jugeote pour savoir que les jeux en ligne rapportent essentiellement aux sites, même après le forfait de Partouche. 
 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.