vendredi 17 mai 2013

BD - Président, enfin...

Si Sarkozy était un excellent communicant, source inépuisable d'inspiration pour les humoriste, François Hollande est aussi très bon en la matière. Cette BD de Faro (dessin) sur un scénario de la journaliste Marie-Ève Malouines raconte les petits secrets de sa première année à l'Élysée. Un président Hollande qui se souvient des grands esprits du PS. Il est en permanence en train de dialoguer avec les fantômes de Mitterrand, peu aimable pour ce « mou », et Pierre Bérégovoy qui se reconnaît plus dans ce « modeste ». 
Entre extrapolation et vérité vraie, ces 56 pages se terminent par une galerie de portraits des hommes et femmes qui comptent dans l'entourage du président, d'Aquilino Morelle,sa plume, à l'inévitable Valérie Trierweiler...
« Moi, président », Jungle, 11,95 euros 

jeudi 16 mai 2013

Billet - Spoiler or not spoiler...


L'invention par Jennie Lamere d'un programme sur Twitter a révélé au grand public l'existence du mot « spoiler ». Soit révéler la fin d'un film ou d'une série et annihiler de ce fait tout effet de surprise. Exemple le plus couramment utilisé, dire d'entrée que dans « Sixième Sens », c'est Bruce Willis qui est mort. Spoiler une série télé est devenu un jeu très prisé sur internet. Certains fans ont la délicatesse de prévenir d'un « Attention spoiler ! ».
D'autres prennent un malin plaisir à gâcher votre joie. Jennie Lamere, la jeune américaine qui a remporté un prix prestigieux grâce à ce programme, a déjà été victime de mauvais plaisantins. D'où son idée : un logiciel masque les messages porteurs d'un certain nombre de mots clés. Je n'ai toujours pas vu les deux dernières saisons de Lost, j'évite donc soigneusement tout article sur la série tant que je ne les aurai pas visionnées. Même si le principal spoiler de Lost est déjà connu de tous : il n'y a pas de fin ! 
Cette semaine, les fans de « How I Met Your Mother », notamment ceux qui regardent en replay, ont hurlé contre les producteurs de cette sitcom diffusée en France sur NT1. Sur la page Facebook officielle, le jour même de la diffusion, ils ont révélé qui est la mère des enfants de Ted, le narrateur de la série. Cela fait quand même 8 saisons et 184 épisodes que le mystère est soigneusement préservé. Et comme l'épisode ne sera diffusé en France que dans quatre ou cinq ans, ne comptez pas sur moi pour vendre la mèche.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Expérience interdite dans "Phoenix" de Gaudin et Peynet


Phœnix, série écrite par Gaudin et dessinée par Peynet a des airs de « Lost », la série télé. Dans ce troisième et dernier tome de 60 pages denses, ont en sait enfin plus sur cette expérience réalisée sur une île japonaise dans les années 80, base de l'armée américaine. 
Un groupe d'enfants a été touché par cette manipulation de l'espace et du temps. Ils ont tout oublié jusqu'à ces derniers jours où ils sont sujets à d'horribles hallucinations. Qui sont ces morts d'une autre dimension, comment se déplacent-ils dans l'espace, que leur veut le gouvernement américain ? 
Suspense et fantastique pour une série qui pourrait fort bien se prolonger dans un nouveau cycle.
« Phœnix » (tome 3), Soleil, 14,95 euros

mercredi 15 mai 2013

Billet - Paris glissant...

Dérapage à tous les étages. Lundi, la tour Eiffel devait servir de décor à une belle photo de remise de titre au PSG. Le Trocadéro s'est transformé en scène de guérilla urbaine. Un premier dérapage vite dépassé par la récupération politique des heurts entre supporters incontrôlables et policiers submergés. Comme si la bêtise était communicative, certains députés UMP twittent un peu trop vite. Jean-Sébastien Vialatte, député du Var, se distingue en publiant un message ouvertement raciste. « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves ils ont des excuses #Taubira va leur donner une compensation ! ». Repris par certains, dénoncé par beaucoup, ce tweet est effacé. Mais il permet de saisir le fond de la pensée d'un élu de la République. Beaucoup d'autres rebondissent avec un « Valls démission » plus classique et basique.
On retrouve aussi tout un lot de militants contre le Mariage pour tous faisant le parallèle entre la dure répression de la manifestation du 24 mars (souvenez-vous, Boutin gazée, Boutin outragée...) et la mansuétude des forces de l'ordre face aux casseurs. Ceux-là n'ont pas vu la vidéo de plusieurs interpellations dans un magasin de scooter, vitrine défoncée, partagée des centaines de fois sur Facebook et YouTube. Des policiers en civils y font une superbe démonstration de l'efficacité du tonfa. Dans les dents, les tibias ou les côtes, cela dissuade tout fuyard.
De toute cette affaire que retenir ? Qu'à mon avis, Pierre Desproges avait déjà tout compris en 1986 en disant : « A mort le foot ». 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Pizza aux pruneaux dans le second tome de "Mafia Tuno"


Si par malheur vous avez une petite faim, évitez la pizzéria « Chez Luigi » sortie de l'imagination de Richez, le scénariste et Stédo, le dessinateur. Ce restaurant n'est qu'une couverture à la famille Tuno pour ses activités criminelles. 

Les deux frères sont beaucoup plus souvent en train de faire du ciment pour couler des cadavres que de la pâte pour ce succulent plat typique de l'Italie. Et si par inadvertance il vous arrive de devoir avaler un bout de pizza « made in Luigi », prévoyez l'antidote qui va avec. Quand elles ne sont pas garnies de pruneaux, elles débordent de cyanure...
Cette série de gags permet à Stédo de mieux faire apprécier son trait, un peu bridé dans son autre série, « Les Pompiers ». Il signe notamment quelques caricatures très réussies. Un pur produit de l'école belge. On le verrait bien reprendre Spirou juste le temps d'une histoire...
« Mafia Tuno » (tome 2), Bamboo, 10,60 €

mardi 14 mai 2013

Billet - Les mégabites sont de sortie au printemps

 Le printemps a-t-il des effets incontrôlables sur la libido ? Depuis quelques jours un nombre incroyable de phallus fleurit sur mon écran. Une amie m'envoie par mail la photo de sa pelouse. Son fils (20 ans quand même), avait pour mission de la tondre. Elle rentre du travail, elle constate qu'il n'est pas passé partout. Et tombe des nues, une fois sur son balcon, en constatant que les parties non tondues ont la forme stylisée mais très reconnaissable d'un phallus et de ses attributs. Effet garanti auprès des voisins...
Autre mail d'un collègue. Il sait que j'aime la BD. Il a découvert cette pépite : « Tintin (à poil) au Congo ». Les planches sont identiques à l'original, si ce n'est que le héros est nu en permanence. 62 pages de zizi à Tintin. Un peu indigeste. Mais on doit sans doute considérer cela comme de l'art.
De même ce happening d'artistes russes. La vidéo a fait le tour du net ces dernières années. Ils se filment en train de bloquer une route. La circulation stoppée, ils répandent sur la chaussée des bidons de peinture blanche. La police arrive, mais c'est trop tard. Il s'agit du pont levant de Saint-Pétersbourg et le dessin s'élève majestueux, face au siège de l'ancien KGB : une « méga bite » de 15 mètres, montant vers les cieux  dans une érection phénoménale. De sexe masculin enfin il en a beaucoup été question ce week-end sur Twitter. Il s'agissait d'associer le sien au titre d'un film. Les vantards ont répondu « Big » ou « Anaconda », les modestes « Microcosmos », les pudiques « Intouchables » alors que les solitaires se sont contenté des « Petits mouchoirs »...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Les chats mégalos sont eux aussi de "Sales bêtes"

Bestiole, hamster transgénique modifié et passablement raté, tente de survivre dans la famille de dingues qui l'a adopté. Dans le monde décrit par Mazaurette (scénario) et Krassinsky (dessin), on ne recueille plus les animaux à la SPA. On les commande à la Fabrique, une société de vente par correspondance qui élabore l'animal de compagnie parfait. Bestiole est un ratage, mais Clarky, le chat de la famille, semble idéal. Rose, dodu, recouvert de petits cœurs, il est si « kawai »... Pourtant, sous cette apparence si douce et chaleureuse se cache le pire des comploteurs. Les chats, génétiquement modifiés et donc encore plus intelligents, élaborent un vaste complot pour prendre le pouvoir sur terre. Ils veulent lobotiser les humains et transformer la planète en un immense « charadis ». Bestiole va tenter de contrecarrer leurs projets. Pas pour l'amour des Humains (il est aussi teigne que les matous), mais juste pour ennuyer Clarky, le tyran du foyer. Une BD comique mais surtout diablement intelligente.
« Sale bête » (tome 2), Dupuis, 10,60 €

lundi 13 mai 2013

Billet - Un point, c'est tout !

Ils ont des chapeaux ronds, les Bretons. Ils ont aussi depuis vendredi un nom de domaine internet propre : « .bzh ». Le dossier déposé par la région Bretagne auprès de l'Icann (Internet Corporation for assigned names and numbers) a été accepté, de même que celui de la ville de Paris. Dans le genre revendication régionaliste, c'est une première en France. On va donc voir éclore d'ici quelques mois des sites fleurant bon la province. Franchement, si vous avez à départager chouchen.fr ou chouchen.bzh pour acheter en ligne la boisson alcoolisée locale, vous choisiriez quel site ? De même, si vous cherchez à rencontrer des Parisiens typiques (chacun ses goûts...), entre le site de rencontres bobo.fr et bobo.paris, il n'y a pas photo. Je prédis un succès planétaire au petit malin qui ouvrira une page alliant Pigalle ou Moulin Rouge à .paris. 
La Bretagne n'est cependant pas la première région française à obtenir son nom de domaine. Les Ultramarins ont pris les devants. La Réunion (.re) ou la Guadeloupe (.gp) sont déjà reconnues sur la toile. Il existe même  un .tf pour les terres australes françaises, particulièrement renommées pour leur activité débordante sur le net... Localement, le .cat est déjà largement utilisé par nos voisins catalans du Sud. Par contre le .oc doit sans aucun doute faire des envieux. Au-delà de la revendication linguistique, des labos pharmaceutiques sont sûrement intéressés, juste pour briguer « www.med.oc » Bon, je vais de ce pas déposer une demande à l'Icann, très pratique pour clore une chronique qui part en quenouille : « .final » !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi matin en dernière page de l'Indépendant.

Livre - La mémoire imagée de Gilles Jacob

Gilles Jacob, dans cet exercice de style, déroule les grands et petits moments de sa vie peuplées de stars et de chefs-d'œuvre du 7e art. 

Le festival de Cannes débute dans deux jours. Les plus grandes stars, les meilleurs réalisateurs se donnent rendez-vous sur la Croisette pour une quinzaine entre émotion, scandale et révélation. Si Cannes a toujours été le mètre étalon dans la production cinématographique mondiale, elle le doit en grande partie à Gilles Jacob, son président. Il a su détecter des talents naissants tout en maintenant un certain classicisme. Ce fou de cinéma, longtemps critique redouté, livre dans « Les Pas perdus », un patchwork de souvenirs, brefs et incisifs.

A la manière de Georges Perec, Gilles Jacob a collecté ses bribes de souvenirs en 496 entrées. Mais si l'écrivain s'est contenté de ses réminiscences d'enfance et d'adolescence, le président du festival de Cannes a balayé plus largement la quasi totalité de sa vie, soit 60 années de culture française. Cela permet de faire un pont entre les générations, de Michel Simon à Lars Von Trier en passant par Deneuve ou Belmondo. Il y a une forte coloration cinéma dans ce livre, mais Gilles Jacob y dévoile aussi son enfance et ces petits riens qui ont marqué les décennies. Dans la première catégorie, l'anecdote de la surprise partie où, en compagnie de Claude Chabrol, il a récolté une cicatrice sur le crâne. « Déguisés en cambrioleurs, nous sommes passés par l'escalier de service, la corniche et la fenêtre du salon entrebâillée, le visage dissimulé derrière un loup noir sous une caquette d'Apache. (…) Un énorme gaillard m'abattit une bouteille de bière sur la tête. » Si Perec s'est souvenu de Pipette, le joueur de rugby à XIII, Gilles Jacob lui préfère « Pierre Albaladejo qu'on appelait M. Drop parce qu'il bottait des deux pieds et qu'il marquait. »

Trou de mémoire

Sorte d'exercice pratique contre l'oubli, ce texte se picore avec délice. Parfois cela s'enchaîne selon une logique numéraire, des « trois grand fleuves russes » au « lundi en huit ». Et puis il y a les passage un peu plus longs comme l'histoire « d'un homme qui vers cinquante ans s'est aperçu que l'endroit au monde où il se sentait le mieux était son lit. Couché, le corps bien calé sous ses oreillers, au chaud sous ses couvertures. (…) Il avait fini par ne plus mettre le pied par terre, sauf pour sa toilette. »

L'auteur se permet même des incursions dans le futur, racontant une cérémonie du festival dans quelques dizaines d'années, sur les hauteurs, la Méditerranée ayant englouti le Palais des Festival. Interrogation aussi sur la mémoire, sa mémoire. Il se souvient de cette fin de soirée ou il n'a plus retrouvé sa voiture. Une absence, un trou. Inquiétant ? Non, car le fait même de s'en souvenir est paradoxalement un bon signe.

Et pour terminer sur une note optimiste, à la 176e entrée, Gilles Jacob se souvient « du fin mot de l'histoire. »

« Les pas perdus » de Gilles Jacob, Flammarion, 15 €

dimanche 12 mai 2013

Billet - Thèse participative

L'argent coule à flot sur internet. Les porteurs de projet l'ont compris et le crowdfunding, système de financement par dons sur internet, est mis à toutes les sauces. Il permet de lancer des artistes de variété, de publier des livres et même de payer ses études. Il suffit d'être persuasif et convaincant comme l'a été Olga Turcan. Cette Moldave, doctorante à Strasbourg, n'en peut plus de concilier petits boulots et préparation de sa thèse. Elle estime donc à 4 000 euros la somme nécessaire pour les huit mois qui la séparent du point d'orgue de ses études. Un appel aux dons est lancé le 31 mars. Trente jours plus tard, elle se retrouve avec un pactole de 5200 euros pour financer ses recherches sur « le français et la francophonie en Moldavie ».
Cette belle histoire va certainement donner des idées à quelques farfelus ou profiteurs : « Si des anonymes sont prêts à donner entre 5 et 100 euros à une Moldave inconnue, pourquoi pas moi ? » Mais attention, entre le tout et le n'importe quoi il faut frapper très fort. Par exemple, le concept de clown-pin-up pour adulte a déjà récolté 1035 euros net. Quant au bonsaï solaire pour recharger votre iPhone, il est carrément en production.  Côté art contemporain vous pouvez aussi aider au projet carcassonnais du collectif Wouaf-Wouaf. « Pitié pour la Pythie » est un « FD en 5D » (fait divers en cinq dimensions) présenté cet été durant le festival à l'espace Zand'art. Il leur manque un petit millier d'euros. A vot' bon cœur M'sieurs dames !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant.